Chapitre 19
Cette voix me glace le sang. J’ai pensé que je ne la reverrais plus jamais. Pandora détaille avec méfiance celle qui me regarde avec mépris.
-Qu’est-ce que tu fous là ? demandai-je, crispée.
- Salut à toi aussi.
Je soupire. Je ne suis vraiment pas d’humeur et il faut que se soit maintenant que Vera se pointe.
- T’es allée voir Ash ?
- Oui.
- Tu sais que Manel est ici ?
Je me rappelle de leur conversation, mais est ce que ça sert à quelque chose que je lui dise non, quand elle sait parfaitement qu’on se connaît ?
-Oui, je sais. Il m’a contacté, il est inquiet pour Ash.
- Ah oui… Le pauvre, il s’inquiète pour son pote alors qu’il devrait s’inquiéter pour lui, répond-elle avec un sourire mesquin.
- Pourquoi devrait-il s’inquiéter ?
J’essaie de voir si elle me donne des pistes où il peut être. On ne sait jamais, qu'elle tombe dans son propre piège.
- Je dis juste comme ça, déclare-t-elle indifférente. Et toi alors t’as bien aimé de baiser avec mon homme ?
Sa question me surprend et je n’arrive pas à répondre quoi que ce soit.
- Elle n’est pas responsable si tu ne sais pas satisfaire ton mec, ma chère, crache Pandora.
Vera la regarde méchamment, déviant ensuite les yeux vers moi à nouveau.
- Ça ne m’étonne pas que tu sois une voleuse d’hommes voyant les personnes avec qui tu traînes.
- Tu as un problème sale garce ? provoque mon amie.
- Mais non, voyons ! Je veux juste prévenir ta copine, menace-t-elle, s'approchant de mon visage. Il ne sera jamais à toi Ayla. Il a besoin de moi. Tu étais un jouet, un passe temps si tu veux alors avance ton chemin ou je serais obligée de raconter à Lord que son VP n’est pas aussi loyal qu'il prétend être.
Prise d’une rage, j’attrape le col de sa veste, la collant contre le mur avec force.
- Ecoute moi bien Vera car je ne vais pas me répéter, criai-je. Tu as intérêt à fermer ta sale bouche car il n’y a pas que lui qui perdra. Je peux même parier que c’est toi qui perdras tout le luxe auquel tu es habituée. Tu crois qu’ils vont croire en toi la petite amie qui disparaît du jour au lendemain pour des jours ou semaines sans un mot, sans nouvelles et qui ne va même pas rendre visite à son copain ??
- Tu n’as pas de preuves ! Bégaye-t-elle en essayant de se défendre.
- Je n’en ai pas besoin. Les preuves sont à la vue de tous. Tu fuis et tu te disputais avec lui devant tout le monde. N'aurais-tu pas aussi un passe temps vu tes absences répétitives ?
Son sourire disparaît tout de suite quand je prononce ma supposition.
Putain ! En Plein dans le mille!
Je serre encore plus mon étreinte avant de la libérer violemment en la fusillant du regard.
- Je te préviens, insistai-je. Hors de ma vue et de ma vie et ne joue pas avec moi parce que c’est toi qui vas perdre la bataille. Et ne t'inquiète pas, reste avec Ash. Le connard doit rester toujours avec sa connasse et vous tombez bien tous les deux.
Elle me regarde encore essoufflée et accélère les pas pour partir. J'inspire un bon coup et expire ensuite pour calmer mes nerfs et mon cœur qui cogne à tout vitesse. Dans quelle merde me suis-je mise ? Normalement je ne perds pas mon calme mais là c’était la goûte d’eau. Je n’ai même pas pensé qu’elle puisse riposter ou me faire du mal, je voulais juste libérer cette boule qui augmentait à chacune de ses paroles.
- Heureusement que tu l’as mise à sa place car je lui aurais refait le portrait.
Je rigole à la remarque de ma copine et on rentre. Maintenant c’est le stress qui monte de peur que l’appartement soit saccagé. Je ne sais toujours pas qui étaient ceux qui ont enlevé Manel. Ils appartiennent à la Mafia, mais je ne peux pas les reconnaître et j’ignore s’ils connaissent mon existence. Cette situation devient chaque jour plus dangereuse et je ne vois pas la fin.
Arrivant au couloir, je vois que la serrure de la porte n’est plus la même. Avec Pandora derrière moi, j’essaie de bien vérifier la clé pour en être certaine.
- Ah Ayla !
La concierge de l’immeuble se présente derrière moi avec son air compatissant. Une vieille dame de soixante-dix ans, d’origine japonaise et qui se promenait toujours avec ses kimonos.
- Madame Tang !
- On a changé la serrure de votre porte, la voisine en face a vu trois hommes essayant de rentrer dans votre appartement. Elle a appelé la police et ils sont arrivés rapidement, évitant qu’ils arrivent à entrer. En revanche, ils ont réussi à défoncer la serrure et à fuir. Voici les clefs vous pouvez la changer encore pour une autre, c’était juste pour pas laisser ouvert puisque vous étiez absente.
- Merci beaucoup Madame Tang.
Tout était à sa place, rien n’avait bougé. Ils n’ont pas réussi à pénétrer heureusement. J’avance et je vais jusqu’au coffre pour retirer les dossiers que j’avais cachés dedans.
Pandora regarde partout peureuse et me laisse faire sans un commentaire. En ce moment, son cerveau devait être en surchauffe avec autant de questions, la deuxième guerre mondiale en essayant de comprendre, d’assimiler la situation.
- Désolée Ayla mais là il faut que tu m’expliques ce qui se passe.
Je la regarde, peinée, de l'avoir mêlée à cette histoire trop dangereuse. Les situations de la journée ont raison de son silence, elle n'arrive plus à se contenir.
- D’abord il faut que je parle à Thomas si tu veux bien. Et ensuite je te raconterai.
- Tout, ajoute-t-elle, décidée. Je veux tout savoir. Je n’accepte pas que tu me dises que la moitié des choses pour m’épargner. Ce que j’ai vu aujourd’hui mérite bien des explications.
Voilà la première fois qu'elle m'exige des éclaircissements. Elle qui attend toujours qu'on parle par nous mêmes, cependant cette fois impossible de rester dans l'ignorance.
-C’est d’accord.
Je change le sac avec des vêtements propres en même temps que j’organise les dossiers du club dans un autre sac. Il faut qu’ils soient à l’abri et pour ça il faut que je réfléchisse.
Elle me regarde méfiante en me voyant avancer vers elle avec un grand sac.
- Il me faut un endroit sûr.
- C’est quoi ça Ayla ?
- Des dossiers du salon de tatouages.
Elle devient livide par ma révélation et ses yeux s'écartent de stupeur.
- S’il te plait Pandora, il faut que tu m’aides. Je ne veux pas le prendre avec moi pour aller parler à Thomas.
Elle semble se poser des questions mais finit par accepter, saisissant le sac sans un mot. Je prends l’autre avec les vêtements et l’argent et on part.
La journée semble interminable ! Et le plus dur est arrivé. La conversation avec Thomas sera tout sauf agréable. J’avais la sensation que je l’avais trahi en omettant ma demande d’aide à Lord pour trouver Manel.
Pandora est retournée chez elle et moi, j’étais déjà dans l’ascenseur luxueux. J'essaie de respirer calmement mais mon cœur décide de s’emballer sans écouter la raison. Au fond de moi, je sais que j’allais perdre mon Olaf.
Ma tête va exploser, mon corps tremble et je ne sais pas si j’arriverais à la fin. Le chiffre des étages glisse sur l'écran ainsi que mon état fébrile. Lorsque la porte de l'ascenseur s'ouvre, mes iris reconnaissent Thomas prostré contre la baie vitrée sans un regard vers l'arrivant.
J'effectue quelques pas en avant, mes doigts torturent le sac que je porte avant d'ouvrir la bouche pour lâcher l’air comprimé gardé dans ma poitrine.
Mon Olaf se déplace vers la table basse au milieu de l’immense salon s’asseyant dessus et d’un coup je me sens tellement petite que je n'ai pas le courage de m’approcher. Son regard est chargé et son corps tendu à l’extrême, il m’attend. Il attend mes explications et j’ai envie de pleurer.
- Parle !
Sa voix grave et glaciale résonne dans toute la pièce me faisant sursauter.
- Thomas…, murmure-je.
- Parle je te dis !
- S’il te plaît, sois pas comme ça.
- Comme ça comment ? Un connard ?
Il se lève furieux et me fixe avec des flammes dansantes dans les yeux, me surplombant de toute sa hauteur.
- Explique-moi tout Ayla sinon je vais devenir dingue.
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