Chapitre 13

- Ne sois pas stupide! m’emporté-je. Je vais donner juste les informations nécessaires. Manel est venu te voir étant un pote qui se soucie de son ami. Ça te va ?

- Et toi ?

- Lord sait qu’on a eu une liaison. Il n’est pas dupe, réponds-je agressivement. Donc faire la connaissance de ton meilleur ami, c’est logique. Et avant que tu demandes s’il me questionne sur Vera, je lui dirais qu’elle n’est pas proche de Manel.

Il soupire et passe les mains dans ses cheveux. Maintenant, c’est lui qui culpabilise pour la situation de son meilleur ami. Il étend les bras sur la table et me fixe.

- Tu as pensé à tout !

- Il fallait bien que quelqu’un le fasse !

- Je suis désolé, murmure-t-il.

Son excuse me met plus en colère, augmentant ma haine contre lui.

- Désolé de quoi Ash ? De m’avoir manipulée ou de me mettre dans ce pétrin ? Craché-je, dépassée.

- Je t’aimais bien, je ne t’ai pas menti sur ça.

- Encore heureuse, dis-je sarcastique avec un sourire amer.

Quelle importance tient maintenant son aveu ? Aucune. Je ne ressens rien ni même du réconfort. J’ai juste de la rage contre lui. Il est emprisonné, pendant que je suis dehors à essayer de sauver sa peau et la mienne aussi.

- Ayla ? Il faut que tu fasses gaffe, ces hommes peuvent être…, et il se coupe la parole en regardant partout.

- Peuvent être quoi Ash ? Réponds-moi.

- Dangereux. Ils…

Il lève les yeux vers le plafond comme si les mots étaient difficiles à prononcer et j’attends qu’il finisse sa phrase.

Je commence à avoir une boule au ventre avec son silence.

- Ash ?

- L'argent appartient à la Mafia, avoue-t-il à voix basse.

Mon monde vient de s'écouler à la fin de la phrase. Je savais que l’argent n’était pas net, pourtant je n’ai jamais imaginé que ce serait à ce point. Des larmes commencent à brûler mes pommettes et je n’arrive toujours pas à croire ce qu’il vient de m’annoncer.

L’argent appartient-il à un gang de la Mafia ?!

Mon Dieu, j’allais mourir ! J’en suis sûre ! La Mafia se moque des personnes comme moi.

- Comment ?! Questionné-je encore en choc. Je ne comprends pas !

- Putain Ayla ! Bordel de merde je n’ai jamais voulu que tu trouves au milieu de tout ça !

- Fini la visite numéro quatre ! annonce le garde.

Maintenant que j’étais si près de tout connaître de cette histoire, il fallait que je parte. Je me lève et avant d’avancer vers la sortie, je pointe de mon index.

-          JE TE HAIS !

 



Cette visite m’a complètement bouleversée. Mes sentiments font surface et nos moments à deux traversent mon esprit faisant réagir mon cœur avec dégoût.

Un connard, voilà ce qu’il est.

 Il me manipule dès le début. Il savait que je courais un danger de mort et même ainsi, il a demandé mon aide. Si j’avais encore des sentiments pour lui, il les a écrasés en un claquement de doigts pour une haine immensurable. Je regarde devant moi, mes larmes ont séché et je me sens vidée, diminuée, petite face à l’inconnu que j’affronte.

Je récupère l’argent dans une poubelle non loin de la prison, inspirant profondément pour calmer la détresse que je ressens. Ça ne sert à rien de s'emporter de toute façon. J’espère seulement l’oublier à jamais ainsi que les sensations qu’il m’a fait ressentir. C’est mon plus grand souhait.

Mes peines semblent concorder avec le temps. San Francisco n’a jamais été aussi comblé d’une masse d’air glacial. Normalement les températures sont amènes et plus chaudes, mais le froid qui se fait sentir est à l'image de mes sentiments ténébreux.





Je m’arrête à Marine Dr à mi-chemin du club de Micli Riders, sur ma moto. Je ferme les yeux un instant pour prendre une bonne inspiration et je les ouvre sur l'océan. San Francisco est vraiment la plus belle ville des Etats Unis. Jamais je ne pourrais vivre ailleurs. Je me sens chez moi ici. C’est ma racine, mon origine. Mes repères sont ici. Je passais tellement de temps dans cet endroit avec Jeff, mon frère. On venait à chaque fois qu'on ressentait de la tristesse.

 Il me manque !

Nous ne sommes pas très proches, mais notre sang nous lie pour toujours. Jeff avait un an et moi un mois quand notre mère nous a abandonnés et nous a placés dans une famille d’accueil. Le couple était très gentil, mais Jeff avait sa rancune d’avoir été abandonné et à peine fêté ses dix-huit ans, il est parti en Europe. Depuis, on se parle de temps en temps. À chaque fois qu’il change de pays, il me prévient, me donnant son nouveau numéro de téléphone.
Je décide donc de lui envoyer un message avec des mots que je n’ai jamais osé lui dire. Je sais qu’il ne va pas répondre, mais le fait qu’il les lise m’est suffisant.

Un lien de douceur dans toute cette situation cauchemardesque, mais que j'arriverai à surpasser ! Je m’en fais la promesse !
 

Une demi-heure plus tard, j’arrive aux QG de Micli Riders garant ma Indian Scouts, mais Lord est absent. Je prends mon portable pour lui envoyer un message demandant de me rappeler au plus vite. Il faut que je lui parle! Le fait qu’il ne soit pas présent me laisse encore plus nerveuse et encore plus en doute sur mon idée de lui demander de l'aide.

Je monte sur ma moto avec les deux diables derrière mon dos et je fais un tour en ville pour tuer le temps quand la couleur bleue de l’océan m’appelle à nouveau.

Je m’arrête à Eagle Café, qui à la vue sur la mer. Ce café est privilégié par sa localisation et aussi par les touristes et les gens qui arrivent en bateau. 
Mon Dieu que c’est beau même avec ce froid !

Je balance ma chevelure pour être un peu plus présentable et je m’assieds à la terrasse en bois. Mon sandwich au poulet et ma tasse de thé arrivent accompagnés de petits cookies offerts par le serveur. Je chauffe mes doigts autour de la tasse et je me laisse admirer le paysage.

Le café placé au bord du quai avec sa terrasse en bois marie la beauté de la nature avec l’industrialisation de l'Homme.

- Je commence à penser que tu me suis !

Thomas !

Toujours au bon moment ! Incroyable !

Il s'assied à côté de moi souriant. Voir son sourire me soulage pour ma disparition de ce matin. Le serveur apparaît avec un expresso à la main, je déduis qu’il avait déjà mangé.

- Je pourrais dire la même chose ! le défié-je.

- Pour votre information, mademoiselle, mon bureau d’architecture est juste en face !

Je hoquette de surprise par la coïncidence. Il est architecte ? Voilà une chose que j'apprends de lui.

Néanmoins, d’un coup, je me sens honteuse d’avoir déserté de son appartement comme une voleuse.

- Désolée pour hier ! Je ne voulais pas te déranger.

- J'ai pensé te réveiller comme le Prince avait fait avec Blanche Neige.

- Thomas, je…

- Tu préfères laquelle : la bonne femme de neige ou Blanche Neige ? me coupe-t-il, amusé.

Je souris face à son visage enfantin et je décide de jouer le jeu. Il sait détendre l'atmosphère comme si rien n'était plus important que l’instant présent.

- Je pense que la bonne femme de neige me convient mieux.

- Parfait ! Ainsi, je serai Olaf, ajoute-t-il, me faisant un clin d’œil.

Je me mets à rire en imaginant ce personnage. L’unique chose en commun avec Thomas est son humeur, mais l’imaginer avec une carotte à la place du nez me fait délirer.

- Ma bonne femme de neige doit se sentir à sa place aujourd’hui avec le froid glacial qui s’installe.

- Oui ! Même si je ne suis pas adepte de ce temps. Parfois, j’aurai aimé un peu de chaleur. Mais malheureusement, tu ne pourras pas m’en apporter, tu es Olaf ! le taquiné-je en rigolant.

- Ah, mais qu’elle est rigolote dit-donc ! Je crois que la nuit dans ma chambre t’a redonné le sourire.

- Merci beaucoup, ça m’a fait du bien même si je n’ai pas beaucoup dormi, je le remercie, sérieuse.

- Je n’en doute pas. Tu peux y rester, tu sais ?

Mon regard croise ses agates plus foncées qui me tente d’accepter son offre.

- Chez moi, je veux dire, insiste-t-il. Tu seras en sécurité. Pour que tu t’ailles te réfugier chez moi hier, ça veut dire que tu ne pouvais pas retourner chez toi.

- Je ne sais pas…

-  Je sais que j’ai été dur hier et je te demande pardon. J’ai vu rouge quand tu m’as dit que tu étais seule dans la rue à cette heure-là.

Je baisse les yeux. Je sais qu’il était fâché de me voir en détresse, c’est pour ça que je n’y ai pas donné trop d’importance même si m’a fait bizarre de voir un Thomas distant.

- Je te pardonne Thomas et je te remercie pour la proposition, mais je ne peux pas rester chez toi.

- Tu ne peux pas ou tu ne veux pas ?
 

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