Chapitre 11
En media Like a Stone - Audioslave
Manel passe devant moi pour ouvrir la porte et je le suis. Seulement nos pas se font entendre dans la rue sombre et silencieuse. Cette fois-ci pas de lune, on est vraiment dans le noir absolu !
Pendant que je cherche d’autres dossiers avec un sac de tissu à la main pour les porter, Manel cherche d’autre coin improbable où l’argent peut être caché.
Sans cet argent, Ash plongera complètement dans l’enfer de la prison. Il ne dénoncera jamais son meilleur pote, mais ce dernier se culpabilisera jusqu’à la fin de ses jours. En prison, tout se sait, tout le monde connaît tout le monde et le biker peut être tué si l'argent est une des raisons de sa condamnation. Le blanchiment d'argent du club pèsera sur sa peine, mais cette dernière sera moins lourde.
Il faut le trouver cette fois !
Il y a plein de rangements dans ce bureau que je ne sais plus où donner la tête jusqu’à entendre la voix de Manel.
- Oh Putain ! Je l’ai ! Crie-t-il excité, venant vers moi.
Il me donne le sac de l’argent tandis qu’il attrape le mien, avec les dossiers, qui est plus lourd.
- Il faut qu’on parte. T’as réussi à tout trouver ?
- Non ! Il y a trop de dossiers, en plus répartis partout, me plains-je.
- On reviendra. Pour l'instant, il faut y aller. Je vais sortir en premier et tu attends quelques secondes et me rejoins après d’accord ?
- Ok.
Avant qu’on sorte, il embrasse mon front trop content d’avoir trouvé le plus important.
Aujourd'hui, il est trop câlin et pourtant, je suis angoissée comme jamais. Son cœur doit être plus léger maintenant qu’on détient la preuve la plus lourde et qu'Ash ne pourra pas être inculpé à cause de cela.
En dehors du salon, je sens encore une fois mon cœur s’emballer. Je le vois traverser la route vers la voiture avec le sac des dossiers pendant que je garde celui de l’argent. Je regarde partout pour vérifier qu’il n’y a personne, mais c’est difficile d’être sûre avec la pénombre qui nous entoure. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai un mauvais pressentiment !
Voir Vera la veille m’a mis plus de pression, et même si l’argent est maintenant en sécurité entre nos mains, quelque chose de lourd pèse sur l’ambiance. Je me rappelle le commentaire de Manel sur elle : « Elle n’est pas bête ! ».
Je me prépare à traverser la route quand un bruit de moteur d’une voiture arrête ma lancée.
Cette même voiture se gare à côté de la camionnette et des hommes cagoulés sortent et entraînent Manel au sol.
Oh Mon Dieu ! Je savais que quelque chose n’allait pas.
Je regarde, effrayée et instinctivement, je me baisse pour me cacher.
Recroquevillée sur moi-même, j’écoute les cris de Manel. Ils sont en train de le tabasser.
Je reste là, inerte, voyant Manel être assommé par trois hommes plutôt costauds qui lui mettent des coups-de-poing et de pied sans cesse.
Je sais que je devrais m’en aller, mais je suis incapable pour l’instant !
- Alors, c’est toi le meilleur ami du tatoueur de mes couilles ?
La voix grasse d'un des hommes fait écho dans la nuit. Elle fait frissonner mon corps de peur et mon cerveau en alerte maximale.
- Elle nous a bien dit qu'il devait se promener par ici et avec la plaque, on t'a vite trouvé, dit en s’amusant son collègue.
Leurs voix se faisaient limpides en l'absence de bruit. Manel geint comme réponse.
- Manel ! T’as un prénom gnon gnon toi ! Tu es homo ou quoi ? Ricane l’autre.
- Où est l’argent que tu nous as volé espèce de crotte ? Hein ?
Lui demande le premier qui lui assène un nouveau coup dans l’estomac. Manel continue à gémir et mon épiderme tremble à chaque plainte de douleur.
- Putain, mais tu vas parler ou quoi ?
- Il vaut mieux pour toi mon gars. On veut notre argent et on va te torturer pendant des jours, des semaines, des mois s’il faut pour l’obtenir.
- Tu n’aurais jamais dû te mettre sur notre chemin !
Je n’arrive pas à les distinguer. Tous habillés en noir, seulement les voix sont différentes, mais je sais que ça ne sert à rien. Même si je les entendais le lendemain, je n’arriverais pas à les identifier. Ils continuent à frapper mon binôme par plaisir avec leurs rires malsains.
Un quart d’heure s’est écoulé. Ils ont embarqué Manel, amenant aussi la camionnette pour ne pas laisser de trace.
Allez ! Il faut partir de là avant que quelqu’un arrive !
Je me lève avec difficulté et je commence à courir. Mais avant que je puisse être trop loin, je vois un sac au sol où la camionnette était garée et j’ai l’espoir que ce soit le mien avec les dossiers.
Même en galère, Manel arrive à penser à tout. Effectivement, c’est le mien. Je le prends un peu maladroite et je cours avec toutes mes forces. Des larmes tombent sur mes joues et je continue.
Je cours.
Encore.
Et encore plus.
Je ne sais pas où je vais. Est-ce que je vais chez moi ? Et s’ils me cherchent là-bas ? Ils ont peut-être fait des recherches et l’unique personne qui accompagnait Manel, c’était moi.
Vera ! Je suis sûre qu’elle est derrière tout ça. Sa soif de vengeance devient dangereuse et maintenant, je suis plus en danger que jamais. Je me réfugie dans une ruelle sombre et j’essaie de réfléchir, mais je n’y arrive pas. Je souffle, je respire pour calmer la mer déchaînée qui est mon cerveau en ce moment même.
Des fumées sortent de ma gorge tellement la nuit est froide et pourtant, je bouillonne à l’intérieur ayant même la bouche sèche. Les mains appuyées sur les genoux, ma respiration essaye de prendre un rythme normal. Il faut penser froidement aux événements.
Plus facile à dire qu’à faire et encore moins maintenant que je suis toute seule. Sans Manel, la situation va être encore plus difficile.
Comment je vais m'en sortir ? Qu’est-ce que je vais faire ?
Il faut que je me confie à quelqu’un. Mais qui ? C’est quoi la prochaine étape ? Je n’y arrive pas. Je tente de penser rationnellement, mais mes esprits sont embrouillés. Je me laisse tomber au sol avec les deux sacs pour compagnie. La nuit semble avoir compassion de moi, me laissant s’imprégner de sa noirceur. Tout semble vague, sans issue, sans échappatoire au fond du tunnel. C’est orageux dans ma tête cherchant la solution pour ma mission presque suicide.
Il faut demander de l’aide pour retrouver Manel. Je ne peux pas le laisser dans les mains de ces trois hommes. Mais à qui puis-je bien demander sans lever de soupçons? Micli Riders ?
Cette idée ne me plaît pas du tout.
Mêler le club, c'est la dernière chose que je souhaite et pourtant est l'unique solution que j'envisage. Devoir faire face au regard accusateur de Lord et les autres regards méfiants ne me chantent guère!
Le club pourra mener l'enquête et je peux argumenter qu’aidant Manel le meilleur ami d'Ash, quelqu'un lui veut du mal.
Et l’argent ? Je ne peux pas me promener avec ça.
Je vais devenir folle à force de réfléchir !
Ma vision s’élève sur le quartier et mes yeux reconnaissent l’immeuble de Pandora. Et si je lui demande de m’aider ? Elle me fera un interrogatoire, c’est certain en plus de la mettre en danger ! Je réfléchis encore et une évidence me frappe de plein fouet.
Merde ! Non, impossible !
Je reprends mes esprits. Il peut se défendre tandis que Pandora peut mourir par ma faute !
J’ai beau essayer de trouver une autre issue, il n’y en a aucune. La situation est délicate et je ne peux pas abandonner maintenant, pas après les risques que j’ai pris jusqu’ici. Tout ce que je ne voudrais pas, arrive finalement.
Le choix est vite fait. Je prends mon portable et je l’appelle. La sonnerie retentit, mais il ne semble pas vouloir me parler. Je réessaye. Il doit se demander si c’est vraiment moi, en plus à cette heure de la nuit. Il dort peut-être. La dernière sonnerie vient.
Il ne répondra pas !
- Ayla ?
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