Chapitre 10
Merde ! Mais qu’est-ce qu’elle fait là ?
Je me cache derrière le mur pour essayer d’écouter la conversation.
Vera n'est que de quelques centimètres plus grande que moi, ce qui lui donne une allure plus svelte et la robe moulante qu'elle porte défini encore plus sa silhouette. Par contre, ses cheveux teintés ne lui vont pas du tout, donnant une image délaissée.
- Vera ! Par ici ? demande Manel faussement content.
- C’est plutôt moi qui devrait être surprise de te voir à San Francisco.
Sur la pénombre, je vois le sourire malicieux de Manel s’afficher pendant que Vera se penche vers la fenêtre de sa portière.
- Tu sais parfaitement pourquoi je suis là.
- C’est vrai, répond la prétentieuse. Ton cher et tendre est en prison.
- Oui.
- C’est ce qui arrive à ceux qui essaient de me la mettre à l’envers.
- Il n’a rien fait.
- Vraiment ? Alors pourquoi est- il en prison ?
- Je ne sais pas. À toi de me dire.
- T’es venu voir sa maîtresse ? Ayla ! dévie-t-elle le sujet.
- Je ne la connais pas.
Vera rit et se redresse. Elle sait qu’il connaît la raison de la détention de son pote ainsi comme il connaît mon existence, mais n’insiste pas en s’amusant de la situation.
- Bon, il faut que j’y aille. Fait attention Manel dans la nuit tous les chats sont gris.
Elle remue les doigts pour lui dire au revoir et s’éloigne, il part. Je reste encore quelques minutes, paralysée avant de décider de monter les escaliers.
Là, on a eu la confirmation que c’était elle qui a porté plainte contre lui. À cause de moi. À cause de notre histoire.
Encore une nuit blanche que je vais passer !
Le lendemain, je vais au café Steanbalk et pas de Thomas en vu. À croire qu’il a vraiment compris mon message même si j’en ai un pincement au cœur. Je regarde ma tasse de café,
assise toujours à la même table me remémorant nos moments de rigolade et de tendresse.
Il me manque !
Ses agates marron qui entrent en moi, sa bouche brûlante. Est-ce mal d’être égoïste de vouloir un homme comme lui ? Alors que je commets des erreurs les unes après les autres?
Mon regard noir dévie dans la rue, sur les personnes qui passent à droite, à gauche sans les fixer. Je regarde les autres vivre. Il y a ceux qui parlent entre eux, d’autres qui regardent son
portable et ceux où le regard se fixe sur le sol comme s’ils avaient peur d’affronter ce qu’il y a devant.
Je plonge encore une fois mon regard dans mon café et je conclus que je n’ai plus envie de le boire. Mon estomac est déjà sensible au stress, si je rajoute de la caféine, il ne va pas tenir longtemps.
Mes pas me guident jusqu’à la boutique Azteca. Ça m’aidera pour occuper mes pensées et à faire semblant de vivre une vie normale.
- Ah, notre vampire est là ! s’exclame Pandora souriant.
- T’es drôle toi !
- Tu y ressembles beaucoup pourtant. Tes cernes, ta peau blanche, tes cheveux noirs. Tu peux nous l’avouer, on t’accepte comme tu es.
Je lui donne une tape sur le bras avant d’aller poser mes affaires dans le bureau.
- Igor a encore envoyé des dessins pour imprimer sur les vêtements. Est-ce que tu peux les envoyer à l’usine ?
- Bien sûr, blonde !
Ravena rigole de son surnom et on se met au travail.
Ça fait du bien la normalité, la routine, de ne pas avoir à penser à rien de plus que des vêtements, dessins, commandes, chiffres.
- Une pause ? Demande Pandora m’offrant une bouteille d’eau.
Je la prends et on s’assoit toutes les trois par terre.
Ouf, ça fait du bien !
Toute la matinée à ranger, à vérifier et les yeux sur l’ordi, ça fatigue.
- Il y a eu une coupure de courant hier soir. Vous l’avez remarqué ?demande Pandora, curieuse.
- Ah oui. J’étais avec mon Lord, on faisait…
- Ok, on ne veut pas savoir.
- Non, mais on avait de la lumière et d’un coup bim, mais bon, on était…
- Hop, hop, hop. On ne veut pas savoir tes exploits sexuels alors que nous, on est seule ok ?
La blonde lève les yeux pendant que je souris à la conversation de mes copines un peu mal à l’aise. Si elles savaient que j’étais à l’origine de ce phénomène, j’imaginerais leur tête et leurs jugements aussi. Pour me sortir de cette impasse, mon portable vibre. Un message.
Manel « Ce soir, on réessaie. 21h chez toi. »
Moi « Ce n’est pas imprudent d’y aller aujourd’hui ? »
Manel « La mairie n’a pas encore réussi à faire fonctionner le courant. Donc c’est notre opportunité ! »
Hum, tu m’étonnes qu’ils ne réussissent pas. Il n'y a que Manel qui peut le faire. Un génie de l’informatique. Je sens mon corps se crisper à la possibilité d’être à nouveau en danger. Il faut que je sois forte ! C’est l’unique option !
Il faut qu'on trouve ce satané argent !
À la fin de l’après-midi, je m’empresse à rentrer. Un sandwich pour le dîner, ça fera l’affaire.
De toute façon, je n’arrive pas à avaler autre chose encore une fois.
Cheveux attachés, un bas de jogging gris foncé, un pull noir et une doudoune de la même couleur, baskets grises et je suis prête. Regardant dans le miroir, je confirme les dires de Pandora, mes cernes font peur même aux vampires. Je ne suis plus une femme, mais plutôt un morceau de femme. D’ici peu, je ressemblerais à Morticia Adams du film La Famille Adams.
C’est à se demander comment Thomas a pu me regarder.
Je ferme les yeux me préparant mentalement et je descends. Manel est là. Toujours à l’heure.
Manel me sourit avant d’avancer. Il a eu la même idée de vêtements que moi, en mode sportif.
- T’es sûr qu’on court aucun danger ? je demande, stressée.
- Je ne peux pas t’assurer à cent pourcent. Mais tu sais qu’il faut trouver l’argent le plus rapidement possible.
J’acquiesce même si ma volonté est de fuir et m'éloigner de cette situation pénible et stressante.
- J’ai vu Vera hier.
- Ouais ! Et c’est pour ça aussi que j’ai décidé d’y aller aujourd’hui. Elle n’est pas dupe. Elle peut essayer de déplacer l’argent ou me dénoncer.
- Tu crois qu’elle a avalé le mensonge qu’on ne se connaissait pas ?
- Ça m’étonnerait. Elle n’est pas bête. Elle a dû s’en douter que je savais, en plus j’étais en bas de chez toi. C’était trop évident.
- Mais bon, elle n’a aucune preuve.
- Elle n'avait pas de preuve concrète de votre relation et cela ne l'a pas empêché de dénoncer Ash.
- C'est vrai, mais pourquoi le dénoncer ?
- Pour lui montrer qu’elle l'a dans ses mains et qu’il est à elle. Elle a eu peur de perdre les avantages qu’elle avait, partir sans donner des satisfactions, recevoir tous les mois le même salaire même si elle n’a pas travaillé en entier. Pour ne pas rajouter que l’appartement où elle habite est d'Ash et elle ne paie aucune charge.
Il a raison. Elle fait ce qu’elle veut et lui fermait sa bouche comme toujours. Je n’arrive pas à définir si elle l’aime et si c'était pour cette raison qu’elle piquait des crises de jalousie ou bien si c’était seulement par possessivité.
Perdre tout qui n’est pas à nous ce n’est pas simple et elle n’a rien à elle. Pas de maison, pas de voiture. C'était Ash qui appelait les parents à Vera pour donner des nouvelles puisqu’elle était toujours occupée et ne s’intéressait pas à eux.
Sympa !
Et ma présence allait tout chambouler dans sa vie strictement rangée.
Est-ce que le biker a donné l’impression de la quitter ? Pour moi ?
Cette idée s’infiltre dans mon esprit, mais je la chasse aussitôt. Je ne veux pas avoir de faux espoirs. Il a laissé passer sa chance. C’est trop tard pour les éventualités !
- Manel ?
- Hum ?
- Il faut qu'on fasse attention ! Les Micli Riders peuvent être tout près ou même la police. Tu sais qu'ils cherchent des preuves et le club veut récupérer les dossiers.
- Je sais Ayla, mais tu m'as bien dit que le club n'avait pas de clé du salon donc pas de danger de leur côté et la police ne vient pas la nuit, c'est toujours durant la journée.
Il caresse mon visage et dépose un baiser furtif, cette fois-ci sur mon front. Ce geste a l'effet de me réconforter, mais je me sens trop anxieuse pour pouvoir en profiter.
- Manel, pourquoi mêler ton meilleur ami dans tes affaires d’argent ?
Ma question le surprend, son regard a tout de suite lâché la route pour s’incruster en moi.
Il ne s’attendait pas à ma question, mais il fallait que je sache. Je sais que l’argent n'est pas net, mais je ne sais rien de plus. Ash a toujours voulu garder les détails pour lui et de me dire seulement le stricte nécessaire.
Alors que je risque ma vie, mieux savoir à quel prix, non ?
- Si ça ne te dérange pas, on parlera de ce sujet plus tard. Il y a des choses qu’il ne vaut mieux pas que tu saches.
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