Chapitre 23
Préface
Les sortilèges d'amnésie et autres touchant d'une quelconque façon à la mémoire sont régulièrement utilisés dans notre société actuelle pour diverses raisons plus ou moins justifiées et légales. Selon la loi, l'usage de ces sortilèges est proscrit sauf pour certaines exceptions ayant au préalables été observées par le jury du Magenmagot. Mais la réalité n'est pas la même, de nombreuses créatures dotées d'une intelligence humaine sont sans cesse confrontées à la perte partielle voire complète de leur mémoire. De plus, ces sortilèges sont de plus en plus utilisés dans certains cas médicaux.
[...]
Les écrits de ce livres ont été enrichit grâce à de nombreux témoignages de patients ayant perdu partiellement ou complètement la mémoire et qui doivent maintenant résister à de nombreux effets secondaires tels que des migraines violentes, des cauchemars ou encore la vision de brides d'anciens souvenirs. [...]
Les yeux d'Hermione survolaient rapidement les pages du livre qu'elle tenait dans ses mains tremblantes. Tout concordait. Les visions réalistes. Les cauchemars. Le livre de recensement de la bibliothèque de Poudlard. Absolument tout. Mais après tout, elle n'était sûre de rien, cela ne pouvait être qu'une coïncidence ? Le doute s'empara de la Gryffondor et un bref instant elle fut tenté d'aller en parler avec Severus. Il s'y connaissait assez en sortilèges pour pouvoir la renseigner. Mais justement, le fait qu'il soit assez performant dans cette matière pourrait justifier l'éventuelle hypothèse qu'il soit aussi dans le coup...
Son monde s'écroula aussitôt et une indescriptible colère monta en elle ainsi qu'un puissant sentiment de trahison. Tout lui revenait avec clarté maintenant, le premier soir où elle l'avait croisé en pleurs devant la maison de ses parents et le regard froid que lui avait lancé la Directrice au Ministère de la Magie. Ils étaient forcement tous les deux au courant et Albus Dumbledore ne devait pas être en reste non plus...
Elle était sûre qu'il le savait.
D'un geste rageur, elle jeta le livre à travers la pièce et se précipita dans le laboratoire de son amant, ou plutôt de l'homme en qui elle venait de perdre brusquement confiance. Comment avait-il osé ? Le connaissant, il devait sûrement avoir eu une bonne raison de le faire, mais quelle était-elle ?
La jeune femme tremblait de rage en entrant avec fracas dans la pièce remplie de bocaux de formol.
"- Hermione ? demanda Rogue en relevant la tête devant tant de bruit.
- Comment avez-vous pu..., les mots lui manquaient tellement tout cela lui paraissait énorme."
Bien que tous les éléments semblaient s'assembler en un puzzle parfait dans sa tête, elle ne pouvait s'empêcher de penser que tout cela n'était qu'une énorme coïncidence. Il allait lui dire que tout cela n'était qu'un coup monté, que c'était une blague. Mais Rogue n'était pas du genre à faire des blagues.
La chauve-souris des cachots n'avait même pas eu besoin de lire dans l'esprit pour deviner la source de sa colère. Elle avait tout découvert, il ne voyait que cette raison pour la mettre dans état pareil. Elle lui faisait face, tremblante de rage et ses yeux lançaient des éclairs. Il la voyait faire de gros efforts pour maîtriser ses larmes.
"- Ma mémoire... Comment avez-vous pu ? cracha-t-elle avec un regard glacial.
- Hermione-
- Miss Granger.
- Très bien Miss Granger."
Une foule de souvenirs en tout genre se pressa dans l'esprit de la jeune femme. Elle revoyait Harry et Ron petits, son premier examen, le tournois des trois sorciers et lui...
Quand il l'avait embrassé pour la première fois, les nombreuses fois où elle avait passé la nuit dans ses appartements et- Non. Elle devait arrêter ça, il l'avait trahie et avait perdu toute sa confiance.
"- Je vous écoute, comment avez-vous pu me retirer la mémoire ? Qu'avais-je fais hein ? McGonagall et Dumbledore sont également au courant n'est-ce-pas ? Je l'ai vu dans son regard la première fois que je l'ai rencontrée au Ministère. Cet air glacial qu'elle affichait. C'était ça hein ? Et le soir où je vous ai vu en pleurs devant chez moi, c'était ça aussi n'est-ce pas ?
- ...
- Répondez-moi !"
Tout était là devant ses yeux depuis le début. Le Ministère ne faisait jamais d'erreur, et Poudlard non plus. Qu'elle idiote elle avait été... Elle aurait du se douter que quelque chose ne tournait pas rond.
Il ne bougea pas, affichant désormais un regard neutre tinté d'une lueur de résignation. Les émotions se bousculaient dans l'esprit de la rouge et or. Il n'osait même pas se défendre, ni même nier toute chose. Elle s'avança vers lui d'un pas rapide et le gifla brutalement. Il ne bougea même pas. Elle voulut le gifler une deuxième fois mais il arrêta sa main en l'air.
"- Je n'avais pas le choix.
- On a toujours le choix, siffla-telle. Et lâchez-moi !"
Severus tenait toujours le poignet d'Hermione en l'air, il le baissa aussitôt mais ne le lâcha cependant pas. Ne lui laissant pas le temps de respirer, il l'amena à lui et la serra entre ses bras. Les dents serrées et le regard furieux, Hermione essayait tant bien que mal de se dégager de son étreinte mais il la maintenait fermement contre lui.
Hermione avait l'impression que sa tête allait exploser d'un moment à l'autre, elle retenait difficilement ses larmes. Le feu de la colère brûlait en elle en même temps que la tristesse. Son esprit faisait passer en boucle devant ses yeux des scènes de l'année passée et d'autres datant certainement d'il y a plusieurs années. A moins que ce ne soit seulement des rêves. Après tout, peut-être allait-elle se réveiller en sursaut comme lors d'un cauchemar et qu'elle allait se rendormir, tranquillement blottie dans les bras rassurants de l'homme en noir. Merlin pourvu que ce ne soit qu'un vulgaire cauchemar.
"Je suis désolé, murmura-t-il au creux de son oreille."
Les dernières barrières de la jeune femme cédèrent et ses larmes se mirent à rouler. Elle releva une dernière fois son regard vers lui remplit de tristesse, de colère et de dégoût et détourna la tête. La Gryffondor se dégagea de l'emprise de son enseignant et partit sans un regard en arrière. Rogue ne bougea pas, ne pensant à rien d'autre qu'à elle. Elle qu'il venait encore de perdre. Quel con il avait été. Il n'aurait jamais du céder une nouvelle fois.
Les premiers mois après qu'il l'ai perdue avait été terribles. Il avait passé des journées entières à se noyer dans l'alcool et le simple fait de penser à elle le rendait malade. Severus Rogue avait passé les deux mois d'été terré dans sa maison Impasse du Tisseur à pratiquer toute sorte de magie, et à se plonger dans les potions les plus complexes. Mais rien n'y avait fait, si bien que lorsque Minerva McGonagall avait été frapper chez lui la semaine précédent la rentrée pour lui indiquer que le château rouvrait ses portes, elle l'avait trouvé dans un bien triste état. Le teint plus pâle que la mort, mal rasé, l'haleine empestant l'alcool et le pire était l'état de sa maison. Les bouteilles jonchait le sol plus crasseux que jamais, les livres étaient ouverts et disséminés au quatre coins du salon et une pile de vaisselle s'entassait dans l'évier.
La vieille femme avait convoqué une armée d'elfes de maison qui s'étaient chargées de tout remettre en place et Rogue avait regagné ses appartements dans les cachots. Il l'avait sentie dès son arrivée. Son parfum flottait encore dans l'air et quelques unes de ses affaires se trouvaient encore dans ses placards. Il avait tout mit dans une malle qu'il avait scellée et cachée dans la Salle-sur-Demande. Enfin, il s'était repris en main. Il avait essayé. C'est ainsi que de nombreuses fois, Pomfresh était venue lui rendre visite dans ses appartements...
Un jour il avait craqué. Un soir de septembre. C'était le soir où ils s'étaient embrassé pour la toute première fois. Elle était alors en sixième année, il l'avait mise en retenue et aucun des deux n'avait pu résister à la tentation de l'autre. Il avait bravé l'interdiction de la vieille Directrice et avait transplanné juste dans sa rue. Il l'avait vue à travers la fenêtre de son salon. La tentation était si grande... Inconsciemment et contre son gré de rares larmes avait coulé sur son visage pâle et il avait préféré s'en aller avant de succomber.
Et quand il avait su. Quand il avait su qu'elle allait revenir à Poudlard. Il avait d'abord éprouvé de la joie, puis de la colère contre tous les individus qui semblaient vouloir le torturer en lui assignant sa présence. Elle avait débarqué un beau jour pour prendre son premier cours de potions, elle avait très vite eu les bases, il ne s'en était pas étonné, elle était brillante. Et depuis, il n'avait fait qu'espérer pouvoir être avec elle de nouveau...
La Gryffondor bouillonnait intérieurement. Trop de pensées envahissaient son esprit embrumé. Trop d'images, trop de sons, trop de personnes. Une bouffée de chaleur s'empara d'elle et tout se mit à tourner. Il y eu un vertige et elle tomba. Elle tomba comme une vulgaire poupée de chiffon, sa tête heurta le sol et ce fut le noir complet.
Quand Rogue la vit tout d'abord chanceler puis s'écrouler, il courut à son secours mais arriva trop tard. La délicate tête de son amante reposait sur le sol, pâle et les boucles brunes formaient un halos autour de celle-ci. Seule le discret mouvement de sa poitrine indiquant qu'elle était encore en vie. Lentement il s'accroupit et dégagea les mèches de cheveux de son visage avant de la remonter dans ses bras pour venir la déposer doucement sur son canapé. Il la couvrit d'une couverture et pratiqua un minutieux examen médical.
Elle n'avait rien sinon une légère bosse à l'arrière de la tête. Mais ce n'était pas ce qui l'inquiétait le plus. Elle ne se réveillait toujours pas. Il s'assit près d'elle et cala sa tête sur ses genoux en venant tendrement caresser son visage inanimé. Il resta ainsi des heures durant avant de se décider à appeler un médicomage qui la prit aussitôt en charge. Non sans sermonner le sombre professeur sur le fait qu'il aurait du la leur apporter plus tôt.
Une fois Hermione partie sur un brancard blanc, il patienta durant ce qui lui parût être une éternité avant de voir arriver une vieille médicomage en tenue blanche elle aussi.
"- Est-ce vous qui attendez pour la jeune femme inconsciente ? demanda-t-elle à un homme vêtu en costume à coté de lui.
- C'est moi, répondit Rogue en se levant. Comment va-t-elle ? poursuivit-il d'une voix plus inquiète qu'il ne l'aurait voulue.
- Ah parfait, je ne peux malheureusement rien vous dire sur son état. Le docteur vous fera lui-même son diagnostique. En attendant, il me faudrait votre nom et celui de la jeune fille s'il-vous-plaît, je vous demanderai également de bien vouloir remplir ce formulaire.
- Son nom est Hermione Granger et je suis Severus Rogue, répondit-il en se saisissant de la feuille qu'elle lui tendait."
Comment ça elle ne pouvait rien dire ? L'état d'Hermione était-il si mauvais ? Il plongea dans son esprit mais la médicomage ne semblait être au courant de rien. Il lui rendit le formulaire et s'apprêtait à tourner les talons quand la médicomage fronça les sourcils.
"- Vous êtes le professeur Rogue, maître des potions à Poudlard ? demanda-t-elle avec un regard étonné et craintif suite aux nombreuses rumeurs.
- Oui, c'est bien moi, rassurez-vous, je ne suis plus un Mangemort, confirma la chauve-souris des cachots avec un regard glacial. Je suis le professeur de Miss Granger, elle a malheureusement fait un malaise et j'ai été contraint de l'amener ici."
Il suivit la médicomage jusqu'au bureau de son supérieur, le docteur Smith qui accueillit Severus avec un sourire en coin qui ne plu pas au sombre professeur. Le docteur en question semblait être un drôle de personnage, en plein tourment si on en croyait les différents styles de décoration qui se confrontaient dans son bureau. Son bureau ressemblait à celui d'un enfant dans des tons dynamiques voire fluos, tandis que l'entrée était dans le style victorien et le coin sous la fenêtre d'une modernité surprenante. Lui-même était habillé dans un style qui collait parfaitement avec le personnage. Il était assortit avec son bureau, un coté classique avec une veste de costard et une cravate, mais la chemise à motifs hawaïens, assortie à la bouée en forme de pastèque posée au sommet d'une armoire style empire le tout accompagné d'une paire de bottes en caoutchouc.
"- Ainsi donc, vous êtes le professeur de Miss Granger... commença-t-il en lui faisant un clin d'œil. Merci Margaret, vous pouvez nous laisser."
Il attendit que la femme ait quitté la pièce avant de fixer de nouveau son regard dans les yeux onyx de Rogue.
"- Et dîtes-moi professeur, il me semble que ce sont les vacances d'été, alors pardonnez-moi mais que faisiez-vous en la compagnie de votre élève ?
- Cela ne vous regarde pas, lâcha le maître des potions, agacé par l'attitude de ce drôle d'énergumène qui occupait le poste de médecin en chef."
Ils embauchent vraiment n'importe qui, pensa-t-il. Alors que le médecin continuait son discours en alimentant de lui-même sa conversation, Severus se retenait difficilement de le prendre par le col de sa blouse blanche et de le secouer pour avoir des nouvelles d'Hermione. Mais il n'en fit rien et continua d'afficher un masque reflétant une parfaite impassibilité. Il posa plusieurs fois la question mais à chaque fois l'excentrique trouvait le moyen de la contourner.
"- Voyons professeur, il n'y a pas de honte à assumer que vous côtoyez vos élèves hein... continua-t-il en adressant un nouveau clin d'œil à l'homme en face de lui qui semblait avoir de plus en plus de mal à garder son calme.
- Excusez-moi, il me semble que vous êtes payé pour vous occuper de vos patients, or j'attends des nouvelles de Miss Granger depuis plus de trois heures et vous ne me semblez pas du tout à même de me renseigner, grinça le maître des cachot d'une voix glaciale. Je vous pose une dernière fois la question. Comment va-t-elle ?
- Son état ne s'est pas amélioré, elle s'est réveillée mais nous l'avons mise sous sédatifs par précautions. Elle est en état de choc, je ne sais pas ce qui a pu causer chez elle un tel traumatisme, mais si vous aviez une quelconque information à me donner... Nous allons la garder en soins particuliers cette nuit et si demain matin elle ne va pas mieux, nous seront dans l'obligation de la mettre en coma artificiel."
Merde. Elle allait vraiment mal. Et par sa faute en plus. Si elle en gardait des séquelles ou n'importe quoi, il ne se le pardonnerait pas. Il voulait la prendre dans ses bras et s'excuser encore et encore...
"- Je regrette mais il m'est impossible de vous apporter les éléments manquants... Est-il possible de la voir ? demanda-t-il au médecin qui était en train d'allumer une cigarette au bout d'un long porte-cigare.
- Quand elle sortira des soins intensifs oui. Je vous accompagnerai. Vous ne pouvez vraiment rien dire ?
- Non.
- Très bien."
Une autre patiente arriva et Rogue partit faire les cents pas dans le couloirs en face des portes des soins intensifs. Jamais il n'avait été aussi inquiet pour quiconque. Seulement c'était elle. Elle et personne d'autre. Il s'en voulait énormément de l'avoir mise dans cet état. En coma artificiel ? Rien que de l'imaginer endormie pour une durée indéterminée dans un lit froid, reliée à une machine qui la maintiendrait en vie le rendait fou.
Mais le pire restait à venir. Il allait devoir mettre la vieille Directrice au courant. Et alors ses soupçons se confirmeraient. Il allait en prendre pour son grade, mais cette fois les choses avaient changé non ? La guerre était passée depuis quelques temps. Le monde sorcier s'était remit à tourner. Presque tous les Mangemorts étaient sous les verrous à Azkaban et les choses s'étaient tassées. De plus la haine que nourrissaient certaines personnes pour lui à l'époque avait été balayée d'un coup de vent par le nouveau Ministre de la Magie. Les choses étaient différentes.
"- Professeur ? appela le docteur Smith. Veuillez me suivre."
Il suivit l'énergumène devant lui jusqu'à une petite chambre reculée, les murs peints en blancs reflétaient la lumière du soleil couchant, redonnant un peu de chaleur à la pièce impersonnelle. Bien que l'envie ne lui manquait pas. Il du se retenir de se précipiter vers le lit et attendit patiemment que le médecin reparte. Pendant qu'il réglait les derniers détails sur les machines à coté du lit de la jeune femme, le professeur de potions observa attentivement le visage de son amante. Le teint pâle et fatigué, elle semblait plongée dans un sommeil troublé. Ses traits étaient crispés et ses sourcils froncés. A part son visage, le reste de son corps était immobile.
"- Bien, je vous laisse. A la moindre chose, appuyez sur ce bouton, Margaret viendra.
- Merci."
Le masque explosa. Révélant les traits anxieux de l'enseignant qui se précipita sans retenue vers la lit au centre de la pièce. Rogue attrapa avec douceur la main qui reposait sur la fine couverture. Elle était gelée. Aussitôt, il se débarrassa de sa cape et la remonta jusqu'au menton d'Hermione.
"- Hermione... commença-t-il en caressant son indomptable chevelure. Je suis désolé..."
Il contempla son visage fatigué, des cernes étaient apparus sous ses yeux dont les paupières tremblotaient parfois. La vue de son petit corps recroquevillé sous la couverture blanche renforçait d'autant plus l'aspect fragile qu'elle dégageait.
Severus Rogue détourna le regard, incapable de supporter une seconde de plus la vision presque mortuaire qui se dégageait d' Hermione. Il s'en voulait tellement. S'il avait su résister à ses pulsions, ils n'en seraient pas là. Elle ne serait pas en train de se battre sur un lit d'hôpital. Elle serait certainement encore chez les Weasley à faire la chasse aux gnomes ou à rigoler avec Potter et compagnie.
Un hurlement étranglé lui parvint du lit d'Hermione. Elle se redressa brutalement, haletante et en sueur.
"- Non, non... non. Allez-vous-en ! cria-t-elle les yeux dans le vague, encore sonnée par les sédatifs qu'on lui avait fait prendre.
- Hermione !"
Il se précipita vers elle et la prit dans ses bras. Elle se débattit un moment, lançant ses bras en l'air, repoussant ceux de Rogue qui tentait vainement de la serrer contre lui. Elle le griffa et se débattit avant de se stopper d'un coup. Sa respiration se calma et elle retomba dans les brumes du sommeil.
La chauve-souris des cachots la reposa délicatement sur ses oreillers et rabattit la couverture et la cape. Il fit apparaître une chaise et s'installa à son chevet le reste de la nuit. De nombreux cauchemars vinrent troubler le sommeil déjà bien agité de la jeune femme mais à chaque fois il réussissait à la calmer.
_\O/_
Hermione flottait dans un brouillard épais. A la limite du sommeil. Elle était épuisée de lutter contre les vagues de souvenirs qui l'assaillaient en force depuis des heures. Elle se rappelait être tombée puis avoir entendu une voix qui lui criait de se réveiller. Mais elle n'avait pu s'arracher à cette étrange chose qui semblait lui avoir retiré toute énergie, même celle d'ouvrir les yeux. Puis elle avait eu froid, elle avait sentit qu'on l'avait couverte de quelque chose et aussitôt, une douce chaleur l'avait envahie. Puis, les souvenirs étaient revenus. Tous ensemble. Tout d'un coup.
Ils martelaient sa tête qui lui semblait pouvoir exploser à tout moment. Harry et Ron petits, la première fois qu'ils avaient combattu Lord Voldemort. Le visage rayonnant de Sirius quand il avait serré Harry dans ses bras. Les punitions d'Ombrage. Les matches de Quidditch. Les examens. Tout.
Il y en avait tellement qu'elle ne pouvait même plus réfléchir et essayer de mettre de l'ordre dans ses pensées... Alors elle avait tenté de freiner cet afflux des sept dernières années. Elle avait combattu ses pensées. Mais le tout s'était transformé en cauchemars et elle avait brusquement été sortie de sa torpeur. Pendant une demie-seconde, elle avait été lucide. Assez pour sentir des bras l'entourer, certainement une infirmière ou un membre du corps médical... Les souvenirs s'étaient de nouveau déchaînés dans son esprit. Et elle avait fait des cauchemars, encore et encore.
On l'avait réveillé le lendemain. Elle avait vu une pièce blanche avec une médicomage qui l'avait rassurée et proposé un petit déjeuner, qu'elle s'était empressée de rendre dans les toilettes attenantes. Puis un médecin aux allures étranges était entré dans la pièce et lui avait fait une piqûre. Elle avait éprouvé une délivrance quand le produit s'était rependu dans ses veines.
Elle avait sombré dans un sommeil profond. Tous ses maux avaient cessés et un sentiment de plénitude avait prit possession d'elle. Elle n'avait ni chaud ni froid, ni faim ni sommeil. Elle n'éprouvait simplement rien.
Puis il avait de nouveau refait surface. Des souvenirs plus précis, plus lents, plus visible avaient défilés dans le calme devant ses yeux. Elle ne pouvait rien faire d'autre que les voir.
"- Votre tâche sera de récurer tous les chaudrons de ma classe Miss Granger, vous ne partirez pas avant que le tout soit rutilant, annonça Rogue d'une voix glaciale.
- Bien professeur, avait répondu Hermione en se mettant au travail.
Pendant trois heures, elle avait frotté les chaudrons des premières années. Elle n'avait pu réfréner son envie de jeter quelques coups d'œil à cet homme à quelques mètres d'elle.
Cet homme pour qui elle s'était découverts des sentiments assez particuliers depuis quelques temps. Ce qu'elle n'avait au départ prit que pour du respect et de l'admiration s'était en fait révélé d'une toute autre nature. Car oui, elle aimait cet homme brillant. Elle avait deviné plusieurs choses à son sujet, des choses dont elle n'avait fait part à Harry car elle savait qu'il aurait certainement refusé catégoriquement de la croire. Elle savait qu'il les protégeait tous les trois depuis leur arrivée dans cette école, les détails étaient frappants quand on les mettait bout à bout. Elle savait aussi qu'il était agent double pour Albus Dumbledore et bien d'autres choses encore.
Mais ce n'étaient pas ces découvertes qui la troublaient actuellement, depuis quelques temps, elle avait également sentit ses regards de plus en plus appuyé sur elle, dans les couloirs, en cours ou bien au réfectoire. Et le fait qu'il ait encore une fois les yeux posés sur elle en ce moment n'avait fait que confirmer ses doutes.
Elle releva le regard et le plongea dans celui onyx de son professeur. Les deux avaient sut en même temps. L'atmosphère monta en électricité en un clin d'œil. Hermione prit son courage de Gryffondor à pleines mains et marcha lentement vers le bureau du maître des potions. Son souffle s'accéléra et sa température corporelle augmenta légèrement. Il se leva également et la surplomba de toute sa hauteur. Leur visages se rapprochèrent. Elle pouvait sentir son souffle chaud contre ses joues, l'instant d'après, chacun gouttait aux lèvres de l'autre avec une avidité non dissimulée.
Lui en avait tant rêvé... Cela faisait bien longtemps que Severus Rogue n'avait ressentit une telle attirance pour une personne, et la Miss Je-Sais-Tout de Poudlard qui plus est. La jeune femme n'avait plus rien à voir avec l'exaspérante gamine qui avait fait sa rentrée dans la célèbre école de sorcellerie quelques années plus tôt et qui agaçait ses camarades à longueur de journée en étalant ses nombreuses connaissances, la rendant ainsi suffisante et désagréable. Il se rappelait très nettement de la tête de cheveux indisciplinés à qui il avait toujours eu du mal à trouver des défauts dans ses excellents devoirs, il devait bien reconnaître qu'il n'y avait plus eu de meilleurs élève à Poudlard depuis Albus Dumbledore.
Ses lèvres avaient un goût sucré et le vague arôme du Whisky-Pur-Feu qu'il buvait régulièrement. Elle avait désiré ce moment depuis si longtemps. De nombreuses fois, elle avait tenté de l'imaginer, d'imaginer le goût qu'auraient ses lèvres, la sensation qu'elle éprouverait quand elles se toucheraient. Une nouvelle vague de sentiments la traversèrent quand il approfondit leur baiser en passant une de ses mains dans le creux de ses reins et l'autre sur sa nuque.
Il la dévorait littéralement. Il avait l'impression de ne pas valoir mieux qu'un de ces vulgaires adolescents en rut qui pullulaient dans ses cours et il en était honteux. Lui ? Severus Rogue honteux ? Jamais. Il reprit le contrôle de ses pulsions d'une gifle intérieure et se sépara d'Hermione.
- Nous violons au moins une dizaines de lois, ce n'est pas dans vos habitude Miss Granger.
- Oui c'est vrai, rigola-t-elle. Mais ce soir je m'en contrefiche bien à vrai dire... continua-t-elle avec un sourire.
- Vous devriez rentrer chez vous, McGonagall doit passer me voir après votre retenue, répondit-il avec une pointe de dépit dans la voix.
- Vous me chassez ? le sourire de la Gryffondor s'évanouit quelque peu.
- Les lions cohabitent mal avec les serpents en général...
- Je vois.
Il regarda la jeune femme se diriger d'un pas rapide vers la porte. Avant de sortir, elle se retourna une dernière fois et déclara :
- A demain professeur.
Le mal était fait. Il avait cédé. Mais d'un autre côté, il n'était pas entièrement fautif, elle l'était aussi. Les choses devaient tourner ainsi, il l'avait bien sentit depuis quelques temps. Il avait déjà mit la rouge et or en retenue sur une semaine il y avait trois mois de cela et l'ambiance avait fortement changé entre eux, le dernier soir, l'atmosphère c'était enflammée et il avait faillit dépasser les limites...
Hermione n'en dormit pas de toute la nuit. Elle se pinça plusieurs fois pour être sûre que ce baiser avait réellement eu lieu. Mais il n'y avait pas de doute, comment un rêve aurait-il pu être aussi réaliste ? C'est donc d'un pas léger qu'elle se rendit à sa retenue le soir suivant. Mais rien en se passa. Elle voyait bien qu'ils se retenaient tous les deux et elle avait eu beaucoup de mal à cet exercice..."
Hermione vit d'autres souvenirs défiler. Comme la fois où il avaient craqués tous les deux, une semaine après la fameuse retenue. Ils avaient été un peu plus loin. Légèrement plus loin... Elle avait d'ailleurs croisé Rusard le matin même où elle regagnait son dortoir le matin. A partir de ce jour-là, elle avait considéré qu'ils étaient "ensemble".
De nombreux autres souvenirs défilèrent ainsi, tranquillement et sans causer de nouveaux maux à Hermione dont le visage crispé se détendit au fur et à mesure des jours.
Quand le docteur Smith arriva dans la chambre le lendemain matin, il ne fut pas étonné de trouver le professeur Rogue endormit sur une chaise et tenant la main de Miss Granger.
"- Hum hum, professeur Rogue ? commença-t-il.
- Oui ? Rogue ouvrit les yeux en sursaut et retira aussitôt sa main de celle d'Hermione.
- Permettez-moi d'examiner Miss Granger.
- Allez-y, de toute façon vous êtes ici pour faire votre métier... soupira le maître des cachots en essayant de ne pas penser au fait que ce médecin avait totalement l'air dans le lune...
- Très bien."
Après avoir fait subir une batterie d'examens à la rouge et or, Smith se tourna avec un air grave vers le professeur.
"- Bien, étant donné que vous ne pouvez me dire quoi-que-ce-soit sur les circonstances de cet état de choc, je me vois dans l'obligation de la mettre en coma artificiel, malheureusement il n'y a pas d'autres solution. Puisque que nous ne pouvons adapter un traitement, il va falloir qu'elle se répare toute seule...
- Combien de temps ?
- Je ne sais pas, cela dépendra d'elle. Il faudra lui donner le temps...
- Très bien, lâcha Rogue d'un air résigné."
Il devait bien avouer que ce docteur ne lui avait pas fait grande impression la première fois qu'il l'avait vu. Cependant, il lui avait accordé une certaine confiance et ainsi donc, il ne contesta pas sa décision.
"- Vous pourrez venir la voir tous les jours, finit Smith en sortant de la pièce."
Une fois l'énergumène sortit, il se prit l'arrête du nez entre les doigts et réfléchit aux différentes options qui s'offraient à lui. La première était de laisser couler les choses, la seconde était de mettre au courant McGonagall des évènements récent et cela risquait de ne pas lui plaire. Mais après tout, il restait une semaine de vacances, cela ne servait à rien de précipiter les choses.
Il reporta son regard vers la jeune femme inanimée et désormais en coma artificiel à coté de lui. Elle semblait dormir paisiblement, ses traits étaient totalement détendus et elle semblait en parfaite santé. Sauf que ce n'était pas le cas. Tout comme Hermione au même moment, Rogue revoyait les souvenirs de leur première rencontre. Il se rappelait du fin sourire qu'elle esquissait quand elle se plongeait dans un ouvrage compliqué ou bien qu'elle réalisait un travail nécessitant un minimum de concentration. Il se souvenait également de tous leurs baisers, pour certains volés entre deux cours et d'autres plus langoureux échangés lors des longues heures de retenue qu'il avait régulièrement affligées à la Gryffondor. Un détail le frappa.
Une chose qu'il avait totalement oublié. Hermione aimait beaucoup le piano, elle le lui avait dit maintes fois. Elle savait même en jouer et cela avait un effet bénéfique sur lui quand il corrigeait des copies. Il aimait l'entendre jouer pour lui des mélodies plus ou moins complexes mais toujours harmonieuses. Après la perte de sa mémoire, il n'avait pu supporter la vue du piano qui ornait ses appartements et l'avait fait déplacer dans la Salle-sur-Demande. Un soir alors qu'il faisait une ronde dans le couloir du septième étage, il avait vu une silhouette familière pousser la porte de la Salle-sur-Demande. C'était Hermione. Il l'avait suivie silencieusement et avait aperçut un petit morceau noir vernis juste avant que la porte ne se referme.
Il avait sans peine reconnut l'instrument qui faisait la joie de la Gryffondor et s'était remémoré les différents mélodies. Rogue l'avait observé plusieurs fois et n'avait pas été étonné de l voir se balader en quête du piano dans les couloirs du château, même en pleine journée. Quand il avait créé leur appartement commun dans la Salle-sur-Demande, le piano avait retrouvé sa place dans le salon mais Hermione n'y avait pas touché. Elle en avait beaucoup moins joué ces derniers temps.
Une idée germa dans la tête du maître des potions.
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