Chapitre 10

Hermione se réveilla brusquement, marquant un accord sinistre sur le piano. Un affreux torticolis lui paralysait la nuque, probablement du à la nuit inconfortable qu'elle venait de passer avachie sur le clavier de son cher piano.

A peine réveillée, elle fut envahie par le flot de souvenirs de la veille qui défilèrent en une fraction de seconde devant ses yeux. Elle se revit tour à tour embrasser une personne puis faire une potion, l'instant d'après être dans ses bras et voir du sang par terre. Elle eu du mal à voir qui était cette personne, mais la minute suivante, une fois ses idées bien remises en place et dans le bon ordre, la réalité la frappa.

La veille, elle avait embrassé son professeur de potions... Elle ne ressentit aucune culpabilité vis-à-vis de son petit ami car elle ne ressentait plus rien pour lui depuis longtemps. Elle se rappela également qu'elle avait prévu de le quitter aujourd'hui. Mais ses pensées se tournèrent de nouveau vers le maître des potions, et la scène de la veille.

Elle était perdue dans les sentiments qu'elle ressentait, mais elle avait beaucoup aimé le baiser de la veille. Maintenant, elle se rendait compte qu'une sorte d'attirance, de lien s'était créé entre eux ces derniers temps. Mais c'était impossible. Il était professeur. Elle était élève.

Cependant elle ne pouvait s'empêcher de penser combien elle était bien avec lui, mieux qu'elle ne l'avait jamais été avec Terry. Il était différent du Serdaigle, très différent. Le Serdaigle se cachait derrière son masque d'élève modèle telle une main de fer dans un gant de velours, contrairement au Directeur de Serpentard qui lui se cachait derrière un masque d'impassibilité, sans pour autant être une mauvaise personne. Elle continua de les comparer pendant une dizaine de minutes, bien que ce ne fut pas nécessaire, avant d'être coupée par une pensée soudaine :

"- Par Merlin les cours ! lâcha-t-elle avant de se rappeler qu'on était mardi et que les cours étaient exceptionnellement banalisés pour la matinée en raison d'une réunion entre la plupart des professeurs de Poudlard et des membres du Ministère de la Magie."

Elle resta donc encore deux heures dans la Salle-sur-Demande, toujours sans savoir l'heure exacte. Elle se repassait en boucle la scène de la veille et jouait du piano. Puis, d'un coup, elle eu envie de voir son amant. Elle sortit donc de la salle rapidement, sans même regarder si une personne l'observait.

Elle se précipita vers les cachots et croisa McGonagall qui allait attendre les membres du Ministère à l'aire de transplanage, elle fut éberluée de voir une de ses élèves courir à 8 heures du matin dans le château un jour banalisé. Néanmoins, elle ne lui demanda pas l'endroit où elle allait. Hermione continua sa course dans le dédale de couloirs qu'elle parcourait tous les jours, si bien qu'elle aurait pu faire le trajet les yeux fermés. Elle s'arrêta pour souffler un instant dans un couloir du premier étage près d'un niche qui abritait jadis une armure.

Pendant qu'elle rétablissait sa respiration, elle s'aperçut qu'elle n'était pas seule : un couple de cinquième année s'embrassait bruyamment derrière elle dans la niche profitant que Rusard ne soit pas encore revenu de sa ronde matinale. Cela lui rappela un souvenir très récent...

Une fois arrivée devant la porte en bois, elle reprit son souffle et arrangea sa coiffure, bien que ce fut totalement inutile, et s'apprêta à toquer. Mais elle se ravisa, laissant son poing en l'air. Qu'allait-elle lui dire ? Était-il au moins là ? Voulait-il la voir ?

Confuse à cause de toutes ces questions et de ses pensées, la jeune fille se découragea et baissa son poing.

"- Je peux savoir ce que vous faîtes ici Miss Granger ? demanda une voix."

Il la vit se retourner en sursautant. Pendant un instant il pu voir une petite lueur dans ses yeux, celle qu'il aimait tant. Mais elle fut bien vite remplacée quand Hermione vit l'air glacial qu'il affichait.

"- C'est-à-dire que...

- Eh bien, auriez-vous perdu votre langue pour une fois ? ricana le maître des potions."

Bien qu'il sache la raison pour laquelle elle était venue, il ne comptait absolument pas entamer une discussion sur ce qu'il s'était passé la veille...

"- Au lieu de rester plantée là en stupide Gryffondor que vous êtes, rendez-vous utile. Prenez la moitié de cette pile de livre et allez la poser dans mes appartements, lui dit-il en désignant l'imposante pile de livre qu'il faisait léviter au-dessus de sa baguette."

Hermione s'exécuta en pensant très fort dans sa tête qu'il n'était qu'un goujat et qu'il aurait au moins pu avoir la délicatesse de ne pas qualifier de "stupides" les Gryffondors devant elle.

"- Miss Granger, vous pensez trop fort, je retire 10 points à votre maison, siffla-t-il"

La jeune femme détourna la tête d'un air boudeur en sentant la colère prendre le dessus sur les bons sentiments qui l'animaient encore il n'y avait pas si longtemps. De plus, c'était la première fois qu'il lui enlevait des points... Était-ce du à leur conversation dans la forêt ?

Elle le laissa passer devant afin qu'il ouvre la porte avec le mot de passe et le suivit à l'intérieur. Elle avait beau avoir cours avec lui cinq après-midis par semaine, ils n'allaient jamais dans ceux-ci, toujours dans son laboratoire. Ce-qui, après réflexion, semblait parfaitement normal.

Les quelques fois précédentes, elle n'avait pas fait attention à la décoration. Elle s'y intéressa donc pour ne pas avoir à regarder Rogue dans les yeux.

A sa grande surprise, l'appartement était grand et lumineux. Il la fit entrer dans un salon parfaitement rangé, aucun objet ne dépassait et tout était propre. L'entrée donnait sur un grand salon entouré de murs couverts de bibliothèques. Au milieu trônaient deux vieux fauteuils en cuir usé et une table basse couverte de montagnes de livres anciens et de copies raturées de rouge.

Visiblement, la maître des potions n'accordait pas plus d'intérêts à la décoration intérieure qu'au chauffage des diverses pièces. Bien que l'on soit au début de l'été, Hermione eut un frisson suite au changement de température.

"- Bien Granger, posez ça là et vous pouvez repartir, ordonna-t-il en s'asseyant dans un des fauteuils. Enfin quand vous aurez fini de contempler mes appartements..."

La rouge et or le vit attraper un livre et se plonger dedans, maintenant, il l'ignorait totalement. Elle le regarda, ses livres toujours dans les mains, et il leva les yeux d'un air agacé au bout de deux minutes.

"- Granger, posez ces livres et déguerpissez avant que je ne vous retire des points ! s'écria-t-il."

Une nouvelle fois la jeune femme s'exécuta et elle lâcha brutalement les livres usés sur la table basse ce qui fit dangereusement vaciller la plus haute pile de livres. Elle le regarda avec un regard irrité jusqu'à ce qu'il daigne lever les yeux vers elle.

"- Monsieur, je ne suis pas venue pour porter vos livres, mais pour vous parler, commença-t-elle d'une voix qu'elle voulu calme.

- Peut-être, mais je n'ai pas envie de vous parler donc veuillez sortir de chez moi sous peine de recevoir une retenue accompagnée d'une perte de points conséquente pour votre maison Miss, déclara la chauve-souris des cachots d'une voix glacée."

Hermione constata que même assis dans son fauteuil, il arrivait à être menaçant. Il faisait presque sa taille et lui lançait des regards furieux.

"- Écoutez profes-

- Miss Granger, vous avez jusqu'à trois pour filer en vitesse, grinça l'homme en noir. Voyant que le jeune femme ne bougeait pas, il entama le décompte. Un, deux... trois."

Hermione vit rouge. Il ne voulait même pas parler de la veille, c'était pourtant lui qui s'était laissé emporter, qu'importe si la jeune femme avait aimé ou non, c'était lui qui avait commencé. Elle décida de lui faire face jusqu'à ce qu'il accepte de discuter.

En le foudroyant du regard, elle se laissa tomber dans le fauteuil d'en face et se mit à le fixer avec des yeux emplis de colère.

De son coté, Severus était tiraillé entre plusieurs sentiments. Il s'en voulait d'être aussi dur envers elle, mais il savait que si ça se passait autrement, ça finirait comme la fois précédente... Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était belle, même en colère. Ses beaux yeux noisette lançaient des éclairs et ses cheveux étaient plus ébouriffés que jamais... Il la trouva très belle. Il eu soudain envie de se laisser aller, de se lever et d'aller l'embrasser. De tout recommencer.

A contre-cœur, il rangea ses pensées au plus profond de lui accepta enfin de parler en pensant qu'il lui devait bien ça.

"- Très bien Miss, puisque vous ne semblez pas décidée à partir... De quoi vouliez-vous que nous parlions ? soupira-t-il d'une voix soudainement calme."

Elle fut surprise qu'il accepte aussi vite.

"- Je pense que vous vous doutez du motif de ma visite, commença-t-elle. Et je prendrai un thé si cela ne vous dérange pas."

Severus la regarda avec un regard crispé, elle venait chez elle, et en plus, elle lui demandait un thé. Néanmoins, il accepta et partit vers la cuisine pour en revenir quelques minutes après, portant deux tasses et une théière. Hermione le remercia d'un sourire en prenant la tasse qu'il tendait.

"- Miss Granger, venons-en au fait, je n'ai pas de temps à perdre...

- Je ne vous explique pas la raison de ma venue, comme je vous l'ai dit tout à l'heure, je pense que vous avez la réponse..."

Rogue décida par pur sadisme de faire celui qui ne comprenait pas. Et il eut la grande satisfaction de voir que la Gryffondor en fut déséquilibrée :

"- Non, il semblerait que je ne sache pas... lui répondit-il avec un ton faussement innocent.

- C'est au sujet d'hier soir, je... elle s'arrêta un instant en voyant son sourire narquois et le fusilla du regard en comprenant qu'il se jouait d'elle.

- Cela n'aurait jamais du se produire.

- Je-

- Non, laissez moi finir. Ce qui s'est passé hier doit rester strictement entre nous et nous devons l'oublier. J'ai eu la faiblesse de céder à... Bref, je vous serais gré de ne pas en parler à la Directrice dans mon intérêt comme pour le vôtre.

- De céder à qui ? fit-elle.

- A moi, à moi seul. Maintenant veuillez partir."

Hermione ne s'attendait pas à cette réponse. Il ouvrit la bouche comme pour dire quelque chose, mais aucun son ne sortit et il se ravisa. D'un coup de baguette, il fit disparaître les deux tasses et se leva :

"- Je pense qu'il est temps pour vous de rejoindre votre salle commune Miss... A demain."

Il la vit se diriger vers la porte d'un pas lent et il devina quelle s'était mise à pleurer car elle se mit une main sur le visage. Pour rien au monde il n'aurait avoué que quelque chose en lui s'en voulait de l'avoir mise dans cet état

"- Non"

Severus Rogue tourna la tête dans sa direction. Qu'avait-elle dit ?

"- Pardon ?"

Elle se retourna vivement et plongea son regard droit dans ses yeux.

"- J'ai dit non ! Vous n'avez pas le droit... Vous ne pouvez pas..."

Plus il la regardait, plus il avait du mal à résister... Il fit une tentative pour se reprendre, en espérant que ça suffirait et qu'elle partirait.

"- Pas le droit de quoi ?! commença à s'énerver la chauve-souris des cachots.

- De faire ça... De me faire ça, lui répondit-elle en le regardant tout en essayant de retenir ses larmes, c'était peine perdue car elles continuaient de couler."

Il ne pouvait résister devant les larmes qui dévalaient ses joues, Rogue tourna les talons et vint se poster près de la fenêtre avant de reprendre d'un ton qu'il essaya de rendre calme :

"- C'est impossible. Nous ne pouvons pas."

Il hésita à dire la phrase qui lui venait en tête car il savait qu'elle allait lui faire mal mais il n'allait pas tenir longtemps. Il se décida vite.

"- Ne me dîtes pas que vous êtes comme toutes les autres filles de votre âge, qui passent leur temps à glousser à chaque fois qu'un garçon leur adresse la parole ou qui se croient amoureuses juste à cause d'un baiser..."

Il ne termina pas sa phrase car la jeune femme lui attrapa soudain le bras pour le retourner vers elle. Il la regarda droit dans ses yeux pleins de larmes qui lui lançaient des éclairs. Ses pleurs avaient diminués, remplacés par de la colère, mais les quelques larmes qui coulaient encore continuaient de former une tâche de plus en plus visible sur sa chemise. Elle était arrivée joyeuse, avec une envie de le voir et voilà ce qu'il lui lançait à la figure. C'était pourtant lui qui avait commencé...

La rouge et or lui serrait tellement fort le bras qu'il pouvait voir les jointures de ses doigts blanchir.

"- Comment pouvez-vous me dire ça ? fulmina-t-elle.

Son regard plongea dans celui de l'homme en face d'elle et sa colère s'apaisa quelque peu.

"- Pourquoi n'essayerions nous pas ? reprit-elle en le suppliant d'une voix presque inaudible."

Il la prit doucement dans ses bras. Hermione posa sa tête sur son épaule et s'y blottit confortablement en arrêtant de pleurer. Elle se sentait bien, apaisée par le parfum qu'il dégageait, le même parfum que celui qu'elle cherchait il y a quelques minutes. Le même parfum qu'elle avait sentit pendant le cours sur l'Amortencia. C'était lui...

Ses yeux se perdirent dans les reflets de sa cape noire étalée sur le sol pendant qu'il la berçait tendrement le temps qu'elle se calme car, même sans user de son pouvoir de legilimens, il pouvait sentir que son esprit était en ébullition.

"- Vous ne pouvez pas nier que nous nous sommes rapprochés... chuchota la jeune femme."

Snape réfléchit durant un court instant. Ce qu'elle disait été vrai. Il avait prit l'habitude de la retrouver régulièrement pour faire des potions et il devait avouer qu'il se sentait bien durant ces moments-là. Plusieurs fois même, ils avaient laissé libre-court à la discussion, ils parlaient de littérature, de potions et de bien d'autres sujets.

"- En effet.

- Vous ne pouvez pas nier non plus ce que vous avez fait hier.

- Non plus.

- Alors je vous en prie essayons. Vous l'avez dit vous-même, cédez-vous...

- Vous ne me connaissez pas."

A ces mots, Hermione se redressa pour lui faire face avec un air malicieux.

"- Plus que vous ne le pensez... lui chuchota-t-elle à l'oreille.

- Vous avez déjà un petit ami.

- Il n'est pas du tout comme on pourrait le croire, il est horrible et violent avec les autres. Je ne l'aime pas. Je ne l'ai jamais aimé, je comptais le quitter à la première occasion aujourd'hui. Lors du bal masqué, j'étais si triste à l'idée de ne pas me faire inviter...

- Vous auriez accepté n'importe qui ? fit-il d'un air interrogateur qui fit sourire Hermione.

- Non quand même pas... répondit-elle avec un petit rire.

- Et moi ?"

La rouge et or piqua un fard avant de répondre :

"- Je ne vous connaissais pas encore assez...

- Et maintenant ?

- Je dirais oui ! lui répondit-elle avec un grand sourire en se redressant de nouveau."

Elle mit ses mains derrière sa nuque et approcha son visage. Elle avait très envie de renouveler l'expérience de la veille... Il se plongea dans ses iris noisette, de nouveau brillantes. Elle posa délicatement ses lèvres sur celles de son amant qui répondit tendrement au baiser. Il eu le goût salé des larmes d'Hermione mélangé à une vague saveur de thé vert. Un baiser pour tout recommencer...

Toc toc toc

"- Severus, vous êtes-là ? Ouvrez, j'ai à vous parler et c'est très important."

NDA : Mais qui est derrière la porte ? Vous le saurez dans le chapitre suivant ;)

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