Et c'est ainsi que je t'ai trouvée, tu me semblais si grise, mais pas malheureuse. Je n'arrivais pas à te comprendre.
Je me suis assis à côté de toi. Mais tu ne m'as pas regardé. Tu t'es contentée de dire "Il a eu mon message".
Je n'ai eu que le silence pour te répondre.
Tu as tourné la tête et tu as souris. Un sourire doux, plein de nostalgie. Puis j'ai osé demandé :
- "Il a répondu ?
- Non... mais ce n'est pas grave, il a lu.Tu sais, si je suis là c'est pour ne pas mourir même si on pourrait y croire. Je suis là, avec mon vin et mes clopes. Les gens pourraient y voir les derniers instants d'une vie teintés d'un proche suicide. Mais c'est faux. Ils me voient mourir, je me vois renaître. Je me sens vivante quand l'alcool dévale mon œsophage, c'est vibrant, rouge comme le sang. Et les clopes, elles apportent la chaleur qui réanime mon corps froid.
Je me soigne, mais mon âme sœur s'est fait la malle"
Je t'ai pris la main et porté mon regard dans la même direction que le tien.
Ils t'ont brisée et tu te bats pour rester en vie. Tu es comme une étoile qui continue de briller même morte. Tu es lunaire, ascendant sublime.
Je me suis levé pour t'inciter à faire de même. Tu as pris ton livre et ton cendrier, en laissant ton verre vide planté dans le sable. J'ai eu un petit rictus admiratif. C'était bien toi ça, toujours laisser un indice de ton passage comme une manière d'être absolument partout à la fois. J'admire ta capacité à être ici et partout dans le monde.
Tu es une véritable tempête. Tu provoques le chaos pour créer la magie.
- "Tu sais ma belle... la vie est une comme partie d'échecs. Le hasard fait que tu te vois obligée de jouer avec la lumière ou l'obscurité, avec les pièces blanches ou bien les noires. C'est attendre de savoir si tu auras l'avantage de faire le bon choix en premier ou si on t'imposera une route. Ta capacité de résilience tient alors en soixante-quatre cases et tu as quatre vingt dix minutes pour décider de ton sort et ainsi faire de ta position, une victoire."