Chapitre 7


Exténuée par les événements de la veille, c'est le cœur lourd et trainant les pieds que Karen franchit la porte de l'amphi pour assister au cours de psychologie sociale réservé aux 1ere année. En toute honnêteté, elle ne veut pas faire cours. Elle est encore hantée, obnubilée par l'attitude disproportionnelle de Mark.

Elle s'affale sur son siège, en attendant le professeur qui ne tarde pas à faire son entrée.
Il salue la grande foule, pose ses affaires et commence le cours par une question:

-Êtes vous Pour ou Contre le métier d'Escort boy ou girl?

Karen sursaute et se redresse , piquée au vif par la question.

-Moi monsieur, dit un étudiant.

-Allez-y.

Pendant l'échange entre monsieur Hunter et cet étudiant, les autres étudiants prêtaient très attention, d'autres ayant entre leur mains des carnets et des stylos.

Presque tout le monde avait les yeux rivés vers lui.

-Je suis radicalement contre cette pratique monsieur.

-Pourquoi?

Karen serre les doigts et les dents, attentive aux mots de l'étudiant qui sans le savoir l'indexait.

-Ces filles ou garçons qui le font sous prétexte que c'est un moyen de gagner de l'argent disent qu'ils ne vendent pas leur corps car ils ne font qu'accompagner les riches. Mais en réalité, ils font bien plus et ce n'est ni plus ni moins qu'une forme de prostitution à condamner.

-Admettons, répond Mr Hunter.

-Pardon?! S'écrit Karen.

Tout le monde se tourne vers elle.

-Vous dites?

-Je ne suis absolument pas d'accord! Comment vous pouvez le soutenir?
Dit-elle en se levant.

-Je ne vous comprend pas très bien Mlle.

-Il est en train de condamner impunément cette catégorie de personne qu'il ne connait pas et n'a pas à juger!

-Vous en faites partie?

Prise au dépourvue par la révélation d'une vérité qu'elle souhaitait plus que tout garder secrète, elle respire un bon coup pour mettre de l'ordre dans ses pensées.

-Il ne s'agit pas de faire partie ou pas, il s'agit d'arrêter de juger ces personnes parce que nous ne pouvons pas savoir pourquoi elles ont choisi cette voie. Si tu ne comptes pas les aider, au moins ne les dérangent pas, dit-elle en s'adressant au jeune homme.

Ce dernier baisse la tête et s'assoit dans un calme plat. Mais une vague d'applaudissements s'en suit accompagné du prof qui la regarde longuement, fasciné.

-Bien, belle argumentation Mlle...

--Mlle Wo...Wilson.

-Wilson, voilà. Vous êtes épatante, affirme-t-il en se palpant le menton.

Quelques peu rassurée, elle se rassoit.

-Mais comme vous n'aviez pas le droit d'intervenir et que c'est contraire à mon éthique, veuillez sortir, crache-t-il brusquement à la grande surprise de tous les étudiants qui lâchent un ''OH'' d'étonnement.

-Quoi? Mais je..., tente-t-elle.

-Sortez immédiatement.

-Excusez moi Mr, je voulais juste donner mon opinion, s'il vous plait...

-Sortez.

Le cœur gros, elle remballe ses affaires et sort précipitamment, accablée.

Une fois dans sa chambre, elle jette tout sur son bureau, s'écroule sur son lit et fond en larmes.

Touchée par les mots de l'étudiant, elle ne peut s'empêcher de pleurer, désespérée. Elle était une prostituée, il avait ni plus ni moins raison. Mark, elle ne l'aimait pas. N'empêche qu'elle se retrouvait dans son lit dès qu'il claquait des doigts. Mais pourquoi dire tout haut cette vérité l'affligeait-elle? Prenait-elle conscience de l'étau qui se resserrait autour d'elle et de son avenir? Tout cela valait-il la peine? Le jeu en valait-il vraiment la chandelle ? 

-Je ne peux plus reculer...tout est fini, trop de sacrifices ont déjà été fait...dit-elle entre deux larmes.

Plusieurs minutes après, elle essuie ses larmes, et jusque là recroquevillée dans ses draps, décide de se lever.

-Je vais essayer de prendre un peu d'avance, histoire d'oublier tout ça...se dit-elle.

Elle prend un cahier sur le bureau et se baisse pour ramasser l'un d'entre eux qui lui avait échappé des mains.
Mais en se relevant, elle se cogne la tête contre la table.

-Aïe!

Mais c'est là qu'elle aperçoit une petite caméra dissimulée sous le meuble.

Elle la prend et l'examine attentivement.

-C'est forcément lui...il va m'entendre! fulmine-t-elle, enragée.

Elle balance ses cahiers et ressort cette fois pour allez chez Mark, furieuse.

        *

-Tu m'expliques? Dit-elle en débarquant comme une furie dans son bureau, la petite caméra à la main.

Mark ne leva pas le petit doigt, tranquillement installé dans son bureau, plus calme qu'un lac.

-Tu te fiches de moi Nora.

-Je ne te dois rien Mark.

-Si tu me dois tout. Rappelle toi tout ce que j'ai fait pour toi.

-J'ai moi aussi rempli ma part du contrat, répondit elle calmement, le regard menaçant.

-Je ne veux plus jamais te voir en compagnie de ces individus, est-ce bien clair?

-Ça ne t'a pas suffi d'avoir essayer de me tuer...

Elle pressait la caméra si fort qu'elle se cassa dans ses mains tremblantes.

Ses yeux étaient larmoyants, et son visage innocent affichait des rides précoces qui s'étaient formés sur son front à cause des larmes qu'elle retenait.
En voyant cela, Mark afficha un visage soucieux, se leva instantanément et prit son visage en ses mains.

-Tu as pleuré? Qu'est ce qu'il y a, quelqu'un t'importune? Dis-moi ma Nora.

-Il n'y a rien Mark. Je veux juste que tu me laisse tranquille et j'irai mieux. Arrête de me surveiller Mark.

Il lui caresse la joue et garde le silence pendant un bon moment.

-C'est bon, tu l'auras ta liberté ma chérie.

-Merci...murmure-t-elle faiblement.

Elle se retourne et se dirige vers la sortie.

-Nora? Je t'aime, sache-le.

Elle opine de la tête puis sort.

        *

En rentrant chez elle, elle voit l'énorme orage qui se prépare.
Le vent soufflait fort et les nuages étaient grisâtres.
Mais elle n'était pas trop loin et elle se décida à marcher jusqu'à chez elle, soucieuse. Sa vie était un puzzle qui lui était jusque là impossible à résoudre.
Malgré tout, elle était complètement amoureuse de ce climat pluvieux qui lui rappelait des bons souvenirs.
........FLASH BACK........
J'adore ce temps et toi?

-Samy, tu sais que j'attrape rapidement la grippe.

-Mais ça vaut le coup. Regarde le temps, reste sensible au vent et ressent les gouttes de pluies. Imagine-toi avec ton amoureux. C'est trop intense comme sensation!

-Ouais, t'as pas tord. Au diable la grippe!!
........

-Karen? Karen? L'interpelle une voix familière, Hayden.

-Oh! Hayden excuse-moi j'étais ailleurs.

-C'est le meilleur moment pour rêver je l'avoue. Tu vas où comme ça? Demande-t-il en se mettant à cheminer avec elle.

-Dans ma chambre. La pluie ne va pas tarder.

-Hum...ça a déjà commencé.

Tout d'un coup, de grosses gouttes de pluies commencent à s'abattre sur la cité.
Karen s'agrippe au bras d'Hayden et ils courent jusqu'à chez elle, trempés jusqu'aux os.

-Ouf! On l'a échappé belle! Dit Karen.

-Pas vraiment, c'est ici?

-Wep, vas-y tu peux entrer.

Il entre, elle le débarrasse de son sweat-shirt mouillé avant qu'il ne s'asseye au bureau en l'attendant.
Elle se change rapidement dans la salle de bain, vu qu'il est là, et enfile un petit haut rose pâle, sous lequel elle enfile un jogging gris souris.

-Pas mal ici hein! Ajoute Hayden en balayant la pièce des yeux.

-Merci Hayden, chocolat chaud, thé ou café ?

-Café. Quand je suis arrivé nouvellement la mienne était tellement vide qu'on aurait dit la chambre d'un hôpital psychiatrique.

Un des cahiers que Karen a dans les mains lui échappe, mais elle se hâte de ramasser.

-Ça va? S'empresse de demander Hayden.

-Oui, c'est à cause du froid, balbutie-t-elle rapidement.

Elle entre dans la cuisine et en ressort un peu plus tard avec le café d'Hayden, son chocolat chaud à elle et des petits gâteaux.

-Merci, t'es cool, la remercie Hayden. T'es un petit cordon bleu j'espère, je compte passer souvent pour des soirées tacos.

-Passe quand tu veux.

-J'ai pris des cours de cuisine à un moment, mais j'ai vite jeté l'éponge.

-Pourquoi?

-Je ne supporte pas les oignons.

-Sérieux ? Dit elle en riant.

-Mais ouais!

-T'étais vraiment pas fait pour la cuisine. La médecine te va à ravir.

-Oui, on me le dit souvent. Toi par contre...

-Hayden s'il te plait! Et puisque tu le dis, jusque là les patients m'aiment bien!

-Bah oui, ton sourire est sympathique. Mais il ne savent pas à qui ils ont affaire! Dit il en riant.

Elle lui fait la moue avant de rire elle aussi.

-Je suis content de t'avoir rencontré tu sais.

-Moi aussi Hayden, t'es super sympa.

-Je crois que la pluie a cessé. Bon, j'y vais, a plus!

-Bye Hayden, on se voit à l'infirmerie demain!

Elle le raccompagne jusqu'au bout du couloir et il continue son chemin seul, l'esprit encore rempli de la douce voix de Karen.

            *


Le lendemain, pendant qu'elle se dirige vers l'infirmerie après les cours barbants de l'après-midi, elle voit soudainement une décapotable couleur crème se garer juste à coté d'elle. Elle jette un bref regard à droite à gauche et s'assure qu'il n'y a personne aux alentours. Le conducteur du véhicule à l'allure d'un pilote de course descend du siège conducteur, passe les mains dans les cheveux avec un style rafraichissant qui n'échappe pas à Karen, encore en train de se demander de qui il s'agit.

-Vous êtes bien mademoiselle Chesterfield ? Lui demande-t-il finalement. 

-Oui, C'est moi. C'est pourquoi ?

-Un colis de la part de Mr Karlsen. Signez ici s'il-vous-plaît.

-C'est pour moi ça? Dit-elle, interloquée.

-Oui mademoiselle.







A suivre...

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