Chapitre 57

Étrangement, tout est relativement calme dans le campus. Malgré le rapprochement des examens, tous semblent l'avoir oublié. Les professeurs allègent les cours, et tout le monde s'adonne à cœur joie aux différentes activités extrascolaires, la plupart ayant déjà validé certains de leur module principal. Pour Karen, le programme du weekend suivant était déjà scellé. Occupée ou non, elle irait téter comme un bébé chez sa chère maman.

                        ~ELLIPSE DES RETROUVAILLES~

La soirée est déjà tombée sur sa petite ville maternelle. Quelques rossignols se prêtent à de valeureux concerts assez entrainants qui ajoutent du charme à la nuit.  Après avoir mangé les délicieuses lasagnes de sa mère et fait la petite vaisselle du soir, Karen rentre dans sa chambre et s'assoit en tailleur sur son lit avec un stylo et une feuille, les bras repliés contre son ventre.

<<Tu commences déjà tes confessions ?>>

Toujours aussi impitoyable, sa conscience quasi-réelle à ses yeux, déambule dans la pièce en la fixant silencieusement du regard.

-Autant que je m'apprête à affronter la réalité. Si je n'arrive pas à le dire, au moins il faut que je l'écrive.

-Chérie? L'interpelle soudain sa mère qui toque brièvement et glisse sa tête dans l'entrouverture de la porte, mais la vision à qui Karen parlait restant invisible à ses yeux.

-Oui maman ?

-Ça va ? Qu'est-ce tu écris?

-Un poème. Je me sens inspirée ce soir, explique-t-elle avec un sourire angélique.

-Toujours en train de créer, ça c'est ma fille! Merci pour le vase et les fleurs mon cœur, c'est tellement beau.

-C'est rien mamounette. C'est le minimum, je n'allais quand même pas venir sans un petit truc. Et puis je suis contente que tata Juju ait apprécié aussi son cadeau.

-Pour être contente on peut dire qu'elle l'était ! Bon je te laisse dormir maintenant. Bonne nuit mon cœur.

-Bonne nuit mamounette.

-Demain tu iras faire des courses pour moi.

-Demain c'est dimanche. Les marchés  sont ouverts?

-Ils ouvrent une demi-journée. Mais je préfère que tu ailles au supermarché du centre ville.

-D'accord, j'irai demain matin.

                                            *

Le lendemain matin, elle se rendit comme prévu au magasin munie de la longue liste de course de sa mère. Elle se dépêche se sortir son téléphone de sa poche, déjà située sur la personne dont il pourrait s'agir.

💬D'Adam à elle

J'espère que tu as rêvé de moi.

💬D'elle à Adam

Oui j'ai fait un cauchemar.

💬D'Adam à elle

Je prend quand même. Je t'aime.

💬D'elle à Adam

Je t'aime aussi.

-C'est fou ce que ça changé ici...se dit-elle. Mais ils ont toujours les mêmes caissières désagréable. Bon je dois chercher...des pâtes. Je vais commencer par les œufs c'est plus proche, décide-t-elle en faisant dévier son caddy encore vide vers l'une des allées du magasin qu'elle connait bien depuis petite.

Le magasin est presque vide ce dimanche.

Mme Colin, l'amie psychiatre de Julia, fait partie des quelques personnes qui y trainent encore. Elle était en train de prendre du poisson quand elle aperçoit Karen de loin.

-Cette jeune fille me dit quelque chose...si c'est bien elle, c'est incroyable ce qu'elle a changé.

Karen, elle, achève bientôt ses courses, sans se douter un seul instant que Mme Colin l'a vue et reconnue.

-Et enfin le lait. Je crois que c'est tout.

Mais pas très loin de l'endroit où se trouve les produits laitiers, en bas d'une petite pente, un homme qui semble être dans la quarantaine est visiblement en train de crier sur sa femme, pensant sûrement être seul dans l'allée.

-Pardon je ne vais plus recommencer, bafouille la jeune femme qui doit être sa conjointe, leur bague assez ressemblante trahissant leur situation matrimoniale, la tête baissée. Je me suis juste trompé de...

-Ferme là, vocifère-t-il, la rage l'étouffant presque. Ça vaudrait mieux pour toi de ne plus recommencer. 

Elle hésite à répondre, apeurée à l'idée de commettre une erreur de langage qui pourrait lui être fatale. Elle passe tristement la main sur son bras droit, le haut du corps entièrement fermé par un col roulé long bras qui doit dissimuler des bleues. Karen observe tout cela d'un œil expert, toujours discrète et silencieuse.

-Tu n'est même pas fichu de faire ce qu'on te dit, tu es tellement énervante, continue-t-il.  Tu verras quand on va rentrer, j'ai deux mots bien senti à te dire après la honte que tu nous mets dessus dans ce magasin, dit-il sur un ton plus bas mais menaçant.

Animée par une force inconnue mais féroce, Karen perd momentanément toute conscience et laissa volontairement rouler à toute vitesse son caddy plein à rabords sur la pente, caddy  qui alla percuter violemment l'homme et le fit s'écrouler sous la douleur du choc et l'étonnement.

-Ahhhh! Mais vous êtes malades ? S'empresse-t-il de crier sans aucune retenue.

Elle marche sans la moindre précipitation jusqu'à lui et fit mine d'être désolée. Après de plates excuses, ils s'en allèrent, lui en avant se tenant la cuisse touchée, la bouche chargée de jurons, et sa femme derrière lui, un peu soulagée qu'il ne soit plus si en forme pour la battre, et Karen récupéra son caddy pour se diriger vers la caisse. Mme Colin était la seule personne a avoir vu la scène de loin le pouce et l'index fixé sur son menton, turlupinée par la réaction assez violente qu'avait eu la jeune fille qu'elle savait ne pas être très équilibrée dans la tête.

-Sa réaction est étrange...et j'ai bien peur que ce soit le signe d'un trouble de la personnalité avec tout ce que Julia m'a dit qu'elle a vécu. Je dois lui parler dès ce soir.

Réellement intrigué par ce qu'elle venait de voir, Mme Colin se rend dans la soirée même de l'incident chez Julia Hathaway, la tante de Karen.

-Penny! Je suis contente que tu passes me voir, ça fait tellement longtemps, l'accueille chaleureusement Julia.

-Oui c'est vrai. Ta nièce est ici actuellement? Je l'ai vu au magasin ce matin.

-Non, elle est retournée au campus dans l'après-midi. Je t'avais dit qu'elle est à l'université maintenant non ?

-Il faut qu'on parle d'elle. Tu n'as pas remarqué des choses étranges ces derniers temps? Dans son comportement par exemple. Et puis elle a beaucoup changé tu ne trouves pas ?

-Si, mais il y a un problème? Demande Julia, l'air grave. Elle a grandi après tout.

-On peut discuter un moment, à l'intérieur ?

-Entre, je nous fais du thé.

Penelope Colin entre et s'installe dans l'un des fauteuils du petit salon, en attendant Julia partie leur faire un thé. Une fois celle-ci de retour, Penny s'empresse de lui raconter les événements autour d'un thé fumant.

-Donc tu te fais un sang d'encre parce qu'elle a tout bêtement mal surveillé son caddy qui a percuté un fou à lier ? Mais voyons Penny.

-Julia, j'aurai pu prendre ça à la légère mais mon intuition ne me trompe jamais. J'ai lu quelque chose d'étrange dans son regard, elle l'a fait exprès.

-Mais qu'est-ce qu'il y'a de si étrange ? Bon admettons qu'elle ait vraiment fait exprès. C'est normal de vouloir handicaper pour toujours ce genre d'individus qui sont violents avec leur épouse.

-Tu te souviens de ce que tu m'as confié sur elle, il y a un peu longtemps maintenant?

-Oui mais...

-Supposons qu'elle ne t'ai pas tout dit. Qui sait ce qui s'est vraiment passé dans ce lycée ? S'il se trouve qu'elle a vécu des traumatismes plus grands, il y a de fortes chances qu'elle soit atteinte d'un trouble de la personnalité.

-Je sais que même si elle le nie, cette situation l'a beaucoup affectée. La prochaine fois qu'elle viendra je lui dirai de venir te voir. 

-Julia, j'ai l'impression que tu ne comprends pas à quel point c'est grave. Me consulter simplement risque de ne plus suffire. Si elle est vraiment atteinte de cette maladie depuis ce qu'il s'est passé, il est possible que ça se soit aggravé à tel point qu'elle perde totalement le control de son mental et qu'elle soit non seulement capable de suicide, mais aussi d'homicide.

-Homicide?!! Tu exagères, pas ma nièce ? Elle ne ferait même pas de mal à un moustique !

-Oui, j'ai bien dit homicide. Pour faire simple, si jamais elle nourrit de la haine pour celui qui lui a fait du mal, il est en très grand danger parce qu'elle serait capable d'aller jusqu'à le tuer.

Sidérée par les révélations de Penelope en qui elle a toute confiance, Julia reste figée sur son siège, incapable d'avoir la moindre réaction. Pour elle, c'est impossible que sa protégée en soit capable. Pourtant, Penelope est bien la seule à avoir discerné avec exactitude l'état mental de la jeune demoiselle, dont les intentions sordides à son arrivée dans l'université sont jusque là restée secrètes...

A suivre...


Rdv in the next chapter to continue our story guys!

Bisou croisé💖💮!

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