Chapitre 50

Comme si elle avait eu un déclic, la mort de Mark lui rappelait tous les événements qu'elle avait eu à traverser depuis le lycée. Des regrets, de l'incertitude, son quotidien depuis presque trois semaines. Elle avait peur, peur d'elle-même.

Mais c'était sans compter sur sa conscience qui s'était maintenant matérialisée en son sosie pour lui rappeler ce que son esprit tentait de refouler. Quand sa conscience était là, qu'elle était turlupinée par une angoisse persistante, elle était la seule à voir une deuxième elle qui lui faisait la discussion comme si elles étaient jumelles.

Une nuit, pendant qu'elle était avec Adam, son fameux alter égo n'hésita pas à lui tenir compagnie dans son insomnie, assise sur son bureau. La fille dont elle avait l'hallucination la regardait étendue sur le lit, tournant et retournant sur elle-même à la recherche de sommeil.

<<Tu ne dors pas, encore...>>

En entendant cette voix qu'elle était la seule à percevoir, Karen se redressa et s'adossa contre le chevet du lit en la fixant silencieusement.

<<Ça doit être bon d'être là, couchée dans les bras de l'homme que tu aimes si bêtement>>

Karen plissa très fort les yeux pendant quelques secondes, espérant de tout son cœur faire partir l'indésirable étrangère que son esprit torturé avait construit dans son esprit.

<<Tu ne pourras pas me faire partir aussi facilement alors que tu sais pourquoi je suis là>>

-Qu'est-ce que tu me veux encore ? Soupire-t-elle toujours en murmurant.

<<N'oublie pas ce qui s'est passé quand tu as voulu aimer. Méfie-toi de lui ma grande>>

-Mais...il m'aime vraiment. Je veux tourner la page. Tout laisser tomber et voir ce que la vie a à m'offrir.

<<Pour redevenir le petit toutou d'un homme qui finira par se lasser de toi, pour souffrir à nouveau ? Tu veux construire votre relation sur le mensonge, en plus. Il ne sait même pas à qui il a affaire>>

Les dernières paroles de son sosie la firent réfléchir. Elle avait raison. S'il apprenait toute la vérité, il la rejetterait, c'était sûr. Parce qu'ils se connaissaient déjà tous les deux. Sa conscience avait raison, leur amour était impossible. Mais hélas, elle se rendait qu'elle l'aimait beaucoup trop pour tirer un trait définitif sur lui. Elle voulait y croire. Et pourtant, tout semblait déjà tracé pour l'en empêcher. Sans rien dire de plus, comme télécommandée, Karen se leva et se dirigea vers les toilettes. Elle prit une lame qui se trouvait dans le placard mural et s'assit à même le sol, contre le mur, en se mutilant le bras. Elle traçait des sillages fins mais suffisamment profonds pour laisser sortir une quantité de sang assez considérable qu'elle diluait avec des larmes insipides.

-Aïe...Aïe, Hum...

<<C'est bien que tu te punisses d'être aussi légère et naïve>>

Encouragée par sa conscience, elle continue sa triste besogne, manquant de peu une veine dont la coupure lui aurait été inéluctablement mortelle. Mais tout cela lui éveille une douleur superficielle, qui n'est que trop peu comparativement à la plaie béante qui saigne dans son cœur.

-A chaque fois que je verrai ces marques, je me rappellerai, se dit-elle tout bas.

Le sang coule sur son bras, et lui arrache de petites larmes de temps à autres. Pour elle, c'est le moyen le plus efficace pour conjurer les meurtrissures encore douloureuses du passé. Soudainement, elle perçoit un bruit sourd provenant du lit à baldaquin, puis des bruits de pas lourds. Adam vient de se lever.

<<Demandes-lui à nouveau une preuve de son amour, au lieu de rester là à rêver>>

Puis son sosie met son index sur sa bouche pour dire à Karen de garder le silence, avant de disparaitre comme elle était venue. Adam apparait sur le pas de la porte.

-Tu fais quoi debout à cette heure ? Dit-il en se frottant les yeux, aveuglé par la lumière.

Karen ne dit rien et garde la tête baissée. Quand, une fois les yeux ouverts, il la vit assise, des tâches de sang sur son vêtement, il se figea un moment, perturbé.

          Dans la peau d'Adam

Elle ne peut pas avoir fait ça. Elle ne s'est quand même pas fait ça.

L'envie de faire pipi m'est passé à la minute où j'ai vu le sang couler sur son bras. Je dois l'empêcher de se faire plus de mal. Je me précipite et lui arrache la lame de la main.

Moi : Mais tu es folle ! C'est quoi ce bordel ?

En se faisant du mal en se coupant aussi gravement, c'était me faire du mal à moi aussi. J'enrageais qu'elle ait pu se faire subir ça. Mais elle ne dit rien et fond en larmes.

Elle : Désolé Adam, tu n'aurais pas dû voir tout ça...

J'étais en colère, mais maintenant, j'avais mal. Elle devait vraiment souffrir pour faire ça. Quand je regardais les marques sur son avant-bras, je pouvais même voir des petites parties de chair qui montraient à quel point les blessures étaient profondes. J'étais désarmé devant cette faiblesse que je ne connaissais pas d'elle. Je m'assois juste à côté et la couche contre moi. Elle tremble encore, comme le jour où ce connard avait essayé de la violer.

Moi : Pourquoi tu fais ça ? Dis-moi tout et cesse de te torturer mon cœur...

Elle secoue négativement la tête en resserrant son étreinte contre moi, comme si elle craignait que je parte.

Moi : Tu ne veux pas m'en parler ?

Malgré la panique que je ressens dans la situation, j'essaie de forcer ma voix à être la plus douce possible pour éviter de la déstabiliser davantage.

Elle : ...Hunter...

Moi : Il est parti maintenant...c'est fini cette histoire. Viens là, il ne te fera plus de mal.

Je la serre un peu plus contre moi et la laisse se vider le cœur sur mon torse. Elle suffoque un court moment, son appareil lacrymal soulagé de s'être vidé, puis bouge lentement la tête sur mon torse pendant que j'ai la main entre son cou et sa joue pour l'apaiser. Elle se décolle de moi et nos regards plongés l'un dans l'autre un bon moment, ses paupières gonflées par une douleur qu'elle n'ose pas partager complètement.

Dès que je détourne les yeux pour regarder son bras, elle le retire immédiatement, me prend la lame des mains et se fend l'annulaire gauche.

Moi : Mais arrête Karen, arrête de te faire du mal !

Elle : Ferme les yeux si tu me fais confiance.

Moi : Je...

Elle : Adam, je sais ce que je fais maintenant.

Moi : Tu arrêtes de te couper alors.

Elle : C'est promis.

Je ne veux pas qu'elle recommence, mais une petite voix me dit de la laisser faire, et l'expression de son visage qui est devenu sérieux me pousse à lui laisser une chance.

C'est alors que je sens une petite douleur traverser mon annulaire gauche. Elle vient de le fendre aussi. Avant que je ne dise quoi que soit, elle colle le sien contre le mien en me fixant, nos deux sangs mélangés l'un à l'autre et elle glisse ses doigts fins entre les miens, toujours incapable que je suis à esquisser le moindre geste.

Elle : Jure-moi que tu m'aimes.

Moi : Mais pourquoi...

Elle : Jure-le-moi juste...

Oui, je l'aimais. Oui, je l'aimais à la folie. Je ne le montrais peut-être pas assez mais elle n'avait pas à se blesser pour ça.

Moi : Oui je t'aime. Je t'aime plus que tout. Ne fais plus jamais ce genre de chose d'accord ?

Elle : Oui, j'ai compris.

Au moment où elle voulut retirer sa main, je la retiens et l'embrasse. Pour la première fois de ma vie, je ne voulais pas juste faire une partie de jambes en l'air.

Je voulais juste sa présence, rien que sa présence, et sentir qu'elle s'apaise quand son homme est avec elle. Ce sentiment de dépendance est étrange et commence vraiment à me faire flipper. Mais il est si agréable de la serrer contre moi. Ses lèvres ont un peu le goût du sang puisque je les avais effleurés avec mon doigt.

Ce goût était la saveur du pacte qu'on avait signé. Celui du lien éternel.

Mais il était impossible de parler d'amour tant que je ne lui avais pas dit le secret qui pesait sur ma vie de famille.

Je me dégoute moi-même et j'ai peur de la dégouter aussi.

Pourtant il le faut. J'en ai assez de l'avoir sur le cœur.

Depuis toutes ses années.

A suivre...


Do you like the first chapter of this week? I hope it so much guys! Kiss on you💮💖! (C'est de l'anglais ça?🙄)


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