Chapitre 46
-Pitié Ariane, tiens bon, on y est presque ! Répète comme une prière Aurore, toujours auprès d'une Ariane inconsciente.
-Elle est encore chaude, et on est tout proche de l'infirmerie, ça ira Aurore, elle va s'accrocher, ajoute Karen, un peu plus calme.
Grâce à l'aide de quelques étudiants alertés par les deux filles, Ariane avait un mince espoir de vivre, désormais sur la route de l'infirmerie pour les premiers soins. Hayden avait déjà réussi à lui faire vomir une certaine quantité des comprimés, mais il restait encore beaucoup à faire pour lui sauver la vie. À son arrivée, le médecin en chef revêt le chasuble qu'il avait retiré pour un court instant et se précipite pour recevoir la jeune fille. André Williams, le père d'Ariane, arrive une trentaine de minutes après l'incident et court au chevet de sa fille dont l'état a pu être stabilisé à temps.
Karen et Aurore sont assises dans la salle d'attente, avec Adam et Hayden, tous ayant le même vœu : pas de mauvaise nouvelle pour cette journée.
-Elle ne va vraiment pas bien...commence Aurore.
-La mort de Bryan a laissé un énorme chagrin dans son cœur, ajoute Adam, dévasté.
Juste après ses mots, le père d'Ariane sort et se met dans la salle d'attente avec les jeunes gens, tous plongés dans leur pensées.
-Merci les filles, vous lui avez sauvé la vie, se décide-t-il enfin à dire après un long moment de silence et de remise en question.
-Que va-t-il se passer maintenant qu'elle ne supporte pas de rester dans le campus avec cette tragédie ? Demande Hayden.
-Elle va retourner à la maison, il lui faut du repos, affirme Mr Williams sur un ton péremptoire.
Le médecin se pointe sur le seuil de la porte et agite la main en direction des jeunes et leur fait signe d'entrer voir la malade alitée. Celle-ci détend les traits de son visage à leur vue, et tente tant bien que mal de se redresser.
-Non, reste couchée ma grande, lui ordonne Karen en l'aidant à se recoucher avec douceur.
-Ça va mieux ? Demande à son tour Adam en s'asseyant à son chevet.
-Oui...je suis désolée, je ne sais pas ce qui m'a pris d'avaler tout ça. Pardon les amis.
-On te pardonnera quand tu seras guérie, petite gavroche.
Elle explose de rire après la pique d'Aurore, ce qui entraine tout le monde dans une rigolade générale.
-T'inquiète Ari, ces petites vacances vont te remettre sur pied!
-Oh...papa vous a déjà dit que je partais?
-Oui, on sait déjà. Tu vas nous manquer ma vieille.
-Vous aussi vous allez grave me manquer.
-Je veux plus jamais entendre que t'as essayé de te tuer, ok ? Lui fait promettre Adam.
-C'est compris Adam.
Le lendemain , Ariane prit la route avec son père et retourna à la grande villa familiale, craintive à l'idée de renouer avec un père jusque là absent, mais visiblement décidé à se racheter.
Tous le monde avait cours ce jour-là, sauf Adam. Lui seul vint physiquement lui dire aurevoir, avant de la voir disparaitre dans le brouillard qui planait sur la route qui la menait à ce chez elle qu'elle aspirait à ne plus considérer comme tel, vœu qui se heurta au destin.
*
-Déposez vos stylos, c'est terminé, tonna Mr Hunter.
Cette voix résonna comme un échec dans la tête de Karen. Son travail était tout simplement pitoyable. Les paroles de Mr Hunter lors des derniers cours , Hunter avec qui elle était à couteaux tirés, elle les percevaient comme un écho lointain. De toute l'épreuve, la seule partie à laquelle elle était sûre d'avoir donné une bonne réponse était son nom. Tout le reste n'a été que du verbiage destiné à noircir inutilement d'encre la double feuille qui lui servait de copie d'examen.
-J'espère que vous avez aussi bien travaillé que vous vous êtes défendue la dernière fois, dit-il à Karen avec un sourire niais quand elle vint déposer sa feuille, en référence au débat dans lequel elle s'était incrustée lors de leur première rencontre.
Elle l'ignore avec le plus de dédain possible et tourne valeureusement les talons pour se diriger tranquillement vers la sortie.
-Mademoiselle Wilson ?
-Oui monsieur? Répond-t-elle avec un agacement perceptible, les yeux au ciel, mais toujours de dos au professeur.
-Vous êtes ravissante ce matin.
Son compliment la déconcerte et brise l'assurance qu'elle avait au départ. La voix de Mr Hunter avait troqué son timbre intimidant et moqueur contre un ton plus coulant et mielleux. Elle fronça les sourcils, susceptible, et vérifia qu'elle était bien la dernière à quitter la salle, tout en remerciant la flemme qu'elle avait eu pour se lever de lui avoir permis d'être la seule à avoir entendu ce qui venait de se passer.
-Heu...merci monsieur.
-C'est possible de parler quelquue minutes ? J'aimerais que vous et moi discutions.
Son regard s'était assombri, et une aura malveillante semblait prendre le control sur lui, pendant qu'il se levait avec des gestes fins et lents. Avec dégout, Karen comprit que rester dans cette salle ne serait pas à son avantage. Mr Hunter devait avoir la cinquantaine passée, était court sur pattes mais d'une certaine élégance qui le plaçait tout de suite au rang des personnes doté d'une classe naturelle.
-Désolée monsieur, j'ai un appel important à prendre actuellement, une autre fois.
Elle simula un appel et sortit rapidement de la salle. Arrivée suffisamment loin pour se désemprisonner de son mensonge, elle s'arrête un instant, et souffle. Encore une crise d'angoisse. Elle a une sueur froide et s'appuie désespérément au casier qui se trouve juste dans son dos, essoufflée.
Ce rapprochement étrange tenté par Mr Hunter venait de réveiller en elle les souvenirs atroces qu'avaient gravés en elle le viol qu'elle avait subi dans les toilettes crasseuses de ce cinéma. C'était un vendredi soir, qui ne fut absolument pas comme les autres. Elle gardait encore en mémoire la dureté des mains qui l'obligèrent à s'agenouiller, à se coucher , à s'asseoir nue dans ces sanitaires où sa dignité lui fut complètement ôtée, pour une raison qui nourrissait son désir de vengeance.
Des souvenirs, encore des souvenirs.
.........
-C'est à toi que je parle pétasse, la réprimande le premier bourreau.
-Excusez-moi?
-T'es plus bonne que sur la vidéo.
-De qu...quoi vous parlez?
-Arrête de faire la gamine, on a de l'argent si c'est ce que tu veux.
-Non laissez moi tranquille!
-Soit gentille avec nous, ça vaudrait mieux pour toi salope.
-Ahhhh!
-(Il la tirèrent dans les toilettes et pendant qu'un avait la main sur sa bouche, un autre baissa sa jupe) Joli tatouage...du feutre! (Rires) Alors comme ça MISS TATOUAGE AU FEUTRE est une pétasse qui aime se faire filmer?
-(Rires)
.........
Soudainement , son téléphone vibra entre ses doigts et la tira dans ses pensées.
.D'Adam à elle
T'es là?
.D'elle à Adam
Je ne suis pas loin, j'arrive.
Elle range son téléphone dans son sac et tangue tant bien que mal jusqu'à sa chambre, pâlotte.
*
-Dis Adam, t'as des nouvelles d'Ariane?
-Oui, elle est suivie par un psy. C'est ce que je sais pour l'instant.
-C'est clair qu'elle déprimait.
Il ferma les yeux et posa la tête contre le mur. Il était assis, la tête de Karen sur les cuisses, touchant ses joues toutes molles. Il fixe le plafond, l'air lointain.
-Tu tiens le coup? Lui demande t-elle, inquiète.
Il acquiesça faiblement, le torse bombé par un chagrin silencieux.
-T'es sûr Adam ? Tu peux tout me dire tu sais.
Elle se redresse et elle lui caresse la joue de ses mains chaudes, jouant avec le bout de ses ongles dans les points sensibles de son visage, qui semble se détendre petit à petit.
-Ouais ça va, dit-il. Parce que tu es là.
Il la regarde dans les yeux, lui prend les deux mains.
-Dis moi...est ce que tu m'aimes vraiment?
-Tu veux...savoir si je t'aime?
-Oui je veux savoir.
Une larme glissa sur les joues de la jeune fille et vint s'échouer sur le drap.
-Bien sûr que je t'aime. Je t'aime énormément..
Elle s'accrocha à son tee-shirt en pleurant silencieusement contre sa poitrine. Il ne dit rien de plus, resta silencieux, en caressant ses cheveux. Aimer vraiment est préférable à mille déclarations d'amour futiles, soit. Mais elle lui a dit qu'elle l'aime, et c'est ça qui compte. Il est touché au plus profond de son être. Même si son égo prend un coup, il est sûr d'une chose : lui, Adam White, briseur de cœur, l'éternel solitaire toujours en couple, est réellement tombé amoureux de la jeune fille juste à quelque centimètres de son corps.
-Karen...
-Hum?
-Ferme les yeux, et ne les rouvre pas.
Elle s'exécute, sans question. Il la serre dans ses bras, comme si elle pouvait s'évaporer à tout instant. Ne pas se quitter, sauf pour se regarder dans les yeux, s'embrasser avec passion, c'était ça la devise muette qu'ils avaient décidé d'adopter en un simple regard et d'un commun accord.
Dehors il pleuvait. La fenêtre ouverte laissait passer le vent glacé de pluie. Au contact de leur corps, la chaleur ne faisait qu'augmenter ce bonheur que Karen savait interdit.
Interdit parce qu'il ne connaissait même pas le vrai nom de la femme qu'il aimait et désirait.
Interdit parce qu'elle n'avait pas encore atteint l'objectif qu'elle s'était fixé en venant dans cette école.
Interdit parce que sans le savoir, il était lui aussi concerné par l'obsession de vengeance de Karen, il était une pièce maitresse même.
Mais qui peut comprendre le cœur tortueux d'une femme?
A suivre...
Ok ok, on se calme les gens, les femmes sont des amours, promis🙂! Bisou astuce💮💖!
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