Chapitre 43

Dimanche. Le soleil est au rendez-vous, hautement perché au-dessus des collines chaleureuses qui entourent l'université. Le campus dort encore, seuls quelques étudiants encore dans les rues du bahut pour se rendre à un cours de rattrapage ou des séminaires estudiantins qui ne rassemblent pas grand monde. Dans tout ce raffut dominical, c'est dans un sommeil de plomb que s'enferme Karen, quitte à ignorer le réveil qui était censé la tirer de son lit depuis 9h. Mais le rythme effréné de la semaine dans lequel elle dû replonger nécessitait un dimanche sabbatique. Sauf qu'à quelques minutes du chiffre 10 sur l'horloge, son téléphone vibre. Au départ ralentie par le sommeil qui alourdit ses yeux, elle tire la main depuis la couette et attrape son téléphone juste à peine, du bout des doigts.

-Qui appelle à cette heure? Rumine-t-elle dans le fin fond de sa gorge. Il est à peine dix heures! Ouais allô? Lance-t-elle de façon lapidaire.

-Tu dors encore? Répond une voix masculine enjouée au téléphone.

-Bonjour p'tit con. Je te manque grave on dirait.

- Redescend sur terre mademoiselle. Grouilles toi, on a rendez vous à quatorze heures. Viens chez moi.

-C'est pour ça que tu m'appelles MAINTENANT?! Tu aurais pu attendre à midi !

-Bah ouais. Mais j'ai préféré le faire à une heure où j'étais sûr que tu dormirais encore. A toute limace.

-Adam je vais te...

-...bip...bip...bip...

-Merde il a raccroché. Tant pis, j'ai sommeil.

Elle rabat la couette sur elle et se laisse encore une fois aller dans les bras généreux de morphée.

         *

Finalement,  elle se pointe chez Adam à quatorze heure trente. Pour cause, sommeil prolongé, évidemment. Elle cogne quelques coups timides contre la porte et attend une réponse, rassurée par le petit remue-ménage qui indique qu'il y a quelqu'un. Adam lui ouvre la porte et reste figé, agréablement surpris, en la contemplant de long en large.

-J'y crois pas...Lâche-t-il.

-Quoi ? L'interroge-t-elle, soucieuse.

-Viens, entre. Eh Bryan, elle est pas magnifique ma meuf là? Interpelle-t-il son ami assis sur son bureau en pianotant sur son téléphone.

-Orhhh, se plaint-elle, rassurée.

-Ouais carrément. C'est une bombe!

-J'ai simplement changé de coupe les gars, vous me faites peurs là !

-Sérieux, j'adore ta nouvelle tête de fruit ma chérie !

-Oh...merci c'est trop gentil d'entendre ça.

Elle entre dans la salle de bain, et va s'arrêter devant le miroir mural, histoire de se rassurer que les garçons ne lui font pas un mauvais coup et qu'elle est réellement jolie. Mais pour être honnête envers elle-même, sa nouvelle coiffure, des cheveux naturels remontés en chignon et allongé par une longue queue de cheval parfaitement lissée qui lui tombait dans le bas du dos, à la place des dreadlocks qu'elle portait jusque là, ne lui plaisait pas tant que ça. Elle trouvait que ça mettait beaucoup trop en valeur son front qu'elle dissimulait jusque là par complexe.

-C'est vrai que j'ai beaucoup changée ? Demande-t-elle à Adam qui l'avait suivie dans les toilettes.

Il se rapproche d'elle et se colle à son dos, en ramenant la queue de cheval par dessus son épaule. Karen, éveillant en lui quelque chose de délicieux : elle lui donnait envie de la prendre avec douceur, la manipuler comme une statue de porcelaine. Elle semblait fragile, innocente, prête à se faire ouvrir les yeux. Chaque jour, elle était plus désirable, plus attirante, plus...femme. Il sent la chair de poule se dresser sur les bras de Karen quand il glisse le bout de ses ongles derrière son cou. Sa chair tremble par ce simple contact physique, il a tout le bas du corps qui chauffe. Leurs regards se croisent dans la glace, ce qui rend le moment plus intense qu'il ne l'est. Elle entrouvre les lèvres et laisse échapper un sourire maladroit qui trahit sa nervosité d'être autant désirée par son homme. 

-Karen ?

-Oui? 

-Tu es très belle. Tu fais de moi un homme fier d'aimer.

Noire noisette, impossible de rougir pour marquer l'effet renversant qu'ont les propos d'Adam. Mais elle murmure un faible ''merci'', empreint d'émotion, tout en pressant la main d'Adam contre sa poitrine remuant d'amour. D'un amour qu'elle refusait de revivre quand elle avait effleuré le sol de cette université pour la première fois.

-On doit immortaliser ce moment.

-Une photo! T'as raison, je sors mon téléphone, dit-elle spontanément.

-Attend, une petite tresse ne serait pas mal.

-Tu sais coiffer toi?

-Tu verras, affirme-t-il avec une malice brillant dans les yeux.

Il prend ses cheveux et commence à les manier délicatement en enroulant les mèches les unes autour des autres pour faire des tresses africaines apprises dans son enfance.

-C'est super lisse tout ça... Bon bah, voilà.

-Euh...

-Dis rien. A part si tu veux dire que c'est joli bien sûr.

-C'est...c'est...spécial. C'est magnifique Adam, où tu as appris à faire ça ? 

-J'en faisais à ma mère quand j'étais enfant. J'adorais jouer avec ses cheveux, ajouta-t-il en baissant la tête.

-C'est qu'elle doit avoir hâte que tu passes les vacances avec elle, hein !? Tes parents sont loin d'ici ?

-C'est une longue histoire ma chérie, je te raconterai après, esquive-t-il avec brio. On la fait cette photo ?

Karen démystifie chacun de ses traits qui semblent être marqués par un chagrin qu'il préfère taire pour l'instant. Elle lui sourit avec tendresse, histoire de pouvoir en parler plus tard, ce qui le soulage in extrémis.

-Oui bien sûr! Tu me soulèves ?

-Évidemment. Mais t'es lourde putain!

-Tu vas la fermer oui?

*Clic*


-

-Et voilà ! Jubile-t-elle.

-C'est pas trop tôt! Fais voir. Oh là, ta tronche de fruit !

Elle lui donne une petite tape sur la tête et cafouille sa chevelure déjà rebelle, avant qu'ils ne partent tous les deux en fou rire.

-Vous avez bientôt fini de faire des bébés vous deux? Crie Bryan. Adam ramène la ici illico.

-Laisse-moi profiter de ma copine, vieux.

-Bon Karen, J'y vais direct,  j'ai une petite surprise pour toi, dit Bryan une fois les deux de retour dans la pièce principale.

-Ah bon? Qu'est-ce que c'est ?

-Oui, c'est pour ça que j'ai demandé à Adam de t'amener ici. Il a accepté que je te l'emprunte deux heures.

-C'était pas une heure ? Questionne ce dernier pour l'agacer davantage.

-On en a parlé idiot, le coupe ironiquement Bryan. Quand je l'ai eu j'ai pensé à toi et je me suis dit qu'avec ce qui s'est passé...

-En gros il a deux tickets pour faire un saut en parachute et tu es la 2ème personne, voilà.

-Mais fallait me laisser le dire! L'engueule Bryan comme un gamin.

-Whouah! Non tu blagues j'espère! S'exclame Karen, coupant court aux chamailleries stupides des garçons.

-Non, tu es ma belle-sœur, c'est ton cadeau de bienvenue dans la famille. Et comme c'est à quinze heure on y va.

-J'y crois pas! Toi c'est clair je t'adore! Dit-elle en sautant à son cou.

-Heim Heim.

-Je sais que je suis formidable, je sais, clame fièrement Bryan. Mais y'en a un qui est jaloux.

Elle revient rapidement s'agripper au cou d'Adam et l'embrasse doucement.

-C'est toi seul qui savait que je rêvais de faire ce genre de truc Adam...cette surprise porte ta signature...

-Profite limace, et revient moi ce soir. Eh Bryan, je t'ai à l'œil, ne la laisse pas faire n'importe quoi.

-Hum, reçu cinq sur cinq mec ! Sa sécurité, j'en fais mon affaire.

-Tu viens ? J'ai hâte, crie Karen depuis l'extérieur.

Bryan acquiesce et ferma la porte derrière lui. Adam agite une dernière fois la main en direction de son ami, soudainement assailli par un mauvais pressentiment qu'il n'arrive pas à expliquer... 

*

Bryan et Karen sont arrivés pile à l'heure sur le lieu du rendez-vous. C'est un grand terrain verdoyant en plein air. A quelques mètres de l'endroit se trouve une petite bâtisse qui abrite sûrement les futurs sauteurs et juste à côté, un hélicoptère gris, imposant. Karen a des papillons dans le ventre et s'accroche au bras de Bryan, excitée par l'expérience qu'elle s'apprête à vivre.  Le pilote s'approche d'eux, déjà dans la tenue, et retire son casque.

-C'est vous Mr Hopkins? Demande le monsieur.

-Oui., répond Bryan. Vous êtes le pilote, Mr Kheel ?

-En effet, John Kheel en personne. Bienvenue à vous ! Bonsoir belle demoiselle.

-Miss Karen Wilson. Enchantée Mr Kheel.

-Moi de même. Sans vouloir être indiscret, vous êtes un couple ?

-Oh non, c'est juste une amie.

-Ouais c'est ça. Suivez moi, c'est par ici!

Il se mirent à rire à cause de son air suspicieux marrant, et le suivirent, terrifiés mais impatients de vivre cette expérience inédite.

Sauf que le fait qu'ils soient vus en couple était très dangereux, et ça, Karen l'ignorait. Ignorance qui lui coûterait très cher, tant à elle qu'à Bryan..

A suivre...





J'espère que vous appréciez votre lecture jusque là les guys, apprêtez vos mouchoirs, les chapitres suivants seront tristes, bisou long🤧💖💮!!

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