~Retour à l'histoire~

Assise depuis plus d'un quart d'heure sur son lit, Karen repense aux évènements de la veille. Ce fameux Adam avait tout pour plaire, c'est vrai. Quand elle le vit, elle aussi en avait été remuée. L'effort surhumain qu'elle avait dû fournir pour lui masser le genou sans laisser les poils s'hérisser sur ses bras, elle le gardera secret.
Et c'est sûrement ça le plus dangereux. Ce genre d'homme, on ne tarde pas à en tomber amoureuse, pour mieux regretter plus tard sans aucun doute. 
De toute façon, c'était inutile d'y penser davantage, vu la nature du message qu'elle attend depuis presque une heure. Interrompant son monologue, son téléphone vibre et laisse apparaître le numéro d'Ariane.

— Allô? Dit-elle en décrochant.

— Hey poulette, t'es libre demain après-midi? Se précipite de dire Ariane.

— Heu...ouais. Y'a une fête?

— Comment t'a deviné?

— Allez accouche. C'est quoi le programme?

— J'explique: je passerai te prendre à 15h demain, on fera les magasins et tout le blabla. La fête est à 21h, c'est dans un pub en ville.

— Cool, je se...

Un message fait vibrer le téléphone à son oreille.

Mark : «Je t'attends, fais vite»

— Karen? Allô? S'inquiète Ariane face au mutisme soudain de Karen.

— Oh désolée! J'en étais où déjà?

— Bah t'es partante ou pas?

— Bien sûr que je serais là.

— De toute façon, je comptais pas te laisser le choix, alors commence à t'apprêter !

— OK compris. Je dois te laisser, j'ai un truc urgent.

— Yep, à demain 15h.

Elle raccroche rapidement, file dans la salle de bain et en ressort totalement différente.
Élégante jusqu'aux orteils, elle sort de son bâtiment dans la plus grande discrétion et appelle un taxi qui vient l'y chercher et qui la descend devant l'un des restaurants les plus chics de la ville.
Dès qu'elle met un pied hors du taxi, un homme d'une cinquantaine d'année, Mark Karlsen, vient l'en faire sortir avec un tendresse insoupçonnée, digne d'un gentleman. Après quoi ils se suivent main dans la main jusque dans le palace.
                     

*

Le jour de la fête, Ariane passe la prendre comme prévu et retrouve les deux filles qui les avaient déjà précédé dans le magasin. Elle tint à garder sous silence son escapade d'avec Mark, soucieuse de rester une innocente étudiante aux yeux des filles pour ne pas s'attirer d'ennuis, clause du contrat que lui avait fait signé Mark.

— On prendra celle-là alors? Demande Jess à Aurore, les deux premières présentes dans le magasin.

— Non, elle fait trop petite fille. Et puis mon mec ne va pas l'apprécier, répond cette dernière.

— Et depuis quand son avis est important? Coupe Ariane à peine arrivée dans le boutique de vêtements.

— Enfin vous voilà! S'exclame Aurore. On a pris la liberté de choisir quelques petites choses pour Karen.

— Mais et moi? Demande Ariane.

— Toi Ariane, t'es une habituée, alors démerde toi.

— Vous êtes chiantes les filles, vraiment, glousse-t-elle désespérée.

— Mais sinon, je peux voir à quoi ressemblent ces tenues? Dit Karen.

— Tadam ! Voici la préférée !

Jess lui présente une mini robe moulante rouge qui l'oblige à plisser les yeux, tant elle est éclatante.

— Aïe, mes yeux!

— Enfile-la et dit nous si elle est toujours aussi extra, dit Aurore en la lui accrochant sur l'épaule.

Karen entre dans la cabine d'essayage et en ressort quelques minutes plus tard.

— Alors?

Les trois filles restent bouche-bée, ahuries.

— Une bom-be!

— C'est clair, tu la prends!

— Je la trouve un peu trop courte pour moi...Confie-t-elle à ses stylistes de circonstances.

— Mais t'a des cuisses magnifiques ma belle, elle est parfaite sur toi!

— J'ai eu un coup de coeur pour cette robe bleu-nuit, je vais l'essayer avant de juger.

Elle entre à nouveau et sort dans la robe en question, un peu moins courte que la précédente, mais avec un joli décolleté, le tout dans un velours légèrement pailleté.

— Elle est mieux non?

— Whouah...parfaite, je change d'avis.

— Je pense qu'on a du souci à se faire avec une bombe pareille en fait, ajoute Jess. Les gars ne vont regarder que toi là-bas.

— N'exagérons rien, je suis sûre que vous cachez bien votre jeu vous trois.

— Ce qui est sûr, c'est que y'en a une qui galère, glousse Jess en apercevant Ariane arriver avec une dizaine de robes. C'est parti pour des heures ça.

— Ça vous dirai de m'aider oui?

Elles se mettent à rire toutes les trois face à la mine défaite d'Ariane, engloutie par la montagne de vêtements.

                                  *

Il est 21h 30. De l'extérieur du pub THE PRINCE , la musique résonnait déjà.
Les filles sortent de la voiture et y pénètrent. À peine sur les lieux, elles se fondent dans la masse d'étudiants qui y sont déjà. Karen, un peu perdue dans tout ce grand monde s'assoit au bar du pub et fais signe au barman.

— Vodka s'il-te-plait, demande Karen au barman.

— Apparemment madame a besoin de pêche pour danser, dit le jeune homme qui la servait.

— Affirmatif lieutenant, répondit-elle amusée. Hayden ?! Mais qu'est ce que tu fais là ?

— Bah, je suis étudiant, dit-il tout sourire. Tu me vois déjà en médecin ou quoi?

— Oui j'avoue! Contente de te voir!

— Moi de même collègue ! Tiens ta boisson.

— Merci Hayden, dit-elle les yeux rivés vers la piste de danse.

— Tu cherches ton mec ou quoi?

— Je suis libre comme l'air. J'ai la flemme de me lever en fait.

— J'avais donc raison. Et aussi t'es superbe dans cette tenue, elle te va à ravir.

— Oh, c'est gentil, merci. Ça fait du bien d'entendre ce genre de compliments.

— Karen ? Dit une voix dans son dos.

— Bryan ?

Il s'approche d'elle tout content.

— Je ne savais pas que tu serais là, c'est cool!

— Je suis venue avec Ariane et les filles, c'est elles qui m'ont invitées.

Pendant leur petite discussion, Hayden plisse légèrement le front, déçu de s'être vite fait voler la vedette par Bryan aux yeux de la ravissante nouvelle, dont la beauté l'avait dès le premier jour fait déglutir.

— Et elles ont bien fait, j'espère que tu t'éclates au moins, ajoute Bryan au grand dam d'Hayden.

— Oui, jusque là, à part le fait que je ne connaisse pas grand monde, R-A-S.

Elle tourne la tête et regarde un peu partout, l'air de chercher quelque chose.

— Tu cherches Adam?

— Je me suis dit qu'il ne devrais pas être loin, vu que tu es là, dit-elle.

— Oui, effectivement. Mais je ne sais plus où il est passé.

— Tant mieux, dit sourdement Hayden.

Elle but assez rapidement, et se leva d'un coup, l'air assurée.

— Bon, je vous laisse, la piste m'appelle.

— Déjà? T'auras besoin de compagnie? Demande Hayden.

— Non ça ira, merci. A plus Hayden! Au pire je serai a l'infirmerie ce lundi.

— Amuse toi bien, tu sais où me trouver, dit-il, un peu accablé.

Elle hoche la tête souriante, et s'en va.

Captivé par elle, Hayden la suit des yeux jusqu'à ce que elle se perde dans la foule. Son esprit se met à l'imaginer proche de lui, se trémoussant contre lui dans l'euphorie de la fête. Finalement, il se résigna à supprimer cette pensée de sa tête, conscient que bloqué qu'il est au bar de la fête, la concurrence serait rude.

Karen, elle, bien décidée à s'éclater, se dirige vers la piste de danse au bout de laquelle elle voit des visages familiers. Au centre, Ariane agite la main pour lui faire signe.

Mais en allant précipitamment vers elles, elle cogne par inadvertance un homme, visiblement distrait, qui ne l'avait pas non plus remarquée, renversant au passage sa boisson sur sa robe.

— Mais tu ne peux pas regarder où tu vas, merde! S'exclame-t-elle, sidérée.

— Toi non plus conna...Karen?

Elle lève la tête en entendant cette voix on ne peut plus familière.

— Adam!?

A suivre...

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