Chapitre 34


Ariane marche d'un pas pressé vers la bibliothèque, frustrée. Pas par Karen, mais par Adam. Et ce dernier se disait son ami. Pourtant, il ne lui avait rien dit de sa relation avec Karen. Il avait droit à sa vie privée, c'est clair, mais Ariane était blessée parce qu'elle avait l'impression de le perdre. Adam, elle le connaissait depuis l'enfance. Combien de choses ils avaient vécu ensemble, combien de secrets ils s'étaient dit jusque là...et aujourd'hui, plus rien. Même des banalités. Il gardait tout pour lui, et Bryan, qu'il n'avait connu qu'au lycée. Injuste. C'était injuste.

La bibliothèque allait fermer dans quelques minutes, juste le temps de prendre un document vite fait. Mais à peine elle leva les yeux qu'ils tombèrent sur une silhouette qu'elle repérerait entre mille qui en sortait. Adam.

-Ari? Qu'est-ce ce que tu fais là?

-Drôle de question, rétorque-t-elle en détournant le regard.

-Mouais c'est vrai, c'est un peu idiot comme question, reconnait-il, un peu vexé qu'elle soit aussi carrée dans ses propos. Au fait, je te l'ai dit? Reprend-t-il pour combler le vide.

-Je t'écoute.

-Moi et Karen, on est en couple. Tu as trouvé une perle pour moi Ari, je te le doi...

-Ah, félicitation, tout le bonheur du monde, dit elle impassible.

-Euh...tu n'aurais pas un souci? J'ai remarqué que tu es bizarre depuis hier. Tu n'es pas comme ça avec moi d'habitude.

-Tu comptais me le dire un jour et je suis contente que ce soit aujourd'hui, même si je l'apprend en dernier.

-Mais je pensais te l'avoir dit !

-Faudrait que tu penses à m'écrire pour ça.

-Mince, désolé...T'as su quand?

-Hier. Je suis peut être bête, mais je suis pas aveugle pour ne pas vous voir.

-T'exagère Ari, c'était le vendredi à peine, et je ne savais pas que tu ne savais pas, ce n'était pas intentionnel, tu me connais mieux que ça.

-Encore heureux. C'est rassurant de savoir qu'il y a des choses qui n'ont pas changé.

-Salut Adam. Bonjour bébé, Les salue Bryan en arrivant.

-Salut Bryan, répond Adam.

Ariane murmure un faible bonjour, les yeux figés dans ceux d'Adam, remplis de colère, de déception.

-Qu'est ce qu'il y a? s'enquiert Bryan. Vous êtes bizarre tous les deux.

-Rien, répondit Adam, dépité. On s'expliquait juste elle et moi.

-Mon "meilleur ami" sait très bien ce qu'il y a, dit-elle en appuyant ses mots, les mains signant les guillemets.

Elle le contourne sans ménagement et rentre dans la bibliothèque. Bryan la suit quelques minutes plus tard après avoir discuté brièvement avec Adam, que Bryan oblige d'ailleurs à partir pour pouvoir discuter seul avec elle. Il la trouve dans un rayon plus loin, en train de prendre et de remettre furieusement à leur place la plupart des livres qu'elle examine.

-Qu'est ce qui te prend tout à coup bébé? Commence-t-il doucement.

-Rien, répond-t-elle sèchement.

-Arrête ça avec moi, je sais pourquoi vous vous disputiez.

-J'ai quand même le droit de m'énerver non ?

Il s'approche d'elle et prend ses mains, la fixant tendrement droit dans les yeux.

-Je sais que tu as le droit d'être énervée, mais je n'aime pas te voir comme ça. Dis moi ce qu'il y a.

-Il y a qu'Adam m'a oubliée, c'est tout. Il ne me voit plus comme une amie, et ça fait mal de perdre son ami d'enfance. Je n'ai pas demandé un compte rendu de sa vie, mais un minimum de considération, ce n'est pas la mort.

-Tout le monde peut oublier ce genre de détail, il comptais sûrement te parler de Karen à un autre moment.

-Ouais c'est ça., dit-elle sarcastiquement en remettant à sa place un énième document.

-Et puis, peut être que tu devrais lui accorder certains écarts, tu sais à quel point on perd la tête quand on trouve l'amour, ajoute-il sur un ton léger pour détendre l'atmosphère.

-Au contraire, il devrait courir m'en parler tu ne crois pas ?

Agacé, Bryan soupire et lâche les mains d'Ariane, qui est un peu perturbée par son geste.

-Bryan, qu'est-ce...

-Je suis fatiguée de t'entendre parler d'Adam par ci, d'Adam par là. Il trouvé l'amour avec une fille, fiche lui la paix, bon sang!

-Mais je...

-Je vois que je compte pour du beurre. Fais toi à l'idée qu'avec le temps, vous vous êtes un peu éloigné mais, tu le connais, c'est un mec bien et jamais il ne te mépriserait. Son souci actuel, c'est de ne pas mettre qui que ce soit en concurrence avec celle qu'il aime, comprend-le. Moi par contre, tu t'en fiche. Je suis même obligé de faire semblant de séduire des meufs pour que tu daignes prêter attention à moi.

-Mais non, t'y es pour rien.

-T'as vraiment eu besoin de te mettre en colère pour ça? Etre vexée d'accord, mais quand même. Je te sers à rien donc salut.

-Mais non Bryan, c'est pas ça, c'est juste que...enfin, ça n'a plus d'importance. Je laisse tomber toute cette histoire.

-Donc je laisse tomber. C'est lui que t'aime de toute façon, capitule Bryan.

-Non, plus maintenant. Bryan, c'est toi que j'aime, mais essaie de comprendre...

-C'est ce que je fais bébé, c'est tout ce que je souhaite, affirme-t-il en recueillant son visage dans le creux de ses paumes.

                                                                                         *
Il est 15h30. Enzo est assis dans le salon d'un certain Joe, discutant sans une ambiance tendue avec lui depuis presque une heure. Joe rentre dans une pièce de son modeste appartement et ressort assez vite avec une grand sac opaque qu'il dépose sur la table. Puis Enzo retire du petit sac qu'il tenait une liasse de billet et le lui tend. Ce dernier l'examine et la dépose vulgairement sur la table.

-Et le reste? Interroge le dealer à Enzo, qui transpire à grosse goutte, s'apprêtant à faire une commission qui ne va pas du tout plaire à son interlocuteur.

-Joe,  Adam compte payer le reste à la livraison complète. Juste un peu de patience.

-Il refuse de payer?

-A la livraison complète, il a bien insisté, répète-t-il.

Joe sort une arme de la poche de son blouson et prend un mouchoir avec lequel il essuie soigneusement le canon.

-Je ne suis pas vraiment du genre à être patient Enzo, et tu le sais, n'est-ce pas?

-Oui je le sais, mais donne lui un délai supplémentaire, je t'assure qu'il va payer. Il tient ses promesses, je te le jure, supplie-t-il en voyant Joe calibrer son arme.

-L'imbécile! J'ai besoin de ce putain d'argent maintenant!

-T'as son numér...

-Quand on fait ce genre d'affaire on n'est pas en mesure de négocier Enzo, je vous avais prévenu!

-Oui, Joe, je sais, je...

Joe saisit le col d'Enzo et lui enfonce son arme dans le ventre.

-Dis moi mon cher ami, à quoi Adam tient-il le plus en ce moment? Si tu me le dit, peut-être que je vais résister à l'envie de te mettre une balle dans le poumon. Et je peux t'assurer que ce n'est pas une mort très rapide et agréable.

-Je ne suis pas un traitre, Joe, on peut s'arranger...

-Tu auras une mort lente, et très douloureuse mon cher, je veux juste un nom pour t'éviter ça, lui murmure-t-il doucereusement.

-Il a une petite amie en ce moment Joe, c'est tout ce que je sais.

-Un nom, je veux un nom! Insiste-t-il en pressant légèrement la détente.

-Karen! Elle s'appelle Karen!

Juste après ces mots, il desserre légèrement sa poigne aux cols d'Enzo, qui a toujours la respiration saccadée, encore sous menace de mort.

-J'ai bien son numéro Enzo. Mais je compte sur toi pour faire ma petite commission. Si à la fin de cette semaine, toujours rien, il aura de mes nouvelles...dit Joe en lâchant les cols d'Enzo.

-Compris, Joe. Je lui dirai.

-Ça vaudrait mieux pour toi.

                            *
Pendant ce temps, Adam est tranquillement installé dos au mur sur le lit de Karen. Les mots prononcés par Enzo au téléphone ne lui font aucun effet, et il reste campé sur sa position. Enzo lui, se démène pour lui faire comprendre la gravité de la situation tout en essayant de ne pas paraître paniqué, mais Adam, bien déterminé à tenir tête à Joe, refuse catégoriquement de changer d'avis.

-Il l'aura à la fin du mois son putain d'argent. Qu'il se calme, crache Adam sans aucune gêne.

-T'as pas une seule idée de ce dont il est capable Adam.

-Je m'en fiche de ses humeurs. De toute façon, il ne peut rien nous faire d'ici là, sinon il perdra son argent. Et j'ai fait en sorte qu'il ne sache pas que Karen existe au cas où l'idée lui viendrait de me faire un chantage.

Enzo lâche un soupir bruyant, et se garde de lui dire quoi que ce soit de ce qu'il a dû faire pour sauver sa peau.

-Enzo, t'es toujours là ? 

-Oui, répond-t-il finalement. Je t'aurai prévenu Adam. Fais gaffe.

-Ouais, t'inquiète. On se voit au terrain.

-A toute à l'heure, dit-il avant de raccrocher.

-C'était qui? Demande Karen à Adam en sortant de la douche. 

-Rien de grave, c'est Enzo, répond-t-il vaguement.

Elle n'insiste pas trop et abandonne sa serviette pour un pyjama gris relax, avant de grimper sur le lit pour rejoindre Adam.

-T'as prévu quelque chose pour ce soir? Dit elle en se couchant sur son torse.

-Regarder un documentaire sur la danse contemporaine, ça t'intéresse ?

-Du moment où je peux rester là, je suis pas contre.

Il passe sa main dans ses cheveux et il y fourre sa tête et se met à y faire de nombreux bisous avant de s'arrêter brusquement.

-Hum...tu t'arrêtes déjà?

-Ça empeste désolé, lui dit-il sans ménagement.

-N'importe quoi, je fais un shampoing chaque semaine, et en plus j'exagère.

-Si, juré.

-Sérieux?

Elle fit basculer sa tête et ramena ses cheveux en pluie pour renifler quelques bouts.

-Comme tu ne peux pas voir ta nuque, t'es obligé de me croire limace.

-Tant pis, je compte pas me lever microbe.

-Bon t'as gagné, ça sent la pêche, abdique-t-il finalement, déçu qu'elle n'ait pas répondu à sa provocation comme elle en avait l'habitude.

-Je me le disais bien aussi.

-Ramène ta tronche, que je respire ta tête de fruit.

Elle fit mine de se recoucher avant de lui lancer un coussin au visage.

-Eh! S'exclame-t-il surpris.

Elle lui tira la langue avant d'esquiver un lancer de coussin de sa part.

-Apprend à viser microbe.

-C'est ce qu'on va voir limace.

Il lui lança le deuxième coussin qu'il avait sous la main qu'elle reçut en pleine face. Il s'étouffa de rire devant sa mine défaite, bien décidée qu'elle était à récidiver. 

Sauf qu'elle n'était pas consciente de la lourdeur de l'épée de Damoclès qu'elle avait sur la tête et qui ne tarderait pas à se manifester...

Plus de mouvements dans les chapitres suivants les guys, bisou journalier💮💖!

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