Chapitre 31
Le regard brillant comme celui d'un animal en chasse, Adam avance prudemment vers le ring et dépose toutes ses affaires sur le banc qui longe le mur gauche et pâle de la pièce au sol d'une couleur âcre et de tâches de moisi rendue discrètes par de fines couches de poussière.
-Qu'est ce que tu fous ici toute seule? La boxe n'est pas pour les femmes, crache-t-il avec légèreté.
-On est 21ème siècle je te signale, rétorque-t-elle sur le même ton.
-Mais tu pourrais tomber sur des brutes ici.
Elle cesse toute activité et laisse retomber ses épaules, en proie à un burn out émotionnel.
-Et ça te ferais quoi de toute façon? Lui demande-t-elle sans attendre de réponse.
-T'es sûre de vouloir la réponse?
-Pas vraiment.
Karen commence à retirer ses gants suite à sa phrase, et entre dans les vestiaires. Elle ouvre nerveusement le placard où elle avait rangé ses effets et sors sans le moindre soin son sac de sport, et se met à ranger son bandeau et ses autres affaires de sport. Adam entre à son tour, et silencieusement se colle derrière son placard ouvert. Elle saute de stupeur quand elle le referme, directement accueillie par un Adam au regard inquisiteur.
-C'est du harcèlement, déclare-t-elle avec une voix atone.
-Je ne serais pas tranquille tant que tu ne me parleras pas franchement, lui dit-il avec une intonation amène.
-De quelle franchise tu parles ? Je pense qu'on s'est tout dit.
Il s'approche et lui saisit fermement les épaules, déterminer à parvenir coûte que coûte à déceler ses plus profondes pensées. Karen est secrète. Elle ne lui dit pas tout, et il le sait. Mais les poils qui se dressent sur les épaules de la jeune demoiselle lui font prendre conscience de la menace qu'il pourrait représenter pour elle dans ce lieu propice aux incontrôlables pulsions. Il relâche donc la pression de sa poigne et recherche dans ses yeux une certaine confiance, la possibilité qu'elle soit disposée à l'écouter. Mais elle prend sa main et le repousse sans rien dire.
-C'est de ça que je parle. Ton indifférence, reprend-t-il.
-T'es en couple, lâche-t-elle.
-Ce n'est pas ce que tu crois, nous ne sommes plus ensemble elle et moi. Tu es juste tombé au mauvais moment.
-Ah oui ? Bien sûr qu'au moment où vous étiez au lit et que ''Madame la colocataire qu'on peut sauter à tout moment'' se pointe, elle n'était pas la bienvenue!
-Calme toi, écoute, je vais tout expliquer.
-M'expliquer quoi? Que tu avais oublié que je venais ?
-Inès était passée parce que qu'on avait un exposé à rendre que j'avais oublié! Et malheureusement, elle a fait un geste maladroit et on s'est tous les deux retrouvés trempés avec du soda. Du coup je m'apprêtais à envoyer nos affaires au pressing du campus, et avant que je ne trouve un haut, tu es arrivée, voilà la vérité!
-Et le bisou, ses caresses, tout ça aussi, s'était à cause de vos habits mouillés, c'est ça?
-Elle l'a fait pour te provoquer! Elle sait ce qui se passe entre nous, et c'est ça manière à elle de me persécuter parce qu'elle savait que tu t'aurais fait des idées.
Elle garde le silence, perturbée, son regard divaguant vers des objets inutiles dispersés dans la salle, pendant qu'accoudée au mur longitudinal, ses pensées convergent vers une seule et même idée : il essaie de la berner.
-Tu n'aurais pas dû rompre avec elle, c'est malsain. Il n'y a rien entre nous, c'est ma faute.
-Mais qu'est-ce tu racontes ? s'inquiète-t-il en s'approchant d'elle. Bien sûr que...
-Je me sens bête et idiote d'avoir cru que tu pouvais un seul instant m'aimer. C'est pour ça que j'ai pris mes distances.
-Et tu le fais sans aucune explication, c'est ça qui m'inquiète!
-C'est parce que je t'aime! Et je pense que toi non. Je pense que je suis comme les autres, une pilule de plaisir pour toi, voilà.
Aussitôt elle se tut, ramenant les quelques mèches qui trainassaient sur son visage, par peur d'en avoir trop dit. Adam n'arrive plus à faire un pas, profondément blessé par ces mots. Mais il refuse d'en vouloir à Karen, conscient que la faute est à ses sbires du passé. Parce que avant elle, la plupart de celle qu'il avait fréquenté ont bel et bien été des pilules de plaisir.
-Il faut que je parte, je n'aurais même pas dû venir, dit elle en saisissant son sac pour se précipiter vers la sortie.
Il saisit fermement son fin poignet et la ramène fortement vers lui, caressant son visage. Il rapproche ses lèvres des siennes, glissant délicieusement sa lèvre inférieure au milieu des siennes. Remuée par ce contact inattendu, ses lèvres offrent instinctivement une ouverture à celles d'Adam, qui ne tarde pas à inviter sa langue à la danse. Il recueille sa joue au creux de sa paume, se laissant caresser le cou par les doigts expert d'une compagne en émoi, qui se tient cambrée face à lui, lui offrant une place de choix au creux de ses hanches pour qu'il y pose la main. Mais très vite, Karen reprend le control de son esprit et se détache de lui, Adam visiblement encore en manque de son toucher.
-Donc tu crois que ce n'est pas possible? Lui demande-t-il faiblement.
Elle racle sa gorge, et laisse tomber son sac avant de lui fait face, l'air accablée, le front perlé d'une sueur passionnelle.
-A ton avis?
-C'est à toi de me le dire.
-Ça pourra pas marcher. Tu ne peut pas tomber amoureux de moi, ce n'est pas possible.
-Pourquoi?
-Je suis pas celle qu'il te faut. Tu le comprendra quand la passion sera passée. Laisse moi passer.
-C'est à moi de dire si tu l'es ou pas Karen. Discutons encore un peu, s'il-te-plait.
-Adam, laisse moi passer. J'en peux plus.
Il relâcha légèrement son poignet, et comme une petite fille effrayée, elle s'enfuit de la salle sans se retourner. Adam s'adosse au mur, et se cogne la tête à plusieurs reprises contre celui-ci. Pourquoi fallait-il qu'il soit connu comme don juan ? Karen aussi en faisait tomber plus d'un, mais dans son regard, il lisait une sincérité qu'il n'arrivait plus à éprouver depuis ses premiers amours. La fille pour laquelle il s'était donné corps et âme n'avait pas hésité à lui cracher au visage qu'elle n'aimait pas les garçons vierges. Il lui avait donc donné ce qu'elle voulait : Le sexe.
Mais jamais dans sa vie il ne s'était senti aussi mal, utilisé, animalisé. Il s'était promis de ne plus jamais se faire humilier, dicter quoi que ce soit par une fille. Elles tomberaient toutes sous son charme, sans qu'il ne leur offre le luxe d'un regard, c'est ça qu'il s'était promis. Mais Karen, même s'il voyait qu'elle l'attirait, elle avait le courage de lui dire le contraire. Elle ne lui sautait pas dessus comme le reste, mais cherchait à le connaitre, à savoir si elle pouvait lui faire confiance, l'aimer. Et il ne cessait de merder. Pourtant il savait. Il savait qu'il était enfin prêt. Prêt à ouvrir son cœur, à le confier à cette frêle étudiante de première année.
*
Le lendemais après-midi, Karen était assise en tailleur sur son petit lit d'une place, se rongeant les ongles. Il la méprisait maintenant, elle en était sûre. Parce que les populaires, ils draguent toutes les nouvelles filles, leur font miroiter l'amour impossible possible, puis les jettent une fois conscient de leur emprise sur elles. Et Adam n'échappait sûrement pas à la règle: Elle lui avait dit qu'elle l'aimait, elle l'avait embrassé, avant de s'enfuir comme cendrillon. Donc il ne faudrait pas longtemps avant qu'il ne l'ignore. Elle serre les dents, à la fois furieuse et triste de ne pas avoir pu séduire ce dieu grec, qui même s'il la considérait sûrement comme un énième conquête, la regardait avec un certain fiévreux désir, qui bien entretenu et dissimulé, aurait pu devenir de l'amour. Mais dommage, il ne restait qu'une personne à appeler pour vider son sac: Hayden.
-Allô ? Dit une voix masculinement tendre à l'autre bout du fil.
-Oui...
-Ça fait des lustres que tu ne donnes pas signe de vie mademoiselle.
-J'ai fait une boulette énorme Hayden, se confie-t-elle immédiatement.
-Vas-y, raconte, ma maladroite préférée.
-Je ...lui... ai... dit... que...
-Que?
-Que...je...l'aime, tu-te-rends-compte! Enchaine-t-elle consécutivement.
Hayden marque une pause et soupire derrière le téléphone, qu'il serre au creux de sa paume en se retenant de lui cracher ce qu'il pense de cet Adam.
-Et il dit quoi? Continue-t-il.
-Je suis parti aussitôt et je l'ai pas revu, je suis une grosse idiote dans la merde!!!
-Calme-toi, ok ? Tu es dans ta chambre ?
-Oui, je suis rentrée.
-D'accord, j'arrive je monte.
-T'es ou?
-Pas loin. Ouvre la porte.
Elle se lève et s'exécute, guettant de temps à autre l'arrivée d'Hayden qui ne se fait pas attendre. Elle entend les pas précipités d'une personne dans l'escalier, et se penche pour voir s'il s'agit effectivement de lui. Et c'est le cas.
-Tu m'attendais de pied ferme hein.
-Oui, et toi on dirait que t'as couru un marathon, lui fait-elle remarquer, moqueuse.
-Eh, c'est pour toi que je me suis dépêché je te signale !
-Et tu as bien fait Hayden, j'avais tellement envie de te parler..., lui dit-elle en le laissant entrer. Je suis l'idiote du siècle.
-Regarde moi. Garde la tête droite. Respire.
-Euh...
-Vas-y, j'attend.
-Que?
-Que tu te détendes. Tu es tendue en ce moment. Respire, allez.
-Hayden, j'ai pas cinq ans...
-Fais le, que ça saute.
Il lui prend les épaules, l'oblige à fermer les yeux, et la laisse inspirer, puis expirer, et il passe la main sur sa chevelure ondulée.
-Ça va maintenant ? Lui demande-t-il, les sourcils arqués.
Elle hoche positivement la tête et plonge son regard dans le sien, plus calme.
-T'es la fille la plus belle et la plus intelligente que je connaisse donc ne dis plus jamais que t'es idiote, ok?
-Oui, mais...
-Ok?
-Ok Hayden.
-Voilà. Et puis je ne compte pas laisser un coureur de jupons de son espèce briser ton petit cœur.
-Tu lui feras quoi sinon?
-Tu verras, dit-il avec un air grave qui la fit sourire. Fais moi confiance.
Elle se mit à rire, détendue, ignorant totalement la soif de vengeance qui animait Hayden à l'endroit d'Adam, qu'il jugeait indigne d'une fille aussi pure que Karen. Mais il ne pouvait pas lui imposer son amour. Elle devait choisir entre lui et Adam. Et elle avait choisi Adam. C'était son choix et il le respectait. Il tournerait la page, gardant à l'esprit que cette fille a fait partie des meilleures rencontre de sa vie. Mais s'il apprenait par le plus grand des hasards qu'Adam la faisait souffrir, il la récupérerai sans hésiter et le ferai regretter à Adam.
-Et Jess? Demande soudainement Karen à un Hayden un peu dans les nuages.
-Elle m'énerve.
-À ce point ?
-Encore plus. Toujours dans les sales coup, et elle entraine Ariane dans ses bêtises. C'est ça le pire.
-Votre couple bat de l'aile en ce moment.
-Tu dis ça tu ne dis rien. Je la supporte en attendant de trouver mieux que toi.
-Tu vas vite trouver alors...Dit-elle subtilement avec une voix plutôt triste.
Sa mine redevenue sombre n'échappe pas à Hayden, qui comprend tout de suite qu'elle pense à quelque chose qui lui pèse mais qu'elle a surement choisi de garder pour elle. Il la fait basculer donc sur son épaule en passant une main attendrissante sur la sienne.
-Hayden ?
-Oui ma maladroite ?
-Ne me laisse pas tomber...
Son cœur se comprime lorsqu'il entend ses mots, conscient qu'elle va mal. Il partage sans même le vouloir sa douleur, et la serre un peu plus contre lui.
-D'accord ma maladroite, jamais.
~19h00~
Quand Hayden est passé de l'autre côté de la porte en bois nacré de sa chambre universitaire, Karen s'était laissé glisser contre celle-ci jusqu'à s'échouer au sol. Elle s'en voulait. Elle était venu dans cette école pour un but bien précis, qui était en train de lui filer entre les doigts. Adam, Hayden, Aurore, Ariane...ils étaient tous bien loin de se douter de qui elle était réellement. Et bientôt, elle déchirerait ces amitiés qui avaient pourtant l'air de s'être formées pour durer. Et ça la brisait. Parce que rien ne pourrait remplacer le trou béant que ça laisserait dans son cœur. Mais était-ce le moment de renoncer ? Non.
Elle se vengerait. Elle irait au bout.
État d'âme en ébullition, elle se lève, saisit un pull over over size, et s'élance dans la rue calme qui longe les étages où la plupart des étudiants de première année sont logés. Elle arrive jusqu'à la grille qui entoure la grande cour Est de l'Université, et y pose son front, regardant avidement les coucous posés au sol, occupés à discuter entre eux. Elle sourit à cette pensée, puis ferme les yeux pour laisser le vent rythmé hurler dans ses oreilles.
-Karen...
Cette voix, encore cette voix qui fait bondir son cœur, frémir ses bras, trembler ses lèvres, s'approche du lobe de son oreille, et y fait échouer son souffle chaud et saccadé.
-Adam...murmure-t-elle sans même se tourner.
A suivre...
Que ce jour soit le meilleur de ta vie! Prochain chapitre et
Bisou ÉNIGME💮💖! Oublie pas l'étoile(#^.^#)
Dites moi les amis, que pensez-vous d'Hayden?
Ami en or ou ami dont on doit se méfier ?
Je vous laisse vous lâcher dans les commentaires 😁.
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