Chapitre 16


Juste après avoir reçu le message d'Hayden, elle jette son téléphone dans son sac et se hâte vers le café. Elle arrive, ouvre la porte, et tombe sur une foule d'étudiants, des uns en train de commander quelque chose au bar, et d'autres, déjà servis, en train de prendre un café seul ou accompagné. Karen balaie le café des yeux, les mains en visière à cause du soleil qui reflétait ses rayons sur la vitre qui lui faisait face. Et juste devant cette vitre, se trouvait une silhouette noircie par la lumière solaire à laquelle il faisait dos: C'était Hayden. Soulagée, elle entre, et se dirige tout au fond, où il l'attend, en buvant son café matinal.

-Salut, dit-elle en s'asseyant.

-Bonjour Karen. J'espère que ça v...

-Mais sinon combien de temps tu comptais continuer comme ça? Le coupe-t-elle.

-Continuer quoi?

-Continuer de ne pas me faire signe de vie, de ne pas répondre pas à mes appels, mes messages, rien, s'enflamme-t-elle.

-J'avais besoin de temps.

-Qu'est ce qui t'as pris la dernière fois pour partir sur un coup de tête comme ça ?

-Ne me dis pas que tu ne sais pas.

-Savoir quoi? Demande-t-elle en jouant l'ultime carte de l'ignorance.

-Je ne te vois pas comme une simple amie, je veux qu'on soit plus que ça.

Karen perd ses mots, et se coince contre le dossier de son siège, confuse. Elle savait déjà qu'elle lui plaisait, il le lui avait dit. Mais comment lui faire comprendre que ça ne serait absolument pas possible ? Du moins pour l'instant ?  Hayden insistait, persistait, ne consentait nullement à lâcher prise. 

-Hayden, je...je ne veux pas de ça entre nous, je te l'ai déjà dit. C'était pas la peine de réagir comme ça.

Il marque un petit moment de pause., avant de lâcher:

-Je ne supporte pas le fait que tu sois dans la même pièce qu'Adam.

-C'est mon coloc, ce n'est pas moi qui décide.

-Je le connais, il saute sur tout ce qui bouge. Et toi tu bouges. Tu bouges très bien même.

Il avait un regard fuyant, un peu timide. Elle se leva d'en face de lui et vint à coté.
Elle se pencha vers lui, et prit de ses doigts son menton pour qu'il la regarde.

-Je veux pas te perdre, mais je ne peux pas...

-Pourquoi?

-Respecte ma décision, s'il te plait.

Il ne dit rien et prit une gorgée de son café. Parce que lui savait qu'avec Adam dans les parages, Karen finirait par tomber dans ses filets, il décroise les doigts et fait de lents mouvements de piano sur la table, frappé de plein fouet par la réalité : Elle ne flancherait pas non plus.

-D'accord. Mais promet moi une chose.

-Vas-y.

-Tu ne vas pas te laisser séduire par lui, Dit-il avec un faux sérieux.

Elle laisse échapper un rire nerveux, qui convainc Hayden que ses doutes ne mettront pas de temps à se confirmer.

-Rien ne te dit que c'était dans mes projets, tente-t-elle d'argumenter.

-Promet le moi, c'est tout. Il te fera souffrir sinon.

Secrètement, elle glisse son bras le long de son corps et croise son index et son majeur par dessous la table.

-D'accord, je te le promets Hayden, répond-t-elle finalement.

Hayden sourit. Elle même n'était pas sûre de ses sentiments, ça se voyait. Elle donnait l'impression d'avoir peur, de ne pas savoir où elle mettait le pied. Et cette incertitude, il adorait la lire sur son visage. Depuis le premier jour, elle lui avait plu. Et il en était même venu à se demander pendant cette longue période d'exil si il ne confondait pas admiration, désir et amour pour elle. Il l'admirait, il la désirait, mais l'aimait-il vraiment? Au fond, elle avait peut-être raison: Ils étaient fait pour être amis, pas plus. Mais une chose de laquelle il était sûr, il ne voulait pas la perdre, ni elle, ni au minimum son amitié. Après sa brève introspection sentimentale, il prend son sac, et fait la bise à Karen.

-J'ai cours dans quelques minutes, on se voit...après  ?

-D'accord Hayden, c'est quand tu veux.

-Mais rassure-moi que tu n'es plus fâchée ?

-Non, t'inquiète, je n'ai jamais été en colère, tu me manquais en fait.

Il mélange les cheveux noirs de Karen qui affiche une mine désespérée face à l'inutilité des heures qu'elle à pris pour se préparer plus tôt dans la matinée.

-Cette mine aussi m'as manquée, tu sais, dit-il. A plus!

Il se précipite vers la sortie, pendant qu'elle le regarde sortir, la tête dans le creux de ses paumes.

-J'espère que tu pourras me le pardonner Hayden. Tu ne mérites pas que je te mente, ni que je te trahisse, mais ça arrivera, et je te décevrai...se murmure-t-elle.

                                           *

Quant à Ariane, c'est les mains chargés de paquet qu'elle se dirige vers sa chambre au même moment, en pleine discussion avec Jess au téléphone.

-Non mais Jess, je te jure que j'ai complètement oublié Adam...si sérieusement...Orhhh mais puisque je te dis que j'ai tourné la page...Je me demande si je dois pas laisser la place à Bryan finalement...Ouais j'ai remarqué Karen ces derniers temps...je l'aime bien, elle est cool...dis pas des choses aussi méchantes voyons...oui mais...qu'est ce que c'est que ça? Attend, je te rappelle tout de suite. Des roses rouges et une lettre, qui fait ça de nos jours ?

Effectivement, des roses étaient déposées devant sa porte, accompagnées d'une lettre.

<<Cher dulcinée
     Ce soir, je j'attendrai
     Moi qui sans toi ne peut respirer
     A l'heure où se disent les secrets
     Au lieu où se rencontre les prés
     Car une surprise y est gardée>>

-L'heure où se disent les secrets...je crois savoir de quoi il parle, dit-elle en souriant, malicieuse.

                                   *

Touts les mystères du poème déchiffrés, Ariane se rend avec un peu d'appréhension au lieu du rendez-vous, où elle reconnait de dos sans aucune peine l'homme qui l'y a invité, lui étant assis face à l'eau, sur une grande nappe placée pour l'occasion.

-Je ne savais pas que tu avais un penchant pour les poèmes, Commence-t-elle, ce qui le fait sursauter.

-Je savais que tu viendrais...

Heureux comme un gamin, Bryan se tourne vers elle et la regarde avancer, sourire aux lèvres.

-Il se trouve que j'aime les jeux de pistes, justifie-t-elle.

-J'espère que tu n'es pas déçue.

-Bien sur que non, c'est magnifique ici!

-Comment tu as trouvé?

-C'est bien ici que se rencontrent les prés des deux rives du lac.

-Et l'heure?

-C'est toujours à cette heure que tu m'appelles, comment pourrais-je oublier ? Dit-elle avec un charme ravageur.

-Tu es très intelligente, je ne me suis pas trompé, et ce endroit est charmant. Comme toi.

Ces compliments de Bryan fit rougir la jolie rousse.

-Mais tu n'étais vraiment pas obligé tu sais...je ne suis pas compliquée, lui dit-elle, un peu gênée de toute cette attention.

-Si c'est le prix à payer pour te voir sourire, je suis obligé.

-Je n'ai pas arrêter de penser à ce que tu m'as dit, et...

-Et ? Demande-t-il, inquiet.

-J'ai encore besoin d'un peu de temps. J'ai l'impression que tout va trop vite, avec ce qui s'est passé.

-Oui, je comprends. J'attendrai le temps qu'il faudra.

-Même si c'est dans 10 ans?

-10 ans pas un jour de plus.

-Je m'en doutais, dit-elle en souriant, le cœur en compote face au sourire fatal de celui qui voulait conquérir son cœur.

                                         *
Si cette soirée était pour les uns romantique et parfaite, Karen, elle avait autre chose à gérer. Le temps était compté, et elle devait sécuriser au plus vite ce qu'elle avait acquis après tant de souffrances.
Elle fait un saut imprévu chez Mark, histoire de lui demander un service.

-Bonsoir Mark.

-Ma chère Nora! Je suis conte...

-Ne t'emballe pas si vite, je suis venue pour autre chose.

Sa joie remballée comme une vulgaire nappe, il porte toute son attention sur la frêle demoiselle arrêtée face à lui.

-Je t'écoute, dit-il, d'un sérieux professionnel.

-J'ai un petit service à te demander. Et je suis sûre qu'avec toutes les relations que tu as, j'ai frappé à la bonne porte.

-Vas-y.

-Tu pourrais me trouver une villa dans les montagnes ?

Il tique, pressé de lui montrer toute sa puissance financière, exécutant des pas lents et soignés jusqu'à son bureau, d'où il prend dans un tiroir un catalogue volumineux.

-Bien sûr ma chérie. Viens voir le catalogue et tu vas me dire ce que tu en penses. Tes désirs sont des ordres, lui dit-il mielleux.

-J'espère que tu feras de mes rêves des réalités, avance-t-elle à son tour.

-Tu seras la plus comblée de toutes les femmes.

Mark remarque que sa phrase a pour effet de décrocher un sourire à Karen pour son plus grand bonheur. Cette fille, il l'avait dans la peau. Mais elle, elle semblait ne pas suffisamment prendre conscience de tout l'effet, toute la puissance qu'elle avait sur lui. Elle en profitait, certes, mais ignorait encore les limites du pouvoir que lui procurait la ravageuse passion que Mr Karlsen avait pour elle...






Vous en pensez quoi d'Ariane et de Bryan?
Bisou patience💮💖!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top