Chapitre 14

-Adam?

-Karen? Dit-il, surpris de la voir en pleine nuit. Je pensais que tu dormais.

-Je bossais, mais j'avais envie de prendre l'air, explique-t-elle. Je ne savais pas que tu faisais de la boxe, continue-t-elle en voyant les gants rouges qu'il porte.

-Certains soirs, dit-il, vague.

Habillé en simple bas de sport noir avec un tricot blanc près du corps par dessus, Adam fait mine de rester impassible à sa venue et se retourne pour frapper un énième coup qui manquait d'énergie. L'air hésitant, il tape à plusieurs reprises ses mains l'une contre l'autre et s'appuie nerveusement sur le mur à sa droite. 

-Heu, tu comptes rester là? Lâche-t-il finalement.

-J'ai envie de regarder c'est tout, la boxe m'a toujours fasciné, dit-elle simplement avec innocence en croisant les bras sur ses fesses. Je...je te gêne? Lui demande-t-elle les sourcils arqués.

-Pas vraiment. C'est juste que...je ne m'attendais pas à te voir ici. J'ai pas l'habitude qu'on me regarde faire ça.

-Pourtant je te trouve super doué moi.

-Ah oui ?Je préfère faire de la boxe sur le visage de quelqu'un.

-RIP à cette personne alors, dit-elle en riant légèrement.

Son rire qui monte timidement dans les aigus donne à Adam une chair  de poule qu'il garde secrète en se retenant d'esquisser le moindre sourire.

- Dis-moi si tu ris ou si tu es en train de t'étouffer, je ne saurai pas faire la différence sinon, la limace.

Karen rit encore de plus belle, bien décidée à l'énerver pour son plaisir.

-Je ris comme je veux microbe. 

Elle retrouve après toute une gymnastique son sérieux, et s'approche de lui qui est maintenant accoudé sur les cordes qui entourent le ring. 

-La boxe te déstresse j'imagine, avance-t-elle avec une charmante douceur.

-Je verse la colère qui dort en moi, ou bien je viens me détendre. Alors comme ça tu sors avec Hayden hein...poursuit-il, espiègle.

-Pourquoi tu dis ça? On se connait à peine lui et moi.

-Vu le petit cinéma que vous m'avez offert la dernière fois, dit-il plutôt serein.

-Nous sommes...amis, et collègues, voilà.

-Ca ne veut rien dire. Le pauvre, tu l'as friendzoné.

-Mais n'importe quoi, tu racontes des bêtises. Il m'aime bien et moi aussi, ça s'arrête là.

-Je te dis ce que j'ai vu le mardi, rien de plus. Et j'avoue que c'est dommage.

-Qu'est-ce qui est dommage? Lâche-t-elle avec une pointe d'agressivité.

-Je ne vais pas te mentir: Tu es belle, très belle même, et tu as un charme hors du commun qui commence à me faire regretter d'être devenu ton colocataire, lui dit-il, seulement à quelques pouces de distances l'un de l'autre.

-Serais-tu en train de me draguer ? Lui demande-t-elle, sans détacher son regard du sien pour démêler le faux du vrai.

-Je suis un piètre menteur, et je te dis ce que je sais. Et ce que tu es en train d'infliger à Hayden, c'est de la pure cruauté. Tu te rapproches dangereusement de lui alors qu'il ne te verras pas comme une amie de sitôt.

-Tu es sûr en toute âme et conscience qu'il n'y a que ça ? Insiste-t-elle avec une légère offensive.

Il ne lui répond pas et augmente la distance qui est entre eux, restant impassiblement silencieux, tendu mais en totale maitrise malgré l'ambiance chaude qui les entoure.

-Oublions tout ça tu veux? Tranche Karen en retrouvant son sourire innocent. Et puis j'ai bien envie de m'essayer à la boxe, tu me passes les gants?

Adam fait retomber la pression qui montait en lui et se met à retirer ses gants pour les lui passer.

-Je sens que je vais me rouler de rire dans pas longtemps, chuchote-t-il assez fort, exprès pour qu'elle entende.

-C'est ce qu'on verra, riposte-t-elle. Eh...mais c'est plus léger que je croyais, dit-elle en les enfilant.

-Encore heureux. Frappe maintenant.

Elle donne un premier coup qui ne fait même pas trembler le mannequin.

-Punaise, ça n'a pas bougé d'un poil!

-C'est parce qu'il n'y a aucun muscle dans ces cure-dents que tu appelles bras.

-Cure-dent toi même. Tu verras que le deuxième coup sera fatal. Et bim! T'en pense quoi de ça? Dit-elle en frimant après le deuxième pitoyable coup.

-J'en dis que ça fait toujours aussi pitié. Viens je te montre.

Il s'approche d'elle sur le ring, ralentissant pour rendre ses pas moins menaçants et l'entoure de ses bras. Il y glisse ses mains et saisit fermement ses poignets, pendant qu'elle suit ses mouvements des yeux. Au contact mutuel de leur corps, Karen sent une vibrante sensation se propager tout le long de son échine. Sans dire mot, il tend les bras de Karen droit devant elle, et revient à sa fine taille, humant son parfum féminin qui lui picote agréablement  les narines.

-Arrête de me désirer, tu veux? Murmure-t-elle, un peu tremblante face à la tournure des événements.

-Je t'aide à ajuster ta manière de frapper. Regarde, place toi comme ça, concentre toi, pense à la personne à qui tu voudrais donner ce coup et frappe de toute tes forc...

A peine eut-il finit de parler qu'elle frappa d'un grand coup de mannequin de cire qui se brisa en trois gros morceaux. Adam se tiqua face à la force de frappe de la frêle demoiselle qui avait dans les yeux une lueur de colère.

-Je m'en sors pas si mal, hein? Lui demande-t-elle.

-Co...comment tu as fait ça?

-J'ai pensé à la personne à qui j'aurai voulu donner ce coup.

-Alors là...tu fais peur toi.

-Bruit*

-Partons vite avant que le gardien vienne nous étrangler, dit-il après un bruit suspect.

Ils lui saisit le poignet et coure avec elle jusqu'à un carrefour plus loin de la salle de gym avant de s'arrêter pour lui permettre de reprendre son souffle.

-Pfiouu! J'ai...couru... comme...ça il y a...des siècles ! Articule Karen entre deux inspirations.

-Les deux seules fois où j'ai réussi briser ce mannequin, j'étais bourré, lâche Adam, encore marqué par ce qu'elle avait fait.

-Ah bon?

-Eh vous là, qu'est ce que vous faites là? Crie le gardien bouffi en les apercevant de loin.

-Viens, on y va Karen ! Dit-il en recommençant de plus belle à courir avec elle.

-Et c'est reparti...Adam ralenti s'il te plait ! Crie-t-elle à un Adam sourd.

                               *

Une fois dans la chambre, elle s'assoit sur le bord du lit et commence à retirer ses chaussures, des grimaces sur le visage.

-Ça va ? Pas trop d'ampoule la boxeuse ? Se moque Adam.

-J'en ai des tonnes, grâce à toi microbe.

-Tu es un peu trop calme à mon goût depuis qu'on est arrivé.

-Déjà je n'ai plus de souffle pour parler. Et autre chose, t'avais raison à propos d'Hayden. Toi qui est un mec, dis moi ce que je peux faire avec lui. J'ai pas envie de le vexer tu vois.

-Comment ça?

-J'ai l'impression qu'il m'en veux.

-Donc tu l'as friendzoné? Conclut-il.

-On peut dire ça.

-Tu ne veux pas lui laisser une chance malgré tout ?

-Je veux pas lui donner de faux espoirs.

-Du coup s'il est vraiment ton meilleur pote, tu le traites comme un pote, il n'y a rien d'autre à faire. Mais pourquoi tu refuses déjà?

-C'est pas tes affaires microbe.

-Tu veux que je t'aides alors que tu ne me dis pas tout, je ne suis pas devin moi.

-Je sais. Vous les mecs, vos sentiments sont comme de la vapeur. Ils n'ont même pas besoin de vent pour disparaître.

-Pas si c'est sincère.

-Tu parles comme si tu l'avais vécu.

-Je le sais, c'est tout. Orhhh, ça fait du bien de dormir putain ! S'exclame-t-il en plongeant sur son lit. Il ne manque plus qu'une nana.

-Debout, va prendre une douche, il est hors de question que je sois coloc avec un mec qui sue comme pas deux. Et puis évite de faire d'ici un motel s'il te plait.

-J'irai après toi. Et puis il me reste moins de trois mois ici, je te promet rien.

-Si tu me cherches, je suis sous l'eau.

Elle entre dans la douche et ne perd pas de temps à se mettre sous l'eau. Le visage tourné vers la pomme de douche, elle laisse les gouttes d'eau fraîche caresser la peau de son visage, pendant qu'elle passe la main sur celui-ci, repensant aux événement qui se sont déroulés plus tôt dans la nuit. Ce contact de la main ferme d'Adam sur sa peau, elle l'avait encore à l'esprit. Ça l'avait plus déstabilisé qu'elle ne le pensait. Son colocataire éveillait en elle quelque chose de trop fort pour être expliqué. Était-ce réciproque où simulait-il comme il en avait la réputation avec toutes les filles qui avaient eu le malheur de le croiser? Une chose était sûre: Elle devait vite chasser ce sentiment qui n'était qu'illusion et berceau de souffrance. Mais au moment où son pouls commençait à ralentir, elle entendit la porte de la salle de bain s'ouvrir et quelqu'un se glisser à l'intérieur... 

A suivre...

Pas de temps à perdre, prochain chapitre et bisou futur💮💖!

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