Le weekend suivant était parfait. C'était décidé, une petite visite à sa mamounette ne serait pas mal pour se requinquer.

À presque un kilomètre de la maison, elle gare la voiture et prend un taxi.
Impossible d'expliquer à sa mère comment elle a obtenu cette décapotable, au risque de se faire renier éternellement. Elle pose la tête contre la vitre et laisse le vent fouetter son visage, et sécher les quelques larmes qui veulent jaillir.

Revenir, pourtant partie il n'y a pas très longtemps, lui rappelle des choses qu'elle désire plus que tout oublier.

Les feuilles dansent, et le paysage défile sous ses yeux, accompagné de cet air mi-campagnard mi-citadin qu'elle respirait depuis enfant.

Sur le chemin, elle voit le lycée, son ancien lycée, celui de tous les cauchemars, des premiers amours, des premières erreurs...

Enfin arrivée, elle descend, paye généreusement le prix de son trajet à un chauffeur qui lui fait un large sourire, et toque à la porte, petit sac de voyage sur l'épaule.

-C'est qui? Demanda t-elle en ouvrant la porte.

-C'est moi maman !

-Chérie? Tu es là! S'exclama t-elle avant de la serrer comme un chiffon. Je suis ta mère et figure toi que je ne te reconnais même pas!

-Ce que tu m'a manquée mamounette!!! Dit Karen en l'aspergeant de bisous.

-Encore plus mon poussin.

-Et tata Juju comment elle va? Dit-elle pour changer de sujet.

-Elle t'en veut que tu ne soit pas venue la voir avant de partir.

-Elle n'était pas chez elle et son téléphone ne passait plus quand je suis partie.

-Réessaye pour voir.

-D'accord...<< C'est bien Julia Hathaway, je suis indisponible actuellement alors veuillez me recontacter ultérieurement>>

-Encore indisponible. Elle ne change vraiment pas celle-là, dit Alma, la mère de Karen.

-Eh ouais, c'est tata quoi.

-Tu ferais mieux de passer la voir, j'étais chez elle hier même.

-Je dépose mes affaires et j'y vais.

-Comment est la vie là-bas sinon ? Demande Alma

-C'est vraiment super, je me suis vite intégrée.

-Ça se voit, dit-elle en la regardant du haut vers le bas. Ton téléphone, tes vêtements, ton apparence...tu es sûre que tu as les moyens à toi seule de t'acheter tout ça?

Karen se frotte le tympan gauche à la recherche d'un explication convaincante.

-Le job d'étudiant dont je t'ai parlé paye bien maman et j'ai même pu payer toute ma scolarité. Tu sais que c'est un monde pour...

-...les riches, oui je le sais. Et c'est ça qui m'inquiète aussi. J'ai vraiment peur pour toi.

-Tu n'as pas à l'être maman chérie. Je t'ai promis de m'occuper de toi quand je grandirai de la même façon que tu as été là pour moi. Arrête de me couver comme un œuf et fais moi confiance, d'accord?

-Je vais essayer. Aussi n'oublie pas de me dire si c'est un charmant jeune homme qui est venue te déposer dans la petite bourgade où je vis.

-Ne t'inquiète pas maman, tu le saurais si je trouve l'amour. Bon, je reviens, je vais voir tata Juju.

-Tu veux manger quoi?

-Fais moi ce que ton cœur désire Mamounette.

Alma ne pût s'empêcher de sourire quand sa fille souriait. Abandonnée par son mari dans les premières années de vie de Karen, elle avait dû se battre bec et ongles pour survivre, et la voir ainsi lui assurait qu'elle avait réussi sa mission. Enfin, c'est ce qu'elle pensait, parce qu'elle ignorait tout des peines de cœur qui avait laissé des marques profondes, voir indélébiles à sa fille, et qui faisait d'elle désormais une véritable tigresse.

                         *

En arrivant chez sa tante maternelle, une forte émotion l'envahie. Rien n'avait changé : des géraniums aux fenêtres jusqu'au jardin toujours nickel, rien. Elle y avait passé de supers moments, mais aussi les plus mauvais.

.........FLASH BACK........

-Tata, fais toi passer pour maman, je ne veux pas qu'elle soit au courant.

-C'est assez délicat, mais je vais essayer.

-...(Soupir)...

-Tu es sûre que tu tiens le coup?

-Je n'en peux plus tata.

-Mon amie psychologue est disponible tu sais.

-Je ne veux même pas entendre parler d'elle.

-Je ne te demande même plus ton avis, il faut que tu ailles la voir.
......

-Bonjour tata, dit-elle en entrant par la petite porte du jardin.

Julia resta un instant sans bouger, son arrosoir à la main, devant celle qu'elle reconnaissait à peine, fille qu'elle n'avait pas eue mais que la vie lui a offerte...

A suivre...

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Bisou passé💮💖!