Neuf heures pile.

Karen avance à pas feutrés dans un lieu qui, jusque là, lui semblait être le paradis de la liberté : l'Université.
Arrêtée à une dizaine de mètres de l'entrée, elle la fixait, les poings serrés, le regard ferme.

— C'est ici que tout va se jouer, se murmure-t-elle.

Celle dans laquelle Karen s'aventurait n'en était pas une de banlieue.
Toutefois, Karen avait suffisamment bien travaillé et pouvait s'offrir le luxe d'appartenir à cette université privée sans avoir besoin de bénéficier d'une bourse.

Maintenant entre ces quatre murs, elle devait y trouver sa place, tâche loin d'être difficile pour elle. Dès qu'elle frôla le sol de sa nouvelle école, toute crainte s'envola. Elle vit une jolie rousse s'approcher d'un casier et chercher quelque chose dans son sac, l'occasion parfaite pour un premier contact.

-Bonjour, moi c'est Karen. Tu peux m'indiquer le bureau de la scolarité, s'il te plait ? Je suis nouvelle.

La fille à laquelle elle s'adressa la toisa de la pointe de ses pieds jusqu'au sommet de sa tête, avant de croiser le regard ferme et assuré de son interlocutrice.

—Tu étudies quoi ? Lui dit-elle enfin.

— Le journalisme, répond Karen, un peu nerveuse mais déterminée à tout faire pour lui faire bonne impression.

— Je range un dossier dans mon casier et on y va.

La jeune fille sort de son sac une carte qu'elle fait passer dans la serrure qui s'ouvre gracieusement instantanément.

— Ça ressemble plus à un lycée qu'à une université avec tous ces casiers, lança Karen à sa nouvelle guide.

— Oui, mais les casiers c'est uniquement pour les élèves qui y ont fait plus d'une année. Heu... Karen, c'est ça ?

— Oui et toi ?

— Ariane. J'étudie le commerce à l'international.

— En deuxième ou troisième année je présume.

— J'ai raté l'examen donc je suis encore en première année.

— D'accord, enchantée alors.

— Moi de même.

Soulagée de s'être fait au moins une amie qui pourrait la guider jusqu'à ce qu'elle puisse complètement s'adapter à cette école, c'est avec un large sourire que Karen la suit jusqu'au bureau de la scolarité, où, grâce au professionnalisme de ceux qui s'y trouvaient, elles ne firent pas plus de dix minutes.
Les tracasseries universitaires se terminèrent très vite et Ariane lui proposa, histoire de s'habituer aux lieux, de rencontrer ses deux amies assises dans la grande cour ouest à discuter de tout et de rien.
Sur le chemin, rien n'échappa à l'oeil curieux de Karen : les bâtiments universitaires étaient tous d'une modernité époustouflantes, avec un peu plus loin de grands espaces détente et café pour les étudiants. Il y avait énormément de verdure, ce qui dégageait une atmosphère libre et apaisante.

— Hey les filles ! Salua jovialement Ariane.

— Salut Ariane. C'est qui elle ? Lança dubitativement l'une d'entre elles.

— Elle s'appelle Karen, elle est nouvelle ici, présente Ariane.

— Ah, bienvenue alors ! Moi, c'est Jessica, mais tout le monde m'appelle Jess alors te gêne pas.

— Va pour Jess alors ! dit Karen.

L'air un peu plus réservé, la deuxième fille lui tend la main en souriant.

— Aurore. Désolée, j'ai pas de petit nom moi, dit-elle avec un calme qui contraste avec l'humeur chaude de Jessica.

— Je vois, on est dans le même pétrin t'inquiète, rétorque comiquement Karen.

Elle se mettent toutes les deux à rire et Aurore lui fait de la place pour qu'elle s'asseye.

— T'es venue seule?

— Oui, ma mère ne se sentait pas très bien pour m'accompagner. Et puis, je ne compte pas déménager toutes mes affaires donc ça ira.

— Et ton père ? Demande Ariane.

— Il ne vit pas avec nous en fait.

— Je sais ce que c'est les parents séparés, renchérit Aurore. Les miens se disputent inutilement presque tous les jours à mon sujet. J'étais contente de les quitter pour venir ici.

— Changeons de sujet s'il vous plait, c'est trop...personnel pour un premier jour, dit Jessica. Quelle branche tu vas faire Karen ?

— Moi ? Le journalisme.

— C'est cool, on sera dans le même cours ! S'exclame Aurore.

— Génial. On ne va jamais croiser quelqu'un qui s'intéresse au commerce comme Jess et moi, en fait ! Ajoute Ariane, faussement vexée.

— Aurore le fait dans un but caritatif, et toi? Demande Jess.

— Euh... en fait... c'est que...

— Bon ça va avec les questions Capitaine Jess, je te rappelle qu'on a un cours de rattrapage toute à l'heure, alors grouille-toi, coupe Aurore. On y va, à plus les filles.

— C'est bon, ça va j'arrive. Bye Karen, Ariane passe chez moi ce soir, j'ai quelque chose pour toi, lance Jess en passant son sac sur l'épaule.

— D'accord Jess, je vous rejoins après. Toi, je vais te conduire à ta chambre, ça va t'éviter de la chercher dans tous les bâtiments, dit Ariane en s'adressant à Karen.

— OK, je te suis, je suis super fatiguée.

                                  *

Une fois dans sa chambre, Karen se laisse tomber sur le lit comme un sac et soupire bruyamment. Dans la pièce flotte une ambiance douce et légère.
Karen observe la chambre sans vraiment la voir. Son visage ne fait apparaître qu'un vide émotionnel total, tellement elle est absorbée par les raisons qui l'ont amenées ici, raisons loin d'être scolaires.

— C'est bien ici...finit-elle par dire à Ariane restée à l'embrasure de la porte.

— On a de la chance cette année, il n'y a pas trop d'étudiants donc ceux qui ont des colocataires ne sont pas nombreux. T'en veux ? Lui demande Ariane, joint à la main.

— Non merci, je ne fume pas.

— Dommage, dit tranquillement Ariane. Au fait, tu sais qui est mon père ?

— Non... pourquoi ?

— Il est le directeur de cette université mais il ne vient pas souvent. Donc ne t'étonne pas si d'ici demain tout le monde parle de toi parce qu'on traine ensemble.

— Ah, je vois. Mais je suis habituée à faire la une. Ça ira, dit-elle sourire en coin.

— Ah oui ? T'étais Pom-pom girl ?

— Non. Mais...bref, longue histoire. Tu sais comment c'est, le lycée.

— Mouais. Bon j'y vais. Quand tu auras apporté tes affaires, on fera une fête! Dit-elle avec un clin d'oeil.

— C'est clair !

Elle disparaît de la pièce comme un éclair, et Karen en profite pour se lever et s'avance vers le miroir de la pièce.
C'est fou comment elle se trouve changée. C'est exactement ce qu'elle voulait. Être différente.

Ariane, elle, lui paraissait être une typique fille à papa. Élancée et les yeux claires, elle avait tout pour plaire.
Karen, elle, était d'apparence complètement différente d'Ariane.
Bien qu'étant aussi élancée, elle était noiraude. Son teint ciré, sa silhouette mi-fine mi rondelette, et ses yeux amandes lui donnaient une beauté unique. Elle était belle. Ni trop jolie ni trop laide. Tout simplement belle. Mais elle avait par dessus tout un caractère et un charme incomparables. Son regard intense, sa démarche gracieuse et son sourire unique était ce qui faisait d'elle Karen.
Souhaitant se changer pour se sentir plus à l'aise avant d'entamer le petit rangement qu'elle s'apprêtait à faire, elle baissa la fermeture éclair qui se trouvait à l'avant de la robe qu'elle portait, laissant entrevoir des seins fermes et heureux de ne plus être coincés. Juste au dessus de son sein gauche, elle s'était fait tatouer les lettres entrelacées E et L.

Ce tatouage était bien plus qu'une simple oeuvre d'art. Elle marquait d'une pierre blanche le tournant que venait de prendre sa jeune vie Oh combien marquées de douloureuses blessures...

Bonjour ou Bonsoir les copains🙂Amère Obsession est mon premier roman, j'attend vos avis et vos corrections en commentaire.

N'hésitez pas à voter si vous avez aimé.
N'allez pas directement à la fin, risque de spoils qui feront perdre l'originalité de l'histoire.

Je vous ai prévenu les amis #first chapter!