Chapitre 50 : Pourquoi Moi ?

Le jet vient de se poser. J'entends un remue-ménage dehors. Rien que de penser aux jours prochains j'en ai ma claque. Et comme si ça ne suffisait pas, il a fallu que ce faux mariage devienne un vrai. 

J'étais tellement dépassé que je ne savais pas quoi dire. Je vous jure que j'aurais étranglé Sharon si je ne m'étais pas levé.

Je n'arrive plus à regarder Zhéma dans les yeux. Elle ne dit rien depuis lors, le regard perdu dans le vent. Je la sens à bout de forces.

Comment ne pas l'être après tout ce qu'on s'est dit deux jours avant le mariage. Je lui ai craché au visage que je ne voulais plus d'elle dans ma vie, qu'elle doit m'oublier.

Mais elle, elle m'a dit qu'elle m'aime...

C'est ce que je voulais entendre, mais je l'ai repoussé. Elle sait que je l'aime aussi, ou du moins, elle le sens. Et c'est ça qui rend la situation plus compliquée qu'elle ne l'est.

... : Bienvenu Monsieur et Madame White.

Le chauffeur nous ouvre la porte et je l'aide à monter et monte à mon tour. Elle s'est efforcée de sourire jusque-là donc je ne veux pas l'accabler encore plus. Elle a la tête posée contre la vitre, et tourne l'alliance autour de son doigt. J'ai l'impression que ce n'est pas la bonne taille. J'ai mal en la voyant aussi pâle, et les mots de mon père n'arrête pas de tourner en boucle dans ma tête :

''Elle a besoin de toi''

Est-ce vrai ? Est-ce que je ne suis pas de trop dans sa vie ... ?

Je n'ai plus d'émotions.

J'ai l'impression d'avoir été mis en pause après le choc de la nouvelle. Non, ça ne peut pas être possible...on ne peut pas être mariés pour de vrai, non !

Vous pensez que j'exagère peut-être mais ce faux mariage nous donnait un semblant de sécurité émotionnelle. J'encaisse le coup comme une enclume sur ma tête. Je prends mes comprimés dans mon sac et assise sur le bord du lit, je me gave d'antidépresseurs. Ma psy m'aurait croqué vivante si elle savait que j'en avais encore sur moi. Mais c'est facile à avaler comme un gâteau au beurre quand je me sens au plus mal.

La porte s'ouvre. Il est revenu de je ne sais d'où. Il est plus de vingt-deux heures et la journée promet d'être chargée demain. Mais ce soir-là, le silence est roi. J'ai la langue trop lourde pour articuler quoi que ce soit.

Lui : Tu ne dors pas encore ?

Je secoue négativement la tête et avale un autre comprimé avant d'aller m'assoir au balcon de l'hôtel. Inutile de vous décrire l'ambiance pesante.

J'entends de petits bruits, mais je n'ai aucune idée de ce qu'il fait, je ne daigne même pas le regarder. De fines gouttes de pluie commencent à tomber et le temps se rafraichit.

Je pivote la tête et le voit porter une veste en cuir.

Ne me dites pas que...

Moi : Tu sors ?

Lui : Oui.

Moi : Mais il pleut, tu vas attraper froid si tu sors !

Lui : T'as pas à t'inquiéter pour ça. Et puis si ça peut t'aider à trouver le sommeil.

Il sort sur ses derniers mots, qui dégagent une froideur qui me glace le cœur. Cette journée a dû être un calvaire pour lui aussi. Et au lieu d'arranger la situation de mon mieux, j'ai été froide, acariâtre, alors que rien n'était sa faute.

J'ai été égoïste, alors qu'il n'a fait que penser à moi. A cause de moi, il sort sous ce temps pluvieux, fatigué qu'il est, pensant que sa présence est la pire chose qui puisse m'arriver.

Mais c'est faux...

Je dois me rattraper dès son retour, pour que la balance arrête de peser de son côté. Il fait déjà nuit, il ne devrait pas tarder. Il a arrangé le canapé en petit lit, me laissant seule sur le grand.

Mais je me couche sur le canapé et attend son retour, soucieuse.

Mes yeux jusque-là clairs comme des ampoules s'éteignent lentement sous l'effet des antidépresseurs...

Mes paupières s'entrouvrent. Tout est sombre. Et il pleut des cordes dehors. Je lève précipitamment la tête. Toujours personne. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? Je saute du canapé et l'appelle. Merde, il ne décroche pas. C'est idiot de ma part, puisqu'on n'appelle pas sous la pluie, c'est dangereux. Des tas de scénarios lugubres défilent dans ma tête. Il est deux heures passées. J'ai un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment.

C'est trop, je n'en peux plus, je dois aller voir dehors s'il n'est pas dans le coin, sinon je mourrais littéralement d'inquiétude. J'enfile à toute vitesse un imperméable sur mon pyjama. Tant pis, je n'ai pas de parapluie, va falloir faire avec.

                                                                                             *

La pluie s'abat sur moi comme une malédiction. Je regarde tout autour de moi, je ne sais même pas où je vais. Plus j'avance, plus cette étrange intuition s'intensifie. A à peu près deux cents mètres de l'hôtel, je vois une ombre. Et si c'était lui ?

Moi : Adam ?

La personne se retourne. C'est bien lui. Le stress retombe d'un cran et mon pouls ralenti. 

Lui : Pourquoi tu es sortie, tu vas congeler !

A l'instant même, je ne tiens plus sur mes jambes frigorifiées. Je m'écroule à bout de force et me replie sur moi-même.

Lui : Zhéma ? Tiens bon, j'arrive !

Il court en ma direction, paniqué. J'arrive à peine à le voir, tout est flou à mes yeux. Mais une lueur bizarre apparait soudainement et avant que je ne m'en rende compte, une voiture apparait à sa droite, et un grand bruit de choc s'en suit.

Moi : Hurlant. Adam ! Adam !

Je cours comme une folle et arrive à l'endroit du crash. J'ai le cœur qui bat à me faire exploser la poitrine. Je tremble, plus de peur que de froid. Je m'approche et vois un corps inerte sur la chaussée.

Moi : Non, pitié, non...

Je me répète ça des milliards de fois, pour que ça ne soit pas lui. Non, je refuse de le penser. Je fais un pas, deux pas, et j'arrive enfin à voir nettement le visage.

Moi : Nooonnnn !

Je me jette sur son corps, et prend sa tête sur mes cuisses, et le secoue.

Moi : Adam ! Répond moi Adam, pitié, pitié répond moi, réagit ! A l'aide !

Toujours rien. Son visage est couvert du sang vomi par sa tête, son nez et sa bouche. Je n'ai plus de batterie. Je prends son pouls, en priant pour que quelqu'un passe par là, pour nous aider. Et c'est là que mon sang arrête de circuler. Non, ce n'est pas possible.

Je refuse de croire ça.

C'est un cauchemar sûrement. Je me pince pour me réveiller si c'est le cas. Mais je suis toujours à genoux en plein milieu de la route, trempée par la pluie.

Ça ne peut pas être réel.

Il ne respire plus. Je ne sens pas son pouls.

Son cœur ne bat plus...

Non pas Adam. Pas lui. Pas l'homme que j'aime.

C'est impossible. Il ne peut pas me faire ça. Il ne peut pas mourir. Non !

Moi : Murmurant. Adam...ne me fais pas ça, pitié...Criant. Nooonnnn !

L'homme que j'aime m'a trahi...

L'homme pour qui je vis est...mort.

A suivre...


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