Chapitre 25 : Une décision lourde de conséquences
Je range les derniers documents dans mon classeur que je fourre dans mon sac. Il m'attend et me regarde, silencieux.
Lui : Alors ?
Moi : Me raclant la gorge. J'ai pris le temps d'y réfléchir, et finalement j'accepte.
Lui : Pourquoi ?
C'est vrai que je ne sais pas vraiment pourquoi en fait. Qu'est-ce que je vais bien devoir inventer ?
Moi : Le travail, c'est le travail. Donc je fais mon travail.
Il hocha la tête, l'air peu convaincu. Je sortis un document de mon sac que je lui tendis.
Lui : C'est ?
Moi : Un contrat. Mme Anderson m'a demandé de le lire et de le signer. Il te concerne aussi.
Il prend son temps pour l'examiner alors qu'il est déjà plus de vingt et une heures. Décidément, il passe sa vie au boulot.
Lui : Ça me parait correct, mais je vais bien le relire à la maison et je vous l'enverrai.
Alléluia ! Je vais enfin pouvoir me lever et filer à la maison. Il passe une main dans ses cheveux en bataille, l'air accablé.
Moi : Ça va ?
Lui : Je ne sais vraiment pas ce qui m'a poussé à me lancer dans cette merde.
Moi : Moi non plus.
Le match était lancé. Espérons qu'il n'y aura pas de carton rouge jusqu'à la fin.
*
Le lendemain matin, moi, Sharon et Mme Anderson (Wendy ne sert à rien) allâmes à White Enterprises. Dans la grande salle de réunion, il y a Lewis, Adam, des journalistes du people et d'autres employés qui devaient être au courant.
Nous sommes autour de la vingtaine, les deux PDG, Adam et ma patronne, assis aux deux extrémités de la longue table. Mme Anderson commence à développer son idée de dingue sous l'œil attentif de tout le monde. A un moment donné, Adam se met à bouger sur son siège, comme troublé par quelque chose. Il m'adresse un regard rapide qui ne m'en dit pas plus sur ce qu'il s'apprête à dire. Mais sa voix gutturale mais déterminée ne tarde pas à s'imposer dans cette salle si calme qu'on n'y entend que Mme Anderson et quelques insectes volants.
Lui : Je ne suis pas d'accord avec certaines clauses du contrat.
Elle : Allez-y Mr. White.
Lui : A la page cinq, il est obligatoire que je lui offre des roses rouges, c'est bien ça ?
Elle : Oui, c'est exact.
Lui : Pourquoi précisément des roses rouges ?
Elle : C'est elles qui sont le plus appropriés à ce genre de situation.
Lui : Moins nous serons naturels, plus notre crédibilité frôlera le néant. C'est peut-être un détail pour vous, mais chaque détail doit compter. Y compris lui offrir ses fleurs favorites à elle.
Elle : Qu'est-ce que vous proposez ?
Moi : Changer ce premier détail avant d'aborder des sujets plus sérieux.
Elle : Je n'y vois aucun inconvénient si la concernée elle-même est d'accord.
Tous les regards se tournent vers moi.
Moi : Oui, je suis d'accord.
Elle : Dans ce cas, je le suis aussi.
Lui : Vous avez des propositions à faire Mlle Woods ?
Je sens que mon inquiétude le turlupine et qu'il essaie de me mettre au maximum à l'aise pour les jours qui vont suivre et qui ne laissent place à aucune réclamation. Mais j'abdique sous l'œil menaçant de ma patronne qui semble agacée par ces détails.
Moi : Non, pas pour l'instant. Mais j'ai besoin d'un peu plus d'éclaircissements au niveau de la page treize.
*
A la fin de cette interminable réunion, je me dirigeai vers les toilettes, pressée de vider ma vessie remplie de mon thé de ce matin.
...: Mlle Woods ? Mademoiselle?
Moi: Sharon ?
Elle : Tenez, c'est votre emploi du temps jusqu'au vendredi. Celui de la semaine prochaine est en cours de préparation.
Je dépliai la feuille qui vint s'échouer contre mon orteil.
Moi : Interloquée. C'est...pour ces trois jours seulement ?
Elle : Oui mademoiselle.
Moi : Murmurant. Réunion privée, photos pour les magazines...photos ? A onze heures ! Mais il est dix heures cinquante-huit !
Je me dépêche d'uriner et retourne dans son bureau.
Lui : Je t'attendais justement.
Moi : Tu savais qu'on avait un shooting à onze heures ?
Lui : Oui bien sûr. C'est dans le programme.
Décidément, c'est encore moi la cinquième roue du carrosse. Il m'ouvrit la porte et nous traversâmes tout le bâtiment main dans la main. La réceptionniste du hall nous regarda attentivement l'air surprise. Je devais être aussi naturelle qu'un chameau à ski. Je lui lançai un sourire niais, histoire qu'elle arrête de me dévisager.
*
Je sors de la cabine. Je me suis changée pour la quatrième fois pour Dieu seul sait encore combien de poses. Mais je dois dire que le reflet que j'ai aperçu dans la glace m'a époustouflé.
N'empêche, il est quatorze heures et je n'ai toujours rien bouffé alors qu'on finira dans pas d'heures.
J'entre dans le studio. Il y fait toujours aussi chaud. J'utilise ma main comme éventail pour que mon maquillage ne ressemble pas à de la peinture abstraite. Adam, lui, n'a fait que changer de cravate, il ne pourrait pas comprendre.
... : Vous êtes splendide Mlle Woods.
Moi : Merci, c'est gentil.
Le photographe m'installe et me prend en solo avant d'appeler Adam. Il a un charisme hors du commun. Son apparence, son regard, sa voix, son caractère même, c'est celui d'un chef d'entreprise qui n'a peur de rien, qui fait trembler sans mot dire, sauf avec moi. Peut-être parce que je le connais mieux et depuis bien plus longtemps que tout ce petit monde.
Le photographe : Approchez mademoiselle, les photos individuelles sont terminées, ce sont maintenant les photos de couple.
Le moment que je redoutais le plus. Adam me tendit sa main et je me rapprochais de lui. L'une des assistantes du photographe s'avança et mit ma main autour de son cou, ses mains sur mes hanches, pendant que son supérieur ajustait l'angle de vue. Je la sentais baver sur lui, les yeux en lune. Il n'avait d'yeux que pour moi et moi de même. On est censés être amoureux, vous vous souvenez ? Pendant ce temps, j'entendais l'appareil immortaliser chaque sourire que je simulais.
Le photographe : Parfait...penchez légèrement la tête sur le côté...voilà...à mon signal, vous pouvez vous embrassez.
HEIN ?
Je me raidi dans les bras de Adam, qui me lança un regard interrogatoire. Mais il fallait parler en murmurant.
Lui : Tu as un souci ?
Moi : Je ne savais pas que ça irais jusque-là.
Lui : C'était à la page 25.
Je n'étais pas arrivée à la page 25 pendant ma lecture, flemme oblige. Aïe !
Lui : Si ça te dérange tu me le dis tout de suite.
Moi : Mais...
Lui : Plus fort. Elle a un malaise, on revient tout de suite.
Il fit un signe de tête au photographe qui nous suivi dans sa loge.
Le photographe : J'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas monsieur ?
Lui : Elle n'était pas au courant alors laissez tomber.
Le photographe : Ce sont les instructions de Mme Anderson.
Lui : Je n'en ai rien à faire. Si Zhéma ne veut pas, elle ne le fera pas, point.
Au fond, c'est moi qui étais à coté de la plaque. Le photographe n'avait pas à payer à ma place.
Moi : Adam, c'est bon, je le ferai.
Lui : Tu ne...
Moi : Si je te dis que ça va, c'est que je suis prête. C'est son travail alors laisse faire. S'il te plait.
Il hocha la tête et nous devança. Je fis un sourire au photographe pour le rassurer. Le pauvre, c'est sa place qu'il risquait. Une fois replacés, le souvenir de Karen me revint à l'esprit. Si j'avais réussi à faire semblant une fois, je le réussirais encore. Je me mordis la lèvre inférieure, tremblante à l'idée de ce qui allait se passer. Le photographe n'attendait que nous. Quant à Adam, son masque de Tiran qu'il avait tout à l'heure avait disparu. Je me rapprochai, et il fit de même, jusqu'à ce qu'il capture mes lèvres...bref, on s'est embrassés.
Voilà quoi !
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A suivre...
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