Chapitre 6: Léa


Même pas la peine de sonner à leur porte, Antoine et Théo étaient déjà là. Je venais de finir de préparer quelques affichettes sur la disparition de Yuki de manière à pouvoir les exposer le plus rapidement possible. Je me demandais encore ce qui m'avait pris quand j'avais accepté de partir avec eux. C'est vrai que mes nouveaux voisins me plaisaient, mais de là à m'embarquer dans une quête imaginaire était complètement stupide de ma part. Enfin, c'était je pense, impossible de retourner en arrière et puis après tout, il ne suffirait que de les suivre jusque dans l'église puis on reviendrait. On ne trouverait rien, c'était évident ! Que pouvions-nous bien trouver dans une église à part un prêtre, du vin, de l'eau bénite, des hosties et un crucifix ? Enfin c'est ce que je pensais...

Antoine et son frère m'ont aperçu et je les ai rejoints.

— Euh... Salut ! m'a lancé Antoine. Tu es prête ?

— Oui enfin, prête à revenir bredouille surtout !

— Arrête de faire ta maligne la voisine, est intervenu Théo. Les documents qu'on a trouvés sont inquiétants...

On s'est mis en route. Sur le chemin, Théo déballait tout un tas de journaux :

— Regardez-moi ça. Le 26 novembre 1972, une femme retrouvée morte dans une cave de la ville. La victime a sauvagement été assassinée mais il y a aucune trace de l'assassin. On se croirait dans un film, reprit-il.

— Ca s'est passé il y a près de cinquante ans, c'est absurde de ressortir ça ; ai-je répondu.

— C'est absurde mais pourquoi avoir laissé ça dans notre grenier avec un message ? A demandé Antoine.

— Tu parles d'un message ! Tu trouves un bout de papier avec trois mots qui ne veulent rien dire et tu appelles ça un message ?

— Euh... mais... je, bafouilla-t-il.

J'avoue qu'à ce moment-là, j'ai été un peu dur avec lui, mais ce qui m'énervait c'est qu'il suivait son frère comme un bon toutou bien sage. Ils étaient tous les deux hypnotisés par quelque chose qui n'avait aucun sens.

On a continué à avancer. Théo, entre moi et Antoine continuait de sortir ses journaux : une mort par si, une mort par là. Antoine était encore gêné pour tout à l'heure mais bon, c'était plus le moment de discuter : on venait d'arriver devant l'église.

La bâtisse immense était cachée derrière de grands arbres. Le clocher brillait sous les rayons du soleil. Le bâtiment semblait bien entretenu : les briques paraissaient lisses et les vitraux scintillaient. Je n'avais jamais mis les pieds dans cette église, à vrai dire je ne suis pas trop croyante mais sur le coup, je mourrai d'envie d'y entrer ; comme si quelque chose m'attirait malgré mon agacement pour cette « quête ».

On s'avança tous les trois face aux grandes portes en bois qu'Antoine se mit à ouvrir sans difficulté. Théo entra dans l'obscurité le premier sans crainte, son frère et moi le suivîmes. En entrant à l'intérieur, je me sentis mal ; ma tête commençait à me tourner et la chaleur laissa place au froid. Les vitraux étaient situés à plusieurs mètres de haut, de là provenaient les seules sources de lumière ; de gigantesques piliers soutenaient la charpente. L'autel semblait être à plusieurs centaines de mètres devant nous et les rangées de bancs paraissaient ne jamais s'arrêter. On se serait vraiment crus au milieu d'une rangée de miroirs sans fin. Tout cela me donna des frissons, on se sentait minuscules dans ce lieu. Sans réfléchir je pris la main chaude d'Antoine pour me rassurer.

— Bon maintenant qu'on est là, on fait quoi ? Demanda Théo.

— Il faut trouver quelque chose...

— Mais quoi ? Ai-je ajouté.

Sur ces mots, la grande porte derrière nous s'est refermée, laissant un bruit assourdissant raisonner dans l'église. La lumière qui transperçait les vitraux il y a quelques minutes disparaissait à présent. Un orage éclata à l'extérieur. Une pluie torrentielle s'abattait sur le toit ; des éclairs produisaient de temps à autre les ombres des statues placées devant les vitraux. Je reculais, tenant fermement la main d'Antoine, Théo semblait paralysé par la peur de rester enfermer dans cette église sombre en plein orage. Je courus, sous les yeux des deux frères, vers la porte ; essayant de toutes mes forces de l'ouvrir sans y parvenir.

— On est coincés ! C'était une très mauvaise idée de venir !

— Il doit sûrement avoir un moyen, annonça Antoine.

Un bruit venait du fond de l'église. Là-bas, à côté de la sacristie, se trouvait une porte qui s'ouvrit en laissant passer un filet d'air. Tout semblait se rétrécir, je ressentais à présent l'air qui passait par l'ouverture de la porte.

— Regardez ! Lança Théo. Il faut surement aller par là-bas.

— Il a raison, acquiesça son frère.

— Vous y allez si vous voulez mais il n'est pas question que je m'enfonce encore plus dans vos délires !

— Tu as une autre idée pour sortir ? Tu veux peut-être rester enfermée ici ?

— S'il te plaît, suit nous ; de toute manière on est là, déclara Antoine.

Je ne pouvais résister à l'invitation de ce dernier et ils avaient tous les deux raisons : il fallait tenter quelque chose si l'on voulait sortir de cette maudite église. Je les ai donc suivis. Théo sorti une lampe de poche de son sac et la passa à son frère pour qu'il prenne la tête. Je me suis incrustée entre les deux.

On s'approcha de la porte, elle menait sur des escaliers au bout desquels une lueur chancelait. Notre petit groupe s'engagea. Antoine, à la tête du trio balayait le chemin de sa lampe mais le faisceau ne parvenait pas à percer l'air, comme si le poids de ce dernier l'écrasait. On se marchait dessus, personne n'osait faire de grands pas par peur de tomber, croyez-moi ce n'est pas amusant de ne rien voir ! On ne voyait pas où l'on mettait nos pieds ni où l'on allait, mais on s'approchait de plus en plus de la lueur au bout du long couloir. L'ambiance était insoutenable ; j'avais l'impression d'entendre des pas et des voix derrière nous, comme si quelqu'un nous suivait, mais lorsque je me retournais, tout se stoppait.

Au bout d'un moment, on se retrouva face à une porte, des rayons de lumière bleutée passaient à travers des trous mais on ne voyait pas l'intérieur. Personne ne voulut entrer.

— Vous êtes sûr que c'est par là ? Ai-je demandé.

— On ne peut pas en être sûr mais...

Théo n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un grondement qui avançait vers nous se fit entendre de l'autre bout du couloir. On se jeta tous un regard bref puis Antoine se hâta d'ouvrir la porte. On déboula dans la pièce, avant de nous jeter contre la porte pour la refermer et bloquer toute chose qui pourrait entrer.

La pièce était éclairée par une lumière bleutée qui provenait d'un soupirail. Quatre gros blocs de pierre étaient disposés sur le sol ; trois d'entre eux étaient reliés pour former un triangle. Il n'y avait aucune issue mais, étant donné que la pièce était petite, on voyait tous les murs ce qui me rassura. On se sentait alors en sécurité jusqu'au moment où des pas noirs franchirent la porte en dessous de nous. Ils avancèrent vers l'autre côté de la pièce. Aucun de nous trois ne bougea, nous étions pétrifiés. Les pas revinrent vers nous ; plus ils approchaient, plus les battements de mon cœur accéléraient. Antoine cherchait du regard une solution, il se détacha de la porte et commença à suivre les pas qui déviaient. Il nous fit signe de le suivre puis, pendant un moment, on tourna en rond derrière les pas avant de se retrouver face à un mur.

— C'est bizarre, annonça Théo en désignant une brique qui me semblait pourtant identique aux autres.

— On ne doit pas rester là, arrêtez de vous faire des idées et ne devenez pas parano, ai-je bougonné.

Là, ils m'ont ignoré. Antoine a tiré la brique que visait Théo, derrière celle-ci se trouvait un objet plat, carré, assez petit mais suffisamment grand pour deviner qu'il s'agissait d'un miroir. Les pas s'étaient arrêtés derrière moi, j'allais alors commencer à leur faire la leçon quand Antoine prit le miroir et le plaça en l'air dans ma direction. On voyait alors le reflet de la pièce dans le petit carré, mais le problème c'est que moi je n'apparaissais pas. Soudain, une ombre très floue apparut dans le miroir, elle se trouvait derrière moi, pile au-dessus des traces de pas. Un visage se détacha de la forme brumeuse. Il nous regarde, il nous fixe, il s'inquiète. La silhouette se dissipa, les pas n'étaient plus là ; on était tous surpris de ce que l'on venait de voir, Théo s'assit...

— Vous avez tous vu comme moi ?

— Je crois que oui...

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Ai-je demandé en me rapprochant d'eux.

— Il faut trouver à quoi sert ce de miroir, déclara Antoine.

Ce dernier se mit à manier l'objet dans tous les sens tandis que Théo étudiait les traits sur le sol. Un des blocs de pierre était sous le rayon de lumière produit par le soupirail, il était placé non pas sur un sommet du triangle comme les trois autres mais sur un des côtés. Un trait le reliait avec le bloc situé à l'opposé, sous le soupirail. Une idée me vint alors : je pris le miroir des mains d'Antoine et me dirigea vers le fameux bloc mit de côté, sous le rayon de lumière. Les deux frères m'ont ensuite rejoint.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? me demanda Théo.

— Attends deux secondes, laisses faire la pro, lui ai-je répondu.

En réalité je ne savais pas ce que je faisais mais j'ai placé le miroir verticalement sur le bloc éclairé. J'ai ensuite pivoté le miroir de façon à ce qu'il soit face au trait qui reliait ce bloc à celui d'en face. Immédiatement, la lumière a rebondit du miroir avant d'aller s'abattre sur les trois autres blocs de pierre, sommets du triangle. Des chiffres se trouvaient dans les ronds de lumières produits. Antoine commença à les déchiffrer :

— Zéro, un, zéro, deux et soixante-dix-huit.

— A quoi cela pourrait-il bien correspondre ? Demanda Théo.

— Peut-être à un code...

— Ou à des coordonnées, a ajouté Antoine.

— Il faut faire des recherches sur cette combinaison de chiffres.

— Mais pour l'instant il faut sortir d'ici, ai-je dis en laissant le miroir sur la pierre.

Ils ont accepté de partir. On a alors ouvert la porte par laquelle on était entrés et à la surprise de tous, une lumière qui venait du haut des escaliers éclairait maintenant le long couloir.

— Je n'y comprends plus rien ! S'exclama Théo.

— Ne restons pas plus longtemps ici, ai-je remarqué. On en a déjà assez vu.

D'un coup, on a entendu un bruit derrière la porte qu'Antoine venait de refermer, celle-ci s'est mise à trembler. Sur le coup, on a couru le long du couloir de tout à l'heure ; la source de lumière nous permettait à présent de voir où nous allions. On a ensuite remonté les escaliers d'une traite. Dans le bâtiment, les rayons du soleil étaient réapparus, la pluie et l'orage avaient cessé. On courrait le long de la nef quand les grandes portes de l'entrée se sont ouvertes devant nous comme par magie. Tout s'est passé dans la précipitation, les portes se sont refermées dès que nous avons franchis le porche. On s'est ensuite écroulés dans les cailloux devant l'église et ce n'est qu'à ce moment-là qu'on se rendit compte de tout ce qui s'était passé.

Quelqu'un ou quelque chose nous avait attiré dans ce lieu pour que l'on découvre un indice supplémentaire. On se retrouve maintenant avec une combinaison de chiffres, reste à savoir que faire à présent. L'idée d'avancer dans l'énigme me rendait perplexe ; j'étais curieuse mais méfiante à la fois : était-ce un jeu ou un piège ?Même pas la peine de sonner à leur porte, Antoine et Théo étaient déjà là. Je venais de finir de préparer quelques affichettes sur la disparition de Yuki de manière à pouvoir les exposer le plus rapidement possible. Je me demandais encore ce qui m'avait pris quand j'avais accepté de partir avec eux. C'est vrai que mes nouveaux voisins me plaisaient, mais de là à m'embarquer dans une quête imaginaire était complètement stupide de ma part. Enfin, c'était je pense, impossible de retourner en arrière et puis après tout, il ne suffirait que de les suivre jusque dans l'église puis on reviendrait. On ne trouverait rien, c'était évident ! Que pouvions-nous bien trouver dans une église à part un prêtre, du vin, de l'eau bénite, des hosties et un crucifix ? Enfin c'est ce que je pensais...

Antoine et son frère m'ont aperçu et je les ai rejoints.

— Euh... Salut ! m'a lancé Antoine. Tu es prête ?

— Oui enfin, prête à revenir bredouille surtout !

— Arrête de faire ta maligne la voisine, est intervenu Théo. Les documents qu'on a trouvés sont inquiétants...

On s'est mis en route. Sur le chemin, Théo déballait tout un tas de journaux :

— Regardez-moi ça. Le 26 novembre 1972, une femme retrouvée morte dans une cave de la ville. La victime a sauvagement été assassinée mais il y a aucune trace de l'assassin. On se croirait dans un film, reprit-il.

— Ca s'est passé il y a près de cinquante ans, c'est absurde de ressortir ça ; ai-je répondu.

— C'est absurde mais pourquoi avoir laissé ça dans notre grenier avec un message ? A demandé Antoine.

— Tu parles d'un message ! Tu trouves un bout de papier avec trois mots qui ne veulent rien dire et tu appelles ça un message ?

— Euh... mais... je, bafouilla-t-il.

J'avoue qu'à ce moment-là, j'ai été un peu dur avec lui, mais ce qui m'énervait c'est qu'il suivait son frère comme un bon toutou bien sage. Ils étaient tous les deux hypnotisés par quelque chose qui n'avait aucun sens.

On a continué à avancer. Théo, entre moi et Antoine continuait de sortir ses journaux : une mort par si, une mort par là. Antoine était encore gêné pour tout à l'heure mais bon, c'était plus le moment de discuter : on venait d'arriver devant l'église.

La bâtisse immense était cachée derrière de grands arbres. Le clocher brillait sous les rayons du soleil. Le bâtiment semblait bien entretenu : les briques paraissaient lisses et les vitraux scintillaient. Je n'avais jamais mis les pieds dans cette église, à vrai dire je ne suis pas trop croyante mais sur le coup, je mourrai d'envie d'y entrer ; comme si quelque chose m'attirait malgré mon agacement pour cette « quête ».

On s'avança tous les trois face aux grandes portes en bois qu'Antoine se mit à ouvrir sans difficulté. Théo entra dans l'obscurité le premier sans crainte, son frère et moi le suivîmes. En entrant à l'intérieur, je me sentis mal ; ma tête commençait à me tourner et la chaleur laissa place au froid. Les vitraux étaient situés à plusieurs mètres de haut, de là provenaient les seules sources de lumière ; de gigantesques piliers soutenaient la charpente. L'autel semblait être à plusieurs centaines de mètres devant nous et les rangées de bancs paraissaient ne jamais s'arrêter. On se serait vraiment crus au milieu d'une rangée de miroirs sans fin. Tout cela me donna des frissons, on se sentait minuscules dans ce lieu. Sans réfléchir je pris la main chaude d'Antoine pour me rassurer.

— Bon maintenant qu'on est là, on fait quoi ? Demanda Théo.

— Il faut trouver quelque chose...

— Mais quoi ? Ai-je ajouté.

Sur ces mots, la grande porte derrière nous s'est refermée, laissant un bruit assourdissant raisonner dans l'église. La lumière qui transperçait les vitraux il y a quelques minutes disparaissait à présent. Un orage éclata à l'extérieur. Une pluie torrentielle s'abattait sur le toit ; des éclairs produisaient de temps à autre les ombres des statues placées devant les vitraux. Je reculais, tenant fermement la main d'Antoine, Théo semblait paralysé par la peur de rester enfermer dans cette église sombre en plein orage. Je courus, sous les yeux des deux frères, vers la porte ; essayant de toutes mes forces de l'ouvrir sans y parvenir.

— On est coincés ! C'était une très mauvaise idée de venir !

— Il doit sûrement avoir un moyen, annonça Antoine.

Un bruit venait du fond de l'église. Là-bas, à côté de la sacristie, se trouvait une porte qui s'ouvrit en laissant passer un filet d'air. Tout semblait se rétrécir, je ressentais à présent l'air qui passait par l'ouverture de la porte.

— Regardez ! Lança Théo. Il faut surement aller par là-bas.

— Il a raison, acquiesça son frère.

— Vous y allez si vous voulez mais il n'est pas question que je m'enfonce encore plus dans vos délires !

— Tu as une autre idée pour sortir ? Tu veux peut-être rester enfermée ici ?

— S'il te plaît, suit nous ; de toute manière on est là, déclara Antoine.

Je ne pouvais résister à l'invitation de ce dernier et ils avaient tous les deux raisons : il fallait tenter quelque chose si l'on voulait sortir de cette maudite église. Je les ai donc suivis. Théo sorti une lampe de poche de son sac et la passa à son frère pour qu'il prenne la tête. Je me suis incrustée entre les deux.

On s'approcha de la porte, elle menait sur des escaliers au bout desquels une lueur chancelait. Notre petit groupe s'engagea. Antoine, à la tête du trio balayait le chemin de sa lampe mais le faisceau ne parvenait pas à percer l'air, comme si le poids de ce dernier l'écrasait. On se marchait dessus, personne n'osait faire de grands pas par peur de tomber, croyez-moi ce n'est pas amusant de ne rien voir ! On ne voyait pas où l'on mettait nos pieds ni où l'on allait, mais on s'approchait de plus en plus de la lueur au bout du long couloir. L'ambiance était insoutenable ; j'avais l'impression d'entendre des pas et des voix derrière nous, comme si quelqu'un nous suivait, mais lorsque je me retournais, tout se stoppait.

Au bout d'un moment, on se retrouva face à une porte, des rayons de lumière bleutée passaient à travers des trous mais on ne voyait pas l'intérieur. Personne ne voulut entrer.

— Vous êtes sûr que c'est par là ? Ai-je demandé.

— On ne peut pas en être sûr mais...

Théo n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'un grondement qui avançait vers nous se fit entendre de l'autre bout du couloir. On se jeta tous un regard bref puis Antoine se hâta d'ouvrir la porte. On déboula dans la pièce, avant de nous jeter contre la porte pour la refermer et bloquer toute chose qui pourrait entrer.

La pièce était éclairée par une lumière bleutée qui provenait d'un soupirail. Quatre gros blocs de pierre étaient disposés sur le sol ; trois d'entre eux étaient reliés pour former un triangle. Il n'y avait aucune issue mais, étant donné que la pièce était petite, on voyait tous les murs ce qui me rassura. On se sentait alors en sécurité jusqu'au moment où des pas noirs franchirent la porte en dessous de nous. Ils avancèrent vers l'autre côté de la pièce. Aucun de nous trois ne bougea, nous étions pétrifiés. Les pas revinrent vers nous ; plus ils approchaient, plus les battements de mon cœur accéléraient. Antoine cherchait du regard une solution, il se détacha de la porte et commença à suivre les pas qui déviaient. Il nous fit signe de le suivre puis, pendant un moment, on tourna en rond derrière les pas avant de se retrouver face à un mur.

— C'est bizarre, annonça Théo en désignant une brique qui me semblait pourtant identique aux autres.

— On ne doit pas rester là, arrêtez de vous faire des idées et ne devenez pas parano, ai-je bougonné.

Là, ils m'ont ignoré. Antoine a tiré la brique que visait Théo, derrière celle-ci se trouvait un objet plat, carré, assez petit mais suffisamment grand pour deviner qu'il s'agissait d'un miroir. Les pas s'étaient arrêtés derrière moi, j'allais alors commencer à leur faire la leçon quand Antoine prit le miroir et le plaça en l'air dans ma direction. On voyait alors le reflet de la pièce dans le petit carré, mais le problème c'est que moi je n'apparaissais pas. Soudain, une ombre très floue apparut dans le miroir, elle se trouvait derrière moi, pile au-dessus des traces de pas. Un visage se détacha de la forme brumeuse. Il nous regarde, il nous fixe, il s'inquiète. La silhouette se dissipa, les pas n'étaient plus là ; on était tous surpris de ce que l'on venait de voir, Théo s'assit...

— Vous avez tous vu comme moi ?

— Je crois que oui...

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Ai-je demandé en me rapprochant d'eux.

— Il faut trouver à quoi sert ce de miroir, déclara Antoine.

Ce dernier se mit à manier l'objet dans tous les sens tandis que Théo étudiait les traits sur le sol. Un des blocs de pierre était sous le rayon de lumière produit par le soupirail, il était placé non pas sur un sommet du triangle comme les trois autres mais sur un des côtés. Un trait le reliait avec le bloc situé à l'opposé, sous le soupirail. Une idée me vint alors : je pris le miroir des mains d'Antoine et me dirigea vers le fameux bloc mit de côté, sous le rayon de lumière. Les deux frères m'ont ensuite rejoint.

— Qu'est-ce que tu comptes faire ? me demanda Théo.

— Attends deux secondes, laisses faire la pro, lui ai-je répondu.

En réalité je ne savais pas ce que je faisais mais j'ai placé le miroir verticalement sur le bloc éclairé. J'ai ensuite pivoté le miroir de façon à ce qu'il soit face au trait qui reliait ce bloc à celui d'en face. Immédiatement, la lumière a rebondit du miroir avant d'aller s'abattre sur les trois autres blocs de pierre, sommets du triangle. Des chiffres se trouvaient dans les ronds de lumières produits. Antoine commença à les déchiffrer :

— Zéro, un, zéro, deux et soixante-dix-huit.

— A quoi cela pourrait-il bien correspondre ? Demanda Théo.

— Peut-être à un code...

— Ou à des coordonnées, a ajouté Antoine.

— Il faut faire des recherches sur cette combinaison de chiffres.

— Mais pour l'instant il faut sortir d'ici, ai-je dis en laissant le miroir sur la pierre.

Ils ont accepté de partir. On a alors ouvert la porte par laquelle on était entrés et à la surprise de tous, une lumière qui venait du haut des escaliers éclairait maintenant le long couloir.

— Je n'y comprends plus rien ! S'exclama Théo.

— Ne restons pas plus longtemps ici, ai-je remarqué. On en a déjà assez vu.

D'un coup, on a entendu un bruit derrière la porte qu'Antoine venait de refermer, celle-ci s'est mise à trembler. Sur le coup, on a couru le long du couloir de tout à l'heure ; la source de lumière nous permettait à présent de voir où nous allions. On a ensuite remonté les escaliers d'une traite. Dans le bâtiment, les rayons du soleil étaient réapparus, la pluie et l'orage avaient cessé. On courrait le long de la nef quand les grandes portes de l'entrée se sont ouvertes devant nous comme par magie. Tout s'est passé dans la précipitation, les portes se sont refermées dès que nous avons franchis le porche. On s'est ensuite écroulés dans les cailloux devant l'église et ce n'est qu'à ce moment-là qu'on se rendit compte de tout ce qui s'était passé.

Quelqu'un ou quelque chose nous avait attiré dans ce lieu pour que l'on découvre un indice supplémentaire. On se retrouve maintenant avec une combinaison de chiffres, reste à savoir que faire à présent. L'idée d'avancer dans l'énigme me rendait perplexe ; j'étais curieuse mais méfiante à la fois : était-ce un jeu ou un piège ?

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