Chapitre 22: Théo
— Allez-y, je vous présente mon épouse, Katie.
— Bonjour madame, salua poliment mon frère qui passait devant moi.
On avançait dans un petit vestibule qui débouchait sur un salon, tandis que Lockington refermait la porte d'entrée. Il murmura plusieurs mots à sa femme (en posant sur le sol le carton sur lequel était inscrit notre nom, qu'il tenait encore), mais ni moi ni Antoine ne comprit.
— Asseyez-vous, autorisa Katie qui revenait vers nous. Vous avez soif ? Vous voulez boire quelque chose ?
— Non, répondit précipitamment mon frère. Ne vous dérangez pas.
— Mais cela ne nous dérange pas, annonça Lockington en entrant dans la pièce. On discutera après...
Un nouveau personnage fit son apparition : c'était un homme assez jeune (genre 40 ans), il avait une blouse blanche sur lui, tel un scientifique.
— Je vous présente Jean-Christophe, mon collègue...
— Bonjour, salua-t-il assez timide ; vous pouvez m'appeler Chris.
On lui serra la main en nous levant du canapé. Décidément, tous ces gens étaient chaleureux ; on les connaissait à peine mais quelque chose nous liait. Mais qui étaient-ce toutes ces personnes ? J'allais le demander lorsque Lockington répondit à ma question, comme s'il avait lu dans mes pensées.
— Chris et moi travaillons ici, dans un laboratoire privé.
— Et qu'est-ce que vous réalisez dans votre laboratoire ? demanda Antoine.
— De tout, répondit Chris. On travaille pour des particuliers.
— Vous voulez voir notre antre ?
— Avec plaisir ! Fis-je enthousiaste de découvrir cet univers.
Les deux collègues nous entrainèrent dans un couloir, à côté de la cuisine. Au bout de celui-ci se trouvait une porte. Lockington l'ouvrit et nous laissa entrer.
C'était un grand laboratoire, pas celui qu'on a dans nos lycées non ! Il y avait des étagères qui couvraient de chaque côté de la pièce, des murs bleus, supportant des dizaines et des dizaines de tubes à essais. Il y avait au fond de la pièce une espèce de grande hotte vitrée dans laquelle se trouvait une installation, réunissant plusieurs préparations rosâtres. A côté de celles-ci, il y avait un ballon contenant une solution verte fluo de laquelle s'échappait de la fumée blanche. Au milieu de la pièce se tenait une grande paillasse sur laquelle une autre installation était en marche.
— Tu pourras baisser le thermostat, demanda Lockington lorsqu'il entra dans le labo en désignant du doigt le montage.
— Pas de problème, on devrait récupérer 10 ml de solution...
Sur ces mots, Chris brandit un bidon de solution sur lequel il y avait un nombre indéfini de pictogrammes. Il versa un fond de cette solution dans un petit bécher dans lequel il aspira quelques gouttes à l'aide d'une pipette avant de les déverser dans une éprouvette contenant une solution incolore. Immédiatement, la solution passa au violet. Chris semblait vraiment savoir ce qu'il faisait – contrairement à nous !
— C'est bon, dit-il. Je vais la placer sous la hotte et demain elle sera prête...
Lockington laissa paraître un petit sourire en coin.
— Très bien, allons discuter tous ensemble. Katie a préparé le goûter...
— On arrive alors, a répondu mon frère pendant que Lockington repartait.
Je m'approchais de Chris qui plaçait sous la vitre la solution qu'il venait de terminer. J'aperçu alors qu'il y avait comme un coffre vitré sur une étagère ; dans celui-ci était disposée une unique fiole à la solution rougeâtre.
— Qu'est-ce ? Ai-je demandé à Chris en indiquant du doigt l'objet.
— Ah... ça... c'est sûrement la plus grande de nos élaborations. Lockington ne m'a jamais dit qui l'avait commandé ; on en avait préparé deux mais l'autre a été utilisée...
— Et ça sert à quoi ? demanda mon frère en s'approchant de nous assez curieux.
— Cette solution doit pouvoir agir sur l'organisme et doit ralentir la croissance...
— Elle permet alors de vivre plus longtemps si on la consomme assez vieux, je me trompe ?
— Non, c'est absolument ça... Je sais que c'est un peu idiot quand on y pense mais toutes les conditions pour ce que je vous disais sont présentes dans cette fiole. Si vous voulez en savoir un peu plus allez voir Lockington, peut-être qu'à vous il vous en dira plus...
— Merci, acheva Antoine. On va les rejoindre avant qu'ils ne s'inquiètent ?
— Allez-y, je vous rejoindrez quand j'aurais fini...
Mon frère et moi quittâmes le laboratoire et on rejoignit Lockington et sa femme dans le salon. Katie avait préparé un goûter, elle nous servit une tasse de thé.
— A la menthe ça vous va ?
— Oui, très bien ; répondit mon frère.
— Asseyez-vous je vous prie...
Elle nous tendit ensuite un plateau plein de biscuits.
— Alors, commença mon frère. Qu'est-ce que vous deviez nous dire ?
— C'est une très bonne question mon grand, rigola-t-il en s'enfonçant davantage dans son fauteuil. Il faut que vous sachiez que rien n'est du hasard ; j'ai su que vous alliez venir...
— Comment ? Par qui ?
— Calme toi, tu ne peux tout savoir ; cela ne fait pas parti des choses que j'ai à vous dire... Ce qu'il vous arrive en ce moment n'est pas commun mais il faut y croire. J'ai vu d'autres personnes comme vous, elles s'aventuraient un peu partout, avaient du courage ; mais manquaient de réfléchir à certains moments. Il faut que vous fassiez preuve de jugeote pour déterminer qui a raison dans toute cette histoire...
Lockington s'est ensuite levé.
— Il faut que je vous raccompagne maintenant ; je vais me préparer.
Quand il eut franchi la porte, Katie se rapprocha de nous et se mit à nous parler à toute allure en chuchotant.
— Les enfants, à ce moment je devrais me taire mais vous ne devez pas finir comme tous les autres...
— Comment ont-ils fini les autres ? Ai-je demandé.
— Ne perdons pas de temps, il faut que vous sachiez que mon mari est quelqu'un de très bien mais il peut devenir très délirant. Il a connu un personnage très louche, un certain Rosenfeld je crois... Il avait vécu une terrible histoire et a alors demandé à mon mari de l'aider.
— En faisant quoi ?
— Je ne sais pas ; je le voyais souvent sortir, il a démissionné pour travailler à son compte et a commencé à consacré beaucoup de temps à l'élaboration d'une comment dire... une potion.
— La fiole de toute à l'heure, songea Antoine à voix haute.
— Quand il eut fini l'élaboration, il est devenu très sombre et déterminé dans quelque chose. Persuadé qu'il ferait quelque chose de bon avec ce Rosenfeld.
— Qu'a-t-il fait ? Fis-je en fronçant mes sourcils.
— Il a commencé à créer un jeu grandeur nature ; j'ai crue pendant un moment qu'il devenait fou et que cet individu avait une mauvaise influence mais non. Mon mari redevenait l'homme que je connaissais.
— Et alors ? Où est le problème questionna de nouveau mon frère.
— Le problème c'est que cette période a longtemps durée et depuis un certain temps je crois qu'elle revient. Mon mari s'est retrouvé au tribunal une fois, je me demandais ce qu'il avait bien pu faire... on l'avait accusé d'un...
La femme de Lockington due se taire car ce dernier revenait.
— Bon retour les enfants, reprit-elle en souriant à voix haute.
Mon frère et moi lui fîmes la bise puis nous sommes dirigés vers son mari.
— Vous êtes prêts ?
— Oui monsieur, avons-nous répondus en chœur.
— Très bien, nous dit-il avant de s'adresser à sa femme. Katie, je ne devrais pas rentrer trop tard...
On s'est tous les trois dirigés dans le hall, Lockington a pris une mallette posée sur le sol et nous a ouvert la porte. Nous sommes alors sortis de la maison et avons suivis Lockington. Un taxi attendait quelques mètres plus loin.
— On va monter dedans, annonça-t-il.
— D'accord monsieur mais où allons-nous ? Demanda mon frère.
— Nous allons chez vous jeune homme, répondit Lockington en nous ouvrant la porte arrière.
C'était assez bizarre de rentrer chez nous maintenant, on ne savait déjà pas comment nous étions arrivés là... ça allait prendre un lustre de rentrer à la maison. Et puis comment savait-il où nous habitions ? Le taxi démarra après que Lockington ai dit au chauffeur la destination. Ce dernier restait impassible et pourtant, on allait faire un Paris-Bordeaux si l'on voulait rentrer chez nous. C'était comme si Lockington avait une influence, ici une mauvaise à l'instar de Rosenfeld dont parlait Katie toute à l'heure. Pourtant je n'y croyais pas : son visage apaisé, regardant de gauche à droite, ne faisait que de lui un ami. Lockington avait été chaleureux avec nous depuis le début ; même s'il restait assez personnel.
— Bon, commença-t-il en se retournant vers nous. Il est temps pour moi de vous souhaiter un bon retour...
— Comment ça ? Me suis-je exclamé.
— A la prochaine jeunes gens, nous salua-t-il en soulevant de peu son chapeau.
Et là, une nouvelle fois, je ne compris rien. Lockington, après s'être retourné, a levé son index de sa main droite vers l'extérieur. Mon frère et moi avons alors portés notre regard sur ce qu'il indiquait. Rien. Mais vraiment plus rien... Lockington venait de disparaitre. Après avoir observé le siège vide devant Antoine, je vis que nous n'étions plus à Paris. Je voyais la route derrière le carreau, cette route que l'on venait d'emprunter il y a quelques jours, en arrivant... près de Bordeaux. Le chauffeur (qui me souriait bêtement dans le rétroviseur étant donné que je le regardais) semblait ne rien remarquer. Enfin bref... il faisait presque nuit et on arrivait à présent dans notre nouvelle rue, Antoine et moi, sans Léa. Mais oui... Léa ! On ne l'avait plus vue depuis que nous avions été capturés dans l'école juive. Où pouvait-elle bien être ? Le taxi s'arrêta sur le trottoir en face de chez nous. Antoine paniqua d'un coup. Qu'est-ce qu'il se passait ? Il n'avait pas d'argent pour le taxi ?
— Qu'est-ce qu'il y a ? Lui ai-je donc demandé.
Il ne me répondit que par un mouvement de tête qu'il jeta derrière moi. Je me retournai donc et mon cœur faillit s'arrêter de battre : les parents de Léa sortaient de leur voiture juste devant chez eux.
— Tenez, fit mon frère au chauffeur en lui tendant quelques billets (que Lockington lui avait donné apparemment.) Merci pour le voyage !
— Bonne soirée m'sieur !
— Au revoir jeunes gens !
On s'expulsa très vite du véhicule et Antoine, à pas pressants, m'entraina vers les parents de notre amie.
— Qu'est-ce qu'on va leur dire ? Ai-je demandé.
— Je ne sais pas, ils ne vont pas nous croire si on leur dit...
— N'y pense même pas, le stoppais-je. Tout ça reste entre nous !
On arrivait très proches des parents qui nous aperçûmes.
— Bonsoir les garçons ! Nous lança la mère de Léa. Vous allez bien ? Léa n'est pas avec vous ?
— Euh... Léa, hésita mon frère en passant sa main dans ses cheveux. Elle... On...
Ce fut un moment interminable jusqu'au miracle qui nous sortit d'affaire...
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