Chapitre 11: Antoine

Sur le chemin du retour, on se posa un tas de questions.

— Peut-être qu'il n'y a pas de lien avec la bibliothèque et la menuiserie, supposa Théo.

— Si c'est le cas on est bloqués, affirma Léa.

Depuis quelques temps elle semblait tellement impliquée dans l'aventure, enfin... notre enquête sur la disparition de Yuki. C'était peut-être bizarre de se rapprocher des nouveaux voisins comme ça mais on prenait tous plaisir et ça me plaisait.

— Les étagères qu'on a trouvé dans l'atelier, commença mon frère. Je crois que c'était les mêmes qu'à la bibliothèque d'un espace que nous avons traversé la fois dernière.

— Oh ! Je n'y avait pas du tout pensé...

— Mais il y a quelque chose d'autre, ai-je ajouté en sortant le clou trouvé parmi tant d'autre de ma poche.

Léa prit le clou de mes mains puis l'examina.

— Il n'y avait pas les mêmes sur les étagères de la bibliothèque, celle-ci est longue.

— Elle ne ressemble à aucune autre, songea Théo.

— Elle doit servir à quelque chose d'autre, ai-je alors supposé. Elle est fabriquée de cette manière pour quelque chose de particulier.

— Vous pensez qu'il faut aller où maintenant ?

— Il faut sûrement retourner à la bibliothèque. On trouvera peut-être à quoi pourrait servir ce clou.

On s'arrêta sur le trottoir devant nos maisons. « Il a raison, ai-je dis. Il va falloir retourner à la bibliothèque. » Au moment où l'on allait rentrer chez nous, Léa nous invita à la suivre. « Asseyez-vous », nous indiqua cette dernière en montrant du doigt un salon d'extérieur sur la terrasse de sa maison. Il faisait chaud, le soleil était haut dans le ciel mais heureusement pour nous, il y avait un parasol qui nous protégeait.

Léa arriva avec des boissons, franchement je crois que ce n'était pas de refus pour nous tous ; la chaleur nous donnait soif et notre expédition ne nous faisait jamais oublier que nous avions des besoins. C'était aussi sympathique de se retrouver comme ça, normalement, au calme, sans choses étranges autour de nous. Léa nous servit à boire et s'assit à côté de moi, face à mon frère.

— Ça se voit que vous déménagez souvent.

— Comment tu le sais ? Demanda mon frère surpris.

— Quand vous êtes arrivés on avait vraiment l'impression que c'était habituel pour vous...

— Pourquoi, commença Théo doucement avant de balancer une connerie. Tu nous regardais ?

Léa est devenue tout à coup gêné, elle ne savait pas quoi dire ; elle nous balayait du regard, mon frère et moi. Je ne savais pas comment reprendre la discussion tranquillement jusqu'au moment où une dame débarqua dans une voiture. Elle nous fixait, Théo et moi. Elle sortit de la voiture et avança vers nous, toujours en nous regardant. Léa se leva et s'approcha de cette dernière, elles ont ensuite parlé ensemble. Ça avait vraiment l'air de nous concerner, car la dame nous regardait toujours jusqu'au moment où elle s'avança davantage vers nous en souriant.

— Bonjour les garçons, vous allez bien ? Ça vous plait cette nouvelle région ?

— Euh... Oui, c'est bien ici, ai-je répondu très surpris.

— Si vous avez besoin de quoi que ce soit je suis là...

— Ca marche, merci madame, dit Théo.

La dame est ensuite entrée dans la maison et Léa s'est réinstallée à côté de moi.

— Excusez-la, c'est ma mère.

— Elle a l'air cool, affirma Théo.

On pouvait vraiment dire que la mère de Léa nous avait tous sauvé, Léa semblait toujours mal à l'aise avec la question idiote de mon frère. Il fallait absolument changer de sujet de discussion, j'ai alors subitement posé la première question qui m'est venue et que j'avais déjà posée d'ailleurs...

— Tu habites ici depuis longtemps toi ?

— Depuis toujours ; et vous avez quel âge sinon ?

— Moi 14 ans et lui 17, a annoncé mon frère en me désignant.

Léa a alors commencé à me fixer, comme si tout le temps venait de s'arrêter. C'est certain que j'étais content que Léa soit notre voisine, mais il y avait quelque chose en plus que je ressentais en la voyant : je ne savais pas d'où ça venait ni de quoi il s'agissait, la seule chose sûre c'est que je n'avais jamais ressentis quelque chose de tel.

— Vous allez aller au lycée d'ici ? Nous a demandé Léa une fois sortie de ses pensées.

— Oui, ai-je répondu. On va normalement s'inscrire demain.

— C'est cool, on va pouvoir se voir alors !

— Oui sauf que moi je suis au collège, bougonna Théo.

Mon frère comment dire... il n'est pas embêtant, il n'est pas idiot au contraire... mais disons qu'il prend un peu de place dans la vie des gens. Soudain la mère de Léa réapparut sur la terrasse :

— Léa, Jim a appelé, je lui ai dit que tu allais le rappeler.

— Ah... et c'était pour quoi ? Demanda Léa à sa mère d'un air gêné.

— Je ne sais pas, il ne me l'a pas dit.

La mère de Léa repassa derrière la baie vitrée sous le regard perdu de Léa. Une force s'installa au fond de moi, quelque chose me dérangeait ; c'était qui ce Jim ? Sans réfléchir je décidai de partir. « Bon on ne va pas vous déranger plus longtemps », ai-je lancé à Léa d'un ton sec. Sur ces mots, je me suis levé et me suis dirigé vers le portillon sans rien ajouter de plus. Derrière mon dos, Léa et Théo se sont regardés avant que ce dernier ne vienne me rejoindre.

— Pourquoi tu pars comme ça ?

— C'est rien, j'ai des choses à faire...

Léa a accourut vers nous et m'a stoppé et posant sa main sur mon épaule. Je me suis alors retourné et ai retrouvé mes esprits petit à petit.

— Qu'est-ce qui se passe ? Me demanda-t-elle. Il y a un problème ?

— Non aucun, merci pour tout mais je dois rentrer c'est tout, ai-je encore une fois répondu un peu radoucis.

Mon frère venait de quitter les lieux, Léa se rapprocha de moi.

— Tu es jaloux ?

— De quoi ?

— Jim c'est juste un ami, ajouta Léa. Il part d'ici la fin des vacances et on voudrait se voir une dernière fois, d'accord ?

— Je ne voulais pas savoir tout ça, ai-je dit en essayant de me rattraper. Ecoute, je me suis un peu énervé mais...

— C'est bon, fatigue toi pas, on se voit demain pour la bibliothèque ?

— Oui bien sûr.

Je franchis le portillon sous le regard de Léa. Je venais de me comporter comme je ne l'avais jamais fait et je me sentais à la fois coupable et désolé, je regrettais déjà amèrement mes faits et gestes. Comment avais-je pu lui faire ça ?

*

L'eau coulait sur moi, la chaleur m'aidait à rassembler toutes mes pensées. On venait il y a même pas cinq jours d'arriver dans cette nouvelle ville mais je savais que ce lieu avait quelque chose de particulier. En général, avec le temps et nos nombreux déménagements, on avait appris à ne jamais s'attacher à nos lieux de vie ; or ici je savais qu'on était en train d'ignorer ce principe.

Tout avait commencé lorsqu'on découvrit le fameux coffre dans notre grenier ; le coffre en lui-même n'était pas inquiétant, mais pourquoi était-il là ? Et puis la disparition subite de Yuki, le chien de Léa qui avait laissé des traces sur les documents... on s'était alors mis à sa recherche mais nous n'avions rien découvert pour l'instant. Les objets qui disparaissent, les messages qui viennent d'on ne sait où, mais quand est-ce que ça finirai ? Il fallait absolument trouver une solution au problème et pour cela, on était obligé de mener cette quête à bien.

Il y avait aussi Léa dans tout ça, on partageait ce mystère ensemble ; certes elle me plaisait mais on se connaissait à peine. C'était sympa qu'elle soit notre nouvelle voisine, on n'avait jamais connu une fille de notre âge comme ça : elle était jolie, drôle, sympa,... et tout ça sans se prendre pour je-ne-sais-qui.

Une fois sorti de la douche, je pris ma serviette et commença à m'essuyer lorsque je vis qu'un message apparaissait sur le miroir. En effet, des lettres se dessinaient sur la bouée de celui-ci, comme si quelqu'un les traçait avec le bout de son doigt. Je me stoppais net lorsque je vis les premières lettres :

La liberté de certains nécessite la captivité d'autres...

Qu'est-ce que tout cela voulait bien dire ? Les choses se passaient là, devant mes yeux et je n'y comprenais rien ; il était impossible pour moi d'agir. Comme d'habitude, il fallait résoudre une énigme. Et si notre liberté dépendait de la captivité de Yuki ?

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