Chapitre 5


Le visage de Sofia se décomposa. Ses yeux s'écarquillèrent et se remplirent de larmes en même temps. Son corps entier fut parcouru d'un frisson et son regard se perdit ensuite dans le vide.

- Qui c'est, Sofia ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Si la jeune femme comprenait maintenant la situation, Anthony n'était pas plus avancé. Il ignorait que sa future femme lui avait caché une grande partie de son passé. Elle aurait voulu ne jamais l'en mettre au courant, mais, comme chacun le sait, la vérité finit toujours par éclater.

Sofia évita le lourd regard du garçon en face d'elle, mais dut se rendre à l'évidence quand il réitéra ses questions. Elle ne pouvait pas l'entraîner avec elle sans lui expliquer la situation.  Il était temps de tout avouer. Il était temps de faire resurgir le passé.

Pedro, malgré la barrière de la langue, saisit le contexte. Le froussard ne savait rien. Elle n'avait rien dit. Il sourit. Il allait pouvoir utiliser cette trahison à son avantage. Il se redressa sur sa chaise, posa les coudes sur ses cuisses et fixa Sofia.

- No le dijiste, affirma-t-il.

- Sí, murmura-t-elle.

Elle mentait. Pedro eut presque pitié du garçon qui nageait dans l'incompréhension. Il ne put s'empêcher de ricaner à sa vue. Pobrecito...

Sofia prit son courage à deux mains et planta ses yeux dans ceux de son concubin.

- Il est possible que... (Il l'encouragea à continuer d'un signe de tête.) Que tu ne sois pas au courant de tout.

L'homme était réjoui devant la tête d'enterrement du garçon.

- Je ne suis peut-être pas celle que tu crois, enchaîna-t-elle, les yeux rivés vers le sol. Avant de venir en France, j'ai eu un accident de voiture.

- C'est pour ça que tu n'aimes pas conduire, je le sais, répondit Anthony.

Sa voix se voulait rassurante et son regard débordait d'amour pour la femme en face de lui. Il dissimulait sa crainte derrière son masque de jeune homme protecteur. 

- Ce n'est pas tout.

La phrase avait été lâchée si brutalement que l'ambiance se refroidit d'un coup sec. L'espagnol attendait un signal pour intervenir, et détruire les deux adultes d'avantage. Pour l'instant, ils le faisaient eux-même, le plan marchait mieux que prévu. 

- Sofia ? L'appela doucement le garçon.

Ses mains tremblaient. Ils craignait d'entendre les révélations. Il avait un mauvais pressentiment.

Sofia inspira un grand coup et releva la tête.

- Il y avait une petite fille.

Les larmes dévalaient ses joues.

- Elle s'appelait Maria Sanchez. Et elle n'a pas...

Sa voix se brisa. Anthony finit la phrase mentalement. Une nausée le prit et son visage pâlit. Ce n'était pas possible, se dit-il. Sofia mentait, elle ne lui aurait pas caché ça. Ou elle blaguait. Oui, ce devait certainement être ça. Il releva la tête. Elle ne blaguait pas.

La jeune femme, à bout de forces, tourna la tête vers le père de la petite fille. Il arborait toujours cet air inébranlable qu'il avait perdu quelques secondes lorsque le nom de son enfant fut évoqué. 

- ¿ Qué quiere ? Balbutia la rouquine.

La réponse de l'homme lui glaça le sang.

- Venganza.

Sur ces mots, il sortit un revolver de sa poche.

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