Chapitre 2


Sofia fut soudainement tirée de ses pensées. Des chaussures couinaient sur le sol. Quelqu'un marchait jusqu'à elle. Elle frissonna et resta immobile. Elle ne tourna pas la tête pour connaître l'identité de l'individu. A la place, elle se concentra sur son souffle saccadé et ferma les yeux.

Ce n'est qu'un cauchemar, se répéta-t-elle. Un mauvais rêve fort réaliste.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, un cinquantenaire la fixait. Elle réprima un sourire. Il était le cliché parfait du sudiste : grosse bedaine, peau rouge et front dégarni ; mais son expression terrifiante atténuait tout le côté humoristique du personnage. Il arborait un sourire malsain qui n'augurait rien de bon, et son regard déterminé donnait la chair de poule à la jeune maman. 

En marchant calmement, il vint se positionner dans le dos de la chaise. Les mains de Sofia agrippèrent les bords de la chaise et ses dents virent mordre sa lèvre inférieure pour étouffer sa crainte. Son bâillon fut arraché d'un coup sec et elle étouffa un cri de surprise. Le bout de tissu s'échoua lamentablement sur le sol. Les joues de la rouquine reprirent quelques couleurs mais gardèrent la trace du tissu. 

L'homme revint se placer devant elle. Ses pas raisonnaient dans l'entrepôt. Il croisa les bras et se mit à détailler le visage de la jeune femme. Cette dernière grinçait des dents, mal à l'aise qu'un inconnu la fixe ainsi. Dans un accès de courage (ou d'inconscience), elle brisa le silence et prononça la première phrase destinée à son bourreau :

- Qui êtes-vous ?

Le sourire de l'homme s'agrandit et Sofia comprit. Elle allait souffrir. C'était ce que désirait cet homme ; qu'elle souffre. Elle baissa la tête et détourna le regard par la même occasion. Cet homme était terrifiant. Son comportement était effrayant. 

- ¿ No te acuerdas de mí ?

Sofia eut un léger mouvement de recul sur sa chaise. Il y avait de nombreuses années qu'elle n'avait pas entendu sa langue natale. 

- Qui êtes-vous ? Demanda-t-elle fermement.

Une seconde s'écoula avant qu'elle ne comprenne son erreur. Elle répéta sa question en espagnol, et fut surprise de se rendre compte de la facilité dont les mots sortaient de sa bouche.

- No te acuerdas, ¿ realmente ? Répéta-t-il, toujours le sourire malsain sur ses lèvres.

Cette fois-ci, la question était une affirmation. Sofia détailla à son tour le visage de l'homme et fouilla sa mémoire, traqua le moindre de ses souvenirs. Rien ne lui revint, elle était sûre de ne jamais avoir vu cet homme. Un soupçon d'espoir naquit en elle. C'était une erreur. Elle ne devait pas se trouver là. Elle n'avait rien à voir avec toute cette histoire.

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