Chapitre 13

3ème Jour

- Rassemblement ! avait hurlé Julie. On ne doit pas se laisser faire.

Quelques instants plus tard, tous les survivants (nous n'étions plus que dix, maintenant) se retrouvèrent en cercle autour de l'estrade dont Julie avait pris possession.

- OK, le jeu ne peut plus durer. Il y a déjà eu quatre morts et on ne peut pas se permettre d'en avoir davantage.

Toute trace de tristesse avait déserté de visage de Julie, remplacée par de la colère et de la résignation.

- Et que souhaites-tu faire, Julie ? fit la voix sarcastique de Matthis, un des Loups-Garous.

Lui, rien ne semblait l'ébranlé. Je ne l'aimais pas. Il semblait... insensible à la mort des autres. Il devait trouver ridicule et amusant le petit speech de Julie. D'ailleurs, cette dernière avait dû aussi sentir l'ironie dans la voix du Loup-Garou car ses yeux lui lancèrent des éclairs avant de se tourner vers le reste de l'assemblée pour répondre.

- Nous devons nous battre. Contre le meneur. Puis trouver la clef de la sortie.

- J'aimerais bien, mais on ne peut pas tuer le meneur, fit une autre voix de fille.

Pendant qu'ils débattaient si on pouvait tuer ou non le meneur, je m'approchai de Raphaël. Cette fois, nous nous prîmes pas la main. Je sentais que la barrière entre nous deux était mince, mais nous ne pouvions pas la briser. Pas quand nous étions entourés de huit paires d'yeux attentifs et qu'un geste aussi simple que se tenir la main pouvait nous tuer tout les deux.

- Qu'est ce que tu en penses, toi ? lui demandai-je.

- Ça me semble impossible de tuer le meneur. Je ne sais pas comment l'homme disparaît, mais on dirait qu'il se téléporte. On ne pourra pas le tuer. Et imagine qu'on ne trouve pas la clef après ? On l'a déjà cherchée.

- On resterait consés, complétai-je.

Raphaël me fixa dans les yeux, l'air on ne peut plus sérieux.

- Je n'aime pas ça, mais si on ne trouve pas de meilleure solution que de tuer le meneur, il va falloir continuer à jouer.

Ma gorge ultra serrée m'empêchant de répondre, je me reconsentrai sur le débat qui nous faisait face.

- Et si nous arrêtons d'obéir au meneur ? fit une petite voix qui avait à peine participé jusque là.

J'identifiai une jeune fille d'une petite quinzaine d'années. Il me semblait qu'elle s'appellait Eléonore, mais je n'en était pas sûre.

- C'est une bonne idée, remarquai-je en forçant sur ma malheureuse gorge pour me meler à la conversation. Si on ne joue plus le jeu, il sera peut-être  détruit.

Très vite, nous nous mîmes d'accord la-dessus. Certain semblaient septiques, mais c'était le meilleur plan que nos cerveaux fatigués étaient capables de donner.

Cet après-midi,  le meneur arriva tôt. J'avais à peine eu le temps de déjeuner en compagnie de Raphaël, que déjà, il nous rappella.

- Les Villageois sortent sur la place.

Nous avait-il entendu tout à l'heure lors de notre petite discussion ? Il y avait bien des risques.

- Les Villageois vont voter pour tuer un des leurs qu'ils soupçonnent. Que le débat commence.

Fidèle au maigre plan que nous avions instoré, personne ne bougea. Je fus presque surprise que Matthis ne désigne pas une nouvelle victime juste pour le plaisir de tuer. Je sentis que je meneur se crispait sous sa capuche. Il fit une autre tentative pour nous faire parler.

- Quelqu'un souhaite-il prendre la parole ?

Aucun geste. Soudain, Julie se leva.

- Je souhaiterai prendre la parole.

Malgré le fait que l'homme avait la figure cachée, je pu sentir sa surprise. Personne ne s'était jamais levé pendant une assemblée. Il fit un pas en arrière alors Julie s'approchait de lui avec des pas lents. Elle semblait menaçante. Même le meneur, l'homme qui était censé gérer toutes les situations, semblait effrayé.

- Je vous donnerai la parole lorsque vous serez assise, mademoiselle, dit-il, le sang froid.

Mais la mademoiselle se s'arrêta pas. Avec un visage calme et détendue, elle monta sur l'estrade. Qu'avait-elle en tête ? Tout à l'heure, elle était pour le tuer. Nous avions essayé de l'en dissuader, mais est-ce que, malgré ça,  elle voulait mettre son plan à exécution ? 

- Veuillez retournez à votre place !

Mais Julie n'obéissait plus. Et le meneur semblait terrifié. Maintenant, elle se tenait à moins d'un mètre de l'homme. D'un coup, elle tira un objet argenté de sa poche. Je reconnu un couteau de cuisine, le même qu'il y avait dans nos maisonnettes. Un quart de seconde plus tard, la lame était plantée dans le torse de l'homme. Presque immédiatement, une colonne de lumière descendit du ciel et les entoura.

Certains hurlèrènt. D'autres, comme moi, étaient tétanisés sur place pendant les quelques secondes où la lumière ultra lumineuse nous empêchait de voir quoi que se soit.
Est-ce que le meneur était mort ? C'est bon  ? Tout est fini ?

Lorsqu'elle se dissipa enfin, un seul corps était debout, l'autre avait disparu. Et devinez lequel était debout ? Celui du meneur, évidemment. Sinon ça aurait été trop facile. Avant que quelqu'un n'eut le temps d'esquisser le moindre geste, un cri strident attira notre attention : un ados (Quentin, et il me semblait qu'il était un Loup-Garou, selon les dire de mon amie defunte) tombait sur le sol, du sang coulant de son crâne. Il était mort de la même façon qu'Angelique, hier.

- Il y a deux morts, aujourd'hui, fit la voix du meneur.

Je le cherchai du regard, mais il avait encore disparu. Est ce qu'il se télétransportait, comme insinuait Raphaël ? Dans tous les cas, c'était anormal.

- Julie, le chasseur, morte de désobéissance. Et Quentin, un Loup-Garou, tué avec la malédiction du  chasseur.

Un silence de plomb suivit ces annonces. Nous avions raison sur un point, tout à l'heure. Tuer le meneur était impossible ou très risqué. La preuve : Julie en avait laissé la vie. Et maintenant, nous n'étions plus que huits survivants.

- Le village s'endort.

Je levait la tête. Le ciel était déjà rose. N'étions-nous pas censé être au milieu de l'après-midi ? Ou même au début ? Mais le meneur était peut-être rancunier, ou souhaitait finir le jeu au plus vite. Car le ciel était déjà rose et les étoiles apparaissaient une à une.

- Que se passe-t-il ? demanda la petite voix apeuré d'Eleonore.

- La nuit recommence.

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