Chapitre 7 : Sang

Le lendemain après-midi...

  Hermione était assise sur le bord d'un bureau, la potion de Slughorn dans la main.

— Vous êtes sûrs que ça va marcher ? demanda-t-elle, peu convaincue.

  La potion était plate. Comme de l'eau, mais avec du sirop à la menthe dedans. En tout cas, vu l'odeur, ce n'était pas de la menthe...

— Non, répondit honnêtement Slughorn. Comme la dernière fois, nous ne sommes pas sûrs de la réelle efficacité de la potion avec votre problème.

  Hermione soupira.

— Si j'arrive à partir, oublietez Lyana et protégez-la de sa famille.

  Dumbledore acquiesça. Hermione hésita, mais porta finalement le verre à ses lèvres. Après l'avoir bu cul sec. Elle le reposa sur la table à côté d'elle et déclara :

— Hum... Désolée, mais je crois que ça n'a pas marché.

  Slughorn soupira. Dumbledore lâcha :

— Nous ne pouvons pas dire que c'est étonnant. Il va falloir qu'on trouve autre chose... Je vais réfléchir.

— Merci, murmura Hermione avant de se lever. Je vais tenter de chercher moi-aussi, je ne veux pas changer trop de choses ici en restant trop longtemps.

  Dumbledore hocha lentement de la tête, songeur.

— Je vais aller faire mes devoirs. A tout à l'heure !

   Hermione se dirigea vers la porte d'un pas décidé, mais s'arrêta ne sentant ses jambes se dérober sous elle.

— Miss, tout va bien ? demanda Slughorn.

  Hermione s'appuya contre le mur et murmura :

— Oui, je crois que oui, la potion me donne juste des vertiges.

— Vous devriez peut-être aller vous reposer à l'infirmerie. Il y avait des ingrédients dangereux, vous feriez mieux d'être surveillée, conseilla le professeur de potions.

  Hermione se redressa. Elle attendit quelques instants, vit que ça ne tournait plus, et répondit :

— Ce n'est pas grave, ça va déjà mieux. J'irais à l'infirmerie si ça empire.

  Les deux professeurs ne répondirent rien, la laissant partir, l'air inquiet malgré tout. Hermione marcha jusqu'à la salle commune, le cœur battant à tout rompre. Tout allait bien. Elle allait bien. Les larmes lui montèrent aux yeux : que se passait-il ? Pourquoi avait-elle l'impression qu'elle était extrêmement fatiguée ?

— Je vais aller me reposer, pas besoin d'aller à l'infirmerie. Je vais devoir lui expliquer et je n'ai pas le courage... réfléchit Hermione en se massant les tempes pour tenter de faire partir son mal de tête qui apparaissait.

   La jeune femme rentra dans la salle commune et fonça immédiatement aux dortoirs, épuisée et terriblement inquiète. Elle vit qu'il était vide, heureusement. La jeune femme s'installa, se disant qu'au pire elle ferait une nuit blanche pour faire ses devoirs.

  C'était le dimanche 18 septembre 1977. Hermione aurait dix-neuf ans demain.


— Vous n'avez pas vu Lyana ? demanda Lily en s'asseyant à côté des Maraudeurs.

  Tous firent "non" de la tête. La rousse fronça les sourcils, inquiète. Elle ne l'avait pas vu de la journée, c'était étrange, non ?

— Avec ce qu'il s'est passé hier, j'ai peur qu'elle soit malade, déclara Lily en réfléchissant aux effets secondaires des Doloris.

— Tu es allée voir dans son dortoir ? proposa Remus, qui semblait chercher un lieu où Lyana pouvait être cachée.

— Non, marmonna Lily en s'insultant mentalement de sa bêtise. Merci, Rem' !

   La rousse partit en courant dans le dortoir de son amie. Elle l'a trouva, profondément endormie. Lyana n'avait même pas prit la peine de se changer. Lily remarqua qu'il n'y avait aucun livre autour d'elle, alors la Gryffondor ne s'était pas endormie devant un roman. Non, la jeune femme était juste tombée de fatigue. Peut-être avait-elle juste mal dormi cette nuit ? Impossible, songea Lily, Lyana était en forme ce matin. Elle avait même dit qu'elle n'avait pas eu mal, cette nuit, grâce à la potion de Pomfresh qui lui avait évité des courbatures liées aux Doloris. Lyana avait même précisé qu'elle avait dormi "comme un bébé".

  Pourquoi était-elle tombée de fatigue, alors ? Lyana bougea un peu, mais ne se leva pas. Lily songea que la jeune femme avait probablement une raison de dormir ainsi.

  Vers vingt-deux heures, Lily partit se coucher. Lyana n'était pas venue manger, ce soir. La jeune femme était passée dans sa chambre pour voir si elle dormait toujours et en effet, la blonde n'avait pas bougé.

   Le lendemain, la préfète de Gryffondor partit voir dès son réveil si la jeune femme dormait. Lyana n'était plus dans son lit, elle avait dû se lever.

   Quelques temps plus tard, Lily arriva dans la salle de métamorphose où ils avaient cours. Lyana arriva, en retard, dix minutes après tout le monde. La rousse remarqua immédiatement qu'elle semblait très fatiguée. Pourtant, elle avait dormi toute la nuit et une bonne partie de la journée d'hier...

— Désolée du retard, j'étais avec Mme Pomfresh.

  McGonagall lui jeta un regard inquiet, sachant pertinemment qu'elle avait pris une potion la veille. Hermione se jeta sans attendre à côté de Lily.

— Lyana, ça va ? demanda la rousse, inquiète.

— Franchement ? Pas du tout. C'était une journée importante pour moi aujourd'hui, murmura-t-elle, les larmes montant aux yeux, je ne pensais pas la passer comme ça.

   Lily lui jeta un regard stupéfait, perdue. Hermione s'installa, sortit ses affaires et suivit le cours. Tout le monde semblait retrouver Lyana, silencieuse et morose au dernier rang. A la fin du cours, Hermione se leva, mais eut un vertige. Elle se retint avec précipitation à la table, sous le regard des Maraudeurs.

— Lyana, tout va bien ?

  Tout tournait. Hermione secoua lentement la tête, puis murmura :

— Oui, tout va bien. On a cours de... ?

— Défense contre les Forces du Mal, répondit Peter.

En voyant qu'elle blêmissait, il rajouta : 

— Tu ne veux pas retourner à l'infirmerie ?

— Tu as l'air vraiment, vraiment pas bien, compléta James, inquiet.

— Non, tout va bien ! s'exclama Hermione avec un sourire forcé.

  La jeune femme ferma quelques secondes les yeux pour tenter de calmer son cœur qui battait à cent à l'heure, puis se dirigea vers la sortie. Alors qu'elle passait le pas de la porte, Hermione se mit à tousser. Lily arriva derrière elle, et poussa un cri en voyant du sang tâcher la manche de la jeune femme.

— Lyana, tu craches du sang ! Tu dois aller à l'infirmerie !

— Arrête, tout va bien, murmura Hermione en tanguant dangereusement.

   Les Maraudeurs arrivaient derrière. Hermione se mit à tousser à nouveau, tachant sa manche de sang à nouveau. Elle sentit que tout tournait autour d'elle, Lily et les autres devenaient étonnamment flous. La jeune femme cherchait une manière de se calmer, songeant qu'elle stressait peut-être trop, mais le sang qui tachait sa manche et sa vive douleur dans la poitrine prouvaient que c'était bien pire qu'une simple anxiété. James arriva en courant derrière elle, la rattrapant au vol alors qu'elle chutait, ses jambes se dérobant sous elle.

— Dumbledore... Dis-lui que le.. le sortilège n'a pas... marché, parvint à prononcer la jeune femme avant de s'évanouir.

   James leva la tête et croisa le regard effaré de ses amis. Vingt minutes plus tard, Hermione était dans un lit à l'infirmerie, entourée par les Maraudeurs, Dumbledore et Slughorn.

— Qu'a-t-elle, professeur ? demanda Lily en se mordillant la lèvre inférieure.

— Malheureusement, il vaut mieux pour vous que vous ignoriez certaines choses, lâcha Dumbledore.

— Mais professeur, elle vient de s'évanouir dans les bras de James ! s'exclama Sirius en croisant les bras. Elle crache du sang, et d'après Lily, elle a dormi une grande partie de la journée d'hier et toute la nuit.

— Mr. Black, je comprends toutes vos interrogations, mais cela ne vous apportera rien de le savoir. De plus, Miss Selwyn a besoin de soin.

   Mme Pomfresh acquiesça vivement. Elle arriva avec des potions dans les mains et lança à Dumbledore :

— La prochaine fois que vous faites des test de potions, ne les faites pas sur des élèves ! Miss Selwyn pourrait mourir !

  Dumbledore posa le regard sur la jeune femme, évanouie. Hermione bougeait légèrement, et murmura quelque chose. Lily, qui était juste à côté d'elle, avait entendu. La rousse dit, un peu étonnée :

— Pourquoi parle-t-elle de Voldemort ?

  Hermione bougea à nouveau. Dumbledore déclara :

— Laissons-la se réveiller tranquillement.

  Les Maraudeurs se dirigèrent donc vers la sortie, jetant derrière eux des regards à Hermione qui semblait faire un cauchemar. Mme Pomfresh ramena une petite bassine, au cas où la jeune femme vomirait à son réveil. Hermione dit clairement, la voix tremblante :

— Tuez le Serpent, c'est le dernier...

— Le dernier de quoi ? s'exclama James.

   Hermione resta silencieuse. Les Maraudeurs tentaient de rester jusqu'au dernier moment, mais la jeune femme se réveilla et vomit dans la bassine. Que du sang... Dumbledore guida les Maraudeurs à l'extérieur puis retourna face au lit avec Slughorn.

— C'est grave de vomir du sang, n'est-ce-pas ? murmura Hermione, la main posée sur la poitrine.

— Un peu, répondit Mme Pomfresh en lui donnant une potion. Prenez ça.

  Hermione n'attendit pas pour la boire cul sec. Presque immédiatement, la douleur dans sa poitrine disparut et elle put respirer à nouveau normalement. Mais, elle toussa à nouveau dans sa manche, qui fut tachée de sang.

— Je ne reprendrais plus jamais cette potion, déclara Hermione.

— Vous allez arrêter de faire des test de la sorte, surtout ! exigea Pomfresh en nettoyant la bassine d'un coup de baguette.

— Non ! s'exclama vivement Hermione. Enfin, je veux dire, reprit-elle, je dois continuer d'essayer.

— Pourquoi est-ce si important ? demanda Mme Pomfresh. Vous avez failli mourir !

  Hermione ne répondit rien, baissant simplement la tête.

— Je vous expliquerais, Pompom, lâcha Dumbledore. En attendant, laissons cette jeune femme se reposer. Je suis certain que vomir et cracher du sang ne doit pas faire du bien.

— Non, confirma Hermione d'une voix tremblante, c'est vrai.

  Dumbledore sortit donc avec Slughorn. Les Maraudeurs s'exclamèrent en chœur :

— Alors ?

  Le directeur et son ami professeur ne purent s'empêcher d'esquisser des sourires amusés.

— Miss Selwyn est réveillée. Elle va bien, malgré le sang qu'elle vomit. Mme Pomfresh va faire le nécessaire pour que Miss aille mieux.

— Et pourquoi a-t-elle ça ? Pourquoi faites-vous des test sur elle ? demanda Sirius.

— Mr. Black, certaines choses ne vous regardent pas, lâcha Slughorn en retour.

  Dumbledore et Slughorn partirent à deux sous le regard médusé des cinq jeunes. Lily dit :

— Nous n'en saurons pas plus. Nous avons cours dans une heure et demi, nous avons déjà raté la Défense contre les Forces du Mal et la botanique, il faut qu'on aille manger.

  Les Maraudeurs acquiescèrent, à contre-cœur. Sirius jeta un dernier regard derrière lui, se demandant quels secrets planaient autour de Lyana.


  Hermione noircissait ses parchemins à la plume. Elle était en retard dans ses cours ! Du jamais vu ! Toujours à l'infirmerie, la jeune femme songeait que la journée de son dix-neuvième anniversaire s'était très mal passée. Et ce n'était pas fini... La jeune femme espérait que rien de plus n'arriverait.

— Nous sommes à Poudlard, Hermione, murmura-t-elle avec un sourire amusé. Tu sais très bien qu'il va encore se passer quelque chose.

  Mme Pomfresh rentra dans la pièce.

— Le professeur Dumbledore m'a dit que vous deviez me raconter ce qu'il s'était vraiment passé. Il est parti d'urgence au Ministère, et comme je veux le savoir...

  Hermione la suivit du regard jusqu'à ce qu'elle s'installe à une chaise à côté d'elle.

— Eh bien... commença la jeune femme. Je m'appelle Hermione, j'ai dix-neuf ans aujourd'hui et je suis née en 1979.

  Mme Pomfresh cligna plusieurs fois des yeux, puis lâcha :

— Pardon ?

  La jeune femme murmura :

— J'ai voyagé dans le temps. En fait, j'ai prit la place de Lyana sans que je sache pourquoi. Je suis dans son corps, mais avec mon esprit.

— C'est pour ça que vous faites des expériences en tout genre, des potions, dit l'infirmière après quelques instants de réflexion. Vous essayez de rentrer chez vous.

Hermione acquiesça. Mme Pomfresh déclara :

— Je m'attendais à tout sauf à ça. Donc la potion n'a pas marché, vous avez une autre idée ?

— Non, répondit la Gryffondor en secouant la tête de droite à gauche. Je n'en ai plus.

  Mme Pomfresh sembla chercher dans ses pensées.

— Si même Dumbledore ne sait pas, je ne pourrais pas trouver, marmonna finalement l'infirmière.

  Hermione lui sourit un peu tristement. Pomfresh demanda :

— Vous avez dit "dix-neuf ans aujourd'hui". C'est votre anniversaire ?

— Normalement oui. Enfin, cela n'a pas d'importance, je ne suis pas dans mon corps, et je n'ai personne pour le fêter. Et, si ça se trouve, je n'arriverais jamais à rentrer chez moi. Je devais vivre en tant que Lyana Selwyn, sang pure.

— Cela change beaucoup de votre vie d'avant ?

— Cela change tout, lança Hermione en baissant la tête.

  Pomfresh soupira.

— Vous avez réussi à vous intégrer ici ? questionna l'infirmière, pensive.

— Je connaissais déjà des personnes. Les cinq qui étaient là, je les connaissais. Je n'avais jamais parlé à certains, mais je savais déjà qui ils étaient. J'ai réussi à m'entendre avec eux. Le plus dur est sans doute de gérer ... Lyana. Qui elle était.

— J'imagine bien... marmonna Pomfresh. Cela veut dire que vous me connaissiez dans le futur ?

  Hermione lâcha un petit rire.

— Bien sûr, dit-elle en souriant en coin. Vous n'avez pas changé. Grâce à vous, mon meilleur ami est resté en un seul morceau pendant toute sa scolarité à Poudlard. Et moi aussi, d'ailleurs, tout comme mon autre meilleur ami, révéla la jeune femme.

  Pomfresh acquiesça finalement, puis repartit travailler en disant à Hermione qu'elle serait là en cas de problème. Ah, si seulement Harry et Ron étaient là... La jeune femme serait beaucoup plus sereine avec eux, mais ici elle était seule, seule face à son destin.

Le sortilège te rattrapera.

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