Chapitre 4 : Severus

  Le lendemain, la journée de cours se passa normalement. Hermione restait majoritairement avec Lily, ainsi qu'avec Remus avec qui elle s'entendait à merveille. Le samedi, la première potion de Slughorn était prête. Hermione arriva donc vers dix heures dans sa salle de cours, espérant que tout se passe normalement.

— J'ai une question, lâcha-t-elle en prenant le verre avec le liquide rougeoyant dans la main. Vous ne pensez pas que Lyana devrait la prendre aussi en même temps que moi pour que ça marche ?

— N'espérons pas, répondit Dumbledore, présent lui-aussi. Si c'est le cas, ce sera trop compliqué pour vous de vous faire rentrer chez vous.

  Hermione soupira, puis dit :

— J'espère que cette potion va marcher, alors.

  La jeune femme porta le verre à ses lèvres et but cul sec. Avec une grimace dégoûtée, elle reposa le récipient sur la table et marmonna :

— C'est atroce. C'est pire que le Polynectar.

— Vous avez déjà pris du Polynectar ? demanda Slughorn, étonné.

  Hermione ne répondit rien, mais se passa une main lasse sur le visage, retenant avec difficulté des haut-le-cœur.

— Hormis me donner des nausées, cette potion ne me fait rien.

— Raté pour celle-là aussi. Si des signes vous apparaissent aujourd'hui ou demain, venez nous le dire, déclara Dumbledore. D'ailleurs, le sortilège hier n'a pas marché ?

  Hermione hocha de la tête pour dire "non". Elle rajouta :

— La cicatrice est la seule chose à être revenue. J'espère que cela changera au moins quelque chose en bien !

  Après avoir réfléchi quelques instants, Dumbledore lâcha :

— Vous pouvez y aller. Soyez prudente, les temps sont de plus en plus sombres.

  Hermione lui jeta un regard dépité, puis dit :

— En tout cas, merci pour votre aide.

  La jeune femme leur sourit puis quitta la pièce. Elle traversa quelques couloirs, marchant rapidement, croisant les doigts pour ne pas rencontrer quelqu'un qui la reconnaîtrait, ce qu'elle avait plutôt réussit jusque là. Hermione songea qu'elle avait vraiment besoin de prendre l'air. Elle partit dans ses dortoirs, ignora soigneusement ses camarades qui la fusillèrent du regard comme d'habitude, puis prit sa cape. A l'aide d'un sortilège trouvé dans un livre, la Gryffondor avait réparé tous ses vêtements.

— Eh ! s'exclama une fille derrière elle.

  Hermione leva les yeux au ciel, croyant qu'elles l'insulteraient à nouveau.

— Je te parle ! continua la fille. Tu as reçu une lettre par hibou, elle est sur ta table de chevet. Tu as de la chance qu'elle soit envoyée par ta mère, sinon nous l'aurions brûlée...

  Elle devrait terminer par : "sinon ta mère aurait été au courant du chantage et nous aurions été dans de beaux draps". La brune se retourna rapidement et récupéra sa lettre, qu'elle glissa dans sa poche avant de partir. Dans la salle commune, elle se jeta sur un fauteuil pour lire la missive au calme.

"Lyana,

Je suis outrée. En plus d'avoir quitté la cérémonie sans saluer personne, vous n'êtes pas rentrée à la maison comme prévu ! Vous êtes exécrable. Je regrette que vous soyez ma fille. Vous auriez pu être comme Bellatrix Black, elle, est quelqu'un de bien."

  Hermione se mit à pouffer. Bellatrix, quelqu'un de bien ?

— Qu'est-ce-qui te fait rire, princesse ? s'exclama Sirius en rentrant dans la salle commune, qui voyait qu'Hermione ricanait seule dans son coin.

— Ma mère a dit que... Bellatrix... était quelqu'un de bien !

  Sirius ne put s'empêcher de pouffer à son tour en voyant Hermione qui riait.

— Cette femme est folle, ce n'est pas possible autrement, maugréa Hermione en continuant sa lecture.

"Je vous attends demain soir à Pré-au-lard. Si vous n'êtes pas présente, je me devrais de prendre un rendez-vous avec le directeur afin de parler de votre attitude déplorable, qu'elle soit en cours ou en dehors.

Vous avez intérêt à être présente.

Votre mère."

  Hermione soupira. Devait-elle en parler à Dumbledore ? Il allait en avoir marre d'elle, à force... La jeune femme jeta la lettre dans son sac, puis traversa la salle. Sirius demanda :

— De qui était la lettre ? De ta mère ?

— De personne d'important, répondit Hermione en haussant les épaules. Je vais prendre l'air, lâcha-t-elle en quittant la pièce.

  Sirius la suivit du regard, un air intéressé peint sur le visage. Cette fille l'intriguait de plus en plus. Elle n'était pas comme les autres, c'était évident. Lyana ne l'avait jamais réellement marqué auparavant, elle était juste... Tout le contraire de celle qui se tenait devant lui. La lune est devenue le soleil... Etrange.

— Sirius ! s'exclama une fille en arrivant. Cela fait longtemps, tu ne penses pas ?

  Le jeune homme sourit en coin, ravi de voir que sa nouvelle future petite-amie songeait toujours à lui. Hermione, pendant ce temps, traversait le château pour arriver dans le parc. Elle inspira à pleins poumons, savourant l'air encore chaud de ce début d'automne. La jeune femme partit s'installer contre un arbre, assise dans l'herbe, puis sortit un livre de son sac. Après une bonne trentaine de minutes dans le silence, elle entendit des voix s'approcher.

— Severus, les Mangemorts sont prêts à t'accueillir ! S'il te plaît, je ne te demande que ça !

— Que ça ? ricana Severus. C'est déjà beaucoup. Je vais risquer ma vie, pour...

— Les Mangemorts te tueront si tu restes du côté de Voldemort, lança l'autre voix masculine.

  Ils s'arrêtèrent tous deux en voyant Hermione, qui n'en avait vraiment rien à faire d'eux. Nez plongé dans son livre, ses cheveux cachant son visage, la jeune femme ne releva même pas la tête. Si ces gens voulaient parler seuls, ils partiraient plus loin.

— Selwyn ? s'exclama la deuxième voix en s'approchant. Qu'est-ce-que tu fais ici ?

  Hermione releva la tête vers lui. Avery ? Elle croyait le reconnaître.

— Eh bien, je lis.

  Remarquant son air médusé, elle demanda :

— C'est grave ?

— Non, enfin, bredouilla-t-il, tu n'as jamais fait ça. Pas dans le parc. En sept ans.

— Les gens changent, dit la jeune femme, tout simplement.

  Avery acquiesça, puis échangea un regard avec Rogue. Celui-ci avait toujours le même masque qu'il portait quand il était vivant, songea Hermione, essayant de ne pas se rappeler des souvenirs de Poudlard. Avec un sourire amusé, elle pensa au bal en quatrième année. En fait, et si c'était lui qui avait donné les cours de danse aux Serpentard ?

  Hermione secoua la tête, tentant d'effacer l'image de Rogue qui danse la salsa avec Drago Malefoy. Severus et Avery échangèrent un regard étonné, puis Rogue lâcha :

— Je dois parler à Selwyn, tu nous laisses deux secondes ?

  Son ton était sans appel. Cela ne semblait pas plaire à Avery, qui partit quand même.

— Tu n'es pas Lyana, n'est-ce-pas ? murmura-t-il en s'asseyant à côté d'elle.

— Tu n'as plus les idées claires, Rogue, déclara-t-elle en replongeant dans son livre.

  A sa plus grande surprise, Severus l'attrapa par le menton pour lui tourner le visage vers elle.

— Rogue ? Vraiment ? susurra le Serpentard, étonné. Tu as oublié notre pacte ?

  Hermione sembla paniquer. Elle dit :

— Non, je ne l'ai pas oublié, pourquoi l'aurais-je oublié ? bégaya-t-elle.

— Tu n'es pas Lyana. Tu es sous Polynectar, n'est-ce-pas ? Sa mère l'a tué ?

— Quoi ? Bien sûr que non ! s'exclama Hermione. Ne dis rien à personne, continua-t-elle dans un murmure, je te fais confiance.

— J'ai lu dans tes pensées, de toute façon. Je sais tout, Hermione, continua-t-il.

  Hermione détourna la tête. La jeune femme demanda :

— Quel était ce pacte ?

  Severus soupira, et dit tout en la fixant :

— Lyana devait m'aider à oublier la fille que j'appréciais. En échange, j'étais un peu son confesseur. Elle a des problèmes dans sa famille, tu as dû t'en rendre compte, déjà.

— Qui est-elle ? interrogea Hermione en tournant la tête vers lui, pour croiser son regard.

  Severus lâcha échapper un ricanement. Il répliqua :

— Et toi, qui es-tu ?

  La blonde mais brune sourit et dit :

— Hermione, dix-neuf ans dans deux jours. Je dois repasser ma septième année, c'est pour ça que je suis si vieille par rapport aux autres.

— Tu n'as qu'un an de plus par rapport à nous, déclara Severus. Pourquoi dois-tu repasser ta septième année ?

— Longue histoire, répondit Hermione.

  Severus, qui savait qu'il n'obtiendrait pas plus d'informations, changea de sujet.

— Sinon, comment t'es tu retrouvée comme ça ?

— Je suis partie me coucher, je me suis réveillée au plein milieu d'un repas de sang pur à la place de Lyana. Je cherche comment rentrer chez moi.

  Severus fronça les sourcils, un peu désarçonné.

— Ce n'est pas commun, ça.

— Pas commun du tout. J'aimerais juste rentrer, lâcha Hermione. Je perds mon temps ici, enfin... Cela m'éloigne des choses que je haïssais, mais... Je n'ai plus mes amis et...

   La Gryffondor soupira. Elle se recroquevilla sur elle-même, puis dit d'un ton amusé :

— Comme il n'y a plus Lyana, tu comptes être mon confesseur aussi ?

  Severus sembla lui-même un peu amusé, un début de sourire se formant sur son visage. Hermione demanda :

— Tu veux rejoindre les Mangemorts ?

— Cela ne te regarde pas, lâcha Severus d'un ton sec, perdant le semblant d'humanité qu'il avait pu montrer avant.

  La jeune femme s'exclama :

— Tu as lu dans mes pensées, oui ou non ?

— Si, j'ai vu que tu venais d'une autre époque.

— Je sais ce que tu feras, souffla Hermione en remettant une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Tu n'as pas à me le cacher.

  Severus hésita. Pouvait-il lui faire confiance ? Après tout, si elle avait voulu le dénoncer, elle l'aurait déjà fait. Et puis, il avait toujours son secret comme chantage.

— Je pense les rejoindre.

  Hermione acquiesça. Après avoir hésité, la brune dit :

— Cela me coûte de te dire ça, parce que les Mangemorts ne défendent pas mes valeurs, au contraire. Mais si les rejoindre est le mieux pour toi, alors fais-le.

  Severus ne répondit rien. La jeune femme rajouta :

— Tu es maître de ton destin. A toi de décider quel chemin emprunter.

— Et si on me force à en emprunter un ? demanda-t-il.

— Alors... murmura Hermione, songeuse. Tu te dois de te battre pour ce qui te semble juste. Et si, une fois Mangemort, tu te rends compte que ce n'est pas qui tu souhaites être, tu n'as qu'à changer de camp.

— Mais justement, prononça le Serpentard d'un ton agacé. Si je rejoins Tu-Sais-Qui, je ne pourrais plus faire machine arrière.

— Tu es à Serpentard, non ? le coupa-t-elle en posant le regard sur le blason de son uniforme. Réfléchis.

  Severus balaya le parc du regard. Hormis quelques élèves, ils étaient seuls.

— Je deviendrais espion pour le Ministère tout en prouvant au Seigneur des Ténèbres que je suis un vrai Mangemort.

  Hermione sourit simplement. Ils restèrent silencieux quelques minutes. Puis, elle le questionna.

— Qu'entendais-tu par "Lyana me faisait oublier la fille que j'aime" ?

  Severus poussa un soupir. Comment lui expliquer ? Après avoir cherché ses mots, il lâcha :

— On peut dire que je sortais avec elle en secret.

  Hermione lâcha un petit rire et dit :

— Ne compte pas sur moi à ce niveau-là. Elle t'aime ?

— Je n'en sais rien, répondit-il en haussant les épaules.

— Et toi ?

  Le Serpentard se réinstalla autrement, étendant ses jambes, puis bredouilla :

— Je n'en sais rien. Je l'apprécie, mais... J'ai l'autre fille en tête.

  Il se tut quelques instants. Il reprit :

— Cela fait bizarre de parler de ça avec toi, parce que... Tu as le corps de Lyana. Et puis, vu tes pensées, j'étais ton professeur. Je dansais quoi ?

— La salsa, répliqua Hermione en souriant. Je t'ai juste imaginé, je ne pense pas que tu l'aies dansé.

  Severus bougonna :

— Tu étais obligée de me prendre comme exemple ?

— Hum... Oui, claironna-t-elle avant de rire aux éclats.

  Le Serpentard fit un rictus puis lâcha :

— Tu vois, Lyana n'aurait jamais ri ainsi.

  Hermione fit une grimace et demanda :

— Lyana est une personne aussi morose que ça ?

— Oui.

— Pourquoi ?

  Severus gardait le regard planté sur le parc, suivant du regard les quelques jeunes qui couraient, jouant probablement à des jeux. Insouciants. Ce qu'il n'avait jamais été.

— La vie ne l'a pas gâté. Son père est mort, tué par Voldemort quand elle avait douze ans. Ensuite, sa mère a cherché à la marier de force pour se débarrasser d'elle. Elle répète souvent à Lyana qu'elle aurait préféré que Bellatrix soit sa fille, et non pas cette "idiote de fille que le ciel m'a donné" comme elle disait. Lyana était... choquée. J'avais l'impression qu'elle regrettait d'être dans cette famille. Je haïs Sirius Black, mais grâce à sa rébellion, Lyana a osé faire un scandale à une cérémonie. J'avais l'impression qu'après ça, elle commençait enfin à rayonner de bonheur. Et puis, elle s'est fait harceler aussi.

— Par les filles du dortoir ? devina Hermione.

— C'est ça. Elles t'ont embêté ? lança Severus, son regard devenant plus sombre.

— Elles ont détruit mes vêtements et ont menacé de parler d'une torture dont j'ignorais l'existence.

  Severus soupira pour une énième fois.

— Lyana en souffrait, avoua le Serpentard. A un moment, je pense qu'elle a eu une phase où tomber de la tour de l'astronomie lui aurait plu plus que tout. J'ai réussi à la retenir ici, mais...

  Hermione se mordit la lèvre inférieure, soucieuse.

— Tu penses que je peux l'aider à aller mieux ? Qu'à son retour, elle retrouve sa vie changée et beaucoup mieux ?

— Tu le peux. Mais ce sera compliqué. Et, es-tu sûre de savoir rentrer un jour ? demanda-t-il.

  Leurs regards se croisèrent à nouveau. Il put lire dans ses yeux toute l'inquiétude qu'elle ressentait.

— J'espère pouvoir rentrer. Ici, ce n'est pas chez moi. Et mes parents ? Je ne les reverrais peut-être jamais, murmura-t-elle, la voix brisée.

  Severus reposa le regard sur le lac, cette fois-ci. Hermione devait en effet souffrir de la séparation avec sa famille et ses amis. La jeune femme lâcha :

— Je dois aller parler à Dumbledore. Ma... mère... veut me voir demain soir pour... Aucune idée, mais je vais passer un mauvais moment. Je ne sais pas si j'y vais ou pas, surtout que ma "mère" a l'air énervée.

— Fais attention à toi, Hermione, dit Severus.

— Toi-aussi, répondit la jeune femme en se levant.

  Hermione lui fit un sourire puis retourna vers le château. Encore choquée par ce qu'il venait de se passer, la jeune femme appréhendait la suite des événements. Après tout, elle venait de parler sans aucune agressivité avec Severus Rogue... Peut-être que l'avenir lui réserverait quelques surprises du genre ? 

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