Chapitre 13 : Annonce

  Hermione rentra dans le bureau de Dumbledore. Étonnement, il l'avait convoqué pour lui parler d'une affaire urgente. Que s'était-il passé ? Dès qu'elle rentra, elle remarqua que quelque chose clochait. Le professeur de Défense contre les Forces du Mal, Mr. Johnson, était présent.

— Ah, Miss, vous voilà. Avec le professeur Johnson, nous avons parcouru les sortilèges que vous nous avez donné. Ils sont très puissants en matière de magie noire, mais aussi pour les combattre. Un d'entre eux a particulièrement attiré notre attention. Le sortilège "Toxicus Sanguine".

— Je l'avais vu, en effet, lâcha Hermione, sourcils froncés.

— Le professeur a soumis l'hypothèse que votre... problème, était probablement issu d'un sortilège du genre.

— Un sortilège qui touche la magie du sang ? demanda la jeune femme en s'installant sur le siège face au directeur.

— C'est ça, répondit Dumbledore. Le professeur en avait deux en tête. Le premier, celui-ci, Toxicus Sanguine. Il pourrait très bien avoir des capacités que nous ignorons. Ensuite, Puinnsean Fala. C'est un sortilège très dangereux, qui use aussi la magie du sang et qui pourrait être plus puissant que Toxicus Sanguine. Nous ne savons pas lequel vous a été jeté, mais ces sorts n'ont pas de contre-sorts connus. Si ce sont eux, nous ne pourrons vraiment rien faire pour vous faire rentrer.

— Sommes-nous sûrs que ce sont ceux-là ? interrogea Hermione en restant sidérée.

— Non, répondit le directeur. Mais ce sont les deux plus probables. Puinnsean Fala a déjà été usé pour de tels... usages, mais une des deux personnes était morte à cause du "poison" dans le sang que le sortilège avait mit.

  Hermione blêmit. Une des deux personnes était... morte ?

— Donc, si ce sortilège qui s'avère visiblement en tout point en accord avec celui que j'ai reçu est le bon, une de nous deux mourra ?

— C'est possible, lâcha Dumbledore, l'air grave. Il faut vous préparer au cas où ce serait vous.

  La jeune femme resta silencieuse quelques instants.

— Combien de temps aurais-je ?

— La personne était décédée au bout de quelques mois, un an tout au plus, expliqua le professeur Johnson.

— Y'avait-il des signes avant-coureurs ? questionna-t-elle à nouveau, inquiète.

  Le professeur sembla chercher dans ses souvenirs puis déclara :

— La personne souffrait avant. Problèmes de respiration, maux de tête presque incessants, vomissements, cracher du sang...

— Cracher du sang ? s'exclama-t-elle. La dernière fois, ça avait un lien avec la potion, non ?

— Si, cette fois-là, ça avait un rapport. Mais si ça se reproduit, allez voir un médicomage ou un d'entre nous.

  Hermione hocha lentement la tête, choquée. Alors, c'était tout ? La brune était condamnée à rester ici, et à mourir ? Elle avait une chance sur deux, une unique chance de survivre.

— Pensez-vous que je pourrais rentrer chez moi, un jour ? questionna la brune, son cœur se serrant.

  Le silence qui suivit valut toutes les réponses possibles. La jeune femme continuait de hocher la tête, comme si elle assimilait les informations.

— Je vois, murmura finalement Hermione en sentant les larmes lui monter aux yeux.

  Ne pas songer à Harry et Ron, ne pas songer à eux... Il ne fallait pas qu'elle pleure devant ses professeurs...

— Je... Que dois-je faire, alors ? Attendre de voir si je vais mourir, et dans ce cas-là me laisser partir, ou alors continuer à vivre normalement et, si je ne suis pas touchée par ce sortilège, ou alors que je suis touchée mais que je survis, me trouver un travail reculé et me faire toute petite ?

— Nous ne savons pas encore exactement comment vous devrez réagir une fois que Poudlard sera terminé. Je vous prie juste de rester discrète pour l'instant, c'est le mieux à faire.

  Son cœur manqua un battement, et ce fut sans surprises que Dumbledore et l'autre professeur l'entendirent s'excuser avant de partir en courant, les larmes dévalant en torrent sur ses joues.

   La brune courait à en perdre haleine dans les couloirs. Elle croisa quelques élèves, qui lui jetèrent des regards étonnés sans pour autant essayer de la rattraper pour l'aider. Elle se rattrapa de justesse dans les escaliers, frôlant la chute, mais ne ralentit pas pour autant. Une fois dehors, Hermione courut jusqu'à l'arbre où elle avait l'habitude de retrouver Severus, puis se laissa glisser contre le tronc jusqu'à heurter le sol. Repliée sur elle-même, le corps de la jeune femme était secoué par de violents sanglots.
Après quelques temps, ses pleurs ne s'étaient pas calmés, loin de là. La pluie commençait à tomber, mais elle ne s'en souciait pas, essayant de repousser l'image de Ron et Harry qui passaient dans son esprit. Ses parents, Ginny, ses amis ! Jamais plus elle ne les reverrait ! Ce sortilège était probablement le bon, ils n'avaient plus d'idées ! Et même, cela les confortait dans leur idée de base :

Il y avait plus de chance qu'Hermione ne rentre jamais à son époque que le contraire.

— Tu ne devrais pas pleurer comme ça, princesse, lâcha une voix derrière elle.

  La jeune femme ne prit même pas la peine de relever la tête.

— Laisse-moi, Sirius, marmonna-t-elle.

  Le sang pur se jeta à ses côtés. Il lui mis un petit coup de coude amical puis dit :

— Un beau garçon t'a brisé le cœur ?

  Hermione releva la tête, renifla et dit :

— Je ne pleurerais pas pour si peu.

  Sirius esquissa un sourire amusé puis demanda :

— Une fille ?

— Non plus, murmura-t-elle en se repliant à nouveau sur elle-même.

— Tu veux m'en parler ?

  La brune resta silencieuse quelques instants. Puis, elle posa le menton sur ses genoux et déclara :

— Nous... Les professeurs pensent avoir trouvé le sortilège qui m'a amené ici.

  Hermione ferma les yeux et se pinça les lèvres, comme si le dire à voix haute était trop compliqué. Sirius l'analysait du regard, se disant que même les yeux rougis à cause des larmes, la brune ne paraissait pas laide, loin de là. 

— Je... Je ne pourrais probablement jamais rentrer chez moi, réussit-elle à prononcer, sa voix se brisant au milieu de la phrase.

  "Et je vais peut-être mourir", pensa Hermione, sans le dire à voix haute pour ne pas inquiéter son ami. D'ailleurs, comment faisait-il pour être toujours là au bon moment ? 

  Sirius essaya de chercher quelque chose à dire, sans succès. Si seulement Remus était là, lui trouverait quelque chose à dire ! Et Hermione recommençait à sangloter.

— Je comprends que ça va être compliqué de vivre sans tes amis et ta famille, commença le jeune homme en tapant sur son épaule, gêné. Mais, nous sommes là, maintenant ! Les Maraudeurs te feront vivre des choses formidables, j'en suis sûr, et... Tu auras tes ASPIC, tu feras le métier qui te plaît et on se retrouvera pour parler de nos années à Poudlard et de celle qu'on a passé ensemble.

  Hermione leva un regard vers lui qui voulait dire tant et en même temps si peu de choses tellement ses émotions se mélangeaient par dizaine dans ses prunelles noisette.

— Sirius, si je dois rester ici, je devrais me faire toute petite. Ne rien changer. Ne pas être... Ne pas être mise en valeur en travaillant au Ministère ou en tant que professeur, par exemple.

— Tu es sûre ? murmura-t-il, étonné.

— Dumbledore me l'a dit, confirma la jeune femme. Et c'est seulement si les Mangemorts ne me tuent pas avant, ils doivent savoir que j'ai voyagé dans le temps, ils vont me torturer pour savoir comment triompher, et je mourrais là-bas.

  Sirius fit un rictus. Ses cheveux mouillés tombaient le long de son visage, tout comme ceux de son amie. La jeune femme grelottait, il retira sa veste pour la poser sur elle.

— Tu vas avoir froid, lâcha la brune en lui tendant le tissu.

— Non, je suis résistant à tout, répliqua Sirius avant de rire, ce qui lui fit esquisser un léger sourire.

  Hermione se couvrit avec la veste, un peu gênée. Le jeune homme dit :

— J'espère que... J'espère que tout ira bien. Je suis sûr que tout s'arrangera, il faut que nous profitions de notre dernière année ici avant...

  Il se tut.

— Je ne pourrais jamais rentrer chez moi, déclara sombrement la jeune femme. Je dois arrêter de me voiler la face. Hormis s'il y a un miracle, je resterais bloquée à cette époque. Je dois...

  Hermione se mordit la lèvre inférieure. Après avoir pris une profonde inspiration, elle termina :

— Je dois profiter du temps qu'il me reste avant la fin de Poudlard, tu as raison. Nous sommes en octobre, la première sortie à Pré-au-lard sera bientôt et... Et en novembre la saison de Quidditch commencera et je pourrais venir assister à vos match.

  Sirius sourit en coin, bien qu'il n'était pas dupe. La lueur de tristesse brillait toujours dans le regard de la jeune femme, mais sa respiration saccadée revenait lentement à la normale.

— Merci, Sirius, le remercia-t-elle en lui souriant, sincère. Tu vas attraper froid à cause de moi...

— Mais non ! Allez, ça te dit de rejoindre les Maraudeurs ? lui proposa-t-il en se levant et en tendant sa main vers elle, un grand sourire aux lèvres.

   Une lueur amusée apparut dans les prunelles noisettes de la Gryffondor, qui prit la main de son ami pour se relever. Ils partirent tous deux en courant, Hermione se protégeant avec la veste du jeune homme pour éviter d'être plus mouillée qu'elle ne l'était déjà, sans grand succès. Sirius rit en la voyant le nez encore rouge.

— Tu es un clown, dit le brun avant de lâcher un rire.

  Hermione le frappa avec la veste. Il partit en courant, puis monta les escaliers quatre à quatre. La brune courut derrière lui, explosant de rire en le voyant chuter mais se relever en faisant une pose comique. Ils continuaient de courir dans les couloirs, leurs cheveux et vêtements laissant de grosses gouttes derrière eux.

— Rusard va nous tuer ! s'exclama Hermione, hilare, sans pour autant s'arrêter.

   Sirius sourit, satisfait de voir qu'il avait réussi à changer les idées de son amie. Miss Teigne, justement, arriva au détour d'un couloir. Le jeune homme s'arrêta net. Hermione fonça dedans, il la rattrapa de justesse et l'attrapa par le bras pour l'entraîner dans la salle de classe la plus proche. Il claqua la porte derrière eux puis baissa la tête pour ne pas croiser le regard de la brune. Si, par malheur, ses yeux gris croisaient ceux noisette d'Hermione, aucun d'entre eux ne doutait qu'ils exploseraient de rire à nouveau. Mieux valait être silencieux, au cas où...

— Tu vas me tuer, corrigea la brune, les yeux pétillants. Merci, vraiment. Cette course poursuite était...

   Le jeune homme lui intima le silence d'un geste. Rusard passa devant la pièce, et s'arrêta devant la porte. Il marqua un temps d'arrêt, puis dit d'une voix grinçante :

— Il y a quelqu'un ?

  Hermione essayait de calmer son rire bloqué dans sa gorge. Elle fit l'erreur de lever la tête vers Sirius, qui croisa son regard noisette. Il ne fallut pas plus de quelques secondes pour qu'ils explosent de rire. La porte s'ouvrit avec violence, Rusard attrapa le jeune homme par le bras puis dit :

— Vous devrez vous arranger avec le professeur McGonagall ! Vous avez arrosés tout le couloir, et vous êtes censés avoir rejoint vos dortoirs à cette heure-ci !

  Hermione se mordit la lèvre, espérant que cela calmerait ses rires. Sirius, lui, ne semblait pas le moins du monde apeuré par Rusard. L'habitude de se faire prendre, sans doute ! Le brun se débattit et tendit son bras à Hermione, galant, puis s'exclama en se tournant vers le concierge :

— Allons-y, Monsieur, j'invitais juste...

  Il se racla la gorge puis dit d'un ton comique et faussement noble :

— J'invitais juste cette gente dame à m'accompagner pour nous faire gronder par la directrice adjointe.

  Rusard le fusilla du regard et se mit à marmonner des menaces, que Sirius ignora pour quitter la pièce. Le concierge ne le laissa pas partir pour autant, l'attrapant par l'autre bras pour le tirer jusqu'au proche bureau de McGonagall. Celle-ci était en train de corriger des copies. En voyant Sirius, elle soupira, mais fit des yeux ronds en voyant Hermione. Le duo était encore trempé, et encore un peu rieur.

— Que s'est-il passé ? demanda la directrice adjointe, craignant déjà le pire en voyant une de ses meilleures élèves dans son bureau à cette heure tardive.

— Je les ai trouvés en train de courir dans les couloirs ! vociféra Rusard en fusillant les deux jeunes du regard.

  Hermione baissa la tête, réalisant enfin qu'elle était devant sa professeure préférée – et respectée. Sirius expliqua :

— Désolés, professeur, nous rentrions dans la salle commune et...

— Ils couraient ! rajouta Rusard.

  McGonagall soupira puis dit :

— Merci, Argus, je m'en occupe.

  Le concierge jeta un dernier regard noir au duo puis partit en courant. La directrice adjointe regarda les élèves par dessus ses lunettes ovales, comme Dumbledore le faisait lui-même.

— Pourquoi vous baladiez-vous dans les couloirs à cette heure-ci ? Surtout, pourquoi couriez-vous ?

  Les larmes montèrent à nouveau aux yeux de la brune. Sirius, qui sentait le danger venir, lâcha :

— Nous rentrions simplement à la salle commune. Nous avions promis à nos amis d'être à l'heure et nous devions nous dépêcher. En plus, comme nous étions trempés, nous nous sommes dit que courir nous sècherait.

  McGonagall fit un rictus puis dit :

— Je retire vingt points à Gryffondor. Retournez dans vos dortoirs maintenant, dans le calme.

  Le duo acquiesça. Sirius passa un bras autour des épaules d'Hermione pour l'entraîner dehors, puis déclara :

— Hormis cet idiot de Rusard, j'espère que tu t'es bien amusée quand même.

— C'était génial, murmura Hermione en levant des yeux amusés vers Sirius, les larmes vite oubliées. Merci.

  Le jeune homme lui sourit en coin. Ils restèrent ainsi jusqu'à la salle commune, où ils se jetèrent côte à côte sur le fauteuil. Les Maraudeurs, un peu étonné de les voir si proches alors que Sirius semblait garder des réserves à cause de leurs moqueries, leur jetèrent des regards perdus. Le jeune homme leur raconta toute leur aventure, omettant de parler de la réelle cause de la tristesse d'Hermione, qui rajouta quelques informations et blagues sur leurs aventures.

— Mais c'est génial ! lança James avant de lâcher un petit rire.

— Oui, et la tête de Sirius quand Rusard l'a attrapé par le bras valait la peine de se faire prendre...

  L'intéressé fit une moue indignée, mais gardait un regard en coin sur Hermione alors que Remus commençait à raconter leur propre soirée. Celle-ci croisa le regard du jeune sang-pur, et lui sourit, reconnaissante qu'il ait pu l'aider ainsi à retrouver un sourire. De façade du moins, car la brune n'oubliait pas les dires du directeur.

   Elle était presque à coup sûr contrainte à rester ici. Et peut-être condamnée à mourir.

  Il lui restait deux solutions. Hermione devait-elle se concentrer sur ses études, rester aussi sérieuse qu'avant en se disant qu'elle allait survivre, que... cela arrivait aux autres, pas à elle ; ou alors devait-elle vivre pleinement et profiter de ses probables dernières années ou derniers mois de vie ?

  Cela restait encore un sujet sur lequel elle devait réfléchir. Entourée de ses amis Maraudeurs, la Gryffondor songea qu'au moins, elle était bien accompagnée. Et puis, peut-être qu'en gardant espoir, elle pourrait retrouver Harry, Ron, ainsi que ses amis et sa famille ?

Haha. Garde espoir, chérie, ce sera bientôt tout ce qu'il te restera...

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