𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟕
Cher Fred,
Les gens murmurent, je sens leurs sens en alerte quand je traverse un couloir, j'ai beau me faire toute petite, j'entends toujours les bourdonnements, je sens toujours les coups d'oeil. J'ai dût m'éloigner de Luna en journée pour éviter de me faire carrément harceler. Je n'imagine même pas comment c'est de son côté. Les gens ne l'aimaient déjà pas beaucoup...
Je ne sais pas comment j'aurais réagit, il y a trois mois si on m'avait dit qu'il y a avait un couple lesbien à Poudlard ? J'aurais parlé dans leurs dos ? Sûrement. Je les aurais dévisagé ? Peut-être. Mais je n'aurais rien fait d'autre. Je suis certaine que je ne les aurai pas insulté. Or, depuis qu'ils savent, il m'arrive d'entendre des insultes de la part de gens qui ne me connaissent pas. Et ça fait mal. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi ils agissaient comme ça. Qu'il ne m'aiment pas, qu'ils aient un problème avec l'homosexualité, je peut le comprendre... mais sont-ils vraiment obligés de me le dire face à face ? Pensent-ils que ça va me faire changer ? Moi aussi, j'aurais préféré aimer les garçons... enfin j'aime les garçons en général... mais oui ça aurait été mieux si Luna avait été un garçon. Ça aurait été plus simple pour de nombreuses raisons... mais Luna est une fille. On est toutes les deux des filles et c'est pas à nous de changer. C'est à eux de nous accepter maintenant. Je suis juste amoureuse. J'ai juste envie de profiter de ma vie avec la fille que j'aime, je ne veux pas passer mes journées à me battre contre les idées conservatrices d'une masse d'écoliers. J'aimerais n'en avoir rien à faire de ce qu'ils disent, savoir les ignorer. Mais je les entends.
"Avant la Granger et maintenant la Weasley, il faut croire qu'il y a une épidémie de lesbienne dans cette école."
"Surtout qu'on dit que Dumbledore l'était aussi... tu crois que ça les as influencé ?"
"Quand même de la part de Loufoqua ça l'étonne pas tellement, elle ne fait rien de normal, mais Weasley ! Je la pensais déjà moins cinglée."
Et ainsi de suite. Ça fait mal. À chaque fois c'est comme une petite fissure qui fait qu'à la fin je me retrouve totalement cassée. Encore plus quand je songe au fait que Luna aussi doit subir ça. À cause de moi.
Jeudi, quelqu'un m'a bousculé en me chuchotant une insulte. Personne ne m'avait encore jamais fait physiquement du mal -même aussi petit qu'une bousculade- et ça m'a fait un choc. Me faire bousculer, ça faisait encore plus mal que tout les mots de la terre, parce que je réalisais que tout ce que j'avais vécu jusqu'à maintenant n'étais rien par rapport au mal qu'on pouvait me faire.
Les gens on de l'imagination pour faire souffrir les autres, ils s'y prennent comme des génies. Ils ne font rien d'assez grave pour qu'on puisse les punir, mais ils se réunissent en groupe et se répartissent les tâches : l'un me bouscule, l'autre m'insulte, l'une m'écrase le pied, l'autre dissémine des insultes dans les cahiers de Luna... Au final, bien sur, on ne peut rien dire, on ne peut pas aller se plaindre au professeur : je ne vais pas dénoncer quelqu'un pour une simple bousculade ? Ils attaquent petit bout par petit bout, pour qu'on s'habitue de petit à petit à supporter tout et n'importe quoi. La premier insulte fait mal, mais à la centième je ne ressent plus rien. Et comme ils s'en rendent compte, ils vont plus loin : ils crient jusqu'a ce que j'apprenne à ignorer, frappent jusqu'à ce que j'apprenne à subir. C'est terrifiant dans un sens. Mais ce n'est pas pour moi que j'ai le plus peur, c'est pour Luna. Je sais qu'elle est très courageuse. Les insultes elle les subit depuis bien plus longtemps que moi mais... j'ai tout de même l'impression qu'elle ne tiendras pas si on lui fait encore du mal, surtout en ce moment, avec tout ce qui se passe. J'ai peur...
Hermione et Neville sont là en même temps. On se serre les coudes... enfin Neville me soutient, il s'arrange pour me faire un sourire ou une blague dès qu'il en a l'occasion, il a voulu parler de tout ça avec McGonnagall mais je l'en ai empêcher. Je suis une Gryffondor, je suis courageuse, je ne veux pas aller dénoncer les autres, et puis, après tout, c'est peut être moi qui suis trop sensible, ce que me font les autres n'est peut être pas si grave ? Ce ne sont que des insultes et des bousculades, ça arrive à tout le monde... non ?
Hermione essaye de me soutenir, de loin, mais je vois bien que c'est dur pour elle aussi. Ils sont moins méchants avec elle j'ai l'impression... peut-être parce qu'ils considèrent qu'elle a été l'une des grandes héroïnes dans la guerre contre Voldemort ? Je la vois parfois scruter d'un oeil à la fois triste et colérique la table des Serpentard, là où est assise Pansy Parkinson. Foutue Parkinson. C'est à cause d'elle tout ça.
Je n'ai pas de nouvelles de Papa et Maman pour l'instant, je ne sais pas si ils vont bien... s'ils savent pour moi et Luna. J'ai peur de leurs demander... Je sais bien qu'ils n'ont rien dit à Hermione quand ils ont sut pour elle mais... moi... c'est different, je suis leurs fille. J'aurais voulu qu'ils ne sachent jamais. Des fois c'est juste moi que je déteste, de ne pas être tombé amoureuse d'un garçon. J'aime bien les garçons en plus... mais je préfère Luna... pourquoi a-t-il fallut qu'elle soit une fille ? Je les déteste tous, vraiment. Et je me déteste un peu aussi d'aimer Luna, de ne pas être assez forte pour supporter leurs insultes et d'avoir cédé au chantage de Pansy Parkinson. En fait, je crois que j'aurais dut faire rater à Hermione ces examens, ça aurait été lâche oui, mais ça m'aurait protégé et de toute façon Hermione aurait tout rattrapé. J'aurais dut faire l'autre choix...
Je t'aime Fred, j'aimerais tellement que tu sois là. Tu m'aurais aidé, tu m'aurais écouté...
Bisous grand frère,
Ginny.
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