Vend robe de mariée... - FIN -


Note : Pour une fois, ceci n'est pas une fanfiction mais bel et bien une histoire originale :) . J'espère que cette petite fic vous plaira, bonne lecture ! 





Sourcils froncés, Clémence fixait l'annonce sans ciller depuis déjà cinq bonnes minutes.

Quand elle était petite, elle s'était maintes fois représenté le jour de son mariage. Son bouquet, sa bague, sa coiffure, son fiancé dont le visage changeait en fonction des inclinaisons de son cœur...

Et jamais, jamais elle ne se serait un jour imaginée acheter sa robe de mariée d'occasion. Mais elle convolerait en justes noces d'ici à peine 8 mois et force était de reconnaître que le budget qu'elle avait prévu de consacrer à ce grand jour fondait à une vitesse alarmante.

"Vend robe de mariée n'ayant jamais été portée."

Le titre de l'annonce était pour le moins alléchant. Penchée vers l'écran de son ordinateur, Clémence lut les quelques lignes de textes qui s'affichaient devant elle pour la vingtième fois peut-être. Le prix proposé était plus qu'abordable, et surtout bien moins important que tout ce qu'elle ne pourrait jamais obtenir en magasin. Au vu des photographies qu'elle faisait avidement défiler sous ses yeux, l'excellent état de la robe ne faisait que confirmer ce qui était annoncé.

Une robe neuve, n'ayant jamais servi, vendue à un prix dérisoire et disponible à à peine une heure de route de chez elle.

Faisant machinalement tourner son téléphone entre ses doigts, Clémence se mordit la lèvre inférieure.

Jamais elle ne s'était imaginée acheter sa robe de mariée d'occasion.

Mais d'autre part, jamais elle ne reverrait une offre pareille.

Sans compter le fait qu'un simple coup de fil ne l'engageait à rien. Elle pouvait tout à fait se rendre sur place et se rendre compte d'elle-même si l'affaire en valait la peine. Et si la robe ne lui convenait pas, libre à elle de remercier aimablement les vendeurs de lui avoir consacré un peu de leur temps et de repartir chez elle les mains vides. Au final, elle n'avait absolument rien à perdre...

En une fraction de seconde, sa décision fut prise.

Regard rivé sur les coordonnées dûment inscrites au bas de l'annonce, Clémence tapa rapidement un numéro sur l'écran de son téléphone. Un bip, deux bips, et soudain, quelqu'un décrocha.

« Allô ? », articula Clémence d'une voix claire. « Je vous appelle pour la robe... »





A peine trois jours plus tard, Clémence faisait route vers la maison de la personne ayant posté l'annonce. La femme qu'elle avait eu au téléphone lui avait inspiré suffisamment confiance pour qu'elle se décide à se jeter à l'eau, et elle avalait désormais les kilomètres au volant de sa voiture. Les indications qui lui avaient été fournies étaient claires et précises, et Clémence n'eut guère de mal à trouver son chemin parmi les petites routes qui serpentaient le long des champs.

Enfin, au bout de tout juste une heure de route, elle se gara devant une coquette maison campagnarde. A peine était-elle descendue du véhicule que la porte du bâtiment s'ouvrit, laissant place à une petite femme blonde.

« Bonjour ! », la salua l'inconnue d'une voix flutée. « Clémence, c'est ça ? Vous venez pour la robe ? »

« Oui, c'est bien moi », répliqua la jeune femme en refermant la portière derrière elle.

« Nathalie », se présenta la nouvelle venue. « Enchantée de faire votre connaissance. « Bon », poursuivit-elle joyeusement, « J'imagine que vous n'avez pas fait tout ce chemin pour rester devant chez moi. Venez », conclut-elle avec un petit geste de la main, « je vais vous montrer la robe. »

Un sourire encourageant sur le visage, Nathalie tourna les talons et commença à se diriger vers la maison. Clémence s'exécuta diligemment, suivant son hôtesse et le léger parfum floral que cette dernière laissait dans son sillage.

Les deux jeunes femmes traversèrent un dédale de couloirs au papier peint quelque peu dépassé avant d'arriver dans une vaste pièce située sur le côté de la bâtisse. Abandonnant un instant sa visiteuse sur le pas de la porte, Nathalie se dirigea droit vers un vieux placard en bois qu'elle ouvrit dans un grincement sourd. Clémence entendit ensuite le cliquetis caractéristique d'un cintre que l'on cherche péniblement à décrocher, puis, enfin, enfin, Nathalie sortit l'objet pour lequel elle venait de faire tant de trajet.

« Et voilà ! », s'exclama la jeune femme blonde en brandissant théâtralement la robe devant elle.

Clémence ne put retenir un soupir d'admiration en voyant apparaître ce somptueux ensemble de dentelle et d'étoffe immaculées. Les rayons de soleil de cette belle journée d'hiver traversaient une fenêtre voisine pour venir tomber sur la robe, rehaussant tellement son blanc éclatant qu'elle en semblait parée d'un halo féérique. Fascinée, Clémence regarda les flaques de lumière danser sur le tissu alors que Nathalie arrangeait les plis du tissu d'une main experte.

« Je vous laisse l'admirer », lança son hôtesse en accrochant la robe à un porte-manteau voisin. « N'hésitez pas à la toucher si vous voulez, ça ne pose pas de problème. Vous verrez qu'elle est en parfait état, elle n'a jamais servi. »

Clémence s'avança timidement, le regard braqué sur la masse de tissu d'un blanc pur qui s'étalait à présent devant elle.

« Donc, vous ne l'avez jamais portée ? », lança-t-elle sans réfléchir, avant de regretter immédiatement ses paroles.

Une robe de mariée jamais portée ne pouvait être que synonyme d'histoire tragique, et son interlocutrice n'avait certainement guère envie de s'épancher devant une inconnue.

Mais à sa grande surprise, Nathalie éclata d'un rire cristallin.

« Moi ? », s'éclaffa-t-elle, agitant la main en un geste de dénégation. « Aucune chance ! C'était la robe de ma sœur. »

Alors que Clémence hochait mécaniquement la tête, partiellement soulagée seulement, Nathalie poursuivit son récit.

« Elle a toujours été un peu volage, un peu libre... Je ne sais toujours pas pourquoi elle s'est mise en tête de se marier ! C'était évident que ça ne lui conviendrait jamais... Résultat », conclut-elle avec un haussement d'épaules désabusé, « elle a abandonné son fiancé le matin même de leurs noces. Le pauvre garçon en a eu le cœur brisé. »

« C'est terrible », laissa échapper Clémence avec une compassion sincère.

« Oui », approuva la femme qui lui faisait face. « Mais quelque part, je me dis qu'il vaut mieux pour eux que ça se soit passé avant qu'ils ne soient mariés. Ça n'aurait rendu les choses que plus difficiles. »

« En effet », murmura Clémence, à présent à quelques pas seulement de la robe.

Elle en était à présent suffisamment proche pour découvrir des détails qui lui avaient échappé jusque-là. Le tissu immaculé n'était pas rehaussé que de fine dentelle et de broderies, mais également de perles blanches qui brillaient d'un éclat presque hypnotisant.

« Alors je dois être parfaitement honnête avec vous, ma sœur a déjà porté cette robe », lui confia Nathalie en s'écartant pour lui laisser le champ libre. « Mais uniquement pour des essayages ! Le mariage n'a jamais eu lieu, donc elle est restée comme neuve. »

Mais Clémence ne l'écoutait déjà plus, perdue dans la contemplation de la robe de mariée suspendue devant elle.

Elle était absolument superbe. Sans la moindre équivoque possible.

Elégamment cintrée à la taille afin de souligner au mieux la silhouette de celle qui la porterait un jour, elle s'évasait ensuite gracieusement vers le bas jusqu'à toucher le sol, donnant à l'ensemble des allures de parure de princesse.

Incapable de résister à l'envie de toucher une pareille merveille, au besoin de constater qu'un tel chef-d'œuvre était bel et bien palpable, Clémence tendit ses mains vers la robe. Comme envoutée, elle passa ses paumes le long de l'étoffe pour mieux en apprécier la texture soyeuse, suivit gracieuses circonvolutions des broderies du bout des doigts, écouta avec un hochement de tête appréciateur le doux crissement des différentes couches de tissu les unes contre les autres.

Poursuivant ses explorations, Clémence inclina délicatement la robe pour laisser les perles jouer avec les rayons du soleil. Elle se perdit rapidement dans la contemplation de ces petites billes d'un blanc argenté, dont les doux reflets irisés semblaient changer à chaque seconde et lui donnaient envie d'admirer pendant des heures ce fascinant jeu de lumières.

Avisant soudain un miroir dans un coin de la pièce, Clémence redressa brusquement la tête. Prise d'une impulsion subite, elle décrocha la splendide robe de son support et la plaqua contre elle pour admirer son reflet.

Le résultat la laissa bouche bée.

Cette magnifique tenue épousait parfaitement ses formes, comme si elle avait été taillée pour elle. Uniquement pour elle. Clémence n'avait même pas besoin de l'essayer pour le savoir.

Cette robe était extraordinaire.

Non, mieux.

Elle était parfaite.





Perdue dans la contemplation de ce vêtement dont la beauté dépassait ses rêves les plus fous, c'est à peine si Clémence nota que Nathalie s'éclipsait un instant de la pièce en s'excusant.

Elle voyait déjà dans cette robe, se projetant sans peine huits mois dans le futur. Elle imaginait le regard admiratif de son fiancé, les murmures émerveillés de la foule, la façon dont la voluptueuse masse de tissu blanc située sous sa taille accompagnerait le moindre de ses gestes...

Soudain, une voix l'arracha brusquement à sa rêverie.

« Mademoiselle ! »

Clémence tourna la tête vers l'entrée de la pièce, pour y découvrir une vieille femme qui la fixait avec une intensité presque dérangeante. L'inconnue écarta machinalement une mèche qui pendait de son chignon broussailleux, puis s'avança vers Clémence d'un pas vif.

« Nathalie ne vous a pas tout dit », lui souffla son interlocutrice d'un ton pressant. « L'ancienne propriétaire de cette robe n'est pas partie. Elle a disparu. »

« Pardon ? », s'exclama Clémence

« Elle a disparu. Envolée, évaporée ! », martela la veille femme en plongeant ses petits yeux noirs dans ceux de son interlocutrice. « Elle est restée un moment seule dans sa chambre après avoir mis sa robe, et quand on est venu la chercher, personne ! Elle n'était plus là ! Il ne restait que sa robe sur le plancher, et plus personne ne l'a jamais revue ! Je vous en supplie, mademoiselle, n'achetez pas cette robe ! », l'implora-t-elle avec un désespoir presque poignant. « Elle est maudite ! Elle m'a pris ma fille, et elle vous prendra aussi si par malheur vous la portez ! »

Une seconde voix interrompit soudain la diatribe de l'inconnue.

« Maman ! », s'exclama Nathalie depuis le pas de la porte.

« Nathalie », commença la vieille femme, visiblement bouleversée. « Je... »

« Arrête de raconter des sottises », la coupa sa fille d'un ton sec, tout en l'empoignant fermement par le bras pour l'entrainer en-dehors de la pièce.

Dès que sa mère eut franchi le seuil, Nathalie referma vivement la porte et se tourna vers Clémence en lui jetant un regard d'excuse.

« Je suis désolée... », commença-t-elle d'une voix contrite, les joues rouges de gêne. « Ma mère est complètement sénile. Le départ de ma sœur l'a beaucoup choquée, et avec son grand âge, vous comprenez... »

Poussa un lourd soupir, Nathalie se passa lentement la main sur son visage.

« Enfin bref, ne faites pas attention à elle », reprit-elle avec un sourire désolé. « Elle... Elle n'a plus toute sa tête. C'est triste à dire, mais c'est comme ça... J'espère qu'elle ne vous a pas importuné ? »

« Non, non », affirma précipitamment Clémence. « Tout va bien, je vous assure. »

« Vous me rassurez », soupira Nathalie, clairement soulagée. « Et donc, pour la robe ? Elle vous intéresse ? »

Pour Clémence, la question ne se posait même pas.

« Oui, répliqua-t-elle aussitôt. Je la prends. »





Les mois suivants filèrent à la vitesse de l'éclair. Clémence avait l'impression que le temps s'écoulait de plus en plus rapidement à mesure que la date fatidique approchait, jusqu'à ce que les jours se mettent à défiler si vite qu'elle aurait pu jurer que les heures avaient rétréci.

Puis enfin, enfin, le grand jour arriva.

Tout était prêt, ne restait plus à Clémence qu'à mettre cette robe de mariée qui l'avait envoûtée dès le premier regard. Ce n'était certes pas l'envie qui lui manquait. La jeune femme avait sorti cette merveilleuse tenue des dizaines de fois déjà, passant tant et tant d'heures à la contempler qu'elle connaissait désormais l'emplacement de la moindre perle ou le dessin de la plus infime broderie.

Cette robe d'une beauté onirique était l'incarnation d'un rêve, le point d'orgue de tout ce qu'avait jamais espéré Clémence pour son mariage.

Lingerie, chaussures et jupon furent enfilés en un temps record. Les demoiselles d'honneur de Clémence finirent ensuite de l'habiller avec mille précautions, suivant avec attention les instructions de la reine du jour qui tenait à ce que rien ne vienne gâcher cet instant magique.

Puis quand elle fut enfin prête, Clémence remercia ses proches et leur demanda aimablement de quitter la pièce. Officiellement, il s'agissait juste de leur permettre d'aller chercher ses dernières affaires et de leur laisser tout le loisir de commencer à s'occuper des premiers invités. Officieusement, Clémence voulait profiter de l'instant unique qu'elle passerait avec cette fabuleuse robe qui l'avait tant fait rêver.

Un sourire radieux aux lèvres, la jeune fille tourna sur elle-même pour admirer une fois encore son reflet dans le miroir.

Elle ne se laissait pas de contempler la façon dont le tissu immaculé épousait les moindres courbes de son buste, comment il flattait le galbe délicat de ses épaules, ni la manière dont la robe s'évasait depuis sa taille, partant en corolle tels des pétales de fleurs d'un blanc éclatant.

Tout était parfait.

Dehors, le soleil brillait dans un ciel d'un bleu pur et les températures étaient d'une douceur exquise. A peine quelques mètres en contrebas de la rue, les invités commençaient déjà à se rassembler, faisant monter dans les airs un joyeux brouhaha alors qu'ils bavardaient allègrement.

Tout était prêt, chacun était à sa place.

Ne manquait plus que la reine de la journée pour célébrer ce mariage tant attendu.

Patiemment, fiancé et invités attendirent Clémence.

Et ils attendirent, encore.

Et encore.

Et encore.

Quand finalement l'attente commença à se faire anormalement longue, ils se hâtèrent au domicile de la jeune femme. Nul ne songea un instant que quoi que ce soit de grave ait pu se produire. Après tout, Clémence n'aurait pas été la première mariée à paniquer à la dernière seconde, à remuer ciel et terre à la recherche d'une boucle d'oreille égarée en oubliant jusqu'à l'heure de son mariage, ou à rester coincée quelque part à cause d'une robe d'une ampleur défiant tout ce qu'elle avait jamais porté jusque-là.

Mais lorsqu'ils ouvrirent la porte derrière laquelle aurait dû se trouver la future mariée, ils ne trouvèrent qu'une pièce vide.

Pas la moindre trace de Clémence.

Et au pied son miroir reposait délicatement sa belle robe de mariée. 



*** FIN *** 



Note : Voilà, c'est fini pour cette petite histoire ! C'est ma première fic originale, j'espère qu'elle vous aura plu. De mon côté ça fait bizarre d'écrire autre chose que des fanfics ! J'appréhendais un peu en fait, du coup j'ai choisi de commencer par le projet le plus court parmi ceux que j'ai en tête xD . 

Et pour la petite histoire, j'avais déjà écrit une première version de cette fic il y a des années, mais je l'ai perdue depuis presque aussi longtemps x) . Je ne me rappelle pas des détails mais je me souvenais de la chute de l'histoire et comme je l'aimais bien, j'ai tout refait. 

Voilà, merci de m'avoir lue et à une prochaine ! 

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