Chapitre 4

Kiona, Stella et Linzi émettent des hypothèses sur les nouveaux arrivants : de quelles sortes d'êtres s'agit-il ? En ont-elles déjà rencontré ? Vont-ils s'installer sur l'île ou sont-ils juste de passage ? Et surtout font-ils partie de l'Alcane ?

Toutes ces questions ne devraient pas tarder à trouver les réponses, car Linzi aperçoit les étrangers. Ils arrivent sous bonne escorte et il les difficile de les distinguer correctement.
Par contre, on ne peut pas rater le père de Kiona et son air contrarié à l'avant du petit groupe.

— Taisez-vous ! Les voilà ! les prévient Linzi à voix basse.

Les deux autres jeunes femmes se retournent, curieuses de voir à quoi ils ressemblent.

Toutes les trois les observent s'approcher et se lancent entre elles des coups d'oeil dubitatifs.

Lorsque le groupe se disperse et laisse apparaître l'homme porté sur un brancard de fortune, elles sont encore plus interloquées. Cela n'annonce rien de bon sur ce qu'il se passe hors de cette île. Kiona dénombre quatre nouveaux venus. Le blessé, deux hommes et une femme. Elle se demande pour quelles raisons ils ont échoué ici au lieu de rejoindre un détachement de la résistance.

De ce que leur ont raconté les derniers êtres venus sur l'île et qui faisaient partie de l'Alcane, celle-ci est divisée en plusieurs bataillons répartis sur le continent à des endroits stratégiques.
Ces êtres étaient arrivés sur l'île suite à une mauvaise rencontre alors qu'ils naviguaient sur l'Etiendo. Ils avaient été contraints de changer de direction et fendre les flots à l'aveugle.

Le corps de Linzi est parcouru par un frisson d'angoisse. Elle ne peut s'empêcher de se dire que cette scène, elle pourrait la vivre avec Stella ou Kiona sur le brancard si elles réussissent à rejoindre le continent. Sa grand-mère et ses deux amies sont pour elle sa seule famille.

Elles continuent de les suivre du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans la fuste dédié aux blessés.

— Ce sont des Chyrikas, déclare Zilia presque soulagée.

— Comment peux-tu le savoir ? s'étonne Kiona.

— Je reconnais le costaud, il est aussi balafré au visage. Il est venu plusieurs fois au Royaume de Muncan accompagnant leur chef, explique-t-elle. Si je ne me trompe pas, il en est le bras droit et personnellement, il me fait froid dans le dos.

— Que faisaient-ils à Muncan ? demande l'Aboui, incrédule.

— Bien qu'ils ne soient pas très sociables, ce sont d'excellents bâtisseurs, explique-t-elle avec sérieux. Ce sont eux qui ont construit le château de Muncan et tout ce qu'il y a autour. Je t'en avais parlé, non ?

Kiona fronce les sourcils, l'air songeur avant de s'exclamer :

— Ah oui, je m'en souviens. Tu ne m'avais pas dit qu'ils avaient une force incroyable ? Parce qu'à vue d'œil, ils ne sont pas si impressionnants que ça. Regarde la femme, elle ne semble pas si musclée.

— Détrompe-toi Kiona, la reprend Stella, chacun d'eux peut briser un rocher à mains nues s'il en a envie. De plus, comme pour les Abouis, ils ont le don de guérison.

— Pourquoi ont-ils un blessé alors ? demande la jeune femme incrédule.

— Ça, je n'en sais rien, admet-elle, mais ce que je sais, c'est que contrairement à vous, leur don de guérison ne fonctionne que pour eux même. Ils ne peuvent pas le partager.

Kiona fixe la porte derrière laquelle les Chyrikas ont disparus en compagnie de son père et Solon. Ce peuple lui semble si étrange. Elle a entendu tant d'histoires sur eux. De mauvaises histoires. Pourtant elle trouve qu'ils n'ont rien d'inquiétant à première vue. Ils lui ont été décrits comme des êtres abominables. Des chasseurs d'Abouis. On raconte que lors des cent Lunes Rouges, ils ont à eux seuls décimés près des trois-quarts de son peuple.

C'est ce que les anciens tenaient pour récit et cela est conté aux enfants des Abouis dès leur plus jeune âge. Il est d'ailleurs interdit de s'approcher d'un Chyrika sous peine de mise en exil par le Meneur.

Au même moment, dans la cabane, Ashkii se penche sur Ahiga afin de l'examiner.
Le père d'Aron est au plus mal. Sa respiration est à peine audible et ses battements de cœur sont quasiment imperceptibles. Il est vraiment proche de la mort, il va falloir faire vite.

L'Aboui coupe le bandage situé sous les côtes du Chyrika afin d'avoir accès à la plaie, non sans jeter un œil mauvais à l'adage tatoué en vieux Soran sur son torse. Il sait très bien le retranscrire : "La faiblesse n'existe que pour autrui".
Mais à ce moment précis, il a besoin de concentration, le temps est compté s'il veut réussir à le sauver. Alors, même si cet être ne lui est pas inconnu et que leurs rapports ne sont pas au beau fixe, il ne veut pas être tenu pour responsable de son trépas. Il se demande même si Munco ne l'a pas chargé de cette mission avec cette idée derrière la tête.

"Ahiga, si je ne te laisse pas mourir, c'est simplement en la mémoire de Mahala.", pense-t-il en son for intérieur.

Le visage d'Ashkii grimace de répulsion lorsqu'il voit l'entaille et l'exhalaison nauséabonde lui donne la nausée. Celle-ci, située juste sous les côtes d'Ahiga, est profonde et purulente. La peau est noircie tout autour sur au moins deux pouces.
Ashkii repositionne le bandage et retient son souffle. Il ne doit rien laisser paraître. Il n'est sûr de rien, seulement, il ne pense pas que ce genre d'infection avec les tissus nécrosés de cette manière est dû à un poison quelconque.

—De quelle sorte de poison était imprégnée la lame ? demande-t-il au Chyrikas.

— Comment veux-tu qu'on le sache Aboui, rétorque Bidzil. C'est la première fois qu'un poison a un tel effet sur l'un des nôtres.

Ashkii charge Solon d'aller chercher Jacy. Elle seule pourra lui confirmer sa supposition. Les Chyrikas méfiants restent silencieux et attendent la venue de Jacy.

Heureusement, la Muncanienne n'était pas loin et arrive rapidement. Ashkii lui fait signe de s'approcher et relève le bandage. Jacy lâche un cri de stupeur à la vue de la blessure.

— Par Rala, comment est-ce possible ! s'exclame-t-elle.

— Tu penses à la même chose que moi, n'est-ce pas, suppose Ashkii.

— De quoi parlez-vous, s'enquiert Aron. Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

L'Aboui se pince les lèvres.

— Ce n'est pas du poison, leur annonce Jacy en se tournant vers eux. C'est de la mungiscanie.

— Pour être plus explicite, ajoute Ashkii, il s'agit de magie obscurcie.

— De la quoi ? les interroge Aron.

Bidzil vient se mettre devant lui, face à l'Aboui et la Muncannienne, l'air menaçant.

— Impossible, personne n'utilise la magie obscurcie, pas même Abran. Vous mentez !

— Regarde, lui dit Ashkii en soulevant le bandage. Tu crois que si c'était du poison, sa plaie ressemblerait à ça !

Les épaules de Bidzil s'affaissent lentement. Il n'arrive pas à y croire, pourtant la laideur de la blessure ne laisse presque aucune place au doute. Elle ressemble bien à celles décrites dans les légendes. Cependant, la Mungiscanie est censée avoir été anéantie lors de l'édification des frontières en même temps que ceux qui l'ont créé. C'est incompréhensible pour le bras droit du Chef des Chyrikas.

— Vous pouvez m'expliquer ! s'insurge Aron.

— Viens voir par toi-même, mon garçon, lui propose Ashkii.

Il vient jeter un œil sur la plaie et un haut-le-cœur vient lui percuter l'œsophage de plein fouet. La vue et l'odeur sont immondes.

Erika reste de marbre et respire à peine, l'air devenant de plus en plus pestilentiel. Elle n'a rien vu, mais son esprit se charge d'imaginer pour elle.

— Il faut prévenir Munco, lance Solon. C'est à lui de s'en occuper !

— Nous n'avons plus le temps, s'il n'est pas encore mort, c'est seulement grâce à son don de guérison et nous ne savons pas combien de temps son corps continuera de lutter, indique Ashkii, son front plissé par la réflexion.

Lui et Jacy vont devoir unir leur don en espérant que cela soit suffisant.

— Jacy, tu es une Mucanienne puissante et j'ai appris la concentration profonde pour entre-autre soigner de la magie obscurcie. À nous deux, nous devrions y arriver.

Elle fixe Ashkii dans les yeux avec intensité. Elle connaît l'incantation pour affaiblir cette chose, mais elle n'est pas certaine que ça suffira. Elle s'adresse aux trois Chyrikas sans quitter l'Aboui du regard :

— Sachez que nous ne pouvons rien vous promettre.

Aron jette un regard à Bidzil avant de répondre :

— Si vous ne faites rien, c'est certain qu'il mourra, non ?

Il prononce cette phrase plus comme une certitude que comme une question.

La dame âgée acquiesce d'un geste de la tête. Ashkii fait de même.

— Alors, tentez de le sauver.

Jacy pose sa paume sur le front d'Ahiga. Il est brûlant.

— Otune tunoui ide ila, commence-t-elle à réciter d'une voix monotone.

Elle continue de prononcer ses mots avec de plus en plus de conviction dans la voix :

— Otune tunoui ide ila.

Au fur et à mesure qu'elle répète l'incantation, ses yeux se révulsent et son corps commence à trembler.

C'est le moment pour Ashkii d'agir. Il prend une profonde inspiration faisant abstraction de l'odeur putride et positionne ses mains au-dessus de l'entaille. Il ferme les yeux et entre en transe. Contrairement à d'ordinaires, l'extraction de la mungiscanie demande une ataraxie difficile à atteindre.
Les Abouis de sa génération ont appris cette pratique, bien que la magie obscurcie est censée avoir disparu depuis des centaines de lunes noires. Par excès de prudence ou par simple habitude, Ashkii n'a jamais su. Au contraire de sa fille, elle ne connaît pas cette pratique. D'ailleurs, elle ne sait même pas que la mungiscanie a existé et apparemment existe encore.

Aron et Erika ne quittent pas l'Aboui et la Mucanienne des yeux et observent leurs moindres faits et gestes, mais pas avec la même attention que Bidzil. Celui-ci surveille qu'Ashkii ne tentera rien contre son Chef. Il sait l'animosité qu'il nourrit envers lui.

"Rala, je sais que beaucoup d'entre nous ont perdu foi en toi, mais si tu veilles vraiment sur nous, alors fais que cet Aboui et cette vieille femme puissent ramener mon père à mes côtés. Je sais que je ne suis pas le fils qu'il espérait, mais il reste mon père" prie Aron pour lui même, la gorge serrée.

Soudain, le jeune homme écarquille les yeux alors qu'un fluide vaporeux s'extirpe doucement de l'entaille et reste en suspension entre les mains d'Ashkii et le flanc d'Ahiga. Un cri strident semblant venir d'outre-tombe fait sursauter les trois Chyrikas et Solon.

— Solon, donne moi un récipient en verre avec un bouchon, ordonne Ashkii d'une voix éraillée. Dépêche-toi !

Il ne résistera pas longtemps au pouvoir entre ses mains. Celui-ci se débat sans relâche. Cela ne se voit pas à l'œil nu, mais Ashkii le ressent et peine à le garder sous contrôle.

Solon positionne un récipient sous l'effluve en prenant garde de ne pas le toucher.

Ashkii a la sensation d'avoir les paumes transpercées par des milliers d'épines et ses doigts bleuissent. Il souffre atrocement et résiste avec difficulté. Il peine à la contenir et pousse des râles, mais finalement parvient à emprisonner la mungiscanie à l'intérieur du flacon.

Le fluide se débat et tape contre les parois. En vain.

Jacy se tient au sommier du lit. Aron attrape une chaise et lui amène. Elle s'y affale, épuisée.
Ashkii ouvre et ferme ses mains dont la douleur s'estompe doucement. Il a vraiment cru ne pas y arriver. Il sentait le mal s'immiscer dans son esprit et cette expérience est l'une des plus horribles de sa vie.

— Nous avons enlevé la mungiscanie, maintenant son propre don de guérison devrait prendre le relais, leur explique-t-il en les dévisageant d'un air mauvais.

— J'espère pour toi que tu dis vrai, Aboui, l'avertit l'homme balafré de sa voix bourrue.

Ashkii parvient à garder son calme sous le poids de ses muscles raidis par l'exaspération que lui inspire par Bidzil.

— Cela va sûrement prendre quelques jours avant qu'il ne se réveille, son esprit a été touché, le prévient-il sur un ton amer, mais je pense pouvoir me porter garant de son rétablissement.

Ashkii et le Chyrika se défient du regard. Aucun des deux n'est prêt à le baisser en premier et la tension est palpable. Solon en profite alors, afin de mener à bien la mission confiée un peu plus tôt par Munco et s'interpose entre eux, le dos tourné à Ashkii :

— En attendant, je vous propose de me suivre afin de vous faire visiter notre lieu de vie et ensuite vous ravitailler. Vous devez être mort de faim.

Bidzil refuse. Il préfère rester aux côtés de son Seigneur et le veiller. Aron et Erika acceptent, surtout pour un bon repas.
Avant de sortir, Solon attrape une tunique et la tend au fils d'Ahiga.

— Un peu de pudeur ne sera pas de trop, lui précise-t-il.

Aron l'enfile tant bien que mal. À l'étroit, il prend le col en V dans ses mains de chaque côté et tire d'un coup sec. Presque entièrement ouverte sur le devant, elle est plus ajustée à sa carrure. Quelques fils s'échappent ici ou là, mais au moins il peut respirer sans se sentir oppressé.

Solon lui lance un regard agacé, cependant il se contente de garder le silence. S'il veut obtenir des informations pour Munco, il se doit réfréner le dégoût que lui inspire ces êtres.

À l'extérieur, des petites maisons en rondins de bois, proches les unes des autres, constituent ce village improvisé. Une poignée de jeunes adolescents sont regroupés et chuchotent entre eux sur leur passage. Un regard autoritaire de Solon dans leur direction les fait déguerpir derrière les habitations.

Erika pose ses yeux partout et reste à l'affût. Même une simple poule sur son passage a droit à un regard assassin. Lorsqu'elle aperçoit les trois jeunes femmes qui les scrutent, elle s'adresse à l'Aboui sur un ton tranchant :

— C'est qui, elles ?

Elle désigne les observatrices d'un geste brut de la tête. Son devoir, ici, est de protéger Aron et elle se doit de savoir à qui elle à affaire. De plus, Aron pourrait se laisser distraire par des jeunes femmes en quête de nouvelles sensations et il se laisserait facilement embobiner par n'importe laquelle.

Elle ne se rend pas compte qu'elle les dévisage avec mépris. Aron, lui s'en aperçoit et la désapprouve d'un coup de coude. Ils ne peuvent se permettre de faire de ces êtres leurs ennemis. Ils viennent probablement de sauver son père et leur offrent l'hospitalité. Mauvaise, le visage d'Erika se renfrogne sous le coup. Peut-être qu'une pointe de jalousie joue un mauvais rôle et lui brouille quelque peu l'esprit sur la menace qu'elles peuvent représenter.

— La plus jolie est ma future Narane. C'est la petite fille de notre meneur, indique-t-il fièrement. Les deux autres, des Mucaniennes, sans intérêt.

Aron les regarde et tout en faisant tournoyer sa chevalière autour de son doigt. Il se demande laquelle est la future être de vie de leur guide jusqu'à ce que celui-ci l'appelle :

— Kiona, vient, ma chérie, que je te présente.

La fille d'Ashkii se détache de ses amies et se dirige vers eux. Dans sa tête, les idées se bousculent. Elle voit là, une occasion inespérée de faire connaissance avec ces Chyrikas et surtout d'en savoir plus sur leur projet.

De plus en plus proche, elle les distingue davantage. La jeune femme n'est effectivement pas très épaisse, mais le bandeau qui couvre juste sa poitrine laisse apparaître des abdominaux bien développés. Quant au jeune homme aux cheveux noirs ébène, il est intimidant, bien musclé et grand, il parait indestructible. Sa tunique déchirée sur le devant, laisse entrevoir son torse et une cicatrice semble s'y dessiner au milieu puis disparaît à sa gauche sous le tissu. Solon à côté semble faible, pourtant, il n'est pas en reste physiquement, mais il ne dégage pas la même aura.

Aron a sa réponse. Cette jeune femme blonde est la future Narane dont l'Aboui est si fier. C'est aussi elle, la petite fille du Meneur.
Il la suit des yeux. Habillée d'une robe marron dont le bustier aux manches longues ne dévoile rien de sa poitrine, mais laisse ses épaules découvertes, elle marche avec grâce et le bas plissé et évasé flotte avec élégance autour de ses jambes.
Elle est ravissante, il ne peut pas dire le contraire et comprend pourquoi l'Aboui qui les guide est si fier de devenir son être de vie.
Aron se fait surprendre par l'intervention d'Ashkii venant de sortir de la fuste.

— Solon ! Il n'y a aucune raison de les présenter ! s'insurge le père de Kiona qui ne cache pas son mécontentement. Ils ne resteront pas longtemps sur l'île et repartiront d'ici peu.

D'un hochement sec de la tête, il fait signe à sa fille de repartir d'où elle vient. Ce qu'elle fait à contrecœur, car dans ces Chyrikas, nouveaux venus, elle place un certain espoir de partir d'ici. Peut-être parviendra-t-elle à négocier avec eux pour qu'ils l'emmènent. Elle est consciente que ce ne sera pas chose facile et qu'elle pourrait faire face à la colère de son grand-père, mais pour retrouver sa mère, elle est prête à tout, même à pactiser avec un peuple ennemi au sien en temps normal.

— Ce n'était que de la politesse, Ashkii, s'excuse faussement Solon. Je ne pensais pas à mal.

— Je sais, mon garçon, se radoucit le père de Kiona.

Solon invite les Chyrikas à le suivre avant de se tourner vers sa Narane un sourire navré sur les lèvres. Lui, qui est si fier d'avoir obtenu le privilège d'être son futur être de vie, est déçu de ne pas pouvoir s'en vanter.

Kiona revient auprès de ses deux amies, la mine renfrognée.

— Ben alors, tu as pris peur ? ironise Stella.

— Non, répond la jeune femme sur un ton râleur, mon père ne m'a pas laissé le temps de les approcher. Chyrikas ou pas, ils sont contre le Roi Abran !

— Et contre les Abouis, je te rappelle, dit Linzi.

Elle s'assied sur une des grosses pierres à proximité, abattue par l'attitude de son père qu'elle comprend, mais ne justifie pas. Le passé ne devrait plus interférer dans le présent. Les temps actuels sont basés sur l'entraide, la preuve en est, il a soigné l'un d'eux. Ne serait-il pas temps d'enterrer la hache de guerre entre leurs peuples.
D'ailleurs, elle se demande de quoi il a dû le guérir. Ça devait être très éprouvant, car elle a bien remarqué que les traits du visage de son père étaient tirés de fatigue.

— Tu auras d'autres occasions, tempère Linzi.

"Le plus tard possible" pense-t-elle au fond d'elle-même. Lorsque que Kiona parviendra à trouver un moyen de partir d'ici cela signifiera que sa bien-aimée prendra, elle aussi, le large pour rejoindre le continent.

Kiona ne s'avoue pas vaincue. Elle ne se découragera pas et parviendra à approcher ces Chyrikas d'une façon ou d'une autre. Elle doit savoir de quoi il en retourne et apprendre ce qu'ils comptent faire par la suite. Il faut qu'elle trouve un moyen pour les convaincre de l'emmener avec eux. Ils se battent pour la même cause, pourquoi refuseraient-ils. Mais il y a autre chose qu'elle veut découvrir. De quoi était atteint le Chyrika et pourquoi son père lui a paru si épuisé.

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