Chapitre 14
Linzi comme les trois autres dévore son assiette : du poisson frit accompagné de racines diverses. Elle en a reconnu quelques-unes, mais ne s'est pas attardée à les énumérer.
Elle a un tout autre objectif. Elle cherche du regard, si d'éventuels Muncaniens sont présents dans la pièce.
À son grand regret, il n'y en a pas. En tant que nouvelle Régente du don, elle aurait aimé en rencontrer et les rallier à elle. Bien que déçue, elle est persuadée que des Muncaniens font partie de la résistance et qu'elle pourra se joindre à eux pour récupérer le Royaume de Muncan.
Le Dounsan coule dans ses veines, elle le ressent avec intensité. Il est devenu son guide. Un guide très puissant qu'elle ne parvient pas à contrôler.
Kiona enlève discrètement une arête du morceau qu'elle était en train de mâcher. Malgré ce genre de désagréments, elle se délecte et trouve le met délicieux. La jeune femme ressent encore la fatigue et son corps lui fait ressentir.
Elle jette un coup d'œil à l'extérieur et aperçoit des oiseaux qui se poursuivent entre eux. Ils montent haut dans le ciel et redescendent à toute vitesse en faisant des cabrioles. La jeune femme est émerveillée. Elle n'en a pas vu depuis leur départ du continent. Sur l'île où elle était réfugiée, les Avemagos ont détruit toute trace de vie terrestre, seul les animaux vivant sous l'eau ont été en partie épargnés.
Soudain, elle ressent comme une présence derrière la fenêtre. Elle fouille l'extérieur du regard, mais ne voit pas l'ombre d'un être. Kiona pose alors sa main sur le verre. Il est froid alors que les rayons du soleil passent au travers. La jeune femme perçoit une sensation étrange. Elle en est sûre, quelqu'un les observe, mais elle est incapable de le prouver. Envahie par un sentiment d'insécurité, elle s'apprête à avertir ses amis, mais Aron l'en empêche sans le vouloir.
— Tenant, appelle Aron attirant l'attention des trois jeunes femmes à sa table.
L'Igum dévisage le Chyrika avant de rejoindre leur table.
— Quelque chose vous a déplu dans le plat, mon garçon ?
— Non, au contraire. D'ailleurs, si je croise le chef, je le féliciterai. Il a réussi à me faire apprécier des racines. (Il adresse un sourire courtois au tenant.) J'aimerais savoir si cela serait possible que nous passions la nuit ici.
L'Igum se retourne vers le comptoir un court instant avant d'opiner du chef discrètement puis reporte son regard sur Aron.
— Il nous reste deux chambres de deux, mais elles ne seront disponibles qu'après le repas du soir.
— Aucun problème. Nous attendrons et (Il attrape son sac et y fourre sa main.) vous pouvez compter nos quatre repas pour ce soir.
Il retire son poing de sa besace et fait glisser de ses doigts cinq rond d'or sur la table.
— Cela sera suffisant ?
— À vrai dire, c'est même trop, jeune homme, s'étonne l'Igum.
Aron pousse les pincas vers le tenant et hoche la tête afin qu'il les accepte sans poser de questions.
Ce qu'il fait. Il acquiesce légèrement de la tête en guise de remerciements avant de repartir. Il s'arrête à une table voisine pour la débarrasser et Kiona l'entend marmonner, mais ne comprend pas ce qu'il dit. Comme il semble bougon de nature, elle ne s'y attarde pas.
— Pourquoi veux-tu que nous dormions ici ? s'insurge Linzi la mâchoire serrée. Nous perdons du temps et il me faut retrouver mon peuple pour mener bataille.
— Évite de parler trop fort, on pourrait t'entendre ! la reprend Aron nerveusement. Si nous partons maintenant, nous serons obligés de dormir dehors et ça serait bien trop risqué !
La jeune femme, vexée de cette remise en place, quitte la table. Stella sur ses talons.
— Aron, que va-t-il advenir de mon amie ?
— Rien de bien méchant, ma bichette. Elle va devenir ce pourquoi elle est née.
— Tu sais si elle va redevenir comme avant ?
— Je suis un Chyrika, pas un Muncanien, lui répond-t-il sèchement. Ce que je sais en revanche, c'est que la relation qu'elle entretient avec Stella ne lui apportera que des problèmes.
— Que racontes-tu ? Quelle relation ? feint la jeune femme.
Aron se lève et la toise du regard.
— Ne me prends pas pour plus bête que je ne suis, Kiona.
Remarquant l'air inquiet qu'elle affiche, il poursuit sur un ton moins dure :
— Ne t'en fais pas. Je ne dirai rien, mais il serait préférable qu'elles soient plus discrètes. Si moi, je m'en suis rendu compte, d'autres le pourrait aussi et au vu du rang qu'occupe Linzi, cela pourrait virer au désastre peut-être même les mener tout droit vers une mort prématurée si des Muncaniens venaient à l'apprendre.
Kiona reste silencieuse et hausse légèrement les épaules. Elle continue de faire comme si elle n'était au courant de rien.
À l'extérieur, Stella rattrape sa bien-aimée. Elle lui agrippe le poignet et l'oblige à se tourner vers elle.
— Linzi !
La jeune femme baisse les yeux sur la main de son amie refermée sur sa peau, furieuse.
— Lâche-moi, ordonne-t-elle.
Stella s'exécute, mais ne compte pas en rester là.
— Ma douce, l'appelle-t-elle d'une voix emplie de tendresse. Je ne peux pas croire que le Dounsan t'as fait changer à ce point.
— J'ai été promue Régente du don et je dois faire ce qu'il en incombe ! s'exclame Linzi. C'est ma destinée !
Le visage de la jeune femme brune se décompose. Des larmes embuent sa vision.
— Et nous ! Que devenons-nous ?
La jeune femme aux cheveux de la couleur du feu reste impassible.
Stella prend une grande inspiration et écrase ses les lèvres sur celles de sa bien-aimée. Elle tient fermement son visage entre les paumes de sa main.
Linzi prise de court tente de se défaire de ce qu'elle considère être une agression quand soudain, envahie d'un bien-être mystérieux, elle se laisse porter par la douceur du baiser.
Des images de leur bonheur passé lui traversent l'esprit. L'amour ressenti à l'égard de Stella rejaillit du fond de son cœur. Elle perçoit le Dousnan dans son esprit s'adoucir.
Quant à Stella, son sang bouillonne et elle prend conscience que le Dounsan pénètre dans son âme. Elle tente un court instant de le repousser avant de s'y abandonner complètement. Une vague de chaleur la submerge et met tous ses sens en émois. Elle desserre l'étreinte de ses doigts sur le visage de sa bien-aimée.
Linzi la pousse contre un arbre et approfondi ce baiser. Elle embrasse ensuite avec avidité son cou puis le haut de sa poitrine.
— Merci, murmure Stella. Merci de partager le Dounsan avec moi.
La jeune femme rousse enivrée par ce retour de flammes est incapable de répondre si ce n'est par un sourire heureux et des caresses.
L'amour qu'elles se portent l'une à l'autre a suffit pour que le Dounsan se laisse convaincre d'être séparé en deux. Il le sait, il ne sera toujours qu'un.
Des craquements de branches mettent fin à cet échange langoureux. Les battements de cœur des deux jeunes femmes s'accélèrent alors qu'un petit écureuil surgit de derrière un buisson et les fixe.
Stella pose sa main avec délicatesse sur la joue de Linzi.
— Ce n'est qu'un simple écureuil trop curieux, sourit-elle.
Linzi lui rend son sourire et prend sa main. Elle vient murmurer à son oreille :
— Allons retrouver Kiona, nous finirons ce que nous avons commencé ce soir à l'abri des regards.
Ses yeux brillent d'envie lorsqu'elle dépose un baiser sur les lèvres de Stella.
Elles partent retrouver Kiona et Aron. Ceux-ci les attendent devant l'auberge.
— Je suis persuadé que toutes les trois apprécierez de vous détendre dans une rivière et de vous sentir moins poisseuses, non ?
Les jeunes femmes s'en languissent d'avance et approuvent en chœur.
— Alors, suivez-moi, ce n'est pas très loin.
Kiona a une montée d'inquiétude. Elle se sent encore observée, mais Stella et Linzi viennent chacune lui prendre un bras et l'entraînent à la suite d'Aron.
Alors qu'ils se sont arrêtés, Jehiel et Ashkii ont pris place à l'écart du groupe. Le père de Kiona a choisi d'être sincère et d'expliquer les vraies raisons de leur venue sur le continent.
— Tout ce que tu viens de me raconter, me laisse sans voix. Et je m'engage à ce que la résistance vous vienne en aide pour retrouver ta fille. (Il prend une brindille au sol et la casse en deux.) Mais je ne pardonnerai pas à Munco d'avoir fui. Qu'il te mette à l'abri avec ta fille c'est une chose, mais il nous a abandonnés sous ce faux prétexte ! Il aurait dû revenir pour mener bataille.
— J'aurais dû moi aussi, se désole Ashkii.
Jehiel balance doucement sa tête de gauche à droite.
— Non, mon frère. Ton devoir était de veiller sur ta fille, pas celui de notre meneur.
Il jette un regard à Ahiga, debout, adossé contre un arbre, seul.
— Lui, qu'importe ce qu'il est et l'animosité qu'il nourrit envers nous, il a mis les siens à l'abri et a mené bataille avec ses guerriers. Ça, c'est un vrai meneur à mes yeux. Les Chyrikas sont ce qu'ils sont. Je les hais, mais ils savent se battre pour les leurs contrairement à nous.
Il se relève soudainement et tend une main aidante à Ashkii.
— Maintenant, ce n'est plus le cas. Les Abouis que tu vois là, se sont engagés dans la résistance, car défendre les nôtres et reprendre possession de nos terres sont ce qui importe le plus pour eux. (Son regard, plongé dans celui d'Ashkii, brille de fierté.) Et cela, grâce à moi, je les ai encouragés sans relâche à mettre de côté les préceptes enseignés et je continue encore.
Ashkii accepte son aide et se relève. Sourire aux lèvres, heureux de voir qu'au final, ils ont la même façon de voir les choses.
— J'approuve entièrement ta façon de diriger ces Abouis et une fois ma fille en sécurité, tu as ma parole de frère (il met ses mains sur les épaules de Jehiel) je m'engagerai à tes côtés et combattrai corps et âme pour le triomphe des Abouis et de tous les Ralans !
Il ne pouvait pas plus combler Jehiel. Une étreinte entre les deux hommes vient sceller cette entente.
Aron assis à l'ombre d'un grand arbre dont on ne distingue pas la cime, observe Kiona sous la cascade. Il tente de ne pas se rapprocher d'elle, mais il est poussé à le faire malgré lui. Elle l'attire autant qu'un poisson est attiré par un appât. Il tente de lutter contre cette attraction hors normes, cependant, il a l'impression d'être dénué de toute volonté lorsqu'elle est près de lui.
Kiona, elle, ne fait pas attention à lui, trop heureuse de voir ses amies réunies. Sur le chemin, elles lui ont confié ce qu'il s'était passé. Savoir que l'amour l'a emporté, lui redonne confiance aux apprentissages de son père.
— Donc, c'est pour partager le Dounsan que vous devez vous unir devant Rala avec votre Naran, c'est bien ça ? questionne Kiona afin de s'assurer d'avoir bien compris tout en continuant de frotter diverses pétales de fleur sur sa peau.
— C'est ce qu'on pense, oui, lui répond Linzi. En tout cas, je me sens plus légère maintenant qu'on le partage.
— J'en suis ravie Linzi. J'ai vraiment cru que tu ne serais plus jamais la même et ta façon de faire faisait froid dans le dos, avoue-t-elle reprenant place sous la cascade. Au fait, Aron sait pour vous deux.
— Quoi ? s'étonne les deux Muncaniennes en chœur.
— Il a dit qu'il garderait le secret, mais que vous devriez être plus discrètes, leur lance-t-elle.
Les deux jeunes femmes jettent un regard inquiet vers Aron, celui-ci les fixe à présent. Il leur adresse un sourire espiègle.
Elles ne savent pas quoi en penser et restent pantoises.
Quant à Kiona, elle n'y prend pas attention et penche la tête en arrière laissant vagabonder ses pensées. L'eau ruisselle sur son corps par-dessus son caleçon un peu ample descendant jusqu'au milieu des cuisses et son bandeau couvrant sa poitrine. Cela lui fait un bien fou et délasse ses muscles endoloris par la longue marche accomplie dans la journée. Les pétales ont laissé leur parfum sur son corps. C'est une délicieuse douceur pour son odorat sensible. La seule chose qu'il lui tarde à présent est de prendre place dans un lit douillet et de dormir.
Soudain, cette impression d'être observée revient. Elle jette des coups d'œil tout autour d'elle, mais à part ses amies un peu plus loin allongées dans la rivière discutant entre elles et Aron qui semble sommeiller, elle ne voit personne. Elle se décide à regagner la berge et rejoindre le jeune homme afin de lui faire part de son pressentiment.
Linzi et Stella se rendent sous la cascade à leur tour et derrière le mur d'eau en profite pour s'embrasser.
— J'ai vraiment cru t'avoir perdu, ma douce. Je ne sais pas si j'aurais pu supporter d'être à tes côtés sans qu'on soit réellement ensemble.
— C'est grâce à toi, ma belle. Lorsque tu m'as embrassé, je me suis souvenue de notre amour et (Elle la prend par la taille et la colle contre elle.) alors j'ai souhaité de toute mon âme et de tout mon cœur que le Dounsan nous unisse.
Stella lui donne un long et tendre baiser.
— Tu ne pouvais me rendre plus heureuse. Notre amour durera toujours à présent. Même s'il ne sera jamais dévoilé au grand jour.
Elle fronce les sourcils, pensive.
— Et pour Aron ? Il sait pour nous deux, c'est risqué non ?
— En vérité, je ne sais pas quoi en penser, mais si c'est vrai, tant pis. De toute façon, que veux-tu qu'on y fasse ?
— Qu'on le change en crapaud, plaisante Stella.
Toutes les deux pouffent de rire, imaginant le Chyrika en petit batracien visqueux et inoffensif.
Kiona s'assoit près d'Aron, ses cheveux châtains mouillés et sa peau, satinée par l'eau, ne laisse pas le jeune homme indifférent. Il détourne rapidement les yeux afin de ne pas se trahir.
— Aron, chuchote-t-elle comme si quelqu'un les écoutait. J'ai la sensation que nous sommes épiés.
— Ne dis pas importe quoi, si c'était le cas, je le saurai. Je ne cesse de surveiller nos arrières, s'énerve-t-il sans lui jeter un regard.
Kiona est surprise par le ton qu'il emprunte.
— Aron, qu'est-ce qu'il y a ? (Elle pose sa main sur le bras du jeune homme.) Pourquoi t'emportes-tu comme ça ?
Le Chyrika se tourne vers elle, ses iris sont pigmentés de points rougeâtres.
— Laisse-moi tranquille, d'accord ! N'essaye pas d'être amie avec moi ! Tu es une Aboui, ne l'oublies pas !
Il se lève d'un bond et part à l'écart laissant Kiona abasourdie.
Alors qu'ils s'apprêtent à reprendre la route pour rejoindre le campement de la résistance. Ahiga vient voir Jehiel.
— J'ai une requête à formuler, dit-il sur un ton grave.
— Dis-moi, je verrais ce que je peux faire, rétorque l'Aboui avec méfiance.
Ahiga n'a pas pour habitude de demander la permission. Quand il veut obtenir quelque chose, il fait ce qu'il faut, et ce, comme bon lui semble.
— Une fois arrivé, j'aimerais pouvoir rendre hommage à mon bras droit emporté par les Dlotifis.
Aucune émotion ne paraît sur son visage, comme à son habitude, il reste impassible.
Erika, aux cotés d'Ahiga, ne manifeste, elle non plus, aucune tristesse. Pourtant, de la peine, elle en ressent et cela fait bien longtemps qu'elle n'a pas eu le cœur aussi meurtri. Certes, la perte de Bidzil lui est difficile à accepter, mais le fait d'imaginer qu'il soit arrivé malheur à Aron est encore plus éprouvant. Elle connaît le fils d'Ahiga depuis toujours et elle n'est pas sûre de pouvoir surmonter la douleur s'il venait à disparaître à son tour.
— Accordé, affirme Jehiel. Nous ne pouvons refuser de commémorer les morts, qu'importe le peuple dont ils font partie.
Ahiga le remercie d'un hochement de tête et repart avec Erika. C'est bien le minimum de ce qu'il peut faire pour rendre hommage à son plus fidèle guerrier.
Aron donne plusieurs coups-de-poing dans un rocher jusqu'à ce qu'il se fende en quatre. Il s'en veut de ressentir de l'attirance pour l'Aboui et il a besoin d'évacuer. La violence et la douleur sont le seul moyen qu'il a trouvé. Il contemple ses phalanges brisées et sa main ensanglantée avant de se laisser tomber contre un arbre, essoufflé. Elle n'a rien de mieux que toutes les femmes de mon peuple. Pourquoi je ressens cela ? Rala, pourquoi me laisses-tu être si faible !
Il referme son poing blessé pas encore totalement rétabli et le serre de toutes ses forces jusqu'à ce que ses doigts se cassent une nouvelle fois à divers endroits. La souffrance qu'il s'inflige lui procure un semblant de bien-être. Un bien-être éphémère, mais il s'en accommode. C'est le seul moyen qu'il a trouvé pour soulager son âme de Chyrika.
Pendant ce temps-là, Linzi et Stella ont rejoint leur amie sur la berge. Elles discutent d'Aron.
— Il est vraiment bizarre, constate Stella. Ça doit un trait de caractère des Chyrikas. La fille qui était avec lui était, elle aussi (Elle met ses deux mains sur les côtés de son visage sans le toucher, les paumes vers l'avant et fait des gros yeux ronds.) étrange.
Les trois jeunes femmes ne peuvent empêcher de rire face à cette grimace. Mais le regard de Kiona s'assombrit rapidement.
— Peut-être bien, se désole-t-elle. Le pire, c'est qu'il s'est énervé sans réelles raisons. (Elle baisse les yeux et attrape un petit caillou.) Comme s'il m'en voulait. (Elle fait tournoyer la petite pierre entre son pouce et son index, pensive.) Comme s'il venait de se rappeler que nos peuples étaient ennemis.
— Il est amoureux, ironise Linzi en laissant échapper un petit rire railleur.
— Ne dis pas n'importe quoi, rétorque vivement Kiona, les joues rosies.
— C'est que tu rougis en plus, surenchérit Linzi.
— Ça suffit toutes les deux, vous avez vraiment des idées bizarres, se renfrogne Kiona.
Les deux Muncaniennes rigolent de bon cœur. Taquiner Kiona sur ce genre de sujet est tellement facile.
— Quand vous aurez fini de dégoiser, on reprendra la route pour rejoindre l'auberge, les interrompt Aron, le visage fermé.
Les trois jeunes femmes s'échangent des regards dépités avant de se lever afin de le suivre.
Arrivée à sa hauteur, Kiona remarque le sang séché sur la main du Chyrika, mais elle n'ose pas lui demander ce qu'il lui est arrivé par peur de l'énerver une nouvelle fois.
Aron se rend compte du regard de l'Aboui sur sa main et la cache sous sa tunique.
Ils commencent à partir, Aron à l'avant. Kiona a très envie d'aller lui parler, quand soudain la sensation d'être épiée revient. Elle s'arrête et scrute les alentours. Elle ne perçoit toujours rien si ce n'est de petits oiseaux bleus passant en un coup d'ailes de branches en branches.
Ce doit être le fruit de son imagination, Aron a certainement raison.
Elle se ravise et décide de le laisser tranquille. Elle doit se rendre à l'évidence, elle est une Aboui et lui un Chyrika, ils sont destinés à ne pas s'apprécier. De plus, il doit se sentir obligé de s'occuper d'elles et cela doit aussi lui peser sur les épaules. Il faut dire qu'elle lui a un peu forcer la main pour qu'il les emmène avec lui.
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