𝟷𝟻 | 𝚚𝚞𝚒𝚗𝚣𝚎
Bonne lecture !
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Les cheveux de Marc ont été coupés récemment. C'est ce que remarque Spencer en se glissant sur la chaise en face de lui.
Quelques regards se tournent vers lui, étonnés et curieux. Il a un peu grandi ces derniers temps, et a dû recoller les branches de ses lunettes avec de la colle forte (la plupart du temps, il espère que ses cheveux, ses mèches bouclées, cachent la plupart des dégâts).
— Spencer, souffle Marc en croisant son regard.
Sa voix attire encore plus l'attention, et soudain quelques personnes de plus sont autour d'eux. Lucienne marche lentement jusqu'à lui, et une main se pose trois secondes sur son épaule. Un sourire, des éclats dans le regard.
— Content de te voir, petit.
— Je suis content de vous voir aussi. Je suis désolé j'avais... du travail pour les cours et...
— Non. Ne t'explique pas.
Marc se racle la gorge.
— T'es toujours le bienvenu ici.
C'est un peu étrange de dire ça à un enfant, mais Spencer n'est pas vraiment un enfant, pas entièrement, pas tout à fait : il a onze ans, et même s'il n'a pas encore eu l'occasion de faire un test de QI il sait qu'il doit avoisiner les 170.
— Merci. Je peux prendre les noirs ?
— Les noirs pour le garçon, c'est parti.
De nouveaux spectateurs arrivent, et Spencer se concentre un tout petit peu. Il a du mal à le faire, en ce moment : sa rapidité de lecture évolue encore, et il sèche de plus en plus les cours pour aller prendre le bus, le métro, n'importe quel moyen de transport qui le mènerait à une bibliothèque qu'il n'a pas déjà vue.
Des livres qu'il n'a pas déjà vus. Des connaissances qu'il pourrait partager avec ses nombreux amis de lettres, ses amis d'écriture, ces professeurs et ces scientifiques avec qui il discute régulièrement. Il en a 13 à présent, et se désole de devoir éviter de répondre au professeur de Stanford qui a commencé à vouloir le rencontrer en personne, faire le voyage jusqu'à Vegas pour avoir une véritable conversation sur les cellules.
Il n'assiste plus beaucoup aux cours du lycée, mais personne ne lui dit vraiment rien : quelques professeurs lui laissent parfois des notes dans son casier, sans raison apparente. Son casier, qui a fini par ne plus être la cible préférée des petites frappes. Apparemment, avec les examens qui approchent, les dossiers d'inscriptions, et les finales des championnats de sport, ils ont oublié Spencer aussi vite qu'ils l'ont trouvé digne d'attention.
Le gringalet qui se promène dans les couloirs du lycée ne mérite plus que quelques vagues regards ennuyés.
— Un jour, souffle Marc sept minutes plus tard, il faudra vraiment que tu me laisses gagner.
Spencer sourit, balançant ses jambes dans le vide en dessous de lui.
— Un jour, dit-il. Mais il faudra y mettre un peu du tien.
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Des bisous !
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