31 - Booty

Hello !



Merci beaucoup pour toutes vos reviews, vos votes et pour les nouveaux abonnés : bienvenue !!! J'espère que vous arriverez à lire jusqu'à ce chapitre ;-)

Bon, pour les lecteurs qui ont tenu jusqu'ici : j'espère que la dernière révélation ne vous a pas trop choqués ? Je m'amuse à mettre des gifs sur Facebook - j'adore ce concept ! - et il y en a une qui était parfaite pour la tête que vous avez dû faire (c'est sur la page de Vampire P.I. !). J'en ai trouvé une autre sur Abaddon Tahir, d'ailleurs...

J'ai aussi l'application Wattpad sur smartphone. Bon je trouve ça plus pratique de l'utiliser sur ordi, mais sur smartphone, on peut faire des "citations" des fictions ! J'en avais vu plein, et je me demandais comment les gens faisait. Mystery solved.

A part ça, je vais bien : c'est le gros gros rush en ce moment pour moi, et je n'ai pas trop le temps d'écrire, mais le script avance, j'ai plein d'idées ! Vous m'en direz des nouvelles :-)

Voilà, je vous laisse ce gros chapitre pour le weekend, n'hésitez pas à reviewer comme vous le sentez, ne vous bridez surtout pas !

A très bientôt,

Sea

PS : le titre, c'est à cause de la chanson ô combien intellectuelle de J-Lo et Iggy. Je n'ai pas honte de dire que j'a-dore ce titre ^^

*

L'intrus qui s'était faufilé subrepticement dans la chambre à coucher  de l'infortunée Sophie écarquilla les yeux et faillit laisser échapper  un cri de surprise en entendant le hurlement de terreur de la jeune  femme lui vriller les tympans. Il leva la main, rapidement, ne tarda pas  à l'abaisser, plus lentement, et fronça les sourcils :

- Votre esprit est hermétique, déclara-t-il d'un ton soucieux.

- Dégaaaaaaaaaage ! Taré ! Taré ! Taré ! Taaaaaaré !

Dans  sa peur et sa colère, Colibri jugea bon de jeter absolument tout ce qui  lui passait sous la main à la tête de l'individu. Elle réalisa une  fraction de seconde trop tard que son téléphone eût possédé une utilité  meilleure comme moyen de communication plutôt que comme missile sol-air.  L'homme, d'un geste trop rapide pour qu'il ne fût pas surnaturel,  saisit l'appareil au vol, et repoussa sans effort de sa main libre  paquet de mouchoir, verre d'eau, montre, paire de lunettes, télécommande  et oreiller.

- Je ne vous veux pas de mal, finit par dire  l'étranger d'un ton peu convaincant, une fois que Colibri, les joues  couvertes de larmes, rouge et essoufflée, se fût retrouvée sans  munition.

- N'approchez pas ! glapit la jeune femme. Je vous... J'ai appelé la police !

- Une  fois de plus, je ne vous veux aucun mal. Et si vous le souhaitez, je  vous rendrai votre téléphone afin que vous contactiez les forces de  l'ordre. Je cherche simplement une réponse à une question.

- Non ! Non ! N'approchez pas !

- Bon.

L'homme  était grand. Pas autant que Radu, mais il avait une prestance qui le  grandissait naturellement. Le teint très mat et les cheveux longs, épais  et noirs, il semblait très fatigué, et devait être plus jeune que ce  que son apparence laissait deviner. Ses traits étaient coupés à la serpe  et quelque chose, dans son regard sombre, laissait deviner un certain  penchant pour la tyrannie, sinon la cruauté. Il était vêtu d'un grand  manteau noir, et tenait deux gants de cashmere gris perle à la main. Il  posa le téléphone de Sophie sur une armoire, près de lui et, sans se  permettre d'avancer, posa une main sur sa poitrine tandis que la  médecin-légiste tentait de rassembler ses esprits et de se calmer :

- Laissez-moi me présenter : je suis Vlad Basarab Draculea. De la lignée des...

- ... Draculesti, conclut sans le vouloir Sophie, qui s'était apaisée en reconnaissant cette façon de parler.

Heath employait le même ton grave, bas, quasi-hypnotique, lorsqu'il tentait de la convaincre de quelque chose.

- J'en  conclue que vous avez bien rencontré mon frère, fit Vlad Draculea d'un  air glacial. Accepteriez-vous de vous levez, afin que nous soyons vous  et moi plus à l'aise pour parler ?

Sophie ne répondit pas. Dracula. Le Dracula se tenait devant elle, en chair et en os. Et elle était en t-shirt « Axolotoflove » et petite culotte, paralysée jusqu'aux hanches dans un lit semi-médicalisé.

- Vous  êtes le deuxième psychopathe en puissance qui vient me faire le coup,  vous savez, finit par dire Colibri, dont la voix tremblait.

- Et vous êtes la première humaine que je rencontre dotée d'un tel sens de la répartie et d'un tel esprit.

- Qu'est-ce que vous foutez là ?!

- Allons  droit au but, puisque de toute évidence vous êtes d'une autre trempe  que vos semblables : je cherche mon frère, Radu. Il paraît qu'il me  ressemble et me dépasse de quelques centimètres – peut-être vit-il sous  un autre nom que...

- Une seconde : pourquoi cherchez-vous cette personne ?

- Je  lis facilement en vous, même si l'accès à votre esprit m'est fermé,  contra Vlad Tepes avec un sourire cynique. Vous connaissez mon frère.  Quelque chose me dit que vous le connaissez très bien. Et vous ne voulez  vraiment pas vous lever ?

- Non.

Le vampire plissa les yeux.  Ce mouvement accentua les rides de la griffe du lion qui conféraient à  son visage une telle dureté. Il cessa un instant de respirer et  s'approcha du lit, étendant le bras au-dessus des jambes de Sophie.  Cette dernière perdit aussitôt toute trace d'orgueil. Vampire ou pas,  ami ou pas, si le strigoï ne faisait que poser le doigt sur ses  fractures, Colibri s'évanouirait à la fois sous la douleur physique et  la souffrance psychologique.

- Je suis paralysée des pieds aux fémurs, débita Sophie aussi vite qu'elle le put. Je vous en supplie, faites ce que vous voulez mais ne me touchez pas, ne me touchez surtout pas.

- Je ne voulais pas vous faire peur, pardonnez-moi, s'excusa aussitôt Vlad en secouant la tête. Néanmoins...

Il  garda la paume de la main étendue au-dessus des jambes de la jeune  femme, qui sentait sa respiration se faire difficile. Les yeux de Tepes  se brouillèrent, comme s'il partait dans un rêve éveillé et, lentement,  un lourd grondement s'échappa de sa poitrine. Sophie s'apprêtait à le  supplier à nouveau de s'éloigner lorsque le strigoï redevint lui-même.  Une légère colère émanait de lui.

- Zalmoxis, n'est-ce pas ? murmura-t-il l'air plus ennuyé que désolé.

- Je ne vois pas ce que vous... commença Sophie, qui ne se sentait pas en confiance.

- Coupons  court aux faux-semblants : je peux, à partir d'une blessure ou d'une  cicatrice, apprendre et voir par les yeux du blessé la façon dont la  blessure a été causée. Mon frère se trouvait avec vous ?

- Oui, il...

- Attendez.

Le  vampire ôta son long manteau noir. Il portait dessous une simple  chemise blanche, dont l'éclat tranchait sur son teint mat, et une paire  de jeans haute-couture. Pas du tout l'idée que Sophie s'était faite de  Dracula. Doucement, Vlad entoura les épaules de la jeune femme de son  manteau. La chaleur du tissu et cette odeur rassurante d'après rasage  firent cesser les tremblements nerveux qui avaient saisi Sophie sans  même qu'elle s'en rendit compte.

- Je croyais que les vampires avait le sang froid, marmonna-t-elle en serrant contre sa poitrine les pans du manteau.

- Si  j'en juge par la familiarité que vous avez avec mon frère, je ne peux  que vous juger sur le manque d'observation dont vous faites preuve.  Pourquoi l'appeliez vous Heath ?

Le strigoï tendit le  bras et saisit un petit tabouret dont Colibri faisait fréquemment usage  pour atteindre les étagères les plus hautes de ses armoires. Il s'assit  au chevet de la médecin-légiste et croisa les doigts.

- Comment savez...

- Vos blessures. J'ai vu comment... vous comprenez ?

- Tout ?

- Oui. Pourquoi Heath ?

- Vous essayez juste de me faire penser à autre chose, fit Colibri sur un ton de reproche.

L'odeur  agréable du manteau du vampire lui montait aux narines et la détendait  de façon étrange. Elle avait l'impression qu'une infirmière venait de  lui administrer une dose de morphine.

- Et j'ai l'impression que vous avez utilisé vos pouvoirs, avec votre manteau ou...

- Mon manteau ? Un pouvoir ? Non, ou allez-vous chercher ça... fit Vlad d'un ton condescendant.

- Et là, vous mentez.

- Je vous demande pardon ?

- En  fait, depuis que votre copain Zalmoxis m'a démolie, je peux savoir  quand un vampire ment. Je le sens aussi sûrement que je pourrais sentir  une odeur de brûlé. Et pour la torsion de l'âme...

- D'esprit.

- Oui, d'esprit. Pour la torsion d'esprit, c'est pareil, ne comptez pas dessus.

- Très  bien, ponctua Vlad sans laisser paraître ni sa surprise ni son  agacement. J'aimerais tout de même savoir comment vous avez pu subir une  telle transformation, Sophie.

- Moi aussi, bizarrement... Et votre manteau, le tour de passe-passe, c'est quoi ?

- Nous  avons effectivement le sang froid, mais notre appartenance à l'Ombre  fait que nos dissemblances avec les humains leur sont cachées. Tenez, si  je mets du sang de vampire sur le sol, vous poserez les yeux dessus,  vous le verrez, mais votre esprit, brouillé par l'Ombre – et c'est, je  pense, une forme de protection pour vous autres humains – passera outre.  Le fait qu'il y a du sang sur le sol ne vous intriguera même pas.

- Votre sang est rouge, non ?

- Non,  il est noir. Vous le verrez rouge si vous nous frappez, ou si je me  blesse devant vous. Mais s'il se trouve loin de son propriétaire, il est  noir.

Sophie resta un instant sans bouger ni parler.

- Donc la chaleur...

- ...  et l'odeur ? sourit Vlad d'un air entendu. Nous autres strigoï aimons  beaucoup piéger les humains. Beaucoup. À des fins peu louables, de votre  point de vue. Imprégner un tissu ou un vêtement de chaleur animale et  d'odeur de Cœur est ce qu'il y a de plus inoffensif et de plus amusant.  L'humain s'apaise, se calme, nous écoute plus patiemment et  attentivement.

- L'odeur de Cœur ? reprit Sophie qui sentait ses joues s'embraser.

Tepes baissa un peu la tête et rit doucement :

- L'effet  dépend de la dose, mais il s'agit d'une odeur qui fait que vous m'aimez  davantage lorsque vous la humez. En temps normal, vous ne devriez rien  sentir, mais apparemment, vous avez reçu le don de percevoir une odeur  précise qui vous alerte de mon stratagème. Quelle est cette odeur, si la  question n'est pas indiscrète ?

- De l'après-rasage, marmonna Colibri. Et je ne trouve pas ça très sport.

- Je voulais juste vous apaiser, vous amorciez une crise de panique.

- C'est de la manipulation.

Colibri,  face à cet être qui avait eu l'impolitesse de s'inviter chez elle, ne  se sentait pas si bien disposée, malgré cette sensation de bien-être  dans lequel Vlad l'avait placée.

- Voyons, je ne vous ai pas séduite de façon irréversible.

Sophie  ricana, méprisante et Vlad, haussant un sourcil, se pencha vers elle,  plongeant son regard sombre dans le sien. La médecin-légiste se sentit  soudain nimbée d'une sensation de plaisir et d'envie, cette agréable  odeur virile l'environnant à nouveau. Ce strigoï... comment déjà ? Vlad  Draculea... Vlad... Quel prénom magnifique... Ses cheveux ressemblaient à  de la soie noire et ses yeux étaient si veloutés... si profonds... Il  avait l'air si envoûtant et enjôleur ! Tout en lui n'était que  perfection. Il fallait qu'il la touchât, qu'il l'embrassât... Il fallait  que... Une petite seconde !

- Hé ! Non mais... Hé !

Sophie  s'ébroua, ne percevant plus la mystérieuse odeur avec la même intensité.  Elle foudroya Vlad du regard : ce dernier était redevenu l'être froid  et calme qu'elle avait découvert au pied de son lit.

- Vous abusez !

- Je voulais seulement vous prouver que je n'avais employé mon odeur de Cœur que pour vous faire du bien, pas du mal.

- Mouais.

- Pourquoi Heath, donc ? reprit le vampire, qui – contrairement à Sophie, à  l'auteur et au lecteur – ne perdait pas le fil de la conversation.

- Parce que, quand nous étions voisins, je ne le croisais que lorsqu'il faisait moche. Et comme Heathcliff, dans Les Hauts de Hurlevent, vit sur la lande battue par les vents et les intempéries...

- Astucieux,  commenta le strigoï en inclinant la tête. J'en conclue que mon frère et  vous êtes très proches, s'il a tenté de voler à votre secours ?  Saviez-vous qu'il...

- ... détestait tous les autres humains ? Oui, j'ai fini par comprendre...

- Son odeur est assez présente dans votre living-room, mais il y a une autre odeur, que je n'arrive pas à définir. Vous avez des animaux ?

Sophie  se souvint de l'aversion extrême de Radu pour le voirloup. Elle  comprenait combien grande était la puissance de Vlad et que ce dernier  pouvait faire bien plus de mal que son cadet. Or, Colibri ne voulait pas  qu'il arrive le moindre accident à Bad, malgré le fichu caractère du  voirloup.

- Un chat, qui vient parfois me rendre visite. Il n'est pas à moi mais on s'entend bien.

- Hmm... Je vois, oui. Oui, ça doit être ça. Pourquoi Zalmoxis a-t-il voulu vous faire du mal ?

- Sauter du coq à l'âne... Ce sont des techniques d'hypnose, ça, mon vieux... ! lui reprocha Sophie.

- Oui, je l'avoue. Mais comme je ne peux pas vous tordre l'esprit ou savoir si vous me mentez...

- Il  m'a dit qu'il voulait se venger de ce que Heath... pardon : Radu lui  avait fait. Il savait apparemment quand et comment frapper, il a attendu  qu'une... dispute... nous sépare, votre frère et moi.

- Une dispute ?

- J'ignorais qu'il était vampire, je croyais qu'il était fou. Je l'ai acculé et il s'est transformé devant moi.

Les lèvres de Vlad furent agitées d'un ricanement méchant.

- J'imagine qu'il s'est écroulé aussitôt ? demanda-t-il d'un air satisfait.

- Moui, même si je n'aime pas trop votre attitude.

- Un  conseil : ne tentez pas de vous immiscer entre Radu et moi. Ce serait  aussi vain que de vouloir vous interposer dans un combat de taureaux.  Zalmoxis vous a-t-il expliqué qui était mon frère ? ajouta Tepes en  remarquant la désapprobation dans les yeux de son interlocutrice.

Sophie leva un sourcil :

- Je me doutais bien que votre tour de passe-passe avec les blessures et leur passé ne voulait rien dire.

- Ou  alors j'essayais seulement de vous rappeler ce qu'était Radu Draculea.  Mon pouvoir de divination du passé est très bon. Cette petite cicatrice,  par exemple, sur le bord de votre mâchoire...

- Non !

Trop  tard : tout en parlant, Vlad avait tendu le bras, près de la petite cicatrice que la jeune femme portait sous l'oreille. Il pinça les lèvres et  Colibri comprit qu'il avait dit la vérité lorsqu'elle lut dans les yeux  du prince vampire une forme de gène et de commisération :

- Je vous demande par...

- Non. Vous êtes un crétin et un goujat. Je ne vous pardonne pas ça, cracha Sophie. Et reprenez votre foutu manteau !

De fureur, elle ôta le vêtement et le jeta sur Vlad.

- Vraiment, Sophie, pardonnez-moi, je pensais que cette cicatrice n'avait pas la moindre impor...

- Fermez-la, Dracula...

- Passons sur ça : vous savez donc bel et bien quel type de créature est mon frère.

- Radu  a fini par répondre présent. Trop tard pour mon physique, pas trop tard  pour mon mental. Il me soutient, il m'aide, il me protège. Zalmoxis m'a  dit la vérité à son sujet, et comme dit ce bon vieux Oscar Wilde : tous  les saints ont un passé et...

- ... tous les pécheurs un avenir, certes, sourit Vlad. Oscar faisait tout ce qu'il pouvait pour se rassurer, pauvre bougre...

- Vous avez connu Oscar Wilde ?!

Tepes, content d'avoir capté l'attention de Sophie et d'avoir détourné sa colère, sourit et hocha la tête en silence.

- Oscar venait de l'Ombre.

- Sans rire ?!

- Relisez ses œuvres, vous comprendrez que j'ai raison.

- Il est... il est mort ?

- Je  garde cette révélation pour la prochaine fois que je vous fâcherai et  que j'aurai quelque chose à me faire pardonner, dit Vlad en haussant une  épaule. À présent, j'ai une question plus précise à vous faire : je  cherche non seulement Zalmoxis, mais aussi mon frère. Pourriez-vous...

- Pourquoi ?

- Je vous demande pardon ?

- Pourquoi voulez-vous retrouver votre frère ? Je sais que vous vous haïssez profondément.

- Voyons, c'est mon petit frère, bien sûr que non, je ne le hais pas !

- Je... sais que vous mentez ! chantonna Sophie en levant l'index.

- D'accord,  je hais cordialement Radu, et s'il pouvait mourir dans d'atroces  souffrances, j'assisterais au spectacle sans une larme, lâcha Vlad qui  commençait à manifester des signes d'agacement. Mais Zalmoxis est un  ennemi commun et nous sommes deux strigoï qui – unis – pouvons  l'abattre. Zalmoxis est un danger pour l'humanité.

- Merci de préciser, j'avais pas deviné.

- Sophie...  Il constitue un pont malfaisant entre l'Ombre et le Monde Visible.  C'est autrement plus dangereux que ce que vous pensez. Tenez, si je  savais qu'il ne ferait que dévorer la vie de djihadistes, je le laisserai faire sans une hésitation. Qu'y a-t-il ?

- Rien, rien.

- Vous vous êtes crispée.

- J'étais  dans un bar, le treize, dans la rue qui a été attaquée par les  terroristes. Et j'ai dû faire des constatations de décès, après. Ce ne  sont des bons souvenirs pour personne.

- Pardonnez-moi.

- Vous êtes vampire, et pourtant vous avez l'air de vouloir protéger les humains. Pourquoi ?

- Vous savez que mon frère hait l'humanité...

- Oui.

- Ce n'est pas mon cas. J'ai une faiblesse pour les fils d'Adam.

- Pourquoi ?

Ce fut à Vlad, cette fois, de se crisper légèrement. Il pencha la tête sur le côté et murmura :

- Je  ne veux de mal qu'à Zalmoxis, Sophie. Allez-vous m'aider à retrouver  mon frère, afin que tous deux nous le mettions hors d'état de nuire ?

Et la menace dans la voix du strigoï fut à peine voilée.

- Vous ne ferez pas de mal à Heath ? Je veux dire, Radu ?

- Vous tenez vraiment à lui, n'est-ce pas ?

- Oui.  J'ai voulu lui éclater les dents, après ce qu'il s'est passé au Japon,  mais il doit être l'une... la personne la plus importante dans ma vie.

Cette  fois, Tepes laissa passer une expression de franche surprise, qui  détendit ses traits. Colibri réalisa que le vampire maîtrisait face à  elle chacune de ses expressions, de ses gestes, ce qui expliquait cet  air farouche, presque figé.

- Eh bien, eh bien... Nous aurons des choses à nous dire, finalement, Radu et moi...

- J'ai votre parole que vous ne ferez aucun mal à Radu ?

- Ma parole d'honneur. Je vous en fais le serment, si vous préférez.

- Ça revient au même, non ?

- Certainement  pas ! se récria Vlad. Le serment d'un vampire peut le tuer s'il rompt  sa part du contrat ! Et le tuer définitivement. Le serment est valable  s'il est prononcé sans contrainte, bien sûr...

- D'accord, merci,  fit Sophie en se souvenant que le strigoï ne lui mentait pas car elle  l'eût senti. La dernière fois que j'ai eu Heath au téléphone, il était à  Bucarest, je pense, dans un hôtel. Il était allé au mausolée de Snagov  et avait ramené des... des mogwaïs... des... oh, flûte, à la fin ! Je  n'arrive jamais à me souvenir de ce fichu nom ! Des vampires de seconde  classe, quoi !

- Ah, des moroï, corrigea Vlad en roulant le r. Mon frère ! sursauta-t-il comme s'il venait de comprendre. Mon frère en compagnie de moroï ! Mais il va les tuer !

- C'est bien ce qui m'inquiétait.

- Et vous n'avez plus aucune nouvelle ?

- Rien du tout. J'ai essayé de l'appeler, je lui ai envoyé des messages par Whatsapp et son portable les reçoit, mais il ne les ouvre pas, apparemment. Euh, Whatsapp, c'est...

- Je ne suis pas comme Radu, je m'intéresse aux technologies humaines, Sophie, la prévint le strigoï. Je sais ce qu'est Whatsapp.

- Ah, c'est marrant, Heath a beaucoup de mal avec tout ça !

- Et vous n'avez pas eu de nouvelles, pas même un appel bizarre ?

- Rien, je vous dis. Vous croyez que c'est grave ?

- Oh, soupira Tepes d'un air faussement attristé. Extrêmement.

- Ne pleurez pas, surtout, je n'ai plus de Sopalin.

- Je commence à comprendre ce qui a pu amuser Radu chez vous... Mais ceci étant dit, je me vois au regret de devoir vous quitter !

- Euh, non.

- Pardon ?

- Non, je viens avec vous. Vous allez à Bucarest sauver Heath, donc je viens avec vous !

- Vous êtes paraplégique, jeune femme, vous ne pourrez pas...

- Dites-moi  : votre frère est porté disparu, vous vous paumez en Roumanie. Zalmoxis  se ramène en France pour déchaîner les forces des ténèbres et, au  passage, finir ce qu'il a commencé avec moi – non, parce que j'ai fait  assez de profiling pour savoir qu'un névropathe narcissique  comme lui revient toujours rendre visite à ses victimes. Si on prend  dans l'équation que seuls les strigoï peuvent le battre et que les deux  que je connais sont à Perpette-les-Oies, quelles sont les probabilités  pour que je me retrouve sans bras dans quinze jours ?

- Vous êtes dans la police crimi... ?

- Ne changez pas de sujet.

- Si je vous emmène, vous aurez conscience d'être un fardeau ; que vous allez ralentir le rythme ?

- Et vous avez conscience que vous êtes affreusement blessant ?

- Je pensais que ça suffirait pour que vous décidiez de rester.

- Ben c'est loupé, mon vieux.

Vlad  se leva, plissa les yeux et sembla jauger longuement Colibri, qui se  sentit déshabillée des pieds à la tête. Elle comprit combien cet être  était puissant et terrible. Elle comprit qu'il pouvait la tuer d'un  simple geste.

- Si vous venez, et c'est un si, promettez-vous de m'obéir en tout point ?

- Non.

- Très  bien. Nous partons dans une heure, dites-moi où sont vos habits, je  vais vous aider à vous vêtir. Nul besoin de valise, nous reviendrons  bientôt.

Sophie, très surprise car elle pensait devoir batailler  bien plus, resta un instant la bouche ouverte et finit par montrer sa  penderie :

- Prenez l'une des longues jupes, dans la penderie. Non, il faut tourner la clef d'abord, et...

Le  reste se perdit dans un hurlement strident – le deuxième de la soirée :  dans la penderie, entre les manteaux suspendus, se trouvait un cadavre  enveloppé d'un large kimono blanc et mité. De longs cheveux noirs, en  désordre, encadraient le visage de craie d'une femme. Un visage où deux  yeux, noirs, haineux, brillants, furieux, fixaient Sophie de leur regard  mort.

Colibri hurla pour la troisième fois de la soirée lorsque l'apparition de cauchemar cligna des yeux. Vlad soupira :

- Akane, c'est la toute dernière fois que tu prends un Tunnel sans ma permission.

Les  dents claquantes, Sophie dévisagea le fantôme japonais, qui émettait  des craquements peu ragoutants en agitant la mâchoire. Tepes, détaché,  se tourna vers Colibri et dit :

- Sophie, voici Akane, une yûrei.

- Merde...  merde... frissonna la jeune femme en fixant l'épouvantable apparition  qui émettait à présent un bruit similaire au rire d'un bébé.

- Akane, ça suffit, maintenant ! Tu m'as désobéi, une fois encore, tu...

La  yûrei, sans doute pleine de jalousie et bien décidée à rendre Sophie  folle de terreur, écarta les pans de son kimono, révélant une poitrine  nue d'où s'échappaient des pointes de lance brisées. Les plaies étaient  infâmes. Bien que Sophie eût l'habitude des cadavres, en voir un revenir  à la vie lui était particulièrement insupportable.

- Akane, je vais me fâcher ! menaça Vlad en agitant l'index. Akane !

Colibri,  étonnamment, se calma à ces mots : Tepes prenait exactement le même ton  que Radu lorsqu'il s'agaçait. L'odeur de Cœur envahit en même temps la  pièce : le vampire tentait de calmer à la fois Akane et Sophie, tournant  le dos à l'humaine...

La Japonaise, cependant, tendit les bras,  jaillissant d'entre les manteaux, hululant affreusement. Un rugissement  monstrueux fit alors trembler les fenêtres, mais Sophie ne sursauta même  pas tant elle était fascinée par les fesses de Vlad, que ce jean  merveilleux moulait à ravir. Il avait un dos si sexy, des épaules si viriles... Et il était si beau... Il  n'y avait rien de plus désirable que Vlad Tepes Draculea, de la lignée  des Draculesti et Sophie nommerait leurs enfants Jean-Baptiste, Rose et  Rébecca.

L'odeur de Cœur se dissipa quelque peu, car Akane avait  apparemment accepté de reprendre une apparence décente. Colibri reprit  ses esprits à son tour, et les longs crocs blancs de douze centimètres qui avaient  jailli de la mandibule du strigoï ne reçurent pas de qualificatif aussi  élogieux que son postérieur...

*

A suivre.

Bon, après relecture, je trouve ce chapitre trop compliqué. Vous me direz. C'est ennuyeux parce qu'il est important, quand même.

J'espère que vous ne vous ennuyez pas !

Merci d'avoir lu :-D

Sea

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