29 - Who let the dog out?

Hello everybody!

Déjà : merci pour votre lecture, mention spéciale à ceux qui prennent en plus le temps de voter et reviewer : *smack* je vous aime !

Le chapitre qui suit n'est peut-être pas très excitant, mais il permet je pense de faire une petite pause, niveau angoisse. Enfin, je pense. Pas forcément, en fait.

Je n'en dis pas plus...

Bon samedi !

Sea

*

La nuit où Radu Draculea, aussi appelé Heathcliff, reçut pour la  première fois depuis cent ans un pieu en plein cœur, Sophie dormit en  compagnie de Bad, le chat – ou plutôt le voirloup. Elle lui parla  longuement, l'interrogea sur son implication possible dans la tentative  d'inculpation d'Abaddon Tahir et le fait que Durant fût lui-même un  voirloup, mais n'obtint pas de réaction notable. Le chat ne fit que  bailler, avant de la rejoindre sur le lit pour regarder avec une  attention réduite une vieille comédie musicale américaine, dont la jeune  femme lui avoua qu'elle était très friande.

- Siiiiingin' in the raaaain...  chantonna-t-elle en éteignant sa tablette. Ah, j'adore ce film, j'adore  les comédies musicales ! Idéal ! Tu veux un peu de lait ?

La  médecin-légiste but quelques gorgées du verre de lait qu'elle s'était  préparé et le pencha, presque vide, devant Bad. Ce dernier, quoiqu'il  fît mine de rechigner, lapa tout jusqu'à la dernière goutte.

- Tu aimes bien ça, hein ? On se couche ?

Colibri  avait une légère appréhension au creux du ventre. Éteindre la lumière,  aujourd'hui, l'effrayait. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait peur.

- On éteint ? insista-t-elle comme si le chat allait se lever pour appuyer sur l'interrupteur.

Elle  finit par saisir une télécommande et appuya sur le bouton qui  permettait de plonger la pièce dans le noir. Il ne fallut pas deux  minutes avant que la jeune femme, en proie à des angoisses, crût voir  bouger, dans la pénombre, une silhouette.

- Oh non ! souffla-t-elle en reprenant la télécommande et en inondant sa chambre de lumière. Qui est là ?! Qui...

Il  n'y avait personne. Le chat poussa un soupir bruyant et exaspéré. Il se  leva et frotta la tête contre celle de Sophie, qui sentait des larmes  rouler sur ses joues. Elle qui n'avait jamais eu peur du noir, la voilà  qui paniquait dans sa propre chambre. Colibri sentait son cœur battre  bien trop vite, tambourinant dans sa poitrine comme s'il eût voulu en  jaillir. Le félin finit par tenter de se coller contre la jeune femme,  mais cette dernière avait dépassé un point inquiétant d'angoisse et elle  repoussa brusquement l'animal. Un léger grondement de fureur s'échappa  de la gorge de Bad et il sauta au bas du lit. Sophie voulut ouvrir la  bouche, pour le supplier de rester, mais la terreur lui contractait  étrangement les mâchoires. Elle vit soudain l'échine noire et poilue  d'un énorme chien dépasser le sommier. La créature grandit encore, son  corps émettant quelques craquements, son museau s'allongeant et son  pelage devenant bien plus épais et fourni : Bad s'était transformé en ce  mélange de loup et de malamute d'Alaska qui avait si bien défendu  Sophie, quelques heures plus tôt.

En prenant garde à ne pas faire  trembler le matelas trop fort, l'énorme monstre rejoignit Sophie sur le  lit et se coucha contre elle, posant résolument la tête sur son ventre.  La jeune femme, saisie et un peu effrayée, avait focalisé son attention  sur autre chose que le néant et l'angoisse. Un voirloup de plus de cent  kilos se trouvait allongé sur le même lit qu'elle. Reniflant, la jeune  femme voulut pousser la grosse tête du fauve, mais ce dernier, sans  bouger, la fixa de ses grands yeux jaunes et releva les babines,  affichant ses crocs longs comme des poignards et grognant sourdement.

- Euh... Oui, oui, ça va... bredouilla Sophie. Tout beau, Bad. Tout beau.

Le  voirloup soupira, ferma les yeux et resta ainsi toute la nuit. Colibri  se résolut à éteindre la lumière, certaine qu'il n'existerait pas de  créature au monde capable de s'en prendre à un monstre de cette taille.  Sur ce point, elle se trompait, mais nous y reviendrons plus tard.

Le  lendemain matin, elle s'éveilla tôt, et asséna de grandes claques au  monstre poilu qui dormait paisiblement dans le même lit qu'elle.

- Aaaah  ! Au secours ! Au secours ! hurla-t-elle, avant de se retrouver plaquée  contre le matelas par deux pattes, nez à nez avec un voirloup rugissant  et bien mécontent de s'être fait tirer du sommeil de façon si  cavalière.

Sophie retrouva ses esprits et afficha un sourire forcé  au monstre qui avait presque collé sa truffe contre son nez, les  babines si relevées que l'on pouvait voir ses molaires.

- Déso, déso, Bad ! se hâta de s'excuser la jeune femme en agitant les mains.

Elle  sentit sur ses épaules les griffes de la créature et déglutit : le  voirloup avait des pattes gigantesques, d'une circonférence que ne  devaient pas lui envier tigres et lions. Si le monstre exaspéré  souhaitait lui arracher la tête, il pouvait le faire en une fraction de  seconde.

- Bad, allez, je suis vraiment désolée... J'ai eu peur, attends ! Mets-toi à ma place, un gros monstre poilu sur le bide !

Le  voirloup leva un sourcil, ce qui lui conféra aussitôt une apparence des  plus humaines et libéra la jeune femme avec un énième soupir. Il bondit  au sol et s'ébroua, s'étira, pour ensuite se retransformer – sans  craquement d'aucune sorte, cette fois – en chat.

- Vraiment désolée pour les baffes, Bad. Je... je t'achète un gros steak pour ce soir, si tu veux.

Le  voirloup ondula sa queue, l'air méprisant, et il refusa, malgré toutes  les demandes de pardon de Sophie, de rejoindre la jeune femme.

La  journée se déroula sous les meilleures auspices : Ludmila s'adaptait de  mieux en mieux à Colibri – et vice-versa. La médecin-légiste préféra  éviter de rapporter l'incident de la veille, mais elle apprit à la radio  que quatre personnes « connues des services de police » avaient été  retrouvées dans un état relativement sérieux, dans le parking du gymnase  de la ville. Le journaliste concluait à un hypothétique combat de  chiens clandestin qui aurait mal tourné, et passait ensuite le micro à un  représentant d'une association anti-spéciste qui finissait par fondre en  larmes. Le chat Bad, qui était resté jusqu'à trois heures de  l'après-midi en compagnie des deux femmes, avait eu un rictus ravi en  entendant l'invité pleurer. Sophie lui avait fait les gros yeux, et le  chat lui avait craché dessus. Il était sorti de l'appartement en même  temps que Ludmila, qui était partie vers cinq heures, et la jeune femme  comprit qu'elle était condamnée à passer la soirée seule.

Elle hésita un instant à appeler Jayvart ou Aleksey, puis se gifla mentalement pour ce qu'elle considérait être une faiblesse :

- Tu n'as pas à faire payer aux autres ton handicap, ma grande...

Elle  ignorait alors qu'il s'agissait d'une erreur de jugement, et que  Jayvart et Mickaël observaient régulièrement l'écran de leur portable,  guettant un appel ou un texto de leur collègue – et amie – et n'osant  pas la déranger plus avant. Jayvart en particulier se faisait – bien  qu'il ne l'eût pas admis – un sang d'encre depuis l'appel de Heathcliff.  Ses hommes, placés en faction devant la résidence de Colibri, n'avaient  rien signalé de suspect – sinon ces quatre hurluberlus dépenaillés et  victimes de profondes morsures retrouvés dans le parking du gymnase.  Mais le vieux commissaire s'inquiétait.

Il finit par contacter  Sophie, à l'heure du dîner. La jeune femme venait de changer son patch  de morphine – avec un soulagement évident, car les effets du précédent  patch s'étaient vite amenuisés – et s'apprêtait à prendre son repas.

- Pas des trucs surgelés immondes, Colibri ? s'inquiéta l'homme d'un ton bourru. Vous ne me faites pas ce coup-là, hein ?

- Non, Jayvart, Ludmila et moi nous éclatons en cuisine !

- Bon  ! Ah, et Aleksey m'a prévenu que vous aviez décidé de vous impliquer  dans l'affaire Tahir ? Qu'est-ce que c'est que cette histoire de visite  nocturne, ou je ne sais quoi... ?

Sophie répéta à son collègue ce  qu'il savait déjà de la bouche d'Aleksey. Jayvart lui annonça que  l'enquête piétinait, et qu'un mandat d'arrêt avait été lancé contre  Abaddon Tahir. Il recommanda cependant la plus grande discrétion à la  jeune femme – ce qui était une simple formalité – car les avocats de la Zenvolf Corporation avait menacé l'instruction d'un non-lieu pour vice de procédure si l'enquête menait à la chute en Bourse de l'entreprise.

- Très intéressant, bailla Sophie.

- Dites-le  tout de suite, si je vous ennuie, hein ? Et il faudra que vous  m'expliquiez aussi cette histoire de chat, là ! Aleksey n'en revenait  pas que vous lui demandiez de faire des analyses ! C'est un bonhomme qui  se fait laminer, rien de plus...

- Jayvart, êtes-vous expert en analyse d'image ?

- Non.

- Moi non plus. Mais j'ai raison. Alors attendez un peu avant de parler. Merci.

- Toujours aussi susceptible, ma petite ! Pas de nouvelles de votre Roumain, en parlant de gens susceptibles ?

- Non, pas trop. Il est en Roumanie, je crois.

- Hum... grommela l'homme. Mouais. Parti faire ses trafics avec ses semblables...

Colibri leva les yeux au ciel : le commissaire était littéralement irrécupérable.

- Je vais manger, Jayvart.

- C'est ça. Remplumez-vous, ça ne vous fera pas de mal !

Sophie dut se mordre les lèvres pour retenir un « Et vous, mettez-vous au Pilates... », car elle savait que son ami avait tout mis en œuvre pour lui faciliter la vie, depuis son retour.

- Promis... marmonna-t-elle en raccrochant.

Elle alla se coucher tôt, espérant trouver le sommeil plus rapidement que la veille.

Comme  la nuit passée, elle crut distinguer, dans la pénombre, une grande  silhouette. Un homme qui se serait tenu derrière la porte et qui se  dressait à présent, silencieux, à quelques mètres d'elle. Bad n'était  pas là pour la rassurer, et Sophie, en nage, tendit la main pour  attraper la télécommande et allumer le plafonnier, espérant faire  disparaître l'effrayante apparition.

Mais lorsque la lumière  inonda sa chambre, Colibri ne put s'empêcher de hurler : il y avait bien  un homme, debout devant elle. Et il ne semblait pas prêt de vouloir  partir...

*

Ca se corse...

Je vous préviens : le chapitre suivant est court mais présente une révélation de taille : alors accrochez-vous !

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