14 - Bad day

Hello tout le monde !

Finalement, j'ai pris le temps d'écrire ce chapitre !

Attention pour les lecteurs qui "viennent" de la saga Guess, les prochains chapitres risquent d'être très sombres, même si ça s'arrange par la suite. Je préfère prévenir plutôt que guérir !

N'oubliez pas que vous pouvez liker et partager la page Facebook de cette fiction - voir mon profil - et vous renseigner sur ce que j'ai écrit d'autre ;-)

Ceci dit : merci aux revieweuses et aux voteurs ! :-D

Bonne semaine,

Sea

EDIT : je suis désolée, je me suis aperçue via certains commentaires que des mots du texte étaient... attachés les uns aux autres (??? wth ???), rendant la lecture ô combien pénible. J'en suis vraiment désolée, je corrige de suite et remets aussitôt le chapitre en ligne....... Pardonpardonpardon !

*


- Journée. De. Merde.

Colibri ne parvenait pas à désactiver le portail magnétique.

- Trois. Zéro. Zéro. Huit. Deux.

Le buzz habituel, signalant l'ouverture du portail, ne se fit pas entendre. Cela faisait six fois que Sophie tentait de rentrer chez elle, mais le code ne fonctionnait pas. Il faisait nuit, le métro avait été si bondé que les fenêtres étaient couvertes de buée, Heath ne répondait toujours pas au téléphone et Abaddon Tahir était le dernier des salauds.

    Et le code d'entrée ne fonctionnait plus.

- Z'avez du feu ?

- Non.

Une silhouette oscillante était apparue près de la jeune femme. Et cette dernière se demandait sioui ou non elle allait passer ses nerfs sur un parfait inconnu –chose qu'elle n'avait encore jamais fait, certainement à cause de sa petite taille.

- Hé. Je t'ai demandé poliment. Sois polie, grogna l'inconnu qui s'approcha plus prêt encore.

- Je vous préviens que j'ai une bombe lacrymo sur m...

Le type fit un geste large et malhabile du bras. Sophie eut le temps de reculer, mais l'homme fit tomber son ordinateur et son sac. Autant pour le spray au poivre. Colibri sentit son cœur accélérer. Ce n'était pas la première fois qu'elle croisait des gens louches dans son quartier, mais la proximité de la bouche du métro et surtout le fait que les immeubles de sa résidence fussent sécurisés par un portail à digicode lui faisaient oublier qu'il suffisait d'être au mauvais endroit, au mauvais moment, pour finir dans la rubrique Faits divers le lendemain matin. Le médecin-légiste rencontrait des victimes de Faits divers chaque semaine, entre deux piles de paperasse à remplir...

    L'inconnu portait un hoodie et il avait rabattu la capuche sur son visage. Il devait mesurer plus d'un mètre quatre-vingt et sentait l'alcool à plein nez. Il tendit la main en direction du visage de Colibri qui se plaqua contre le portail, incapable de proférer le moindre son.

    Un objet lourd et chaud tomba soudain sur l'épaule de la jeune femme et rebondit droit vers le visage de l'agresseur, émettant un cri métallique. L'inconnu bascula en arrière, roulant sur le dos et tentant de se débarrasser de la créature qui était en train de lui lacérer la peau. Il appela à l'aide plusieurs fois et Colibri, loin de vouloir s'interposer, composa à nouveau le digicode d'entrée. Le buzz rassurant se fit entendre, elle ramassa à la va-vite sac et ordinateur et fit claquer bruyamment le portillon derrière elle, le souffle court.

    Bientôt, l'agresseur s'enfuit à toutes jambes, pleurant et appelant à l'aide, et la créature qui avait fait diversion bondit souplement de l'autre côté de la grille.

- Salut, toi, sourit Colibri en époussetant son manteau. Je t'en dois une.

C'était un chat. Un grand chat noir élancé aux yeux verts. Il se lécha les coussinets et se frotta les oreilles, plissant les paupières, l'air de dire « C'était facile... »

    Sophie sourit et se dirigea vers son immeuble en trottinant, espérant ne pas revoir son agresseur de sitôt. Elle en profita pour tirer son téléphone du sac pour appeler la gendarmerie et leur signaler les faits. Son interlocuteur promit d'envoyer une patrouille faire des rondes dans la soirée.

    Au moment où la jeune femme raccrochait, devant la porte vitrée de son bâtiment, elle sentit quelque chose lui effleurer les chevilles. C'était le grand chat noir qui l'avait suivie.

- Je rentre chez moi, lui dit Colibri.Encore merci ! Mais tu sais, les animaux ne sont pas autorisés ici...

Elle voulut se pencher pour le caresser, mais l'animal cracha et montra des crocs impressionnants.Sophie sursauta et remit sa main en lieu sûr.

- Eh bien... soupira-t-elle. Tu n'es pas à prendre avec des pincettes. Bon, je vais ouvrir, mais tu n'as pas le droit d'entrer. Tu... non, att...

Peine perdue. En faisant onduler sa queue, l'animal se glissa dans l'entrebâillement de la porte,pénétrant dans le hall d'entrée. Colibri vérifia que personne n'était en vue, et elle appela l'ascenseur. Le chat la suivit sans hésiter. 

- Bon, c'est bien parce que tu m'as sauvé la vie, le chat ! se justifia le médecin-légiste.

Et au lieu de miauler gentiment, le félin lâcha un grognement étrange.

- Je vois...

    Le chat entra dans l'appartement de Sophie avant elle. Elle eut à peine le temps de retirer ses bottes que son sauveur avait disparu dans le salon, inspectant chaque objet,chaque fauteuil. Angoissée, comme à chaque fois qu'elle écoutait ses message depuis sa rencontre impromptue sur le forum Snagov Mausoleum, Colibri détacha ses cheveux et pressa le bouton play de sa boîte vocale.

    « Salut, mon petit cœur...Alors comme tu refuses de venir me voir, j'ai le sentiment qu'il va falloir que je vienne jusqu'à toi. Radu n'a toujours pas donné signe de v– »

    Sophie écrasa le bouton Next, mais aucun autre message n'avait été enregistré. Toujours le même.Avec sa voix sirupeuse et désormais de plus en plus haineuse. Le chat bondit souplement sur le guéridon où le socle du téléphone se trouvait.  

- Laisse, lui dit Sophie en se forçant à sourire. Un cinglé.

Elle se dirigea vers la cuisine pour se préparer à manger – une salade de betteraves, des lasagnes de la veille et une pomme – et regarda le chat noir sauter en silence sur le guéridon.

- Non... Non, laisse le...

Colibri devenait folle : le chat lui avait souri. Du moins, il lui avait montré les crocs en un rictus malfaisant. Le tout en pressant du bout de la patte le bouton Play du répondeur.

- C'est une blague ?! Pssshhht ! Va-t'en, qu'est-ce que tu...

    « ... vie. Donc je vais envoyer quelques amis à moi faire un peu de ménage dans ta vie. Histoire de te focaliser sur le principal. Ah, et si tu changes d'avis,rappelle-moi au zéro-sept... »

Sophie s'était ruée sur le boîtier,le cœur battant. Des menaces, à présent ? Elle s'était parfois confrontée à quelques groupes mafieux au cours de différentes enquêtes, mais jamais elle n'avait reçu la moindre menace. Tout au plus des tentatives de pot-de-vin rapidement repoussées. C'étaient davantage les juges et les hommes dits « de terrain » qui étaient soumis au chantage et à la corruption.

- Petit imbécile ! Viens plutôt dans la cuisine, gronda Colibri à l'adresse du chat noir, qui plissa les yeux d'un air méprisant. De quoi je me mêle, hein ?

Pour se changer les idées, la jeune femme alluma sa chaîne Hi-Fi et lança un CD. C'était une compilation qui devait dater de l'été 98, mais ça lui permettait de se changer les idées. Le chat cracha en direction des enceintes,mais rejoignit Sophie dans la cuisine, sautant sur le plan de travail où la jeune femme épluchait des betteraves.

- Attention, ça tache ! prévint Sophie en repoussant des mèches de cheveux à l'aide de son poignet.Tu as faim, peut-être ? Bon, je finis ça et je mets les lasagnes au four et je vais demander à ma voisine ce que mange un chat. Elle a un tout petit chat, qui s'appelle Lucky. Il est vraiment adorable. Pas comme toi. Mes parents n'ont jamais eu de chat, juste des chiens, alors je ne sais pas ce que tu manges...

L'animal plissa ses yeux verts et s'assit, enroulant sa queue autour des pattes. Il bailla ostensiblement.

- Je t'ennuie ? Tu ne manques pas de toupet, dis-donc ! Tu es aussi aimable que cet abruti de Tahir !

Plus rageusement qu'elle ne l'eût voulu, Sophie commença à trancher une betterave.

- Non mais, tu le crois, toi ? Ce petit mec puant m'a fait venir dans sa tour d'ivoire pour m'insulter et refuser de subir son évaluation ! Il lui aurait suffit de me dire merde au téléphone, je n'aurais pas perdu mon temps ! Et puis, « célibataire le plus convoité », tu parles,tiens Plutôt mourir que de vouloir passer ne serait-ce qu'une heure avec ce rat arrogant et pourri gâté. Aïe. Zut.

Sophie s'était coupé le doigt dans son enthousiasme. C'était superficiel, mais elle saignait un peu. La jeune femme mit le doigt dans sa bouche.

- Non, sans rire, ce type est une vraie ordure.

Au moment où elle allait enchaîner sur le fait que Abaddon Tahir devait certainement être le fils caché d'Hitler et de Saddam Hussein, quelques coups puissants furent donnés contre sa porte. Le chat cracha aussitôt.

- Eh, détends-toi, ce n'est que...

L'ampoule, au-dessus de sa tête,chuinta, la chaîne Hi-Fi couina et tout l'appartement fut brutalement plongé dans le noir.

- Oublie, déglutit Colibri en posant instinctivement la main sur la tête du félin. Tu peux paniquer.

- Sophie ?

Cette voix. Des larmes débordèrent aussitôt des paupières de Colibri. C'était lui. Ce psychopathe qui la harcelait. Il l'avait retrouvée. Il l'avait suivie. Il était sur son palier. 

- Oh non... gémit la jeune femme.

Le téléphone fixe était sans nul doute victime de la panne de courant, mais le téléphone portable pourrait...

- Plus de réseau ?! Non... non...C'est une blague !

Sophie songea au nombre de fois où Jayvart l'avait traînée au stand de tir. Au nombre de fois où le vieux commissaire ronchon lui avait demandé d'obtenir un port d'armes à cause de tous les mous du cerveau auxquels elle avait affaire.

- Si je m'en sors, je promets que j'achète un flingue. Je promets... murmura Colibri en s'accroupissant dans la cuisine. Je promets, je promets, je promets.Non, chat ! Non !

Le félin, paisiblement, avait bondi sur le carrelage de la cuisine et s'était dirigé vers la porte d'entrée.

- Chat ! Chat !

- J'entre, Sophie ! chantonna la voix du hacker.

Colibri avait fermé la porte, elle en était certaine. Mais le déclic de la poignée, suivi de peu par le grincement des gonds qui tournaient sur eux-mêmes firent naître une terreur sans nom dans les entrailles de la jeune femme. Et ce foutu chat qui restait devant la cuisine, comme un néon clignotant : « VICTIME DANS CETTE PIÈCE ». Sophie empoigna le couteau qui lui avait servi à découper les betteraves – et accessoirement son doigt –, sachant très bien qu'elle serait incapable de s'en servir. Elle promit intérieurement qu'elle irait suivre des cours intensifs de krav-maga au dojo municipal si elle s'en sortait vivante. Un grattement étrange se fit entendre dans l'entrée. Le type s'essuyait les pieds sur le paillasson.

    La même angoisse qui avait saisi Colibri à la gorge lorsque cette dernière avait pour la première fois communiqué avec ce cinglé envahit l'appartement de la même façon qu'une odeur de cadavre en état de décomposition avancée.Le chat poussa un petit soupir et ne bougea pas de l'entrée.

- Soso ? Soooophiiiiie... Je sais que tu es làààà... chantonna le psychopathe de la même voix que prendrait un loup au jeu de cache-cache. Soooophiiiiie...

Une fois encore, la jeune femme sentit que ses joues ruisselaient de larmes sans pour autant avoir souvenir du moment où elle avait commencé à pleurer. Le type se dirigeait droit vers la cuisine. Comment avait-il réussi à ouvrir la porte.Pourquoi la harcelait-il ?!

    Dans la pénombre, éclairé seulement par les lampadaires dont la lueur blafarde filtrait à travers les baies vitrées de l'appartement, le cinglé apparut devant la cuisine. C'était un homme, grand et effroyablement maigre. Sophie crut distinguer des bandages plaqués sur son crâne et ses bras. Le reste de son corps était dissimulé par de larges vêtements que l'inconnu avait dû dénicher çà et là.

- Hello, Sophie... sourit l'inconnu envoyant la jeune femme accroupie au fond de la cuisine. Viens donc me faire la bi...

L'inconnu sursauta et recula précipitamment : le chat noir, qui s'était ramassé sur lui-même, avait fait un bon en avant, grondant, le poil hérissé.Le psychopathe montra des dents et adressa à l'animal ce qui sembla une injure féroce, et qui sonna comme une malédiction rocailleuse.Le chat gronda de plus belle et recula sans quitter l'homme du regard jusqu'à sa place initiale, dans l'entrée de la cuisine.

- Ton chat ne m'aime guère, Sophie...Vous vous connaissez depuis longtemps ?

- Je... je... j'ai appelé la police !s'exclama Colibri en agitant son portable. Vous... partez ! Ou vous...

Un ricanement effroyable naquit sur les lèvres de l'inconnu, qui balaya le salon du regard. Son visage, sous la lumière jaunâtre de l'éclairage public, était difficilement discernable, mais il semblait à Sophie qu'elle contemplait un squelette. Les arêtes et contours osseux auraient pu être retracés sans aucun souci. Il semblait chauve, sa peau était aussi lisse qu'une feuille de papier et ses orbites enfoncées recelaient deux sphères aussi noires que de l'encre. 

- Je pense que tu aurais du mal à appeler qui que ce soit au secours, sourit l'homme en penchant la tête sur le côté. C'est moi qui ai isolé tech-no-lo-gi-que-ment ton appartement. J'attendais ce moment depuis quelques mois, déjà,terré, à moitié mort... Je chassais sur internet le moindre indice qui me mènerai à ce cher Radu, et tu me l'as fourni sur un plateau d'argent...

- Le forum... c'était vous... souffla Colibri.

- En effet ! C'était moi !Bravo, So-so...

L'homme squelettique fit un pas en avant mais le chat hérissa aussitôt le poil, doublant de volume et grondant furieusement. Un éclair de fureur impuissante passa sur le visage de l'intrus et il suffit à Sophie pour se convaincre du fait que, tant que le félin restait dans l'embrasure de la porte, cette créature spectrale n'irait pas plus loin.

- Je n'ai rien contre toi, Sophie, sourit l'homme, faisant apparaître des gencives blanches sous des lèvres quasi-inexistantes. Je cherche juste à retrouver ton cher ami disparu, comme toi !

Colibri ne répondit rien. Elle craignait d'enclencher chez l'inconnu une cascade de violence, car ses longues mains maigres tremblaient de plus en plus fort. Et ces yeux... Sophie ne parvenait même pas à en distinguer la sclère...

- Il ne t'a jamais parlé de moi ?

Sophie serra dans son poing le manche du couteau à betterave, frissonnant.

- Jamais, répondit-elle d'un ton qui se voulait affirmé.

- Oooooh... Quel dommage, geignit l'inconnu. Mais voyons je suis le célébrissime Zalmoxis ! Orphique de renom et...

- Colibri ? Bon Dieu, Colibri, ça vous arrive de répondre au télépho... ?!

- Jayvart ! hurla Sophie. Attention,dans le salon, il y a...

La silhouette trapue et bedonnante du commissaire fit son apparition devant la porte de la cuisine. Il masquait à Sophie la vue du salon. La moustache frémissante, arme au poing, il s'exclama :

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bazar,Colibri ?! Vous avez bu, ma parole ?

- Derrière vous, Jayvart !

Le commissaire fit volte-face, pour ne voir qu'un énorme chat noir filer à toute vitesse dans le couloir de l'immeuble. La lumière revint presque aussitôt et il soupira :

- Colibri, il n'y a rien. Les collègue sont signalé une tentative d'agression dans le coin et j'ai entendu votre nom...

- Il y a quelqu'un... bredouilla la jeune femme tandis que Jayvart la relevait en grognant. Dans le salon...quelqu'un...

- Vous déraillez, Coli ! tonna le commissaire bourru. C'était une coupure de courant !

Sophie essuya rapidement son visage à l'aide d'un mouchoir que lui tendait Jayvart.

- Vous faites peur, Colibri. Prenez des vacances.

- Si vous êtes venu pour me dire ça...

- Vous ne tournez plus rond, depuis une semaine ! Tout ça parce que votre traine-savates de Roumain a filé à l'Anglaise... Non, c'en est trop : posez un congé ou je vous signale. Tenez.

Pratique, Jayvart avait tiré d'un placard une bouteille de rhum blanc et en avait versé un pouce à la jeune femme. Cette dernière avala le verre en grimaçant sous la brûlure.

- Et il n'y avait personne dans le salon.Je l'aurais vu : même pour aller dans les autres pièces, il aurait dû passer sous mon nez !

Sous le choc, Sophie inspira et expira longuement.

- Je... vous avez raison... je vais...

- Oui ?

- Je vais prendre un billet pour le Japon.

- C'est ça, vous irez donner une baffe à votre Roumain de ma part pour nous laisser dans la panade du jour au lendemain ! C'est votre consultant, oui ou non ?!

- Ou... oui... je vais... Je vais faire ça...

Jayvart glissa un regard inquiet à sa jeune collègue et secoua la tête :

- Je n'aurais pas dû laisser Aleksey vous accompagner chez ce mégalo de Tahir. Ça aussi, ça a dû vous arranger ! Vous avez mangé ?

- N... non, j'étais en train de...

- Qu'est-ce que c'est, des lasagnes surgelées ?! grommela Jayvart en remuant la moustache d'un air écœuré. Bon Dieu Colibri, j'ai connu des Américains qui mangeaient mieux que vous !

- Je n'ai plus faim, de toutes...

- À d'autres ! rugit le commissaire en rangeant son arme de service. Je reste pour vérifier que vous prenez votre billet pour aller voir les sumos et que vous finissez votre assiette. Une fois encore, Colibri, quel âge avez-vous...

    Et Sophie, sous le regard de Cerbère du commissaire qui s'inquiétait bien plus pour elle qu'il n'eût voulu l'admettre, sélectionna un vol direct pour Tôkyô.

    Quelques jours plus tard, sa voiture de location tombait en panne non loin d'Osaka, sans qu'elle eût reçu la moindre nouvelle de Heathcliff. Elle avait choisi de faire une sieste rapide, sur une aire d'autoroute, rassurée de n'avoir plus eu le moindre contact de la part de cet être abominable qui était entré chez elle par effraction. Et lorsqu'elle s'était réveillée,elle l'avait vu, l'être abominable. Il la lorgnait à travers la vitre de la voiture. Elle avait tout juste eu le temps de laisser un dernier message à Heath avant que l'inconnu – qui semblait être en meilleure santé, cette fois-ci – ne parvînt à ouvrir la porte que Sophie était convaincue d'avoir fermé.

    La dernière chose dont le médecin-légiste se souvenait avant de recevoir un coup terrible en plein visage était le faciès grimaçant de son agresseur.

    Et la première chose dont elle prit connaissance lorsqu'elle revint à elle fut qu'elle était solidement ligotée, allongée sur le dos, dans une sorte d'entrepôt qui sentait le moisi. Un sifflement désagréable provenait du plafond.

    Sophie mit quelques secondes à voir plus clair, une migraine effroyable – renforcée par l'éclairage artificiel du hangar – pulsant à ses tempes. La jeune femme remarqua alors une sorte de large et lourde plaque d'acier, à quelques mètres au-dessus de ses jambes. Colibri tenta de se défaire des liens qui l'emprisonnaient, peine perdue.

    Un joyeux « C'est parti ! »retentit dans la pièce, derrière sa tête, et la plaque commença à descendre, lentement mais sûrement, vers ses jambes...

*

A suivre...

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