Chapitre 2

Chapitre 2

Ma mâchoire m'en tombait. De l'autre côté de la pièce, Dimitri soutenait mon regard. Son regard semblait me dire : Non, ne fait pas ça, Rose. Laisse tomber. Il y avait une lueur d'amusement dans ses yeux, quelque chose qui me rappelais notre ancienne relation professeur-élève. Il me connaissait trop bien. Il savait qu'à la moindre occasion, j'aurais continué à me battre contre sa vieille grand-mère. Je perdrais probablement. Avec un rapide hochement de tête, j'ai fermé ma bouche. Ok, sorcière, je me suis dit. Tu gagnes cette partie. Yeva me lança un sourire édenté.

« -Mais comment c'est arrivé ? a demandé Sonya, nous ramenant avec tact vers des eaux moins dangereuses, la transformation en dhampir, je veux dire. »

Dimitri et moi, nous regardons à nouveau, mais son amusement de tout à l'heure avait disparu.

« L'esprit, a-t-il dit calmement. »

Ses sœurs ont respiré plus vite pendant un instant. Les Morois pratiquaient la magie, mais la plupart d'entre eux se spécialisaient dans les quatre éléments physiques : la terre, l'air, l'eau, et le feu. Récemment, cependant, un élément très rare a été découvert : l'esprit. Il était lié aux capacités psychiques et à la guérison et restait pour beaucoup de Morois et de dhampirs quelque chose de très difficile à accepter.

« -Mon amie Lissa a utilisé l'esprit pendant que, euh, elle le poignardait avec un pieu en argent. »

Ai-je expliqué. Alors que je serais heureuse de sauver Dimitri à nouveau, l'image de lui se faisant poignarder le cœur restait pour moi encore un peu troublante. Jusqu'au dernier moment aucun d'entre nous ne savait vraiment si ça allait juste le tuer ou pas. Paul avait les yeux écarquillés.

« -Lissa ? Tu veux dire la Reine Vasilisa ?

-Oh, oui, j'ai dit, elle. »

C'était toujours un peu dur de me rappeler que ma meilleure amie depuis la crèche était maintenant la reine de tout le monde Moroi. Penser à elle me fit un nœud dans l'estomac. Son couronnement quelques semaines plus tôt avait été très mal vue par beaucoup de personnes. Certains de ses ennemis étaient capable de devenir violent, et la laisser une semaine pour venir ici m'avais rendue extrêmement nerveuse. C'était seulement le fait d'être sûre qu'elle serait entourée par des gardiens ainsi que le besoin de la famille de Dimitri de savoir que celui-ci ne faisait plus partie des morts-vivants, qui m'avais fait accepter ce voyage.

Nous restions debout tard, répondant à leur nombreuse question. Même avant d'avoir été transformé de force en Strigoi, Dimitri ne les avait pas vues depuis longtemps. Il a continué d'essayer de découvrir ce que sa famille avait vécu ces dernières années, mais elles le ramenèrent vite à son sujet. Elles ne considéraient pas leurs propres expériences importantes. Il était leur miracle. Et elles ne pouvaient pas obtenir assez de lui.

Je connaissais ce sentiment.

Quand Paul et sa sœur se sont rapidement endormis sur le sol, nous nous sommes finalement rendu compte qu'il était temps pour nous d'aller au lit. Demain était un grand jour. J'avais taquiné Dimitri comme quoi sa famille ferait une fête encore plus grande que celle qu'ils avaient fait lorsqu'ils le croyaient mort, et il s'est avéré que j'avais raison.

« -Tous le monde veut te voir »

Nous avions expliqué Oléna lorsqu'elle nous a montré notre chambre. Je savais que « tout le monde » était en réalité toute la communauté dhampir de Baia.

« -Aussi incroyable que ça l'est pour nous, cela l'est encore plus pour eux. Alors... Nous leur avons dit de venir demain. Tous. »

Je jetais un coup d'œil à Dimitri, curieuse de voir comment il allait répondre. Il n'était pas vraiment le genre de personne qui aimait être au centre de l'attention, je ne pouvais que deviner comment il se sentait lorsqu'on évoquait l'événement le plus terrible et traumatisant de sa vie. Le temps d'une seconde, son visage était de marbre, sans aucunes émotions comme il savait le faire. Puis il s'est détendu en souriant.

« -Bien-sûr, dit-il à sa mère, j'ai hâte. »

Oléna lui rendit son sourire avec soulagement puis nous a souhaité bonne nuit. Une fois qu'elle fut partie, Dimitri s'assit sur le rebord du lit et posa ses coudes sur ses genoux. Il a mis sa tête dans ses mains et a murmuré quelque chose en russe. Je ne savais pas vraiment ce qu'il a dit, mais j'imaginais que ça ressemblait sûrement à « Dans quoi je me suis embarqué ? ».

J'ai marché jusqu'à lui et me suis assise sur ses genoux, enroulant mes bras autour de son cou de façon à lui faire face.

« -Pourquoi es-tu si triste, camarade ?

-Tu sais pourquoi, dit-il jouant avec une mèche de mes cheveux, je vais devoir continuer à parler de... de cette période. »

Je compatissais à sa douleur. Je savais qu'il se sentait coupable de ce qu'il avait fait quand il était un Strigoi et il avait seulement, très récemment, commencé à accepter que ce n'était pas de sa faute. Il avait été transformé contre son gré par un autre Strigoi et n'était pas pleinement lui-même. Pourtant ça restait très difficile pour lui de faire avec.

« C'est vrai, ai-je dis, mais ils vont seulement parler de ça pour découvrir le reste de l'histoire. Personne ne va se concentrer sur ce que tu as fait quand tu étais un Strigoi. Ils vont vouloir savoir comment tu es revenu. Le miracle. J'ai vu ces gens lorsque je suis venue en Russie. Ils te pleuraient en tant que mort. Maintenant ils vont vouloir célébrer ton retour. C'est la seule chose sur laquelle ils vont se concentrer »

J'ai posé mes lèvres contre les siennes

« C'est certainement ma partie préférée de l'histoire. »

Il me rapprocha de lui.

« -Ma partie préférée est celle où tu m'as giflé dans un certain sens et m'a fait cesser de me sentir désolé pour moi.

-Giflé ? Ce n'est pas vraiment ce dont je me souviens. »

Pour être honnête, Dimitri et moi nous sommes souvent battus par le passé. C'était inévitable avec l'entraînement très stricte que les gardiens avaient. Mais lui faire passer outre ses anciens jours en tant que Strigoi... et bien, cela avait demandé moins de coups dans un sens et plus de moi essayant de ne pas être trop agressive pendant qu'il se guérissait. Et oui, il y avait aussi eu l'incident impliquant une chambre d'hôtel et le retrait de vêtements, mais je ne pense pas que cela est été essentiel dans le processus de guérison.

Pourtant, lorsque Dimitri est tombé à la renverse en m'emportant avec lui, j'ai eu le sentiment que lui aussi pensait à ce moment-là.

« -Peut-être que tu as juste besoin de m'aider à m'en souvenir, dit-il diplomatiquement.

-Souvenir, hein ? »

Enroulée dans ses bras, Je lançais un regard anxieux à la porte.

« -Je me sens déjà assez mal qu'on ait une chambre pour nous tout seul dans la maison de ta mère ! C'est comme si nous volions quelque chose. »

Il prit mon visage dans ses mains.

« -Ils sont très ouverts d'esprits, dit-il, d'ailleurs, après tout ce dont nous avons dû faire face ? Je pense que nous pourrions aussi bien être marié, autant que ceux qui sont concerné.

-J'ai cette impression aussi. »

Ai-je admis. Quand j'étais venue ici pour sa fête commémorative, la plupart des autres dhampirs m'avais pratiquement traitée comme sa veuve. Les relations entre dhampirs n'allaient pas souvent jusqu'aux cérémonies.

« -Ce n'est pas une mauvaise idée. »

Taquinait-il. J'ai essayé de lui mettre un coup de coude, ce qui était assez difficile, si l'on considérait notre position.

« -Non. Ne t'aventure pas sur ce chemin, camarade. »

J'aimais Dimitri plus que tout au monde, mais en dépit de ses propositions occasionnelles, j'avais clairement fait comprendre que je n'avais pas l'intention de me marier avant qu'il y ait un « 2 » au début de mon âge. Il avait 7 ans de plus que moi, alors le mariage pour lui était plutôt une idée raisonnable. Pour moi, même s'il n'y avait personne d'autre que je voulais, 18 ans était trop jeune pour devenir une épouse.

« -Tu dis ça maintenant, dit-il en se retenant de rire, mais un de ces jours tu vas craquer.

-Pas du tout, dis-je. »

Le bout de ses doigts traçait les contours de mon cou, réchauffant ma peau.

« -Tu as de bons arguments, mais tu es encore loin de gagner.

-Je n'ai même pas encore réellement essayé, dit-il dans un rare moment d'arrogance, quand je veux je peux être très persuasif.

-Ah oui ? Prouve-le. »

Ses lèvres se sont rapprochées des miennes.

« -J'espérais que tu dirais ça. »

********

Les invités commencèrent à arriver tôt. Bien-sûr, les femmes Belikov étaient debout avant, bien avant, Dimitri et moi, qui étions toujours décalé à cause du décalage horaire. La cuisine était un tourbillon d'activités, remplissant la maison de toutes sortes d'odeurs alléchantes. Pour tout dire, la cuisine russe n'était pas celle que je préférais, mais certains des plats, surtout ceux qu'Oléna avait fait, étaient assez bons. Elle et ses filles avaient cuisiné d'énorme quantité de tout, ce qui semblait excessif puisque quasiment toutes les personnes qui sont venus ont apporté des plats pour les partager. Cette fête était comme un miroir de celle commémorative de Dimitri, excepté que l'humeur était considérablement meilleure.

Au début, tout le monde était un peu mal à l'aise. Malgré sa volonté de se concentrer sur le positif, Dimitri avait encore un peu de mal avec le fait que son passé en tant que Strigoi était le centre de l'attention. Quelques-uns des invités étaient également nerveux, et pensaient sûrement que les autres invités avaient fait une grave erreur et qu'il était encore un buveur de sang non-mort. Bien-sûr, vous aviez seulement besoin de passer 5 minutes avec lui pour vous rendre compte que ce n'était pas vrai, et bientôt la tension disparue. Dimitri connaissait presque tout le monde depuis son enfance et il était de plus en plus heureux de voir des visages familiers. Et eux en retour était plus qu'heureux de son retour parmi les vivants.

Je les ai beaucoup regardés des coulisses. J'avais rencontré la plupart d'entre eux avant, et même si certains me saluait, il était clair que Dimitri était le centre de l'attention. La plupart des conversations étaient en russe aussi, mais c'était suffisant pour moi de simplement voir son visage. Une fois qu'il s'habitua à être parmi ses anciens amis et sa famille, une joie silencieuse se propagea en lui. La tension qui semblait toujours crépiter en lui s'effaça un peu, et mon cœur fondu de le voir dans un tel moment.

« -Rose ? »

Je regardais avec amusement des enfants l'interroger très sérieusement. Je me retournais en entendant mon nom, j'étais surprise de trouver deux visages familiers et agréables.

« -Mark, Oskana !, me suis-je exclamée en embrassant le couple, je ne savais pas que vous seriez là.

-Comment nous pourrions ne pas être là ? »

Demanda Oskana. C'était une Moroi, elle avait presque trente ans de plus que moi mais restait toujours très belle. C'était aussi une des rares spécialistes de l'esprit que je connaissais. A côté d'elle, son mari Mark me souriait. C'était un dhampir, ce qui rendait leur relation scandaleuse et c'était pourquoi ils essayaient de la garder pour eux. Oskana avait utilisé les pouvoirs de l'esprit pour ramener Mark à la vie après que celui-ci avait été tué durant une bataille, un exploit de guérison qui rivalisait avec le retour de Dimitri en dhampir. On appelait cela le baiser de l'ombre.

« -Nous voulions te voir à nouveau. »

M'a dit Mark. Il inclina sa tête vers Dimitri.

« -Et bien-sûr, nous voulions voir le miracle par nous-même.

-Tu l'as fait, dit Oskana son doux visage était émerveillé, tu l'as sauvé après tout.

-Et pas comme je le pensais au début »

Ai-je remarqué. Quand j'étais venue la dernière fois en Russie, mon but était de traquer et de tuer Dimitri, afin de sauver son âme de cet état malsain. Je ne savais pas encore qu'il y avait une alternative.

Oskana était inévitablement curieuse du rôle de l'esprit dans le salut de Dimitri, et je lui ai donné autant d'information que je pouvais. Le temps a passé. Le jour passa au début de soirée, et les gens commencèrent à sortir la vodka mortelle qui m'avait fait sombrer la dernière fois. Mark et Oskana me taquinaient et voulaient que je fasse un nouvel essai, quand une nouvelle voix a soudainement attiré mon attention. Cette voix ne s'adressait pourtant pas à moi, mais j'étais immédiatement capable de la localiser malgré le bourdonnement de la maison parce qu'elle parlait anglais.

« -Oléna ? Oléna ? Ou es-tu ? Nous devons parler du Roi de sang. »

Suivant la voix, je retrouvais rapidement un homme d'environ 5 ans plus vieux que moi qui essayait de se faire un chemin à travers la foule où se trouvait Oléna près de son fils. La plupart ne prêtèrent pas ou peu attention à lui, mais après quelques instants ils le regardèrent en partageant ma surprise. C'était un humain, le seul humain présent ici, de ce que je pouvais en dire. Les humains et les dhampirs étaient tout d'abord indiscernable les uns des autres, mais ma race avait une habilité pour les différencier de nous.

« -Oléna. »

A court de souffle, l'humain rejoignit Oléna et me donna ma première vision globale de lui. Il avait les cheveux noirs et bien taillés et portait un costume gris tiré à quatre épingles qui améliorait d'un certaines façons sa carrure dégingandé. Lorsqu'il tourna sa tête d'une certaine façon, la lumière passa sur l'une de ses joues, révélant une fleur de lys doré tatouée. Et cela expliquait sa présence. C'était un Alchimiste.

Oléna parlait avec une voisine et s'est finalement retournée lorsque l'Alchimiste a dit son nom trois fois de plus. La mère de Dimitri est restée souriante et agréable, mais j'aperçus une lueur d'exaspération dans ses yeux.

« -Henry, dit-elle, quel plaisir de te revoir. »

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