VINGT-CINQ | digression nocturne

Pour une fois je fais une note en début de chapitre pour m'excuser d'avoir mis des mois à poster un nouveau chapitre. J'avais absolument pas prévu la charge de travail qui allait s'abattre sur moi de fin octobre à mi-décembre. Après cela j'ai révisé mes partiels (plus que j'ai révisé mon bac, c'est pour dire). Et après une si longue interruption forcée ça a été dure de m'y remettre. Mais aujourd'hui j'ai été déter et j'ai fini le chapitre suivant donc voici ENFIN le 25. Bonne lecture  !

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L'inconvénient (ou l'avantage, c'est à voir) d'avoir sa chambre juste à côté des toilettes, c'est qu'on est vite au courant quand elles sont occupées ou, au contraire, libres. La plupart du temps, Raleigh n'était pas gêné par ce voisinage : la journée, la famille utilisait plutôt celles du rez-de-chaussée et la nuit, il avait le sommeil suffisamment profond pour ne pas être dérangé. Cependant il ne devait pas dormir si profondément que ça cette nuit-là puisqu'il fut réveillé par une série de haut-le-cœur typique de quelqu'un accroupit devant la cuvette tentant de vomir. Et à en juger par la voix qui lâcha un juron à mi-voix entre deux hoquets, la personne dont l'estomac faisait des siennes n'était autre que Zelda. Sans hésiter le moindre instant, Raleigh repoussa sa couverture et se leva. Une fois dans le couloir, il avisa la lumière filtrant sous la porte des toilettes et ouvrit celle-ci en veillant à faire le moins de bruit possible – la chambre de leurs parents n'était pas très loin. Conformément à sa supposition, sa jumelle était bien à genoux sur le carrelage, le visage à moitié dissimulé par la lunette et une main retenant du mieux possible ses cheveux pour qu'ils ne retombent pas sur son visage. Un aller-retour éclair à la salle de bain plus tard, Raleigh les lui attachait avec un élastique pour qu'elle n'ait plus à s'en préoccuper. Il caressa doucement son dos, accroupi à côté d'elle, tandis que ses haut-le-cœur semblaient se calmer. Zelda s'assit et posa son front contre la surface froide des toilettes, reprenant progressivement le contrôle de sa respiration. Un rapide coup d'œil appris à Raleigh que son corps n'avait rien expulsé de plus que de l'air et de la salive malgré les importantes contractions de son estomac. A croire que ce n'était pas un problème de digestion du diner. Il croisa le regard de sa jumelle et celle-ci répondit à sa question silencieuse en hochant lentement la tête, lui signifiant que ça allait mieux – pour l'instant en tout cas. Après quelques minutes, elle se remit debout, les jambes encore tremblantes, et retourna dans sa chambre pour s'affaler lourdement sur le lit. Raleigh profita de ce laps de temps pour aller récupérer une bassine au rez-de-chaussée et ainsi éviter de devoir retourner aux toilettes si jamais la crise reprenait – il espérait que non mais mieux valait anticiper. Oh et il passa récupérer son portable aussi. Lorsqu'il rejoignit sa sœur dans la chambre, celle-ci était en train d'ajuster son coussin pour s'adosser confortablement à la tête de lit. Il déposa la bassine à portée de main, entre le lit et la table de chevet. Puis il grimpa à son tour sur le matelas, enjamba le corps de sa jumelle et s'installa côté mur. Zelda le regarda faire, un air confus sur le visage.

-Je peux savoir ce que tu fais ?

-Ben, comme tu peux le voir, je me mets à l'aise.

Après toutes ces années de vie sous le même toit, Raleigh pouvait se vanter de connaître sa sœur au moins aussi bien que lui-même, si ce n'était plus. Il savait donc d'expérience qu'elle mettait énormément de temps à s'endormir après avoir eu la nausée et encore plus si celle-ci ne passait pas. Alors plutôt que de la laisser ruminer seule dans sa chambre toute la nuit, autant essayer de la distraire.

-Hors de question, décréta-t-elle, retourne te coucher. On a cours demain je te rappelle.

-Tu te rappelles la fois où j'ai été malade pendant une semaine ?

Difficile d'oublier, Raleigh était rarement malade mais, cette fois-là, il s'était retrouvé cloué au lit presque sept jours d'affilée. Pour un garçon de onze ans très actif et passant le plus clair de ses journées dans le jardin, les heures avaient été très longues.

-Tu es restée avec moi vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour éviter que je ne m'ennuie, continua-t-il. Et je ne crois pas que tu en avais quelque chose à foutre de l'école à ce moment-là.

-C'était il y a six ans, rétorqua-t-elle en levant les yeux au ciel.

-Je veux rester avec toi.

Zelda fixa quelques instants ses yeux brillant de détermination. La faible lueur de la veilleuse s'y reflétait d'une manière remarquable, presque hypnotique.
Elle soupira.

-Fais comme tu veux.

Un sourire triomphant étira ses lèvres alors qu'il enfouissait un peu plus sa joue dans le coussin moelleux. Cependant tout rictus disparut rapidement de son visage lorsqu'il avisa l'air souffrant de sa jumelle.

-Ça ne te passe pas ?

En fait, il s'agissait plus d'un constat que d'une vraie question. Même dans la pénombre il était évident que Zelda ne se sentait pas mieux.

-La nuit va être longue, marmonna-t-elle.

-C'est pour ça que je suis là.

-Rends-toi utile alors, fais-moi penser à autre chose.

-Sois plus sympa avec Abbie.

Soupir agacé et sourcils froncés.

-C'est pas exactement ce à quoi je pensais quand j'ai demandé une distraction.

-Dommage pour toi.

-Tu veux vraiment qu'on parle de Barbie à quoi ? Deux heures du matin ?

Apparemment oui, Raleigh tenait absolument à avoir cette conversation. Certes Zelda n'avait pas eu d'interaction directe depuis un long moment – et heureusement – mais il était bien conscient que son associée était toujours intimidée, pour ne pas dire terrifiée, par sa gangster de sœur. Il repensa à cet après-midi-là, dans le jardin des Cortez, où Abbie avait décrété que leur prochaine rencontre serait chez lui. Malgré son ton assuré, elle n'en menait pas large et le lycéen n'était pas dupe. Il lisait en elle comme dans un livre ouvert.

-S'il te plait ma Zellie soit aimable. Je sais que tu peux le faire.

-Mais j'adore être désagréable avec elle, répliqua-t-elle en faisant la moue.

-S'il te plait.

Aïe, retour des yeux de chiot qui la faisait craquer à chaque fois. Zelda n'avait pas d'autre choix que de céder. Et puis de toute façon ce n'était pas comme si elle détestait vraiment Abbie. Au début peut-être, parce qu'elle était très agaçante. Mais de ce qu'elle en voyait, ce côté très casse-pied s'était atténué avec les mois. Pourquoi pas, donc, consentir à échanger quelques banalités ?

-Mais ne t'attends pas à ce qu'on devienne meilleures amies, le prévint-elle. Je ne suis pas sûre qu'on ait grand-chose à se raconter elle et moi.

Loin de lui l'idée d'en espérer tant. Si déjà Zelda abandonnait ce rôle de sœur surprotectrice doublé de caïd, c'était tout à fait suffisant. Mais ne vous y trompez pas, Raleigh adorait la voir remettre les gens en place, voire leur coller son poing dans le nez quand ils le méritaient. Seulement là était le mot clef : le mérite. Et Abbie avait mérité un peu de paix.
Zelda aussi d'ailleurs, il était tant que son estomac lui laisse un peu de répit et que cette désagréable sensation de gorge nouée s'en aille. Ce n'avait pas l'air d'être le cas jusqu'à maintenant. Par expérience, l'adolescent savait qu'un peu de musique pouvait être apaisant. Il attrapa donc son portable et farfouilla parmi son importante bibliothèque de morceaux. Quelques glissements de pouces experts l'amenèrent jusqu'à la pièce qu'il jugea parfaite pour cette tâche. Il la lança non sans oublier de régler le son pour ne pas déranger leurs parents qui dormaient paisiblement non loin.
Zelda reconnut son compositeur préféré dès les premières notes et l'un de ses morceaux qu'elle aimait le plus.
Oltremare.
Bercée par la mélodie envoutante, elle ferma les yeux tout en gardant l'oreille attentive. Elle tenta de s'immerger dans le morceau et ainsi oublier son malaise. En un sens, elle y parvint. Ses pensées tournèrent, dérivèrent. Au final, elle ne pensa plus vraiment à sa nausée, ni au morceau d'ailleurs. Elle serait bien incapable de refaire dans le sens inverse le chemin qui l'amena à de telles réflexions. Peut-être était-ce ces notes mélancoliques et tourmentées ou peut-être était-ce cette conversation à propos d'Abbie. Peu importait au fond.

-Tu crois que ça me passera en vieillissant ? chuchota-t-elle.

-Quoi donc ? demanda-t-il perdu.

-Être colérique. Tu crois que j'arriverai à ne plus l'être un jour ?

-Tu n'es pas colérique Zellie.

Elle rouvrit les yeux et le regarda. Raleigh eut bien du mal à saisir toutes ces paillettes qui tourbillonnaient dans ses iris. Trouble, consternation, abattement mais aussi une touche d'espoir et d'anticipation vis-à-vis de ce qu'il allait dire.

-Tu as le syndrome du super-héros, poursuivit-il avec air sérieux.

Zelda arqua un sourcil, ne sachant si elle devait rire ou non.

-Tu ne te laisses pas marcher sur les pieds et, surtout, tu ne peux pas t'empêcher d'intervenir verbalement ou physiquement en cas d'injustice.

Elle demeura silencieuse un moment. En soit ce n'était pas faux mais elle n'avait jamais vu les choses sous un aspect aussi... positif. Et pour cause, dans la très large majorité des cas, on lui reprochait son comportement et ses actions étaient qualifiées de mal. Elle avait fait pleuré un nombre incalculable de garçons et de filles depuis sa plus petite enfance et avait été longuement réprimandée pour cela – plus par ses enseignants et d'autres adultes que ses parents à vrai dire. Pourtant personne n'avait jamais rien dit à tous ces garçons et ces filles qui avaient fait eux-mêmes pleurer bien plus d'enfants qu'elle, et pas que pour une vague empreinte de main sur la joue qui disparait au bout de quelques minutes.

-Tu as toujours été et seras toujours ma Wonder Woman, ajouta Raleigh en lui serrant doucement la main.

Zelda en aurait presque pleuré. Elle s'abstint néanmoins. Ce n'était pas l'envie qui manquait mais elle jugea que c'était stupide de verser des larmes pour quelques mots rassurants prononcés par son frère qui évidemment l'adorait – c'était son jumeau après tout. Elle parvint donc à circonscrire son afflux d'émotion à ses seules paupières, qu'elle ferma pour un peu plus de discrétion.

-Merci Ray.

Au final, l'adolescente mis moins de temps à s'endormir, ou du moins à passer dans un état de somnolence, que prévu. Raleigh avait les yeux bouffis par la fatigue lui aussi mais il préféra lutter encore un peu pour être sûr qu'elle ne ferait pas usage de la bassine posée à côté. Et pour cela, rien de mieux que de faire un petit tour sur son groupe préféré.

Le cercle des tortues vertes

Kangaray : quelqu'un d'autre en insomnie ?

Iananas : yep

Iananas : tu tombes bien je commençais à me faire chier

DArkVIDor : je viens de me réveiller

Kangaray : @Iananas toujours là pour te soutenir mec 👊

Kangaray : @DArVIDor une raison particulière ?

Iananas : 👊

DArVIDor : cauchemar

DArVIDor : et toi ?

Kangaray : disons que je remplis mon rôle de grand frère

Iananas : et depuis quand c'est toi l'aîné ?

Kangaray : depuis que je l'ai unilatéralement décidé

Seanchilla : putain vous m'avez réveillé avec vos conneries

Seanchilla : mon portable s'est mis à vibrer plus fort qu'une porte de prison

Kangaray : . . .

Iananas : . . .

Kangaray : mais pourquoi tu l'avais pas éteint, tout simplement ?

Seanchilla : je m'en sers comme réveil

Iananas : t'as qu'à le mettre en mode avion et arrête de nous faire chier

Iananas : petit con

Seanchilla : je ne te permets pas !

Seanchilla : sache que je suis outré Ian

Iananas : et qu'est-ce que j'en ai à foutre ?

Seanchilla : [disappointed but not surprise]

Dariushy : vous m'avez réveillé aussi

Kangaray : vous avez le sommeil léger tous les deux

Kangaray : désolé en tout cas

Dariushy : salut David au fait

DArVIDor : salut Darius, désolé pour le réveil

Dariushy : pas de problème

Seanchilla : @Iananas ET A LUI TU LUI DIS RIEN ?

Seanchilla : Y A DU FAVORITISME DANS CE GROUPE BORDEL T-T

Seanchilla : le karma te fera payer cette injustice connard

Iananas : dis-lui que je l'attends

Kangaray : David ?

DArkVIDor : oui ?

Kangaray : ton cauchemar, c'était en rapport avec... tu sais qui ?

DArkVIDor : malheureusement oui

Seanchilla a renommé "DArkVIDor " en "Darry Potter "

Ci dessous la petite note que j'avais rédigé quand j'ai eu fini d'écrire ce chapitre (il y a... je veux pas compter le nombre de mois). J'étais vraiment persuadée que j'avais publié ce chapitre (moi qui étais si fière de mon Dark Vidor et Darry Potter) mais en fait non. Désolée encore.

Trois mois pour écrire ce putain de chapitre (juin, juillet, août en gros) alors que je savais déjà tout ce qu'il y avait dedans. Les mystères du fonctionnement de la motivation.

Bref, j'aime les moments de douceur Zellie & Ray.
Et j'adore encore plus les conversations cons, je suis très douée pour les trouver. C'est pour ça que parmi mes 40 millions de projets de fiction y en a une qui est majoritairement constituée de discussions cons.
Si les pseudos sont un peu trop difficiles à lire en italique, dites-le moi, je les remettrai en normal.

Je vais essayer de pas vous laisser poireauter encore des mois en attendant le suivant.

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