La Balade des Amants Silencieux

C'est un jour ordinaire, dans une ville ordinaire et deux gens ordinaires. Non vraiment rien d'extraordinaire. Juste deux personnes qui se cherchent, épaules contre épaules, front contre front qui hésitent. Et là-bas le front qui les appelle, qui leur dit que dans un mois c'est leur tour. Leur tour dans le jouet d'échecs. Ils sont les pions, ils ignorent qui est le roi, la reine. Dans leurs étreintes interdites, leurs cheveux mêlés, il y a comme une urgence, un goût de menace qui plane au-dessus comme un vautour. Et son ombre les surplombe et dans sa noirceur montre l'ardeur du fou.

Celui qui fait les yeux doux aux dames, aux femmes, c'est le cavalier. Celui qui exige, celui qui profère les menaces, les ordres, la disparition. L'attente éternelle, l'absence infinie, insupportable, celle qui après vous avoir tué à l'intérieur vous ronge jusqu'à l'envie de la mort extérieure.

Sa danse est superbe, veuve noire ou mante religieuse. Sa valse vous enivre, vous fait perdre la tête. La vraie aussi. Ses pas sont les coups du juge à l'accusé condamné, sa voix grave ensorceleuse est votre arrêt de mort, son regard hypnotique des aimants pour vos yeux, et sa main, celle de votre tombe. Et l'on tombe, encore et encore. La chute n'a pas de fin. La décadence est Reine et ne s'arrête pas. Même sans tête elle vous gardera. C'est sa loi, et même Lethe cherche ce qui pourrait être sa cage.
Qui sont tous ces pions, réellement ? Elle sait. Elle, à laquelle presque plus personne ne croit à présent. La Reine Déchue, la Reine des pions blancs attend dans l'ombre, dans le reflet flou.

Et bientôt, elle reviendra.

Elle vous dit : "Prenez garde aux illusions, que les étoiles vous guident et que vous trouviez votre équilibre".

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