Chapitre 9




  Lorsque les infirmières ressortent, Adam revient.

- Oula, t'as une tête d'enterrement toi là non ? Qu'est-ce qui s'est passé, demande-il à peine dans la pièce.

- Je... Elles viennent de... M'apprendre que je... Je dois rester au moins une... Une semaine i... Ici, balbutié-je.

- Une semaine !? Mais... mais, mais, mais, pourquoi ?! Que... Qu'est-ce qui s'est passé !

- J'ai une putain de commotion cérébrale ! dis-je en fondant en larmes.

- Oh, ma Valou... Viens là, ce n'est pas grave tu sais, dit-il en m'attirant contre lui. Tout ira bien, je viendrai te voir dès que je peux.

Après m'être calmée et avoir aussi un peu profité des câlins d'Adam, je me remets à parler.

- Tu sais, je m'en veux de ne pas avoir fait attention à où je mettais mes pieds, tout ça, c'est de ma faute, dis-je alors que les larmes s'emparaient à nouveau de mon visage. J'ai passé la meilleur journée de ma vie et voila que...

Je m'arrête pour reprendre mon souffle.

- Que tout tombe comme ça, en un coup.

- Don't worry Valentine, ce n'est pas si grave que ça tu sais, le plus important c'est que tu ailles bien !

- Mais je ne vais pas bien, si je dois rester ici, dans cette chambre d'hôpital de merde pendant encore plus d'une semaine, c'est que je ne vais pas bien ! contré-je sur les nerfs. Et puis il y a l'école, je vais devoir me rattraper à moins d'un mois des examens !

- Ne t'inquiète pas pour ça Val, les profs comprendront. Et puis, on pourra encore plus profiter après.

Je renifle et commence à me calmer pour de bon.

- Ça va mieux maintenant ? me demande Adam. Tu veux que j'aille te chercher quelque chose ?

- Ça va mieux, mais je n'ai besoin de rien. Tout ce que je veux c'est que tu sois là, près de moi.

- Oh, que c'est meugnooon ! Tu sais que je t'aime toi ?

Et il me serre dans ses bras.

- *toussotements* Eu, Adam ? Tu... Tu me sers un peu là...

Et il desserre aussitôt ses bras.

***

Aujourd'hui, le temps passe (beaucoup trop) lentement... le peu de visites que je reçois sont celles des infirmières. Il est déjà, ou seulement, 15h22 et je n'ai encore eu aucunes visites de personne. Enfin, je veux dire de personne qui n'en vaille vraiment la peine.

Même mes parents et Héloïse ne sont pas encore passés depuis que j'ai été admise dans cette prison. J'imagine qu'ils comptent venir d'ici ce soir, enfin, je l'espère...

Ce serait quand même triste, non ?

Ça pourrait faire les grands titres : « Après un terrible accident dans les escaliers, la fille Delmot doit rester à l'hôpital pendant plusieurs semaines. Mais que font ses parents ? Pas une seule fois, ils sont venus la voir ! » Bon, c'est peut-être un peu long comme titre, mais ça ferait un beau scandale, vous ne trouvez pas ?

Enfin bref, j'essaye de trouver un sujet intéressant qui me ferrait partir dans de longs débats avec moi-même mais rien ne me vient à l'esprit. Il faut dire que j'en ai déjà passés quelques un en revue pendant cette loooongue journée ennuyante.

Heureusement, après quelques interminables minutes de vide, j'entends la porte s'ouvrir. Une petite frimousse adorable passe par celle-ci. En me voyant éveillée, Héloïse arrive en courant près de moi.

- Valentine !

- Hé ! Hélo, comment ça va ? dis-je en la serrant contre moi.

Elle s'installe sur le bord du lit et se couche contre moi.

- Ça va, ça va, désolé, mais je n'ai pas pu passer avant, j'avais école, déclare-elle comme si je lui avais reproché cela.

Mais je ne pense pas le lui avoir dit, lit-elle dans mes pensées ?

- Je sais bien, Comment t'es venue ici ?

- Ba chui venue toute seule, banane. Qu'es-ce que tu crois ? Je te rappelle quand même que je ne peux pas encore conduire de voiture comme toi ou Théo hein. C'est lui qui m'a conduit ici.

- Hey, mais je ne peux pas encore conduire de voiture moi, j'apprends seulement !

- Oui, enfin c'est pareil quoi. Maman te fais un gros bisou, elle n'a pas encore su passer non plus. Elle a un gros problème au travail. Et papa, il va arriver bientôt, c'est lui qui vient me rechercher ici.

Ah bah super, est-ce que ce que Héloïse vient de dire, c'est que ma mère ne passerait pas aujourd'hui !? Mais... Mais... Mais... Maman... Pourquoi ? Ce n'est pas ton genre ! Tu laisse toujours tes enfants passer avant tout.

Ce qui me surprend le plus c'est que c'est mon père, qui n'est même pas mon père biologique, qui va venir me voir avant ma propre mère ! C'est vrai que Benoît m'aime comme sa propre fille mais voila quoi, j'ai plus d'affinités avec ma mère, elle aurait dû être la première à venir me voir.

- Oh, mais Valou, ne pleure pas, qu'es-ce qu'il y a, me demande ma sœur voyant que les larmes me montent aux yeux.

- R... Rien ma puce, je suis juste contente de voir quelqu'un. La journée à été longue et ennuyeuse, tu sais ?

- Oh oui, j'imagine, cet hôpital n'est pas très fun hein ?

- Tu as raison, il n'y a rien à faire. Et en plus, je ne peux ni regarder la télévisons, ni lire, ni aller sur mon téléphone, dis-je (même si je ne respecte pas la dernière chose énoncée). Ma tête doit se reposer.

*TOC TOC TOC*

- Valentine, dit mon père en passant sa tête dans l'entrebâillure de la porte, j'ai quelque chose pour toi.

- Papa, s'exclame Hélo.

- Salut ma puce, dit-il en lui déposant un bisou sur le front. Salut ma grande, comment tu te sens ? ajoute-il en faisant de même avec moi.

- Boh, ça va, la douleur est acceptable. J'ai juste l'impression qu'il y a des milliers de marteaux dans ma tête, mais sinon, ça va...

- Regarde, je vous ai apporté de quoi vous occuper, toi et ton estomac. Je sais à quel point tu aimes ces chocolats alors je t'en ai pris deux boite. Mais je doute que ce soit assez, dit-il en riant.

- Merci beaucoup ! Tu sais quand compte venir maman ?

- Oula, souffle-il, elle est pas mal débordée en ce moment, tu sais, avec son client... On l'a encore appelée pour défendre un ex-mari, ils se disputent pour la garde des enfants, enfin la routine quoi. Mais elle passera dès qu'elle aura cinq minutes pour elle, ne t'en fais pas.

Le désespoir s'empare de plus en plus de mon corps.

- Bon allez, ce n'est pas tout ça mais il faut qu'on y aille nous, hein Héloïse ?

- Bisous Val, je reviendrai demain ! dit-elle.

- Bisous ma chérie, rétablis-toi bien !

- Bisous papa, bisou Hélo. Bonne soirée !

- À toi aussi, répondent-ils tous deux en cœurs.

Et voila, c'est déjà fini, je me retrouve seule dans cette chambre d'hôpital sombre parce qu'il faut que « mon cerveau se repose ». Au moins, maintenant, j'ai des petites barres de chocolat qui vont un peu m'aider à faire passer le temps.

Une minute passe, puis une deuxième, enfin une troisième, et je me fais littéralement chier...

Je ne sais pas quoi faire, j'ai déjà vidé la moitié des chocolats... Peut-être que mon ventre et mon foie le regrettent, mais en tout cas, mon esprit, lui, est plutôt content de cette absorption rapide de sucre et de cacao remodifiés des dizaines de fois.

Les minutes sont tellement longues quand on n'a rien à faire ! Pourquoi le temps qui passe est-il si injuste envers nous, les humains ? Un jour, on va avoir l'impression d'avoir passé un tellement bon moment qui aura duré quatre heures mais on aura l'impression que ça ne fait que vingt minutes que ce moment dure. Et le jour suivant, vingt minutes vont passer comme si c'était quatre longues heures.

On m'a toujours dit que le temps passait beaucoup plus vite quand on s'amusait, mais comment puis-je m'amuser enfermée dans une sombre chambre d'hôpital alors que tous mes potes sont encore occupés à l'école, ou du moins toutes les personnes qui pourraient amener un peu de joie dans cette triste journée sont occupés. Je ne sais pas où sont toutes ces personnes qui me donnent chaque jour un peu plus envie de les revoir le lendemain, ces personnes qui chaque jour font que ma vie est meilleure, ces personnes qui illuminent mes journées, même les plus sombres, ces personnes qui ont une telle place dans mon cœur, je ne sais pas où chacune d'elle se trouve en ce moment bien que je puisse l'imaginer. Mais ce que je sais par dessus tout, c'est qu'elles ne sont pas là...

BIP.

Un message me sort de mes pensées. J'attrape donc mon portable qui se trouvait sur la haute table de nuit qui se trouve à côté de mon super lit d'hôpital.

Clem. 16h08.

Val ? M'en veux pas hein, je suis vraiment tellement désolée, je me doute que tu as besoin de quelqu'un pour venir te remonter le moral mais je ne pourrai pas venir aujourd'hui... Désoooo... :(

Je lui réponds alors sans trop lui faire ressentir ma déception, après tout, ce n'est pas de sa faute, enfin, j'imagine.

Moi. 16h09.

T'inquiète, ce sera pour une autre fois, comment s'est passé ta journée ?

Un nouveau message apparait en haut de mon écran. Je m'attendais à ce que ce soit à nouveau Clem mais apparemment, ce n'est pas ma meilleure amie qui m'a répondu mais son copain qui lui aussi, me dit qu'il ne viendra pas aujourd'hui... Ma mine n'étant déjà pas très joyeuse à la base se déconfit encore plus.

Quel karma... Qu'ai-je fait pour mériter cela ? Tout d'abord ma propre mère qui n'est même pas venue prendre de mes nouvelles alors que le « drame » s'est passé il y a presque vingt-quatre heures, ensuite mon père qui m'enlève le seul rayon de soleil de ma journée, et maintenant mes amis qui se désistent un à un...

Et quel est le comble de la journée ? C'est que maintenant, quand ma sonnerie retentit, c'est un message d'Adam qui arrive pour... devinez quoi : m'annoncer que lui non plus ne viendra pas aujourd'hui ! Ah bah super !

Je ne sais pas à quoi je ressemble en ce moment mais avec tous les stades de déceptions, je ne dois avoir un visage rayonnant.

Heureusement ou malheureusement, un fort « BAM » se fait entendre dans le couloir de la chambre. Ce bruit est suivi d'un « désolé » chuchoté et d'une paire d'éclats de rire.

Ce rire unique que je pourrais reconnaitre entre milles : celui de Clémentine Dufoux.

Et ce rire est accompagné de l'entrée de deux des personnes dont j'ai si impatiemment attendu la visite toute la journée. Julien et Clem s'avancent vers moi tout en continuant leur fou rire.

- Qu'est-ce qui te mets de si bonne humeur ? demandé-je.

- Si t'avais vu ta tête ! me répond-elle. Tu étais tellement... tellement... Je n'ai même pas les mots pour te décrire.

- Vous étiez là depuis tout ce temps ! m'exclamé-je.

- Éh oui, dit Ju.

- Mais comment avez-vous fait ? Je n'ai rien vu et rien entendu !

- On n'a pas fait un bruit ! Et tu étais dans une position qui t'empêchait de nous voir dans le petit couloir, on était tous les trois compressés dans ce trou de nez jusqu'à ce que...

J'interromps Clem. Tous les trois... Mais là il n'y a que deux personnes...

- Tous les trois ? Adam est là avec vous ? demandé-je pleine d'espoir.

- Oui, il... commence Julien.

- Il est où ? coupé-je encore.

- Dans le couloir avec Gabriel, c'est lui qui a fait foirer notre plan en poussant la porte en plein dans Adam, réponds ma meilleure amie.

- C'était ça le gros bruit ?! Mais, il va bien ? m'exclamé-je en me levant rapidement pour aller à sa rencontre hors de la chambre.

Le chemin est très court entre le lit et la chambre, c'est pourquoi je me retrouve dans le couloir sans avoir encore pu constater que ma tête me fait atrocement mal et tourne de manière exagérée.

J'arrive donc dans ce couloir et me précipite vers Adam, mes deux amis sur les talons et tombe inintentionnellement dans les bras de celui-ci parce que mes fichues jambes ne sont apparemment plus capables de soutenir mon poids depuis hier.

Mon super héros, enfin non, simplement Adam parce que je ne suis pas une meuf kikou-Lol, me rattrape de justesse avant que je cogne le sol.

C'est très frustrant parce que le pire dans toutes ces chutes que j'additionne depuis environ vingt-quatre heures, c'est que je me sens tomber, je me vois tomber, je suis consciente de tout mais mes muscles ne réagissent plus, je m'écrase juste tel une mouche qui aurait absorber un peu trop de substance chimique déposée sur les petits tournesols ronds que l'on colle dans le coin de la vitre du salon en été.

Enfin bref, je m'éloigne encore.

Lorsque je sens que je peux me permettre de tenir sur mes deux guiboles, je m'écarte de tout cet attroupement qui s'était formé autour de moi afin de faire rentrer un peu d'air frais (à l'odeur d'hôpital) dans mes poumons. Mais ce petit moment de libération ne dure qu'un temps, je me remets très vite à vaciller.

Pendant ma chute, Gabriel s'exclame :

- Valentine !

Comme si ça allait servir à quelque chose, rends-toi utile plus tôt, imbécile ! Enfin bref, lorsqu'Adam m'a déposé sur le sol, ce même gars inutile reprend cette fois avec une phrase toute aussi inutile :

- Ça va Val ?

Est- ce que ça à l'air d'aller ? Mais enfin, qu'est-ce qu'il peut être con des fois celui là !

Voyant que je ne réponds pas et que personne d'autre ne parle, Gab reprends :

- Tu as besoin que j'appelle de l'aide ?

- Oh ça va toi hein, tu n'as pas remarqué que Clémentine était déjà partie ? dit Adam d'un air agacé.

- C'est bon, je m'en vais vu qu'apparemment on n'apprécie pas ma présence ici, répond l'ami de mon frère.

- Oh, allez Gab, commence pas, tu veux ? arrivé-je à articuler. Vas-t-en et revient plus tard d'accord ?

- Ça ne se terminera pas comme ça, je n'ai pas fini cette discussion ! s'exclame-il au bout du couloir.

Je soupire, toujours allongée sur le sol attendant que mon amie revienne avec une aide médicale.

Mais de quelle discussion parle-il ? J'imagine que Gab voulait parler de cette discussion que j'ai interrompue avec cette entrée fracassante.

Je me demande quand même bien de quoi ils parlaient tous les deux, mais je n'ai toujours pas la force de poser de question car ma tête bourdonne encore trop.

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