Chapitre 8
- Val ! dit Théo en me prenant dans ses bras façon bébé que l'on berce.
Celui-ci se rends vite compte qu'il ne saura pas me descendre dans ce sens là sans que je me cogne aux murs de l'escalier alors il me fait basculer en mode « sac à patate ».
Je ne dis rien mais ça me fait horriblement mal. Tout le sang redescend dans ma tête et je sens battre mon cœur au niveau de la plaie.
Gabriel passe devant pour ouvrir et refermer toutes les portes.
Théo me place dans la voiture et décide de s'asseoir à l'arrière avec moi.
- C'est bon, j'vais pas mourir, tu peux te mettre devant hein.
- Je préfère rester ici pour voir que tu vas bien, s'assure-t-il.
- Il a raison, dit l'autre en entrant dans la voiture à la place du conducteur.
Après toutes ces discutailles, nous nous mettons en route.
Alors que nous soyons fait arrêtés par un feu de signalisation, je décide d'envoyer un message à Adam pour qu'il ne s'inquiète pas mais très vite, je me rends compte que je n'ai pas mon téléphone avec moi... Eh merde...
Je demande alors à mon frère s'il a le sien pour que je le lui emprunte et il accepte.
Problème n°2, je ne connais pas le numéro d'Adam... Vous savez, de nos jours, avec toutes les avancées technologiques, on n'est plus habitués à retenir des chiffres, comme ça, par cœur.
Je décide donc d'allumer la 4G de Théo en stoemelings pour pouvoir me connecter sur mon compte Messenger et lui envoyer un petit message : « Je pars pour l'hôpital mais Don't worry, je vais bien. Je suis avec Théo. Juste une petite égratignure à la tête mais mon frère trop protecteur veut s'assurer qu'il n'y a rien de plus. »
Etant donné qu'Adam se ferait trop de souci pour moi et que je ne pourrai le raisonner vu que je n'ai pas pris mon téléphone, j'ai légèrement déformé la réalité.
***
J'ai la tête qui tourne, je n'en peux plus d'être dans cette voiture avec les deux mecs qui me lancent des regards furtifs toutes les trois secondes pour voir si je vais bien. Vivement qu'on arrive à l'hôpital et que toute cette mascarade se termine !
En plus, je n'ai rien à faire dans cette voiture. Je n'ai pas mon téléphone et du coup je ne peux pas voir si Adam m'a répondu. Et les garçons n'ont même pas mis de musique. Je me fais royalement chier comme un rat mort.
J'imagine que Gabriel à vu mon agacement parce qu'il se met à parler :
- On y est bientôt.
- Ah bah c'est pas trop tôt, dis-je pour moi-même.
Et puis c'est de nouveau le vide. On pourrait presque entendre les mouches voler... Je dis presque parce que vu le bruit que fait ce vieux taco, on ne risque pas de les entendre, c'est à peine si on s'entendrait parler !
Il est maintenant 18h12, un peu plus d'une heure après le « drame » et nous entrons dans le parking de l'hôpital.
Après s'être garé dans la rangé F mauve, que l'on peut aussi appeler rangée de l'hélicoptère à en croire le petit dessin sur le panneau, nous sortons du véhicule et nous rendons vers l'accueil. Les deux garçons se mettent de part et d'autre de moi avec un bras dans mon dos afin de « s'assurer que je ne m'écroule pas une nouvelle fois » mais j'ai comme l'impression qu'un de mes deux gardes du corps en profite pour mettre sa main sur ma taille.
La dame de l'accueil nous indique gentiment le chemin des urgences :
- Tout droit puis à gauche dans le couloir rose et gris. Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est indiqué en grand sur le mur, dit-elle en montrant une direction du doigt.
- Merci beaucoup, ajouté-je avec un grand sourire pour bien faire comprendre à Gab et Théo que tout va bien et que je n'ai absolument pas besoin de me rendre aux urgences.
Dans la salle d'attente, il y a au moins sept autres personnes qui attendent leur tour. Je scrute chacun d'eux et essaye de deviner la cause de leur présence ici.
Le premier homme, c'est facile à deviner. Depuis qu'on est là, il n'arrête pas de se frotter le poignet en gémissant. Il est accompagné d'une femme d'environ son âge. J'en conclus donc que c'est sa femme.
La deuxième personne dans la file d'attente est une femme avec une petite fille sur les genoux. Je pense que la petite qui doit avoir environ cinq ans à une forte fièvre car sa mère pose ses lèvres sur son front assez régulièrement. Ma mère faisait pareil quand nous avions de la fièvre.
La personne suivante est une vieille dame qui doit être pensionnée. Je ne vois pas du tout pourquoi elle vient aux urgences... Elle n'a pas l'air de souffrir. Ça doit surement être une femme hypocondriaque...
Et la personne juste avant moi est un père avec ses trois enfants. À voir le bandage ensanglanté que celui-ci presse autour de son doigt, je pense qu'il a dû se le couper ou quelque chose comme ça. En tout cas, ce père a dû transporter toute sa petite famille avec lui.
J'observe les trois petits garçons du père au doigt coupé. Ils s'amusent avec les magasines et les deux-trois briques de Lego qui trainaient dans le bac à jouet quasiment vide. À l'autre bout de la salle, la petite fille fiévreuse jalouse les garçons. On voit bien dans son regard qu'elle veut les rejoindre.
Une infirmière fait son apparition et me coupe de mes pensées.
- Patient suivant ? demande-elle.
- Mon mari ici, dit la supposée femme de Poignet-Cassé.
- Entrez, je vous en prie, propose l'infirmière. Le docteur Marchal va vous ausculter.
Et elle fait rentrer le couple dans le cabinet avant de continuer :
- Alors, Madame Dujardinet, qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui ?
- J'ai des acouphènes dans l'oreille gauche et des crampes au ventre. J'ai regardé sur Doctissimo et je pense que je vais bientôt mourir, dit l'hypochondriaque.
J'avais donc raison à son sujet.
- D'accord madame Dujardinet, vous n'aviez pas la même chose la semaine passée ?
- Ah non, non, non, je vous assure, la semaine passée c'était beaucoup moins grave !
Gabriel et Adam sont entrain de pouffer de rire à côté de moi. Je ne garde pas beaucoup plus longtemps mon sérieux et je les rejoins dans leur fou rire.
- Ce que je vous propose, madame Dujardinet, c'est que je vous ausculte maintenant dans le local des infirmières, vous venez avec moi ?
- Oui, oui, je vous suis ma très chère. Oh vous ne savez pas à quel point je vous suis reconnaissante ! Vous prenez toujours soin de moi !
Et elles s'en vont.
Trois minutes plus tard, l'infirmière revient dans la salle d'attente et observe scrupuleusement chaque patient.
- Mademoiselle avec les deux garçons, vous serez la prochaine, finit-elle par dire sous les exclamations des autres patients.
- Mais c'est dégelasse, j'étais là avant, ma fille va mourir, elle à 42 de fièvre ! s'exclame la mère de la petite fille de 5 ans.
- Écoutez madame, nous avons ici une jeune fille avec un trou dans le crâne qui est entrain de se vider de son sang, Son bandage est détrempé, je pense qu'il y a urgence non ? s'exclame l'infirmière en perdant son sang froid.
La mère ne cesse de se plaindre jusqu'à ce que le médecin ouvre sa porte et nous demande d'entrer. L'infirmière nous devance.
Les garçons, encore trop protecteurs me tiennent autour de la taille pendant que je marche. Et cette fois-ci, heureusement qu'ils me tiennent car le sol se dérobe sur mes pieds. Grâce à leur surprotection, je n'ai pas le temps d'atteindre le sol que je me retrouve déjà dans les bras de Gabriel.
Bon sang ! Pourquoi est-ce que Théo n'a pas des meilleurs réflexes ?
Enfin bref, nous entrons dans la salle et l'infirmière demande à Gab de me poser sur le divan d'examen.
Lorsque je suis bien posée, l'infirmière commence à mesurer ma tension et vérifier mes stimuli pendant que le médecin interroge mon frère sur l'accident.
Lorsque les garçons ont répondu à l'interrogatoire, il se lève et vient vers moi. Il enlève le bandage et je vois à sa tête que ça n'annonce rien de bon.
- Julie, tu pourrais faire évacuer la salle d'opération n°4 s'il te plait, on va en avoir besoin au plus vite, dit-il.
Et l'infirmière s'en va d'un pas pressé.
- Ça va aller Valentine, reste avec moi, Ok ? continue le médecin.
Ensuite, c'est le trou noir, je ne vois plus rien, je n'entends plus rien... Mais ou suis-je ?
***
Je sens un pouce caresser le dos de ma main, c'est doux et apaisant. J'ouvre lentement les yeux et reprends mes esprits. Je suis dans une chambre noire, ce n'est pas la mienne. Petit à petit je me remémore les évènements de l'après-midi : la chute dans les escaliers puis celle dans le couloir, la salle d'attente, le docteur,...
Mais oui, je suis surement dans une des chambres de l'hôpital !
Ma tête me fait mal et je n'arrive pas bien à distinguer la personne qui tient ma main.
- Valentine, tu t'es réveillée ? dit cette voix que je peux reconnaitre parmi milles, celle de Gabriel.
Je gémis.
- Tu as mal, tu veux que j'appelle le personnel ? Il te faut quelque chose ? demande celui-ci inquiet.
- Où est Théo ? demandé-je.
- Il est sur le chemin du retour, il est allé chercher quelques affaires pour toi chez vous.
- Mon téléphone, il l'a pris ?
- Je... je ne sais pas. Je pense, oui.
- Vous avez prévenu Adam, tu as des nouvelles de lui ? demandé-je ensuite.
Son visage se ferme.
- Non, dit-il d'un ton sec en lâchant ma main.
- S'il te plaît, continue Gab, ça me faisait oublier la douleur.
- J'ai eu tellement peur, dit-il en reprenant ma main. Tu aurais très bien pu mourir ! Qu'est-ce que j'aurais fait sans toi moi ? Je pense que je n'aurais ja...
Il n'a pas le temps de terminer sa phrase parce que Théo entre dans la pièce et je l'interromps.
- Théo ! Tu as pris mon téléphone ? lui demandé-je.
- Oui, je l'ai, tient.
Je l'allume et vois tout ce que j'ai raté :
4 appels manqués de Clem
+ 3 messages vocaux
8 messages
Et des notifications facebook, messenger, insta et Wattpad vu que mon GSM captait le wifi à la maison.
Du coup j'ai pu voir la réponse, enfin LES réponses d'Adam sans allumer ma 4G :
Adam. 19h17
« Tu es sûre que ça va ? T'es partie à quel hôpital ? J'arrive ! »
Adam. 19h20
« VAL, TU ES OU ? Je m'inquiète moi ! »
« Réponds-moi ! »
Adam. 19h26
« Je me suis un peu calmé, j'espère de tout cœur que tu vas bien. Après tout, je n'ai pas besoin de m'inquiéter hein, tu es avec Théo. Et puis, tu es forte ! Je t'aime ♥ »
Ensuite je passe aux messages textes :
Clem. 19h34.
Val, Adam m'a prévenu, ça va ?
Ju. 19h41.
Hey ! Ma petite Valou, bon rétablissement ! J'espère que ce n'est pas trop grave :)
Clem. 19h42.
Je n'arrive pas à joindre tes parents, tu es dans quel hôpital ?
Clem. 19h47.
Eu... Val ? Je commence à me faire du souci là...
Clem. 19h48.
Genre pas mal de souci !
Clem. 19h48.
Es-tu encore en vie ?
Clem. 19h53.
J'ai essayé de t'appeler pleins de fois, rappelle moi dès que tu as ce message, je m'inquiète. Bisous, je pense à toi.
Je m'apprête à écouter les messages vocaux de ma meilleure amie mais l'entrée subite d'Adam dans la chambre m'en empêche. Il est arrivé essoufflé tel un héros venant secourir sa princesse dans la tour du château.
Théo et Gabriel le regardent avec de l'incompréhension dans les yeux.
- Adam ! Mais comment tu m'as retrouvée !? demandé-je.
- Un prince retrouve toujours sa princesse, dit-il avec une voix suave.
- Je pense qu'on va vous laisser, dit Théo. Tu viens Gab ?
Et ils sortent.
Adam vient s'assoir sur le lis à côté de moi et j'essaye de me relever. Les vertiges qui ont pris ma tête d'assaut me font vite abandonner l'idée de m'assoir à côté de lui.
- Alors, ça va ? demande-t-il vraiment inquiet.
- Ça passe, je me suis déjà sentie mieux, je t'avoue.
Il fait une mine triste et se met à caresser le dos de ma main, tout comme Gabriel tout à l'heure.
- Comment est-ce que tout ça s'est passé ? me questionne-t-il.
- Mon débile de frère avait laissé trainer ses chaussures dans les escaliers.
Et je continue mon explication jusqu'au trou noir.
- Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ici enfaite, normalement je devrais déjà être rentrée non ? Je n'ai pas encore pu demander des explications aux garçons.
Une infirmière que je n'ai encore jamais vue entre dans la chambre suivie de près par l'infirmière des urgences, Julie.
- Alors mademoiselle Delmot, comment vous sentez-vous ? demande la première infirmière. C'est votre frère ici ? Monsieur, je vais vous demander de bien vouloir sortir s'il vous plait. Nous devons faire passer des examens à votre sœur.
- Martine, ce n'est pas son frère celui-là, je ne l'ai pas encore vu, vous êtes ? demande Julie.
- Eu, son petit ami, je... je m'en vais. Bisous Val, dit-il avant de quitter la pièce gêné.
- Ah qu'il est beau ce jeune homme, commence Martine, c'est un bon choix, tu ne trouve pas Julie ? demande-elle en commençant à préparer des pilules et des bandages.
- Oh que si, c'est quoi son petit nom ? me demande Julie.
- Eu... il... Il s'appelle Adam, dis-je hyper gênée.
- Quel beau prénom, intervient Martine.
- Aussi beau que lui, ça lui va vraiment bien, continue Julie.
Dans ma tête, mes minis émotions, Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégout crient : « arrêtez, s'il vous plait, c'est gênant, allez, on passe à autre chose, vite, c'est gênant, trouve un autres sujet de discussion Valentine, allez, c'est gênant, stooooop, s'il vous plait, lalala je n'entends pas ce que vous dites, je suis devenue sourde, stop, on change de sujet, c'est gênant,... »
- Je... je peux savoir ce que vous allez me faire ? dis-je parce que je ne suis au courant de rien mais surtout pour passer à autre chose.
- Nous allons changer ton bandage !
Je n'ai même pas remarqué que j'avais encore un bandage !
- Vous... vous pouvez m'expliquer ce qu'il s'est passé, ce que j'ai parce que je ne suis au courant de rien enfaite... dis-je toujours aussi gênée.
- Tu as fait une petite commotion cérébrale, tu vas devoir rester minimum deux semaine dans cette chambre d'hôpital, disent-elles en cœur.
En voyant ma tête effarée, Martine reprends :
- Mais ne t'inquiète pas, nous serons là pour te remonter le moral ! Et puis les visites sont autorisées !
Super ! Les prochaines semaines s'annonce bien !
Mais qu'est-ce que je fous là bordel !
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