Chapitre 6

Je reste muette et ma phrase reste en suspend.

- Valentine ? demande Adam d'un air vraiment inquiet.

Je ne réponds toujours rien et je vois qu'Adam devient de plus en plus inquiet.

Je suis comme paralysée, la bouche entrouverte et les yeux qui ne clignent plus depuis de trop nombreuses secondes. Mon regard est accroché à Gabriel qui nous regarde toujours avec ce même regard mi-déçu, mi-furax.

Je ne sais pas quoi faire...

Je n'entends plus la vie autour de moi, je n'entends pas Adam qui s'inquiète pour moi, tout ce qui me préoccupe, c'est Gab.

Seule la sonnerie qui retentit pour annoncer le début des cours me fait réagir.

Gab s'en va et je reviens à moi.

- Valou !? Réponds-moi ! continue Adam encore et encore jusqu'à ce que je lui réponde.

- Oui, ce n'est rien, c'était... c'était un coup de vent et puis, je... je ne sais pas ce qui s'est passé...

- Viens là, dit-il en me prenant contre lui. On y va ?

Nous nous dirigeons vers notre classe en ce mardi matin.

Pour ce premier cours de la journée, je décide de m'assoir à côté de mon copain. Je sais qu'il ne me posera pas plus de questions sur ce qui vient de se passer, ce qui me convient parfaitement en cette matinée suite aux événements de la veille et du matin.

Je sais que si je me mets à côté de mes amis, ils me poseront trop de questions.

Le cours se passe très bien, Adam profite de m'avoir à ses côtés pour chipoter avec ma main ou poser la sienne sur ma cuisse discrètement. Toutes ces petites attentions me soutirent de nombreux sourires et font très vite revenir ma bonne humeur de ce matin.

Durant toute la matinée, je croise Gabriel qui traine avec son groupe de potes, et donc mon frère. À chaque fois, je croise son regard et celui-ci s'attarde sur moi. Ce regard est une fois glacial, une fois plein de désespoir, une fois emplit de tristesse,... Mais à chaque fois que j'avance vers lui, il me nie. Ça s'annonce compliqué...

Je décide de ne pas trop laisser mon esprit penser à ça pour le reste de la journée. J'ai bien l'intention de passer une bonne première journée à être en couple !

Je propose à mes amis d'aller manger ensemble ce midi à notre table, qui a maintenant encore plus d'estime à mes yeux, et ils acceptent tous avec grand plaisir.

Entre deux cours, je prends Adam à part pour lui demander comment il voit la « grande annonce ». Je ne sais absolument pas s'il veut garder ça pour nous ou s'il veut en informer Julien et Clémentine.

- Adam ? me demandé-je, comment vois-tu « tout ça » ?, dis-je.

- Tout ça, tout ça... nous ? me demande-t-il.

- Oui, notre relation, tu pense qu'on devrait en parler ?

- Mh,... je ne sais pas, tu veux garder ça secret toi ?

- C'est déjà trop tard, dis-je tout bas pour moi.

Il a entendu que je parlais mais il ne semble pas avoir compris ce que je disais. Tant mieux.

- Tu en pense quoi, toi ?

- Je pense qu'on pourrait en parler à Clem et Ju ce midi, pour le reste on verra non ?

- Ok. Tu viens ? On va être en retard, dit-il en passant son bras gauche autour de mes petites épaules.

Le cours de biologie m'a parut beaucoup plus court. La prof était, pour une fois, de bonne humeur, elle n'a pas décidé de nous faire un petit exercice côté sur la matière du cours passé. Heureusement car, vu les circonstances, je n'ai pas eu le temps de relire mes cours. C'est à peine si j'ai fait toutes les prépas qui étaient pour aujourd'hui.

- Mademoiselle Delmot, vous qui êtes si bonne élève, pouvez-vous rappeler à la classe quels sont les principaux rôles des mitochondries ?

Oups, j'ai peut-être parlé un peu trop vite...

- Je l'ai répété en début de cours, Valentine. Tu ne m'as pas écoutée ? reprend-t-elle.

- Eum... balbutié-je.

J'aurais peut-être dû écouter...

- Respiration et fournisseur d'énergie, me chuchote Julien.

J'ai de la chance d'avoir un pote balaise en bio, c'est toujours utile !

Je lui chuchote un petit « merci ! » avant de répondre à la prof.

- Bien, Valentine, j'ai bien faillit croire que j'allais devoir appeler vos parents et leur toucher un mot sur votre comportement lunatique des derniers jours. Heureusement, vous avez une assez bonne mémoire qui retient ce que vous entendez sans y faire attention, n'est-ce pas ?

- Eu, oui, c'est ça, dis-je gênée car toute la classe avait à présent les yeux posés sur moi.

Apres le cours, Julien m'attend devant la classe.

- Hé, heureusement que ton super Ju est là pour t'aider hein ?! Se vante-t-il en pour me taquiner. Alors comme ça, madame Valentine à un comportement lunatique depuis quelques jours ?

Et nous nous mettons à rire.

- Où sont Clémentine et Adam ? On devait manger ensemble... me demandé-je à moi même.

- Clem est passée rendre une synthèse ou quelque chose du genre à sa petite sœur. On n'était pas loin de sa classe alors elle en a profité. Adam, je ne sais pas, il est parti en flèche.

- Et Clem ne m'as même pas demandé de venir avec elle !? Bizarre...

Clem, c'est une fille et comme la plus part des filles, elle ne se déplace JAMAIS, au grand jamais, seule. Pratiquement toutes les filles sont pareilles. Vous pensez que c'est pour quoi la fille immense aux toilettes à chaque pause ? En réalité, dans cette fille énorme de 25 personnes, il n'y en a que 6 qui doivent vraiment pisser. Les autres accompagnent juste leur amie. Le plus fou, c'est quand une fille allant au toilettes décide de déplacer TOUT son groupe de potes pour pouvoir continuer leur discussion. C'est parfois très drôle de voir un groupe entrer et parler d'un certain sujet. À un moment, la fille qui a déplacé le groupe va faire ses besoins mais elle continue à prendre part dans la discussion alors, de temps en temps, on entend des petits : « T'as tout à fait raison, Amandine, si j'étais toi, j'aurais fait pareil ! » ou alors plus tôt dans le genre « Vous pouvez répéter ce que Maxence à fait, je n'ai pas entendu ». Ces moments sont toujours très divertissants. J'adore écouter les histoires des autres ! Enfin bref...

Voila Clem qui revient.

- Tu n'aurais pas croisé Adam par hasard ? demandé-je à la revenante.

- Non, dit-elle.

- Bon, bah on va aller à sa recherche alors ! lançé-je.

- Adam Torel ! crie quelqu'un.

Des martelant le sol se font entendre. Celui qui crie est entrain de courir.

- Ce ne sera pas nécessaire, dit Julien. Je pense qu'on l'a retrouvé.

Nous nous mettons à avancer dans la direction du cri.

En arrivant à l'intersection, j'aperçois Adam qui est près des casiers.

- Je vais te tuer, crie la même personne qu'avant.

Le cri vient de l'autre côté, l'opposé d'Adam. C'est Gabriel... Oh non, je crains le pire.

Adam ne comprends rien à la situation dans un premier temps mais très vite, je vois sur son visage qu'il a compris.

Gabriel se met à accélérer le pas en direction d'Adam. Je ne sais pas ce qu'il a prévu de lui faire mais je n'ai pas une bonne impression.

Je prends mon courage à deux mains tandis que Gabriel continue de crier des menaces envers mon copain.

- Tu me l'as volée, Je l'avais presque ! Tout est de TA faute !

Je m'avançe au milieu du couloir pour faire barrière.

- Gabriel, calme-toi ! crié-je moi aussi avec une voix dont je ne connaissais pas l'existence.

Je suis surprise de ma réaction. Et à voir la tête de mes amis, ils le sont aussi. Mais cela n'aura pas empêché Gab de continuer sa route.

- Pourquoi elle ? Il y a un million de filles dans cette école ! Et MONSIEUR Adam est OBLIGÉ de prendre celle là ! continue celui-ci.

- Mec, calme-toi, intervient Julien.

J'arrive enfin à me mettre devant Gabiel et à le faire ralentir. J'essaye de capter son regard mais il est enragé.

- Gabriel ! Calme-toi bon sang ! testé-je encore.

Mais cette intervention, tout comme les autres, ne sert à rien. Il continue à se débattre pour atteindre son but : Adam.

Je ne sais que faire pour le calmer... À moins que... Non, je ne peux pas faire ça... Il faut que je trouve un autre moyen.

- Ju, viens m'aider à le tenir en place ! dis-je.

C'est ma dernière solution, si Julien le tient, je vais peut-être savoir le raisonner... Il m'écoutera, moi, il DOIT m'écouter !

Julien arrive et prends ma place. Il arrive à tenir Gabriel de manière à ce que celui-ci n'avance plus, pas comme moi, avec le peu de force que j'ai.

Je regarde Adam et lui conseille de s'écarter de cette furie qui est sensée être un de mes amis. Je n'ai besoin de rien dire, il comprend directement mon regard.

J'essaye de parler à Gabriel mais il ne veut pas m'écouter. Il est trop préoccupé par Adam. Il le suit des yeux tandis que celui-ci s'éloigne en compagnie de ma meilleure amie.

- Gab, écoute-moi, je t'en prie, s'il te plait, ne te fais pas de mal pour rien, Gabriel, le supplié-je. Écoute-moi !

Mais rien de ce que je peux lui dire ne l'atteint...

Je vais devoir y aller d'une autre manière... Manière à laquelle j'aurais préféré ne pas penser...

Je dis à Julien qu'il peut partir rejoindre les autres et que je vais m'occuper seule de lui.

Il me regarde pour s'assurer que je ne mets pas en danger.

- Je gère, t'inquiète !

- Je ne serai pas loin, si jamais... dit-il en s'en allant.

Je respire une bonne fois, et je le fais, je pose doucement mes lèvres sur celles de Gabriel. Heureusement qu'Adam est parti. Je ne veux pas m'embrouiller avec lui.

En moins d'une demi-seconde, Gabriel se calme.

Une petite voix dans ma tête me dit que je n'aurais jamais dû faire ça. Mais en même temps, c'était la seule solution, il n'y avait rein d'autre à faire.

- Calme-toi, Gab, chuchoté-je cette fois.

- Val ? dit-il.

- Non, laisse-moi parler, écoute, ce baiser, ce n'est rien, c'est simplement la seule option que j'ai trouvé pour que tu te calme et que tu m'écoutes. Tu es devenu complètement fou ! C'est quoi cette attitude ? Tu n'as pas à t'en prendre à lui. S'il y a bien une personne qui est fautive et à qui tu dois t'en prendre, c'est moi, pas Adam. Et puis, je l'aime lui. C'est lui que j'ai choisis. C'est mon choix et tu n'as aucuns pouvoirs dessus. Je t'aime beaucoup aussi, Gabriel, mais nous deux, ce n'est pas possible. Arrête de te faire du mal, Gab. Tu ne pourras rien y changer. C'est fait, c'est fait. S'il te plait, comprends ma décision. Si tu m'aimes vraiment, je ne te demande qu'une seule chose, c'est d'être heureux pour moi...

- Ok, dit-il.

Je suis surprise qu'il comprenne aussi vite mais tant mieux.

Je me retourne alors pour rejoindre mes amis. Derrière moi, devinez qui se trouvait là ?

Adam, bien sûr ! Adam, bouche bée, avec un air choqué. Et Gabriel qui part avec un sourire satisfait sur les lèvres. Eh bien super ! Franchement le Timing là ! Merci Dame Nature !

- Adam, je peux tout t'expliquer, stressé-je à l'idée que ça se passe mal avec lui.

Et il s'avançe vers moi et me prends dans ses bras.

- Don't worry Val. Ça va toi ? Tu n'as rien ?

- Non, t'inquiète. Tu ne m'en veux pas ?

- Mais non, Valentine, je comprends tu sais, je sais bien que ce n'était pas réel, que tu as dû faire ça pour te protéger.

- Tu sais que je t'aime toi ? dis-je soulagée.

J'ai pas mal de chance tout compte faits... Adam ne m'en veux pas, il est tellement... Je n'ai même pas les mots, si... si Compréhensif, si adorable, si parfait...

Des lèvres douces se posent sur ma bouche. Qu'est-ce que je les aime ces lèvres !

- Haaaaaaaaa ! Je le savais, je la savais !!! cria Clémentine qui arrivait en courant pour me sauter dans les bras. Je suis trop contente pour vouuuuuuus !!!

- Félicitation ! dit Julien en arrivant à notre hauteur.

- On va pouvoir se faire des sorties couples à 4. Ça va être Géniaaaaal !!! continue Clem toute excitée.

Qu'est-ce que je vous avais dit ?!

- Enfin, ce ne sera pas tellement différent des autres fois, Clem, dit Julien.

C'est exactement ce que je pense, Julien, mais ne la contredisons pas, pensais-je dans ma tête espérant que celui-ci sache lire dans les pensées.

- Bon, on va à notre table ? demande Adam.

- À condition que vous me racontiez TOUT ! Je veux TOUS les détails, où, quand, comment, pourquoi ! s'exclame ma meilleure amie, toujours aussi euphorique.

- Allons-y, dis Adam en me prenant par la taille.

J'aime ces petites attentions qu'il me porte. Je sais qu'il faisait déjà ça avant, mais je les apprécie beaucoup plus maintenant que nous formons un couple.

Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas me rendre compte de ses sentiments plus tôt. Maintenant que nous sommes ensemble, il ne me regarde pas différemment, il me regardait déjà comme ça avant, c'est juste que je ne m'en rendais pas compte. Et puis, de mon côté aussi, comment ai-je pu enfouir tout ça au fond de moi sans m'en apercevoir. À mon avis, j'avais un blocage, et c'est grâce à Gabriel que je me suis rendue compte de tout ça. Depuis ce week-end, enfin, plus tôt depuis notre baiser, je n'arrête pas de penser à Adam. Je pense que mon inconscient voulait me dire quelque chose.

- Waaa, c'est trop mignon, tu lui as chanté une chanson ! dit Clémentine. Tu ne m'as pas fait ça à moi Julien...

- C'est parce que moi je ne sais pas jouer de la guitare, Clémou chérie, sinon, je l'aurais fait !

Julien à dit ça en regardant mon amie avec un de ces regards ! Ça se voit qu'il l'aime vraiment. Ce couple, c'est un couple véritable. Ils s'aiment vraiment l'un l'autre. Vous devriez voir comment Clem me parle de lui et comment Julien la regarde. J'espère que leur histoire ne se terminera jamais, ils sont trop parfaits ensembles. Je ne pourrais pas les imaginer l'un sans l'autre.

***

La journée de cours vient de se terminer, Adam m'attend dans le couloir. Un grand sourire vient se fixer sur mon visage suite à cette petite attention. Il est vraiment trop parfait, ce n'est pas possible !

- C'est pour ça, entre autre, que je t'aime, me chuchote-il à l'oreille en me prenant la main.

- Pour ça quoi ? demandé-je avec ce grand sourire toujours posé sur mes lèves.

- Pour lui, dit-il en désignant ma bouche. Ce sourire que tu as tout le temps et qui me réchauffe le cœur.

Moooh, c'est trop mignon, je vais craquer.

Devant l'école, un amas de personnes se dépêche pour se diriger en direction de la gare. À cette heure-ci, tout le monde doit prendre son train ou son bus. Je me rends compte que c'est la première fois que je vais devoir quitter Adam et me retrouver seule depuis que nous formons un couple et cette idée m'attriste un peu...

- Adaaaaaaaam ? demandé-je.

- Tu as quelque chose à demander toi ! dit-il. Je t'écoute.

- Ça te dit de passer encore un peu de temps avec moi ? Genre juste à deux ?

Une petite moue déçue apparait sur son visage.

- J'aimerais bien, me confie-t-il, mais... j'ai guitare dans un quart d'heures... Je suis désolé Valentine.

Ah, oui, c'est vrai, on est toujours mardi...

- Ce sera pour une autre fois alors ! dis-je avec le plus d'enthousiasme possible afin qu'il ne perçoive pas ma déception.

- Oh, Val, il me prends dans ses bras, je vois bien que tu es déçue, je me rattraperai.

J'aime être dans ses bras. Adam est plus grand que moi, ce qui fait que quand je suis dans ses bras, ma petite tête se calle contre sa large épaule. Je me sens blottie comme dans un nid. Et en plus, je peux sentir son odeur ! Bonus + 2 pour les petites, héhé.

Finalement, arrive le moment où il doit partir de son côté pour son cours et moi du mien pour mon train. Les adieux sont déchirants ! (Bon, peut-être que j'ai un peu exagéré, mais juste un peu)

Sur le chemin de la gare, je mets ma musique à fond mais pas trop fort quand même, on ne sait jamais que quelqu'un passe près de moi. Je n'aime pas que les autres entendent ma musique... Ma musique, c'est MA musique et elle doit rester MA musique. Ce n'est pas que j'ai honte de ce que j'écoute, non, mais je trouve très dérangeant d'entendre la musique des autres. Il m'est déjà arrivé d'entendre la musique de mon voisin alors que j'avais moi-même de la musique. C'est très déstabilisant, croyez-moi.

Le trajet se passe vite, c'est normal, en même temps, avec de la musique, tout passe plus vite. Je pense qu'on devrait avoir de la musique dans certains cours, ça ferait passer le temps beaucoup plus vite !

Au croisement avec la rue de Gabriel, je ne peux m'empêcher de tourner la tête afin de voir s'il est là. Tout un tas de souvenir me revient en tête. Tout d'abord, les événements de ce week-end, mais aussi tout ce qui s'est passé avant. Tous ces beaux moments passés en sa compagnie depuis mon plus jeune âge.

En entrant dans ma rue, je sens que quelque chose ne va pas. Je ne sais pas encore quoi, mais il y a quelque chose de bizarre. Plus je me rapproche de la maison, plus ce sentiment m'envahit. Et ça commence à me stresser... Mais je ne me laisse pas dépasser par ce stresse et continue ma route.

J'arrive chez moi, j'insère la clé dans la serrure, j'ouvre la porte et...

- Valentine...

Oh non... Pourquoi moi ?

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