Chapitre 5
- Ah, tu es là, mon bébé, dit ma mère en me prenant dans ses bras.
Elle est bouleversée. Je me sens mal. Je n'aurais jamais dû rester aussi longtemps dehors sans prévenir personne.
- Je suis là, je vais bien, ne t'inquiète pas maman, ça va.
- Ne me refais plus jamais ça ! dit-elle toujours chamboulée.
Une petite tête apparait dans mon champ de vision. C'est Héloïse qui vient se coller contre moi.
- J'étais inquiète pour toi, m'annonce-t-elle tout doucement.
- Ne t'inquiète pas, je ne t'aurais jamais abandonné, lui glissé-je à l'oreille.
On se souviendra de cette petite escapade dans les bois ! Maintenant, il faut que je parle avec Adam et Gabriel... Nous avons des choses à nous dire...
Assise dans mon lit, j'écris un long texte d'excuse pour mon meilleur ami puis l'efface, recommence et l'efface de nouveau. Je pense qu'il vaut mieux que je lui parle en face demain. Je décide donc de lui envoyer un simple message, court et efficace.
Moi. 21h56.
Adam ? On se retrouve plus tôt demain ? Je dois te parler.
Zut, j'ai mis un point... Ça va lui paraître trop sec...
On est d'accord ? Quand quelqu'un met un message avec un point au bout, ça parait hyper violent !
Mais bon, c'est un mec, il ne le remarquera pas... Enfin, j'espère... Il ne vaut mieux pas que j'empire mon cas...
Adam. 22h01.
Dans le parc, à notre table, 8h ?
Ok, il veut encore bien me voir. C'est déjà ça de gagné !
Moi. 22h02.
Parfait !
Cette nuit, je n'arrive pas à dormir... j'essaye de lire, j'écoute de la musique, je fais des exercices de respiration mais rien ne fonctionne... je jette un coup d'œil sur mon réveil : 02h49. Il me reste quatre heures de sommeil. Je ne serai jamais en forme demain. La fatigue ne se fait toujours pas ressentir... Je fixe mon plafond pendant au moins une heure et fini enfin par m'endormir.
Je suis seule, je marche dans la rue. Il fait noir et je marche de plus en plus vite. Au bout d'un moment, je suis carrément entrain de courir. Je ne regarde pas où je vais, je ne sais pas où je vais mais je cours. Je cours sans but et sans destinations. Je cours juste jusqu'à ce que j'heurte quelqu'un. Je me retourne donc pour repartir dans l'autre sens et voit Gabriel qui se tient là, tout droit, tout paisible devant moi. Il s'approche de moi, je panique, je me retourne espérant dépasser la personne dans laquelle j'ai foncé juste avant mais elle n'est plus là. D'un coup, une ombre sort d'un recoin sombre. C'est Adam. Je suis encerclée. Je ne sais que faire. Les deux garçons se rapprochent de moi par deux côtés différents. Je panique encore. Que faire ? Je me mets en boule par terre et je crie, de tout mon corps « Laissez-moi ! Laissez-moi ! ». Et ils répondent en cœur « Mais nous ne te voulons pas de mal, Valentine ! Viens, approche ! ». Ils répètent cette phrase encore et encore. Je crie et me bouche les oreilles pour faire disparaitre leur voix de mon esprit mais rien n'y fait. Je n'en peux plus, je suis envahie par de violentes secousses.
- Valentine ! Valentine ! Je suis là, calme-toi. Chut, je suis là.
Je me réveille enfin. C'est Théo. Je suis en transe.
- Tu as fait un cauchemar ? me questionne mon frère.
- C'était horrible, dis-je.
Je regarde l'heure : 4h18.
Mon repos n'aura pas été de longue durée... Je demande à Théo de rester dormir avec moi. Je ne veux pas retourner dans ce rêve horrible ! Théo accepte mon offre, me prend dans ses bras et je m'endors tout de suite.
La douce musique de mon réveil se fait entendre. Quand j'ouvre les yeux, je me rends compte que Théo n'est plus à mes côtés. Je commence à m'apprêter calmement jusqu'à ce que je me souvienne que j'ai rendez-vous avec Adam avant les cours. Tout d'un coup, c'est beaucoup plus tendu !
Je me mets à courir dans tous les sens à la recherche de mon plus beau chemisier, en plus de tout ce que je suis déjà censée chercher le matin : mon plumier, des feuilles parce que mon ancien bloc est vide, des chaussettes propres, mes chaussures qui sont toujours introuvables parce que je les enlève dans un endroit improbable. Pour vous dire, une fois, je les ai retrouvées derrière la porte qui donne sur le jardin. Par derrière, je veux bien dire du côté extérieur hein. Et par malheur, c'était une nuit durant laquelle il avait plu... Je n'ai jamais eu beaucoup de chance...
À 7h42, je suis totalement prête, ce qui me laisse le temps de marcher jusqu'à la gare sans me presser et d'arriver à l'heure à mon rendez-vous, si le train n'as pas de retard, bien entendu.
- Tu pars déjà ? me demande Benoît.
- Oui, je dois parler ave Adam avant les cours.
- Tout va bien j'espère ! dit-il.
- Oui, oui, rien de grave ! Bonne journée tout le monde !
Et je sors de la maison. Je n'ai pas parlé à mes parents de ce qui s'était passé hier. Et apparemment, Théo ne l'as pas fait non plus.
Je lui envoie donc un petit message pour le remercier d'avoir gardé tout ça pour lui. Il me répond très vite :
Théo. 7h46.
De rien sœurette, c'est normal ;)
J'ai quand même de la chance de l'avoir, mon Théo.
Il est 7h58 quand j'arrive à notre table.
Avec Ju, Clem et Adam, on s'est attribué cette table il ya près de 3 ans et quand il fait beau, nous y venons passer le temps de midi ou faire papote après les cours.
Un beau jour de début du printemps, nous étions tous les 4 assis autour de cette table et à l'époque, Clémentine était pas mal amoureuse de mon frère. C'en devenait presque une obsession. Et d'ici, on avait une vue imprenable sur le terrain de sport. À cette époque là, les inférieurs ne mangeaient pas en même temps que les supérieurs. Donc pendant notre temps de midi, les garçons de la classe de mon frère avaient sport. À la fin de leur cour, Théo, qui avait remarqué que j'étais à cette table, est venu me parler. Je ne sais plus trop ce qu'il m'a dit mais il a, sans le faire exprès, raflé ma meilleure amie. Celle-ci, étant folle de mon grand frère en était devenue folle de joie. Et toute la journée, elle n'avait pas arrêté de me parler de lui. Les jours et les semaines qui suivirent, Clémentine voulait toujours manger à cette table là, pas une autre, en espérant que Théo repasse et recommence.
Depuis ce jour là, dès que le soleil montre le bout de son nez, on mange à cette table là mais plus pour les mêmes raisons.
- Valentine, désolé du retard.
Adam me sort de mes pensées. Il a sa guitare avec lui. Un court instant, j'espère qu'il l'a prise pour moi mais très vite, je me rappelle qu'on est mardi et que le mardi, il va à son cours juste après l'école.
- Salut, commencé-je.
- Salut, répond-t-il en s'installant à la table.
- Je suis désolé, dit-on en même temps après un long moment de silence.
- Vas-y, dit-on encore simultanément.
Je décide de commencer :
- Je suis désolé pour tout, je ne pensais pas ce que je t'ai dit hier, je ne voulais pas...
- Tu sais, repris-je, je t'aime énormément et je ne veux pas te perdre et, il fait que tu me comprennes, j'étais sous le choc et j'ai été pris de court et...
Je m'arrête de parler en apercevant qu'il se tient maintenant debout devant moi avec sa guitare autour du cou.
Mon cœur s'emplit de joie.
- High street fashion, commence-il à chanter, Expensive clothes, I love her more than anybody knows, she twists my melon, she cuts me up, maybe that's why I'm so in love, you make me feel like love is real, you pick me up, you let me down, you make me feel, so pick me up
[ NDA : Voir musique en média :) ]
- Je trouve que cette chanson allait parfaitement avec ce que je ressens en ce moment, dit-il après avoir fini cette magnifique chanson.
Je n'ai pas de mots, je me jette dans ses bras.
- Tu me pardonnes ? demandé-je.
- À une condition, dit-il.
- Laquelle ?
Un petit rictus mignon apparait au coin de sa bouche.
- Que tu m'embrasses.
- Condition acceptée !
Notre baisé était merveilleux. Le plus beaux que je n'ai jamais eu. Bon, je dois bien vous avouer que je n'ai pas beaucoup d'expérience dans le milieu, voire pas du tout.... Mais que voulez-vous ? Ce n'est pas de ma faute si personne ne voulais de moi !
Enfin bref...
Le meilleur moment de ma vie jusqu'à présent.
Quand nous avons terminé de nous amouracher, je reprends :
- Nous devons avoir une discussion sérieuse toi et moi.
- Oui... Alors...
Voyant qu'il ne dit rien, je commence :
- On en est où, tous les deux... Je veux dire « relationnellement ».
- Tu en pense quoi toi ? dit le mec qui a tout d'un coup perdu ses couilles.
- Je ne sais pas, à toi de me le dire ! tenté-je en sachant bien que ça le rend mal à l'aise.
- Peut-être que... enfin... Tu veux qu'on...
Il est trop mignon quand il est gêné.
- Qu'on... ? dis-je. Qu'on soit un couple ?
- C'est ça !
- T'en pense quoi, toi, d'Adatine ? Où peut-être que tu préfère Valam ?
- Je t'aime, conclu-t-il en m'embrassant encore.
- Je suppose que ça veux dire oui !
Bon, maintenant, il faut que je règle le problème Gabriel... Et ça risque de ne pas être une mince affaire ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire...
Il va aussi falloir que j'en parle à Ju et Clem, eux, ça va aller, ils seront tout fous. Je vois déjà Clem me sauter dans les bras et crier comme une possédée : « Je le savais ! Je savais que ça finirait par arriver ! Je le savais ! ». Elle voudra qu'on s'organise des petites sorties à 4, des sorties de couples (ce qui ne va pas changer beaucoup de nos sorties précédentes vu qu'on était déjà tous les 4)
Je vais aussi devoir en parler avec Théo. Lui, il respectera ma décision quand je voudrai en parler avec lui mais n'hésitera pas de me taquiner avec ça.
Il va aussi falloir que j'en parle à mes parents. Je choisirai le bon moment, c'est-à-dire pas tout de suite.
Nous restons encore dans les bras l'un de l'autre jusqu'à ce qu'un courant d'air passe dans mon tee-shirt et que je frisonne.
- Ça va Valentine ? Tu as froid ?
- Non, non, ça va, c'était juste...
Gabriel est au loin, il regarde dans notre direction avec dans les yeux un mélange de rage et de déception. Je ne sais pas depuis combien de temps il est là, ni ce qu'il a vu mais je n'ai pas un bon présentiment...
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