Chapitre 2


Je m'excuse d'avance pour ce chapitre très long ! (Presque 4000 mots contre environ 2000 pour les autres😅). J'aurais dû le séparer en deux mais j'ai oublié de le faire, et maintenant c'est trop tard puisque j'ai publié d'autres parties et que l'on ne peut insérer un chapitre entre deux autres chapitres déjà publiés.

Bonne lecture !

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- Mia ! Mais qu'est-ce que tu fais ici? dis-je en simulant un large sourire.

- Oh je t'ai entendu parler de cette petite fête avec tes amis quand vous étiez au parc pendant la pause de midi !

Et maintenant, elle m'espionne aussi !

- Ah, et comment tu as su l'adresse et l'heure de la fête ? Quand j'en ai parlé à midi, je n'avais encore aucune information.

- Eh bien, j'ai trouvé l'adresse dans le bottin.

Le bottin... sérieusement !? Mais qui a encore ça chez lui en 2018 !?

- Oh et pour l'heure je me suis dit que 21 heures, ça devait être une bonne heure pour arriver. Alors j'étais devant chez toi à 21h15 pour te proposer d'y aller ensemble, mais ta maman m'a dit que tu étais déjà partie depuis un petit temps. Alors le temps que je trouve la bonne maison, je suis arrivée à 21h30. Mais je vois qu'il n'y a pas encore grand monde... Oh c'est- quoi ça? dit-elle en montrant le grand bol de cocktail spécial Gab comme il l'appelle, du jus d'orange ?!

- Euh oui, en partie Mia, mais il n'y a pas que ça dedans...

Vous voyez, qu'est-ce que je disais !? Elle. N'est. Pas. Faite. Pour. Ce. Genre. De. Soirées.

En début de soirée, tout se passe bien. Les gens arrivent petit à petit et la maison de Gab commence à se remplir tout doucement.

Je ne suis toujours pas au meilleur de ma forme mais ça va de mieux en mieux. Je m'oblige à ne pas trop boire même si j'en ai fortement envie. L'alcool n'est pas la solution à tous mes problèmes. De plus, je dois rester suffisamment sobre pour toutes les discussions qui vont arriver...

Aux alentours du milieu de la soirée, ça dégénère.

- Hey Valouuuuu qu'est-ce que tu fais iciiiii ? crie Clem en titubant jusqu'à moi.

Oulala, elle est loin là, ma petite Clémentine.

- On a décidé de venir ensemble Clem, tu te rappelles? dis-je en la rattrapant au bord de la chute. Viens, on va aller prendre l'air deux secondes.

- Wahouuuu, on va dehooors, merci ma Valouuu, t'es comme une petite maman pour moi, tu sais que je t'aime toiii ?

- Oui, oui, allez viens par ici, on va se mettre là-bas.

J'aide mon amie à s'asseoir sur la sorte de balançoire-banc. Je n'ai jamais su nommer ce truc mais j'adore me mettre dedans en été au soleil.

- Alors, dis-moi, comment te sens-tu Clem? commençé-je.

- Je... je... je crois que... que j'ai un peu bu...

- Un peu? dis-je sur le ton de l'humour. Tu t'es vue?

- Peut... peut-être un peu trop...

- Un peu trop comment?

Je vois bien qu'elle ne sait quoi répondre alors je reprends :

- Sur une échelle de 1 à 10, 1 étant "je suis pompette" et 10 étant "je pars pour un coma éthylique", tu te placerais où?

- Eum... Jeuuuuu dirais six ou septeuuuuu.

- OK... Tu veux de l'eau?

- Merci ma petite mamannn !!!

- Surtout ne bouge pas, je reviens vite ! Reste là ! Oui, c'est ça, va faire un tour sur Facebook. Mais ne bouge pas.

Je me mets à courir jusqu'à la cuisine pour laisser ma meilleure amie seule le moins longtemps possible. En chemin, je croise Gab et Théo qui ont l'air de sortir prendre l'air. Je ne m'en préoccupe pas et continue ma route. Une fois arrivée, j'attrape vite une bouteille d'eau dans le frigo et me remets en route.

Quand j'arrive au banc, je vois que Clem n'est plus seule. Au moins elle est restée là, me dis-je.

Heureusement, c'est Julien. Ils ne sont pas en train de se bécoter pour une fois. Je les entends parler :

- Clem, tu es sûre que ça va ?

- Maiiis ouiiiii, ma petite maman est partie me chercher de l'eau !

- Mais c'est qui cette petite maman ? demande-t-il d'un air inquiet.

- C'est notre Valouuu, elle s'occupe bien de moi tu sais. Je t'ai déjà dit que je t'aimais?

- Oui, oui, je le sais ça, que tu m'aimes mais...

- Oh regarde mon amour, elle arrive, je la vois !

- Ah, Valentine, ça va, tu veux que je m'occupe d'elle? me questionne-t-il.

- Non t'inquiète, ça va, ça ne me dérange pas, retourne t'amuser!

- Ah oui, je devais te dire, Adam, il a pas l'air bien non plus, mais il veut rien me dire. Je pense qu'il a pas mal abusé niveau alcool aussi... On dirait qu'il essaye de se sortir quelque chose de la tête...

- Putain ! m'écrié-je

- Val?

Voyant que j'étais dépitée, Ju vient s'asseoir à terre près de moi.

- Valou, qu'est-ce qui se passe? dit-il en me regardant dans les yeux

- Mais tout ça c'est de ma faute putain ! m'énervé-je en m'effondrant sur lui.

Des larmes reviennent de plus belle sur mon visage.

- Woooa, calme-toi, ça va aller. Tu veux parler?

- Hey je suis là moi aussi hein ! intervint Clem.

Mais nous l'ignorons alors elle commence à ramager. Nous ne comprenons pas ce qu'elle dit mais ça ne doit pas être très important vu son état.

- N... Non, je préfère pas Julien, excuse-moi... dis-je en sanglotant.

- T'inquiète, moi ça va, tu me parleras de tout ça quand ça ira mieux. Reste ici, réfléchis à tout ça et moi je m'occupe de Clem plus loin. Ça va?

- Non, non, je vais m'occuper d'elle, ça me fera du bien. Toi, retourne à l'intérieur. Et garde un œil sur Adam. Je ne veux pas qu'il fasse de bêtises.

Sous son œil interrogateur, j'ajoute :

- Ça ira, je te le promets, allez vas-y !

Une fois remise de mes émotions, je me relève et vais m'asseoir sur le banc qui se balance.

Je tends enfin sa bouteille à Clem.

- Merci ! dit-elle d'un air peu assuré.

- Allez, bois, ça va te faire du bien, lui conseillé-je avec un petit sourire rassurant.

Maintenant qu'elle se sent un peu mieux, nous parlons de tout et de rien. Il faut dire qu'une discussion entre une bourrée et une personne presque sobre ne sont pas des plus intéressantes... Mais au moins, elle me fait rire et je retrouve ma bonne humeur.

- Hé, t'as vu là-bas, on dirait que y'a ton frère qui se dispute avec quelqu'un, remarque Clem.

Mon frère.... Merde, j'avais oublié ce problème-là... J'espère qu'il n'a rien remarqué...

- Putain mec, c'est quoi ton problème ce soir ? crie Théo.

- Mais j'ai pas de problème ! Je te l'ai déjà dis 1000 fois ! répondit l'autre personne.

Mais mais mais... l'autre personne.... c'est Gabriel ! Oh non... Je crains le pire.

- Ça fait 20 minutes qu'on est dehors et que tu me dis que tout va bien. Arrête de déconner mec, je vois bien que tout ne va pas bien ! s'exclame Théo.

Je sens bien qu'il perd patience. Je connais mon frère.

- Mais parle-moi putain ! Les amis, c'est fait pour ça ! Quoi ? Ça a à voir avec Emma ? continue celui-ci.

Emma... Je l'avais oubliée celle là... Bon c'est pas comme si ils étaient ensemble... Je n'ai rien fait de mal... Je n'ai pas de copain donc je n'ai trompé personne et pour Gab, c'est pareil...

Voyant que Gabriel ne répond pas, Théo recommence à le questionner jusqu'à en être désespéré et s'asseoir sur la table de jardin.

L'instant d'une seconde, l'idée d'aller les rejoindre me passe par la tête. Non. Il vaut mieux que je ne me mêle pas de cette histoire... Je ne veux pas encore plus réduire mon affinité avec mon frère...

- Valentine ! Houhou ? T'es dans la lune là ! dit Clem pour me faire sortir de mes pensées.

-Mh, oui, ça va toi ? On peut retourner à l'intérieur ?

- Moi ça va... Mais toi par contre...ça va pas trop... On dirait que t'as vu un fantôme.

- Moi ? Mais noooon, je vais très bien, ça doit être les effets de l'alcool, tenté-je en espérant qu'elle n'y voie que du feu.

- Valentine, n'essaie pas de me mentir... On sait très bien toutes les deux que tu ne sais pas mentir.

Zut, elle a repris ses esprits... Que faire pour lui échapper ? Vu que je ne réponds pas, Clémentine relance la conversation bien consciente que je ne veux pas lui parler de ce qui me tracasse :

- Bon... Ça fait combien de temps qu'on est dehors là ? 1 heure ? 2 heures ? Il est temps de rentrer non ?

Elle se lève et je la suis jusqu'à l'intérieur. Dans le salon, je regarde à droite et aperçois Gabriel qui n'a pas l'air bien, en effet, je m'en veux de le laisser comme ça. Il faut que j'aille lui parler, tout ça, c'est de ma faute. Il pensait faire une belle soirée chez lui et j'ai tout gâché...

Je tourne la tête à gauche et aperçois Julien et Adam. Ce dernier croise mon regard. Il est déçu et triste mais il a aussi beaucoup trop bu... Ju se tourne vers moi et me scrute. Suite à mon regard interrogateur, il me lance un coup d'oeil rassurant et je peux lire sur ses lèvres " T'inquiète, je gère. On se voit plus tard? " J'acquiesce et continue mon chemin.

Je monte les escaliers et vais me réfugier dans la chambre de Gab. Quand j'étais petite, on venait faire des petites soirées improvisées les week-ends, du temps où les parents de Gab passaient encore un peu de temps dans leur grande maison. Je me souviens que je venais me réfugier dans cette chambre lorsque j'étais effrayée par leur grand chien : Falco, un magnifique berger allemand qui n'est plus de ce monde malheureusement...

Quand j'étais encore toute petite, environ 4-5 ans, il m'effrayait parce qu'il était très grand. Je le dépassais à peine. Je le vois encore avec sa grosse tête qui me surplombait quand j'étais assise à jouer. Alors je me relevais et courais jusqu'à la chambre de Gab. Ses murs bleus me fascinaient... Et puis, plus tard, vers mes 7-8 ans, j'adorais ce chien, je jouais avec lui tout le temps. Vu que nos jardins sont dos à dos, Falco allait au bout de son jardin et aboyait jusqu'à ce que j'arrive au bout du mien.

Dans ces moments là, la barrière nous séparait mais nous nous amusions quand même. Je lui jetais une balle et il me la ramenait alors je le couvrais de caresses. Mais un été, la famille Daverstone est partie en vacances et du coup, ils ont mis Falco au chenil et pendant ces vacances, ils ont reçu un appel du chenil leur informant le décès de leur chien. Probablement un arrêt cardiaque.

Un coup à la porte me fait sursauter. Gab est appuyé contre la porte. Celle-ci était restée ouverte et je n'ai même pas entendu Gabriel monter.

- Valentine Delmot, ai-je l'autorisation d'entrer dans ma propre chambre ? demande-t-il.

- Oui, oui, vas-y, dis-je avec un petit sourire.

- Qu'est-ce que tu fais ici toi? me dit-il en s'asseyant sur son lit.

- Oh, je venais me vider la tête. J'ai été traversée par de nombreuses émotions aujourd'hui tu sais?!

- Ba, oui, je vois ça en effet ! remarque-t-il, Et mon petit doigt me dit que j'ai aussi ma part dans tout-ça.

Il insiste sur les derniers mots en décrivant un cercle autour de mon visage avec son index.

- Tu ne penses pas qu'il faut qu'on parle ? ajoute-t-il.

Voyant que je ne dis rien, il reprends en chuchotant :

- Val, j'ai besoin de savoir...

- Pourquoi tout va mal aujourd'hui ? La journée avait plutôt bien commencé ! me plaigné-je en retombant en larmes (oui, encore... Ça doit bien faire 10 fois aujourd'hui)

- Chut, calme-toi, ça va aller, on n'est pas obligé d'en parler tout de suite... Calme-toi, je pense que tu as besoin de repos, je vais te raccompagner chez toi... dit-il en me tirant vers lui délicatement.

- Non, je ne veux pas rentrer chez moi, je ne veux pas être seule... chuchoté-je en posant ma tête sur son épaule.

- Tu ne seras pas seule, il y a Héloïse et tes parents. Et puis, Théo ne va pas tarder à rentrer non plus...

- Je peux rester ici pour cette nuit ? lui demandé-je.

Il hésite mais finit par accepter :

- OK, couche-toi dans mon lit et repose-toi, je dormirai dans le fauteuil. Mais surtout repose-toi. Demain est un autre jour et ce sera une journée bien meilleure que celle-ci pour toi, dit-il en cherchant un t-shirt dans son armoire pour moi.

Il me passe le t-shirt et s'en va.

- Gab ? hésité-je juste avant qu'il ne ferme complètement la porte.

- Oui ?

Il réouvre un peu la porte pour pouvoir y passer sa tête.

- Merci... Merci pour tout ce que tu fais pour moi, lui dis-je en souriant.

- C'est normal, termine-t-il en me rendant mon sourire. Bonne nuit Valou.

***

Alors que je suis à peine endormie, un énorme bruit de verre cassé se fait entendre en bas. Je sursaute et me demande bien ce qui a pu faire un tel bruit... Il n'y a plus de musique, les autres invités ont l'air d'être tous rentrés chez eux. Je me lève et descends pour voir ce qui a causé ce bruit. Arrivée en bas, je n'entends rien, rien du-tout. On pourrait entendre les mouches voler. Mais lorsque je tourne la tête vers le salon, je vois qu'il y a encore plein de monde. La fête bat de son plein. Mais je n'entends toujours rien... Je prends peur et me dirige, effrayée, vers la cuisine pour aller prendre un verre d'eau. Quand je retourne dans le salon, il n'y a presque plus personne... Il reste une...deux... trois... quatre personnes : Julien et Adam dans un coin, Théo et Gabriel dans l'autre. Ça me parait bizarre, je suis restée à peine deux minutes dans la cuisine. Tout ce monde n'a pas pu partir en si peu de temps. Et d'un coup, Adam et Gabriel se sautent dessus et une bagarre explose. Alors que Ju et Théo essayent de les séparer, je reste là, stupéfaite. Et je crie :

- Stop ! Non, arrêtez, je vous en supplie ! Adam, calme-toi ! Stooooop ! Gabriel, non !

Je crie, encore et encore, jusqu'à m'époumoner. Je crie, j'hurle encore et encore.

- Valentine ! Val, réveille-toi !

Je suis parcourue par quelques secousses...

- Val, réveille-toi ! dit la personne qui me secoue.

Sa voix me parvient de plus en plus distinctement. C'est Gab.

Je me rends compte que je suis toujours en train de crier. Je me tais d'un coup.

- Val ! dit-il sans se rendre compte que j'étais éveillée. Ah, tu es enfin éveillée. Pourquoi tu criais autant ?

Je regarde son visage, passe mes mains sur ses joues. Il tressaille, c'est normal, j'ai toujours les mains froides. Il n'y a plus aucunes traces des plaies qui se trouvaient sur son visage il y a quelques minutes à peine.

Rassurée qu'il n'ait rien, je m'enfonce dans ses bras.

- J'ai fait un horrible cauchemar, commencé-je. Il, y avait toi, Théo, Adam et Julien.

Et je lui raconte tout.

- T'inquiètes, ce n'était qu'un mauvais rêve. Regarde, je vais bien. Et Adam aussi. Hier soir, je suis resté avec lui et Julien un petit moment en attendant qu'il dessoûle un peu. Il est rentré chez lui, il va bien aussi.

Voyant que je ne disais rien, Gab reprend :

- Je peux y aller ? Ou tu veux que je reste près de toi ?

- Il est quelle heure ? l'interrogé-je.

J'ai besoin de l'heure pour prendre ma décision... Si on est encore en pleins milieu de la nuit, je vais le laisser dormir encore un peu quand même... Déjà qu'il n'a sûrement pas passé la meilleure nuit de sa vie vu que je dors dans son lit et qu'en plus, je l'ai réveillé en criant. Il a bien droit à un peu de repos après cette soirée mouvementée.

- Regarde, il y a l'heure là, dit-il en pointant son réveil du doigt, il est 7h36.

- 7h36, mhh... T'es encore fort fatigué ou ça va ? demandé-je.

- Mhh, ça va, ça passe. Pourquoi ? m'interroge-t-il.

Parfait ! On va pouvoir parler calmement de ce qui s'est passé hier.

- Alors, ce que je te propose, c'est que vu qu'il fait calme et qu'on est que tout les deux, on parle de... de ce qu'il s'est passé hier...

Le sourire qu'il affichait disparu.

- Ah, oui, ça... dit-il.

- Tu sais, Gabriel Daverstone, je t'apprécie... beaucoup... Mais tu vois, je te considère un peu comme un deuxième frère. On a passé beaucoup de temps ensemble. On se connait depuis toujours et tu es une des personnes à qui je me confie le plus. J'ai peur que... notre « relation » ait des répercussions sur plein de trucs...déballé-je sereinement.

Il faut dire que je n'ai pas arrêté de penser à comment j'allais lui dire ça.

- Je comprends, Valentine, mais tu sais, ton frère et moi, on s'entend super bien, je ne pense pas que ça le perturberait ou quoi, dit-il aussi posément que moi.

- Peut-être qu'à toi, il ne t'en voudra pas, mais moi, tu ne sais pas quel enfer il me ferait vivre à la maison. Je ne veux pas risquer ça.

- Alors, je resterai chez les Delmot le plus de temps possible, ce ne sera pas difficile, on est presque voisins, Valentine, s'il te plait.

- Non, désolé, je regrette Gabriel, et puis, il y a Emma aussi.

- Emma !? Mais Emma, ce n'est rien Emma, juste une distraction. Et c'est pas pareil. Emma, ce sont mes yeux qui la veulent. Toi, c'est mon cœur... Et tout le reste de mon corps aussi.

Il prends un temps pour réfléchir avant d'ajouter :

- Et puis, si tu veux, on peut garder ça secret Valou.

- Secret ? Non, jamais, je ne sais pas mentir. Et toi non plus d'ailleurs, rappelle-toi hier soir sur la terrasse.

- Tu nous a vus !? s'inquiète-t-il.

Je le sens maintenant tendu.

- Bien sûre que je vous ai vus ET entendus, n'importe quelle personne se trouvant dans le jardin l'aurait remarqué, dis-je en insistant bien sur le « et ».

DING DONG

Sauvée par le gong, je n'ai plus aucun argument. Je ne sais pas qui est celui qui vient de sonner à la porte, mais je le vénère.

- J'y vais, dit-il en se levant. Profites-en pour t'habiller et te débarbouiller.

Quand je passe dans le couloir pour me diriger vers la salle de bain, j'essaye d'apercevoir mon nouveau dieu. Ah, ce sont des témoins de Jéhovah. Peut-être que tout compte fais, je ne vais pas les vénérer jusqu'à ma mort...

De la salle de bain, je peux entendre Gab se débattre avec ce petit groupe de personnes bien insistant.

- Non, je ne veux pas vous acheter vos gaufres, et non, je ne suis pas intéressé non plus. Au revoir, bonne journée.

- Mais monsieur, attendez, vous...

- Non, merci, je ne suis pas intéressé, merci au revoir, bonne continuation, les coupe-t-il.

- Mais attendez, nous ne vous avons pas encore montré...

- Non, j'ai dit non, merci.

Cette petite scène me tire un petit sourire.

J'entends la porte claquer. Au moins, il a réussi à les remballer sans rien leur acheter. Ce qui n'est pas le cas de chez nous. À la maison, ma mère, étant trop gentille, leur achète toujours un petit truc. Je devrais peut-être faire venir Gab plus souvent... Je pourrais l'appeler dès que je les vois entrer dans la rue. Il n'a qu'à traverser le jardin pour nous faire économiser cinq à dix euros.

- Val ? T'es où ? me demande-t-il.

- Dans la salle de bain, crié-je.

Il frappe doucement à la porte et me demande s'il peut rentrer. J'évalue rapidement la situation : déjà habillée. OK, c'est bon, il peut rentrer.

- Oui, dis-je.

- Oh, mademoiselle Valentine Delmot m'accorde l'honneur de la voir en petite tenue ! s'exclame-t-il.

- Hé, non, rêve pas hein, je suis déjà habillée.

Il mime une petite moue triste qui se transforme en mine de chien battu. Ce qui me fait rire.

- On dirait bien que tu as retrouvé ta bonne humeur ! dit-il en souriant aussi. T'as pas faim toi ? Que dirais-tu de délicieux pancakes faits maison ? propose-t-il en se mettant déjà en route.

- J'arrive t'aider dans deux minutes !

En bas, tout est déjà rangé. Plus de verres qui trainent partout ni de bouteilles dans tous les coins. Et on dirait même que l'aspirateur a été passé.

Je m'avance dans le coin de la pièce pour aller voir si mon petit Napo va bien. Il a l'air en pleine forme. Je vais lui chercher un bol de lait et une petite croute de pain. J'en profite aussi pour prendre de quoi changer son bandage. Une fois chose faite, je vais rejoindre Gabriel, très concentré à peser la farine et l'aide à faire ces fameux pancakes.

***

- Mhh, ils sont délicieux, dis-je.

- Et attends de voir celui que je te prépare : avec du bon sirop de fruits rouges du jardin, dit-il, fruits de cet été, bien entendu, ajoute-t-il.

Je me lève pour l'aider à faire les derniers pancakes et je suis soudainement attirée par l'idée de lui mettre un peu de pâte crue sur le bout du nez. Une fois chose faite, je me mets à courir. Le connaissant, il va certainement se venger.

- Ah ! Reviens ici petite crevette ! s'exclame-il.

Je me mets a rire tout en continuant ma course effrénée. Il finira bien par me rattraper, Gab a toujours couru plus vite que moi. D'ailleurs, je m'en plaignais étant petite quand nous jouions à touche-touche.

Comme je l'avais prédit, il finit par m'attraper à hauteur du canapé et nous tombons dedans.

Je ris tellement que j'en ai mal aux abdos, peu présents, il faut se l'avouer, mais quand même assez pour faire mal quand je rigole trop.

Ma crise de rire à peine finie, je me rends compte qu'il est au-dessus de moi. Nos visages sont très proches... Trop proches...

DING DONG

Deuxième fois aujourd'hui. J'ai bien plus de chance aujourd'hui. Gab avait raison, demain est un autre jour et il sera mieux que celui-ci.

Celui-ci se lève et va ouvrir. Je m'extirpe un peu du fauteuil afin d'apercevoir qui est mon deuxième dieu de la journée. Ah, c'est mon frère. Il a sûrement dû oublier quelque chose hier.

- Ah, Val ! Maman m'a obligé de venir vérifier que tu étais bien ici, dit celui-ci. Tu comptes revenir habiter chez nous ou... ?

- Oui, oui, j'arrive, je cherchais juste ma boucle d'oreille, j'en ai perdu une hier, mentis-je. Tu peux y aller, je vais arriver ajouté-je.

- Oh non, prends ton temps, j'ai une petite discussion à avoir avec mon petit Gabou, si ça ne te dérange pas.

Olala... Je pense savoir de quoi ils vont parler...

Je monte rapidement chercher ma veste et redescends tout aussi vite. Je prends Napo et m'en vais.

- Attends, Val ! C'est quoi ça ? me questionne Théo.

- Rien rien, je t'explique quand tu rentres ! Bonne discussion les gars ! À tout' Théo et Gab, merci pour tout ! lançé-je le plus rapidement possible avant de sortir en trombe.

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