Chapitre 14 - Première Partie

Pour la seconde fois en moins d'une semaine, Elmande se retrouvait ballottée dans la cabine de la diligence ducale. Elle aurait largement préféré arpenter les rues d'Horenfort à l'air libre, profitant des maigres courants d'air d'une nouvelle journée pourtant trop chaude, mais le lieutenant Kelen avait insisté ; la sécurité de la Duchesse serait plus facile à assurer si elle se tenait à l'abri des regards. Elle avait capitulé, bien consciente que ce compromis ne suffirait pas à apaiser l'humeur contrariée de son officier.

Il n'avait pas accueilli avec un grand enthousiasme sa décision de se rendre en personne au domicile des Parr pour les informer de l'état de leur fils Aedam, et pour les interroger.

— Mes hommes et moi-même sommes parfaitement capables de mener à bien cette mission, Madame la Duchesse. Votre sécurité est primordiale et les rues de la ville dangereuses, avait-il contesté.

— Je vous remercie Lieutenant, je sais quel est l'état de ma ville. Mais je tiens à m'occuper de cette affaire personnellement.

Elle ne lui avait pas laissé l'occasion de protester davantage. Cela ne l'avait pas empêché d'afficher une mine désappointée, et Elmande pouvait encore sentir son agacement tandis qu'il chevauchait en amont de la diligence et assénait des ordres à ses soldats d'un ton tranchant.

Les rues de la cité se faisaient pourtant de plus en plus vides. Outre les violences quotidiennes et la présence de soldats à chaque coin de rue, la rumeur des événements survenus au Temple quelques jours plus tôt s'était propagée au sein de chaque foyer en un rien de temps. Deux soldats et un enfant de chœur avaient été possédés par les êtres noirs et avaient semé le chaos dans le lieu sacré. Ils n'avaient cependant pas eu le temps de causer de perte humaine, interrompus par le Roi Renard et Ormane l'Ourse. Les deux Spectres avaient renvoyé les trois êtres noirs dans les ténèbres auxquelles elles appartenaient avant de disparaitre eux-mêmes, laissant les fidèles transis de peur et les corps des trois victimes, libérées de leurs tourmenteurs, mais vidées de leur âme.

Elmande avait autorisé le physicien à leur faire ingurgiter un breuvage euthanasiant afin de mettre un terme à leurs souffrances inutiles et leur avait accordé des funérailles dignes des nobles les plus influents des Montsombres. Elle repensa au soldat qui l'avait escortée dans les couloirs du Temple, à son sang-froid et son attitude protectrice. Il avait donné sa vie pour la défendre.

Elle chassa de son esprit le souvenir du regard opaque de son garde tandis qu'ils arrivaient enfin devant la petite maison des Parr. Elmande n'avait pas laissé l'épisode fâcheux du Temple la détourner de son but premier ; arrêter les Serviteurs. Et la famille du jeune Aedam représentait sa meilleure chance d'obtenir des informations.

Elle descendit de la diligence tandis que Kelen, avec un soupir de soulagement ténu, frappait à la porte. Ce fut Sami, le frère aîné d'Aedam, qui leur ouvrit. Un éclat paniqué traversa son regard clair lorsqu'il aperçut la Duchesse et son lieutenant. Il déglutit péniblement, et c'est d'une main tremblante qu'il leur fit signe d'entrer.

Ses parents les accueillirent avec déférence et inquiétude, les invitant avec des gestes empressés et maladroits à s'asseoir sur les chaises en bois abîmées, installées autour de la table familiale. Elmande refusa poliment leur offre, préférant rester debout et aux aguets tandis que ses soldats se postaient stratégiquement de part et d'autre de la porte d'entrée. Elle n'avait pas encore prononcé un mot.

Avec une tension perceptible dans la voix, le père de famille, Loup, interrogea alors :

— Que nous vaut l'honneur de vous accueillir dans notre humble maison, Madame la Duchesse ?

Elmande s'accorda un instant de silence supplémentaire, leur lançant à tour de rôle un regard volontairement froid et implacable. Loup se tenait debout près de la table, la main droite agrippée au dossier d'une chaise tandis que l'autre entourait les épaules frêles de son épouse dans une attitude qui se voulait rassurante. La Duchesse devina dans sa posture et son regard une volonté protectrice et un amour sincère envers sa famille. Elle se demanda avec cynisme où était passée cette attitude lorsqu'il s'était agi de protéger son plus jeune fils.

L'aîné, Sami, s'était mis légèrement en retrait, adossé à une fenêtre, les bras croisés. Elmande fit un signe discret à son lieutenant, lui ordonnant de se poster près du garçon en qui elle n'avait aucune confiance. Sami pâlit un peu plus en observant l'officier se rapprocher de lui.

Enfin, elle prit la parole, sans prendre la peine de répondre à la question posée par le père de famille :

— Savez-vous où se trouve votre fils cadet, Aedam ?

Méline se crispa immédiatement et leva vers elle un regard suppliant. Sa lèvre se mit à trembler, mais son mari resserra sa poigne autour de l'épaule de son épouse pour l'encourager à se taire. Il ne semblait pourtant pas savoir quelle était la bonne attitude à adopter lorsqu'il bafouilla en guise de réponse :

— Eh bien, c'est-à-dire... Nous ne... Aedam n'est pas...

— Vous ignorez où il se trouve, n'est-ce pas ? l'interrompit Elmande.

— Le savez-vous ? demanda Méline en se défaisant de l'étreinte de son mari. Madame la Duchesse, savez-vous où est notre Aedam ?

— Il est au château, Madame Parr. Sous ma protection. Il nous est arrivé dans un état critique il y a une semaine, entre la vie et la mort. Nous nous sommes assurés de sa survie, mais il reste alité et très faible.

— Oh Grands Esprits ! s'écria Méline en portant les mains à sa bouche. Madame la Duchesse, laissez-moi le voir, je vous en conjure, je dois le voir !

Elle s'était rapprochée de quelques pas, mue par un instinct maternel qu'Elmande ne comprenait que trop bien. Mais elle ne se laissa pas attendrir lorsque l'un de ses gardes s'interposa pour rappeler à cette femme de garder ses distances. Elle ignora une nouvelle fois les paroles qui lui étaient adressées pour garder le contrôle de la conversation.

— Depuis combien de temps avait-il disparu ?

— Depuis... Environ trois semaines, Madame la Duchesse, répondit Loup. Nous l'avons cherché partout...

— Que lui est-il arrivé ? interrogea sa femme.

— Il était entre les mains des Serviteurs des Grands Esprits. La secte de l'Anima qui sème la terreur dans la ville, qui a attaqué le Divinaire et a fait assassiner mon époux. Je suppose que vous en avez entendu parler.

Elle parlait durement, cherchant à pousser la famille dans ses retranchements. S'ils détenaient la moindre information au sujet des Serviteurs, elle avait bien l'intention de leur faire cracher tout ce qu'ils savaient. À ces paroles, tous trois perdirent les quelques couleurs qui subsistaient encore sur leur visage. Loup se laissa tomber sur une chaise et passa une main sur ses yeux, comme pour s'assurer qu'il ne rêvait pas. Méline fondit en larmes et recommença à supplier la Duchesse de la mener jusqu'à son fils. Sami, lui, faisait son possible pour rester impassible, mais la détresse qui l'envahissait commençait à se lire sur ses traits. Elmande ne le quitta pas du regard alors qu'elle poursuivait :

— Les Serviteurs l'ont maintenu prisonnier pendant un temps qui nous est inconnu. Ils l'ont gardé ligoté, et l'ont torturé.

Les pleurs de Méline redoublaient, et Elmande s'efforça de garder son cœur fermé à double tour tandis qu'elle observait toujours les réactions de Sami.

— Il a été battu. Il présentait des plaies et des contusions sur la majeure partie de son corps. Ses ongles ont été arrachés.

La mâchoire de Sami se crispa, son corps fut traversé d'un irrépressible tremblement.

— Pourquoi ? Pourquoi ont-ils fait ça à mon fils ? sanglotait sa mère.

— Ils l'ont puni pour être venu nous voir, répondit la Duchesse. Il a été le premier à nous informer de l'existence des Serviteurs. Nous avons fait attention à ce que son témoignage reste confidentiel. Nous avons fait notre possible pour le protéger. Mais il semblerait que quelqu'un l'ait dénoncé.

Les pleurs de Méline étaient incontrôlables, mais plus personne, ni Elmande ni son mari, ne faisait attention à elle. Loup avait saisi le sous-entendu et suivit le regard de la Duchesse vers son fils aîné livide et tremblant qui avait perdu toute contenance.

— Sami... ? souffla son père. Sami, tu... Qu'as-tu fait ?

— Rien ! répondit-il un peu trop virulemment. Père, je n'ai rien fait, rien !

— Ne nous mens pas, garçon, intervint Kelen gravement. Nous te faisons surveiller depuis le jour où Aedam est venu nous trouver. Nous savons que ton groupe d'amis et toi parlez des Serviteurs à chacune de vos petites soirées. Et nous savons en quels termes.

— Non, je... Non, nous ne... je ne voulais pas...

Perdu, il lançait des regards paniqués à ses parents, à la Duchesse, au lieutenant, comme s'il cherchait désespérément la faille qui le sortirait de là. Kelen se rapprocha d'un pas, et Elmande durcit son regard plus encore.

— Sami, tu dois dire la vérité. Tu le dois à tes parents. Tu le dois à ton frère, qui se bat pour rester en vie.

Ces dernières paroles eurent raison de ses dernières défenses. Il chevrota :

— Je n'ai pas fait exprès... Je n'ai pas fait exprès !

— Sami, qu'as-tu fait ? répéta son père.

— Je ne savais pas... On était en colère, on pensait que le Culte allait faire disparaitre notre foi, on pensait que le Marais s'était réveillé à cause d'eux, on pensait... J'ai cru que les Serviteurs étaient la solution. Alors quand j'ai surpris Aedam qui revenait du château, j'ai... j'ai juste dit à mes amis que mon petit frère avait mis le nez dans ce qui ne le regardait pas. Qu'il avait l'air de me cacher quelque chose... Mais je n'aurais jamais, jamais cru ...

— Est-ce que l'un de tes amis en particulier a semblé intéressé par ce que tu disais ? questionna le lieutenant.

— Ambroise... Ambroise Vary m'a posé des questions sur lui. Mais je... Enfin, Ambroise est mon ami, il n'aurait jamais...

— Ambroise Vary, hein... Que t'a-t-il demandé ?

— Si je pensais qu'Aedam aurait pu nous balancer... S'il était un fervent pratiquant de l'Anima... S'il n'aurait pas été tenté par le Culte...

— Et qu'as-tu répondu ?

Sami déglutit de nouveau avec difficulté, et son visage se tordit sous la souffrance que lui infligeait ce souvenir.

— J'ai répondu qu'il... que c'était un petit morveux plus doué pour écouter aux portes que pour la prière. Mais jamais je... Je n'aurais cru...

Il ne put terminer sa phrase. Il ferma les yeux, probablement pour se soustraire aux regards horrifiés de ses parents, avant de conclure.

— Il a disparu le lendemain.

Elmande et Kelen échangèrent un regard entendu. Aussitôt le lieutenant posa une main ferme sur l'épaule de l'adolescent.

— Garçon, tu vas immédiatement venir avec nous au château. Et tu continueras de nous dire tout ce que tu sais.

Le regard obstinément vissé au sol, Sami ne répondit rien et se contenta de hocher la tête. Toujours assis sur sa chaise en rotin, son père n'avait plus prononcé un mot, plus eu une seule réaction depuis que son fils avait commencé à parler. Ses yeux fixaient le vide. Méline, elle, leva de nouveau son regard larmoyant vers la Duchesse. D'une voix qui se voulait maitrisée, elle implora :

— Madame... Madame la Duchesse, s'il vous plaît... Ramenez-moi Aedam, je vous en conjure...

Elmande sentit son cœur se craqueler devant cette mère éplorée. Elle ne comprenait que trop bien le vide et l'angoisse laissés par l'absence d'un enfant. Refoulant la tristesse que cette pensée avait réveillée, elle répondit doucement :

— Je ne peux m'y résoudre, Madame Parr. La vie d'Aedam est encore menacée. Nous ne savons pas si ses ravisseurs l'ont laissé partir volontairement ou s'il s'est échappé. Il est possible qu'ils soient à sa recherche. Non, il doit rester au château aussi longtemps qu'il le faudra.

À ces mots, Loup releva la tête. Retrouvant soudain un semblant de vitalité, il balbutia :

— Mais Madame... Pardonnez-moi, mais... Aedam est notre fils, et nous...

Il cherchait ses mots, visiblement mal à l'aise.

— Ma décision est incontestable, rétorqua Elmande sans le laisser finir. Croyez bien que je ferai mon possible pour le garder en sécurité, et vous le ramener sain et sauf dès que sa vie ne sera plus menacée.

— Bien sûr, Madame.

Loup avait acquiescé, mais ses sourcils froncés le trahissaient ; il n'appréciait pas la décision de la Duchesse. Et s'il n'oserait jamais la contester plus ouvertement, l'expression de son visage sous son front baissé disait tout son ressentiment.

Elmande croisa les bras, agacée. Elle offrait à cet enfant la protection de sa garde et de ses remparts, à sa famille la certitude de le savoir en sécurité après des semaines de folle inquiétude, et voilà que cet homme semblait désapprouver son attitude. Les paroles prononcées par les Sages lui revinrent en mémoire et la transpercèrent de nouveau comme une lame chauffée à blanc.

« Vous vous entêtez à veiller sur ce garçon avec une attention toute maternelle afin de compenser la perte dans votre cœur de votre fille unique. »

Était-ce également ce que pensait d'elle ce père de famille ? Qu'elle utilisait son fils pour remplir le vide laissé par l'absence d'Énith ?

Elle déglutit, serra les mâchoires, refusant de leur laisser voir son trouble. Le chagrin et la colère refluaient en elle comme une marée montante, irrépressible et engloutissant tout sous sa puissance. Elle aurait voulu hurler au visage de cet homme toute la chance qu'il avait de savoir où se trouvait son fils. De le savoir en sécurité. Elle ferma les yeux et inspira lentement pour tenter de calmer ses impulsions.

Face au silence qui s'éternisait, le lieutenant se racla la gorge, et Elmande s'apprêta à lui faire signe de quitter les lieux. Elle ouvrit la bouche, mais ce fut une volute de vapeur qui s'échappa de ses lèvres dans l'atmosphère soudain glacée de la pièce.

Pétrifiée, empêtrée dans sa souffrance, Elmande ne réagit pas.

— Un être noir s'approche ! hurla Kelen.

La masse noire se faufilait déjà par les interstices de la fenêtre en mauvais état. Laissant échapper un râle glaçant, l'être commença à se mouvoir et, avec une rapidité déconcertante, fondit sur Elmande. La Duchesse recula prestement, dégaina vainement ses poignards tandis que Kelen lui hurlait quelque chose qu'elle n'entendit pas, trop focalisée sur la chose informe qui n'était plus qu'à quelques centimètres d'elle. Elle n'eut même pas le temps d'ouvrir la bouche pour crier sa terreur. Mais alors qu'elle s'apprêtait à se laisser engloutir par l'obscurité, une vive lueur d'argent envahit son champ de vision. L'éclat éblouissant l'obligea à fermer les yeux quelques instants et lorsqu'elle les rouvrit, un spectacle tant fascinant qu'effrayant se déroulait devant elle ; Hoaren le Renard et l'être noir se livraient un combat sans merci. L'ancien Roi attaquait son adversaire avec rage, la gueule ouverte, griffes en avant, tentant de faire reculer l'ombre grâce à la vivacité de sa lumière. Mais l'être noir se débattait inlassablement. Mêlant ses cris stridents aux grognements sourds du Renard, sa masse informe se mouvait à une vitesse sidérante, évitant les pattes et les crocs acérés, glissant sur le sol telle une onde poisseuse. Elmande comprit avec horreur que cette fois, le Renard n'aurait pas le dessus si facilement. Elle laissa échapper un hoquet affolé en voyant soudain la masse sombre s'étirer et glisser le long des pattes avant du Renard, remonter jusqu'à sa gueule, et s'enrouler autour de sa tête. L'éclat argenté s'éteignit sous son ombre accablante.

Aveuglé, l'ancien Roi recula de quelques pas en secouant sa large tête de droite à gauche, cherchant vainement à se défaire de son emprise. Il recula au fond de la pièce, le dos rond et la gueule basse, lorsqu'enfin l'être noir lâcha prise et le libéra. Le Spectre demeura immobile, l'œil terne, comme sonné.

Alors l'ombre n'hésita pas une seconde et repartit à l'assaut. Mais elle avait été détournée d'Elmande et se contenta d'une proie plus proche. Glissant au sol avec une telle rapidité que personne n'eut le temps de réagir, elle s'enroula autour de Sami et s'introduisit dans sa bouche, son nez, ses yeux, jusqu'à disparaître entièrement à l'intérieur du corps de l'adolescent.

— Sami, NON !

Le cri de désespoir de sa mère brisa le mutisme qui s'était imposé dans la pièce depuis l'intrusion de l'être noir. Méline voulut se précipiter vers son fils mais son mari la retint par le bras, la ramena vers lui et l'enlaça dans un geste protecteur.

— Non, Méline, non, souffla-t-il. Tu ne peux rien faire pour lui.

L'expression de détresse avait quitté le visage du garçon. Il affichait un air déterminé, relevé d'un petit rictus empli de mépris. Avec une force insoupçonnée, il se retourna d'un bond et frappa le lieutenant Kelen au visage. Sans attendre sa riposte, il courut s'emparer d'un couteau de cuisine et cria d'une voix qui ne ressemblait plus en rien à celle de l'adolescent :

— Vous ne m'aurez pas ! Vous ne m'emmènerez pas ! Je vous tuerai tous plutôt que finir aux geôles !

Les soldats avaient tous dégainé leurs épées et se tenaient prêts à en découdre, mais Sami n'en avait cure. Sans la moindre hésitation, il se jeta sur eux et frappa vigoureusement. Les gardes se défendirent avec brio mais les blessures qu'ils infligeaient au garçon ne semblaient pas l'atteindre.

Les lames au poing, Elmande restait figée, revivant avec effroi la scène du combat entre l'assassin de son mari et les gardes du château. Possédé par l'être noir, Sami se battait avec la même rage, la même force, la même résistance surhumaines. Les soldats ne tiendraient pas longtemps face à lui, même à cinq contre un. L'un d'eux était déjà tombé inerte sur le sol et se vidait de son sang, la carotide sauvagement tranchée. Elmande sortit enfin de son immobilisme et se jeta dans le combat, bien décidée à se battre jusqu'à l'épuisement contre cette force obscure, quitte à y laisser la vie.

Mais alors que Sami accueillait les premières attaques de la Duchesse avec un rire plein de dédain, le Renard s'approcha. Il avait finalement repris ses esprits. Mobilisant toutes ses forces, son éclat argenté vibrant et scintillant comme jamais, il écrasa Sami de tout son poids et l'immobilisa. Le rire de l'adolescent se fit plus fort, un rire hystérique et glaçant qui se propagea dans l'air jusqu'à ce que les dernières traces de l'être noir aient quitté son corps, englouties par le Spectre. Ils disparurent tous deux dans un silence angoissant, laissant les occupants de la pièce hébétés.

Sami était resté étendu au sol, inerte. Son regard vide fixait le néant, son visage était neutre. Il semblait mort, pourtant sa poitrine se soulevait et se rabaissait au rythme de sa respiration. Ses parents s'agenouillèrent doucement près de lui, appelant inutilement son prénom, cherchant une réaction qui ne viendrait jamais.

Kelen et Elmande échangèrent un regard consterné ; de nouveau, l'espoir de se rapprocher de la secte leur glissait entre les doigts.

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