IX/ Ygras

Val ouvrit les yeux.

Il se trouvait dans une sorte de marais, encore.

Mais l'odeur était similaire à l'intérieur de Witgrassil.

Un domaine infini de boue.

Rempli de sculptures faites de la même matière.

Des monstres, comme ceux vivant dans la périphérie de la ville, des armes, des statues.

Une véritable armée de création.

Puis un petit bruit arriva à ses oreilles.

Comme si une poulie s'était actionnée.

Val avança dans le lieu, sur ses gardes : Il n'était pas à l'abri qu'une statue prenne vie et le réduit en pièce.


🌳🌳🌳🌳🌳


En approchant où les statues étaient plus nombreuses, il arriva face à un petit monticule de terre. Quelqu'un était assis, face à un métier de potier.

Un homme devant avoir une trentaine d'années, aux très longs cheveux bruns, arrivant au sol et continuant derrière lui, des yeux dorés. Un corps bien bâti voûté sur son métier, torse nu, juste un pantalon en jute sombre.

-Bienvenue. fit-il simplement de sa voix résonnante sans quitter sa création des yeux.

Val approcha silencieusement, observant les mains de l'homme, créant ce qui semblerait être... Une tête masculine

-Tu es Val, n'est ce pas ?

-Et à qui ai-je l'honneur ?

L'homme arrêta son action. La tête était « parfaite » on aurait dit une vraie.

-Je me nomme Ygras. Je suis le Créateur de ce monde.

« Un dieu ? Rien que ça » soupira Val en croisant les bras.

L'aventurier s'assit sur l'herbe de ce lieu mystique, observant le coupable.


-Tu n'es pas humain, sinon tu n'aurais jamais survécu jusqu'ici. Ni même pénétré dans mon atelier.

-En effet. Tu ne me sers pas à boire ?

Ygras ricana, essuyant ses mains encore couvertes de boues sur son corps.

Laissant tomber de la poussière d'or.

Détail que Val remarqua, écarquilla les yeux, puis soupira.

-Non, tu ne vas pas rester ici longtemps...Un problème ?

-Un Créateur, tu dis ?

-Un problème.

-...C'est génial !


L'entité ne comprit pas l'intérêt soudain de l'aventurier aux yeux rouges.

Les Créateurs sont des êtres nés avec un « don ». Ils peuvent, comme leur nom l'indique, créer...

L'attitude de Val changea, devenant excité comme un enfant.

-Je pensais que je n'en reverrai plus jamais ! Et en plus tu as réussi à créer un monde ?! C'est la première fois que j'entends ça !

-Tu...en as déjà croisé ?

-Oh, quelques-uns.. Mais ils n'en restent plus ! Vu que cette idée est caduque !

L'homme aux longs cheveux ne comprit pas le charabia de son invité non désiré.


-Enfin, parlons peu, parlons bien : J'ai un service à te deman-

-Laisser Viscy partir ? Impossible, elle est à moi. Que Albero soit libre ? Non plus : elle est déjà avec les autres.

Val se tut, le laissant parler. Même si le fait de l'avoir coupé lui fit serrer le poing.

-Ce monde est à moi. Ce sont mes jouets. Elles sont toutes à moi.

Il leva la main au ciel.

Un vrombissement se fit entendre. Le marais se mit à bouillir.

Val écarquilla les yeux.


Des centaines.

Non, des milliers de femmes, en statuettes, défilèrent en sortant de la boue.

Et la dernière à sortir, ce fut Albero.


-Elles ont toutes rejoint Witgrassil. Elles sont toutes devenues le moteur de son existence, de MON existence depuis des millénaires. La moindre parcelle de leur corps est à moi. N'est-ce pas excitant ?

-Tu es effroyable.

-Vraiment Val ? Tu n'es pas mieux.

Val devint stoïque.


-Et oui, un petit don de télépathie. Et bien... Ton esprit est aussi corrompu que le mien ! Et bien ! Pour un dieu, tu t'es laissé aller à des divertissements de destruction et de plaisir ! Tu as même abandonné tes enfan-

Ygras se stoppa.

Il...

Il ne pouvait plus lire ses pensées.


Val se leva. Ses cheveux cachant la rage dans ses yeux. Il balaya son postérieur pour nettoyer une hypothétique saleté.

-Je sais. Je sais ce que j'ai commis. Je dois vivre avec. Mais je ne suis pas comme toi.

-Oh ? Ce ne n'est pas ce que j'ai vu. Si tu es le fameux Dieu que tu te dis être, tu m'as créé. C'est toi qui m'a laissé faire avec les sorcières du marais. Tu es aussi coupable que moi. Tu peux partir, j'ai des choses à faire... peut-être que le prochain Sabbat, je ferais deux êtres pour attirer tes amies ?

Il se mit à glousser.


🌳🌳🌳🌳🌳


Un rire.

Val se mit à rire, les yeux au ciel.

-Très bien Ygras.


Val attrapa son arme et la jeta au loin, elle partit dans l'infini. Il se tourna vers le Créateur.

-Tu as dû lire mes pensées : Celle que j'ai promis de ne pas utiliser mes pouvoirs divins.

Ygras voulu parler...

Mais...

De l'écorce avait remplacé ses lèvres. Aucun mot ne sortait, juste des sons étouffés.

-Dommage pour toi, mais je ne tiens jamais mes promesses.

Le regard d'Ygras se posa dans les yeux de Val.

Son corps frissonnait.

Il avait.. peur ?


-Ahh~~ Prépare toi Ygras, car je vais pouvoir te montrer pourquoi je ne me bats JAMAIS sérieusement. Sache juste deux choses : Tu ne mourras que quand je me serai lassé et que le temps risque de passer lentement.

Tout autour de lui, Ygras remarqua ses créations se briser, fondre en liquide gluant et s'enfoncer dans les tréfonds de ce monde annexe.

Tout comme les statues de ses sacrifices.


Quand une se brisait. Il pouvait entendre les cris de douleur, de supplication et de peur dans ses oreilles. Il ressentait leur peur. Il ressentait ce qu'il leur avait fait subir.

Puis sa gorge se remplit. Il avait du mal à respirer. Il brûlait.

Mais il ne pouvait pas mourir.


Puis ses pieds tournèrent sur eux même, dans une cacophonie d'os, de chair et de tendons se brisant. Les larmes coulaient. Il jeta un regard à Val.

Le Dieu souriait, immobile face à lui. Cherchant un moyen pervers de le torturer encore. Et encore. Et encore.


🌳🌳🌳🌳🌳


Et cela dura très très TRÈS longtemps pour lui. Les moyens les plus tordus que vous pouvez imaginez, fantaisies ou réalistes, lui arrivèrent.

Et à la fin, quand Val eut enfin un semblant de satisfaction, Ygras finit en boue, comme l'être merdeux qu'il était.


Comme quoi, il avait raison sur la monstruosité qu'était le soi-disant Dieu.

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