2- Car il a fermé les yeux

Il ferma les yeux. Il s'endormit. Il vit beaucoup de choses, en fermant les yeux de cette manière. Il vit de belles choses.

Un champ qui s'étend à perte de vue, un champ de fleurs multicolores et dont les reflets vifs font briller et pétiller les yeux ; colorant les pensées. Il défit et défait l'horizon, lui ouvre ses bras, le champ. Une douce odeur vient s'en échapper et vient se glisser dans ses narines. Le soleil brille et l'enveloppe de sa chaleur bienfaitrice. Une paix centenaire règne sur cet endroit magique et réduit ses battement de cœur au minimum.

Il est bien là.

Le changement de décors se fait en douceur.

Une montagne côtoyant les nuages et les étoiles, parsemée d'une fine poudre blanche qui lui offre une élégance sans autre égale. Force de la nature, faite d'une roche à l'état pur. Elle laisse dévaler sur ses flans une eau claire qui ne demande que de continuer sa course jusqu'à l'assèchement. Un vent de révolte embrasse et ces reliefs et en épouse chaque forme tel un amant. Cette vision est puissante et lui fait gonfler les poumons à bloc et écarter les bras. La solitude se savoure parfois.

Une sensation de chute et il relève la tête.

Une forêt sur laquelle s'abat depuis des jours une pluie mélancolique. Les animaux qui y vivent vont se cacher dans leur grotte, dans leur terrier, dans leur nid, pour rejoindre leurs petits qui leur réclament à manger, émettant de petits bruits qui résonnent entre les arbres et qui s'accordent parfaitement à la mélodie de la pluie. Et au milieu de cette nature, il savoure toutes les odeurs, aussi merveilleuses que différentes, que lui propose cette forêt d'un vert qui lui était jusque là inconnu.

Beaucoup de choses viennent envahir ses sens mais il n'a pas le temps de s'y habituer, qu'il s'est déjà envolé.

La mer. Agitée et forte. S'adapte aux nuages qui la dominent. Elle continue à avancer, plus féroce que jamais, creusant la pierre à chacun de ses remous. Millénaire, elle a vécu la naissance des Hommes, et continue à observer. Couvrant la majeur partie notre petit monde, elle a tous les droits et n'hésite pas à le rappeler. Ses grondements parviennent à ses oreilles et le comble d'un sentiment de liberté renouvelée et infinie.

Cela va de plus en plus vite et il a l'impression de courir.

De hautes herbes balayées par le vent. Grouillant d'insectes qui font leur vie, séparés de notre réalité. Elles forment des vagues de plus en plus régulière, donnant un aspect harmonieux à cette prairie où la lumière réside depuis que le soleil s'est levé sur cette belle nature.

Comme s'il courait pour sa vie.

Mais il s'arrête soudain. C'est la nuit. Il fait froid. Frisson. Il est au milieu d'un désert. La solitude s'empare de lui tout entier. Loin d'être pesante, cette solitude l'emplit de bonheur. De plénitude.

Les bras écartés, il tombe en arrière.

Peut-être est-ce en avant ?

Il tombe.

Il tombe.

Il tombe.

Il a perdu pied.

Il a fermé les yeux.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top