8. Cible en vue

Dorian s'installa sur une chaise devant Celerino. Il avait les bras croisés.
- Ce que tu as à faire est simple. Tu dois te débarrasser de Violetta Guila.
L'homme jeta quelques photos sur la table.
- C'est l'ancienne petite amie de mon frère. Elle l'a largué pour un des Suarez.
- Ce n'est pas gentil.
- Tu peux le dire. Le pire, c'est qu'elle et son nouveau compagnon vont se fiancer dans deux jours. Tu dois empêcher leur union.

C'etait sa première véritable mission. Le nouveau Luziano ne devait pas faillir à son objectif. N'ayant pas encore le permis, il décida de chercher cette femme à pied. Selon les informations du boss des Mozami, elle résidait dans le quartier riche.

Celui-ci était constamment désert. Les habitants du nouveau Verremburg restaient la plupart du temps cloîtrés chez eux et se voyaient lors d'occasions rares. Devant une maison gigantesque, il ferma les yeux, prit une grande inspiration et tira sur une caméra avec son pistolet. Un accessoire rendant le tir silencieux était posé sur le canon. Dorian escalada alors la palissade haute de deux mètres. Une fois dans la cour, il se cacha derrière un buisson. Trois hommes sortaient de la maison.
- À ce soir, demoiselle Guila.
- Oui, oui, laissez-moi me changer !

Merde, j'arrive à un mauvais moment... Quoique d'un côté, j'ai l'air débarrassé de ses hommes de main.

Discrètement, il avança jusqu'à la porte d'entrée. Après observation, il se rendit compte qu'il n'y avait pas de caméra. La porte était ouverte. L'adolescent se faufila à l'intérieur de la bâtisse. Quelques bruits venaient de l'étage. C'était sa cible.

Doucement, il s'approcha d'elle en montant les marches. Violetta chantonnait. Cela camouflait ses bruits de pas.
- Maintenant, la culotte.
Surpris, le garçon rougit et recula. Sans avoir fait attention au décor, il percuta un meuble. Le vase sur celui-ci se brisa.
- Qui est là ?
- Je...
La porte de sa chambre s'ouvrit. Une magnifique jeune femme se tenait devant lui, entièrement nue. Seule une serviette qu'elle tenait avec sa main droite cachait ses formes.
- Habillez-vous, c'est trop gênant !

Pourquoi j'hésite ? Je dois la tuer. C'est elle, ou moi.

La blonde aux yeux bleus se mit à rire.
- Vous êtes un Suarez, c'est ça ?
- Pas du tout. Je vous avoue, en fait...
Dorian écarquilla ses paupières suite à une nouvelle idée qu'il trouva intéressante.
- Je suis secrètement amoureux de vous. Je sais que vous êtes avec un mafieu mais n'est-il pas plus sage de surveiller vos fréquentations ?
Violetta baissa les yeux et se retourna. Les fesses de cette belle demoiselle sous les yeux, le garçon sentit des sueurs froides couler le long de son dos.
- Je me change et je vous laisse entrer dans ma chambre.

Elle venait de lui répondre d'un ton glacial. Comme s'il l'avait rendue triste. Pendant ce temps, le garçon ne savait plus quoi penser.

Si je vole la copine d'un Suarez, on va encore avoir des ennuis. songeait Dorian.

Peu après, elle le laissa pénétrer dans son petit paradis. La belle Violetta aux cheveux longs, bouclés et à la robe blanche se tenait devant la fenêtre. La pièce était grande et remplie d'ours en peluche.
- Bienvenue chez moi, jeune inconnu.
- Tu n'es pas bien méfiante.
- J'en ai assez de cette vie. Tout paraît beau et parfait mais je n'ai pas choisi Danno Suarez. On m'impose ces fiançailles parce que ma famille riche est payée beaucoup plus chère que ce qu'on a par ces types.
- Alors ils ont autant d'argent ?
Elle sourit.
- On n'est pas si riches, tu sais...

Dorian fit quelques pas vers cette beauté incarnée et inconsciemment, il saisit sa main.
- Ce soir, il y a un bal et je n'ai aucun cavalier. Me ferais-tu l'honneur d'être mon prétendant ?
- Ai-je le droit ? Pourquoi n'est-ce pas Danno ?
- Nous n'avons pas le droit de nous voir depuis quelques jours. On doit se laisser emporter par le désir et la tentation le jour de nos fiançailles.

L'adolescent se mit subitement à genoux et baissa la tête.
- Alors ce serait un honneur.
- Rejoignez-moi en bas dans six heures.
Il avait la journée pour se préparer. Beaucoup trop de temps. Alors, il décida d'aller voir Valerio à l'hôpital. Son collègue devait avoir besoin de compagnie.

Devant la chambre, en attendant que les médecins sortent, il jouaient avec ses doigts. De nature impatiente, il tournait en rond, se grattait et jouait avec les enfants à côté.

Finalement, la place fut libre après une longue heure. Assis près de lui, il posa son manteau à côté.
- Tu es venu me voir ?
- On est collègues, c'est normal, non ?
Le barbu posa sa main sur l'épaule de Dorian et lui adressa un sourire touchant.
- Nous sommes amis, gamin. Tu es aussi attachant que ton père.

La pluie commença à tomber sur Verremburg. Cet après-midi de premier mai devenait froid.
- Au fait, ce soir... J'ai un rencard.
Le blond aux yeux bleus se redressa soudainement.
- Attention !
La douleur le coucha immédiatement.
- Désolé, j'étais si heureux pour toi. Je vais te donner quelques conseils.

Le soleil allait se coucher. Sous un parapluie, vêtu d'un costard et d'une cravate, Dorian attendait devant la maison. Trois gardes du corps s'approchèrent lentement de lui.
- Dégagez.
- Violetta m'a demandé.
D'un coup de poing au visage, l'un d'eux le fit tomber. Assis dans une flaque et surpris par l'attaque, il lâcha son parapluie. Son costume était trempé.
- Ne soyez pas si familier avec elle.

En courant, la demoiselle se dirigea vers la victime.
- Vous êtes sots ! Ce garçon est mon cavalier de ce soir !
Les trois types grimaçaient et l'un d'eux prit son pistolet. Visé, Dorian baissa les yeux.
- Vous n'avez point le droit d'être accompagnée ce soir.
- Alors je n'irais pas à ce bal.
- C'est un ordre de votre père.
- Qu'il aille se faire voir...

Furieux, le plus musclé saisit la blonde par le bras et la souleva. La pluie tombait de plus en plus fort. L'orage commençait à gronder.
- Vous vous prenez pour qui ? demanda Dorian en se relevant.
- Qu'est-ce qu'il veut, le connard ?
L'adolescent tremblait. Il était à deux doigt de les éliminer mais quelque chose l'en empêchait. Était-ce de la peur ? Il n'arrivait pas à saisir son arme.

Violetta se débattait. Puis, l'homme la lâcha. Elle recula vers son nouvel ami. Debouts, sous la tempête, ils se regardaient tous sans prononcer le moindre mot. Puis, un grondement déchira les cieux. Apeurée, la jeune femme sauta sur Dorian et l'enlaça.
- Bien. Nous verrons sur place avec votre père.
- Attendez. Mon cavalier est tout sale. Rentrons un instant afin qu'il se change.

Dans un manoir hors de Verremburg, de nombreux riches discutaient avec un verre de vin à la main. Les deux nouveaux amis entrèrent accompagnés des trois gardes du corps. Un homme s'interposa lors de leur avancée vers le bar.
- Qui est cet individu ?
- Un ami à moi. Il s'appelle Brando. Je le vois en cachette depuis des années et j'ai décidé qu'il était temps de vous le présenter, père.
- Je vois. Il est hors de question pour moi de perdre la face ici alors je ne dirais rien mais sachez que c'est la dernière fois que vous vous voyez.
- Mais...
- N'en rajoutons pas. Je vous laisse passer une agréable soirée.

Dans leur coin, les deux invités firent connaissance. Violetta demanda enfin le nom du garçon. Il se présenta, sans dire qu'il faisait partie des Luziano. Le temps passait très vite et l'adolescent tombait sous le charme de cette femme de vingt ans.
- Est-ce que tu veux qu'on s'en aille ?
- Tu vas te faire fâcher.
- J'ai l'habitude. Rentrons.
- Attends. Je préfère éviter les ennuis. Demain, je pourrais venir chez toi ?

Elle saisit la main gauche de son ami et sourit.
- Tu peux venir après le déjeuner. Dès que j'ai fini de manger, vers midi. Mes sbires s'en iront prendre leur pause.
- Alors je ferais ça.

Dans son lit, la nuit, Dorian repensait à cette parfaite soirée. Il avait réussi à embrasser une fille pour la première fois de sa vie. Ses rêves furent mignons et excitants. Il avait tant hâte de rejoindre sa nouvelle petite amie.

Midi sonna. Dans les buissons de la cour de Violetta, il observait les gardes du corps partir. Les hommes avaient l'air pressés. Rapidement, il courut jusqu'à l'intérieur de la maison. Dans les escaliers, il entendait gémir. Comme des pleurs. Puis, une voix d'homme résonna à travers le couloir.
- Tu n'es qu'une traînée.
- Je t'en prie, c'était juste un ami. Je ne ressens rien pour lui. Danno, arrête de me frapper.

Le cœur de Dorian s'arrêta. Savoir que le Suarez frappait celle qu'il aimait le rendait très en colère. Lentement, il monta, son pistolet en main. Seulement, le type ouvrit brutalement la porte de la chambre. Caché dans une autre pièce, le brun prit une grande inspiration. Il ne s'était pas résolu à tuer quelqu'un malgré le désir de se venger.

Le Suarez s'en alla en laissant Violetta couchée par terre. Dorian s'approcha d'elle, les larmes aux yeux. Voir pleurer une fille aussi adorable lui faisait beaucoup de peine. Puis, il posa sa main sur la joue de sa compagne.
- Tu dois partir. C'est fini, Dorian.
- Comment ça ?
- J'en ai assez de cette stupide vie mais c'est comme ça. Mon destin est tracé et je n'aurais plus le droit de te voir.

Elle se redressa et essuya ses larmes avec ses mains.
- C'était vraiment sympa de t'avoir rencontré mais il n'y aura rien de plus. Pars, maintenant.
Le Luziano recula et se laissa tomber. Perturbé, il posa ses mains sur son visage. Perdu dans ses nombreuses pensées meurtrière, il fixait Violetta d'un œil.
- Je suis désolée.

Elle a raison, songea Dorian. Il est inutile d'être ennemi avec les Suarez pour une femme. Cependant, je dois faire quelque chose. Je dois avant tout penser à ma famille.

Il prit son pistolet et ferma les yeux. La blonde le regardait, terrorisée.
- Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Ce que j'aurais dû faire hier... C'est toi ou moi...
Sans réfléchir plus, il tira dans le cœur de Violetta qui poussa un léger cri. Puis, il s'enfuit en la laissant mourir dans sa chambre. La jeune femme observait le soleil, face à la fenêtre. C'était la dernière fois qu'elle le voyait. C'était la dernière fois qu'elle ouvrit ses yeux.

Les Mozami tenaient leurs paroles. Ils n'étaient plus en guerre contre les Luziano. Dorian s'installa sur la terrasse du bar avec Valerio qui venait de sortir. Il lui expliqua que sa "copine" était désormais morte et qu'il était triste.
- Ne t'en fais pas, je vais te payer une prostituée demain soir. On sortira tous ensemble avec les gars.

Le nouveau sortit du Baracuda et se fit tirer dessus dans l'épaule. Le brun se leva brusquement et se fit attraper le bras par Valerio qui ne s'inquiéta point.
- Qu'est-ce que tu fais ?
Une autre balle traversa son mollet.
- Quand on recrute quelqu'un, on le fait souffrir assez pour qu'il obtienne un Écho. S'il peut...
- Basilio et les jumeaux n'en ont pas. Depuis quand vous faites ça ?
- C'est très récent.

Tiraillé par la douleur, le type restait à terre. Il griffait le sol et s'ouvrait les ongles contre les graviers tout en respirant de plus en plus vite et fort.
- Admirons ça.
Les blessures se refermaient. C'était incroyable et rapide.
- Bordel de merde, marmona le barbu.

Le nouveau se releva puis s'en alla comme si rien ne s'était passé. Les deux Luziano se regardaient dans les yeux. C'était un Écho de soin.

Dans une salle sombre, l'homme qui venait de développer un pouvoir rit et s'arracha les bras. Ceux-ci repoussèrent en quelques secondes. Ils étaient verts et froid.
- Bon retour parmi nous. Tu as assez d'informations sur les Luziano ?
- Oui, général. J'ai même développé une capacité de régénération. Les Dinos vont pouvoir sortir de leur cachette. Une nouvelle famille débarque à Verremburg.

PREMIER ARC TERMINÉ

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